Tu as le droit de garder le silence

Timaël & Nikita
Lundi 24 mai 2135

Nikita surveille l'horloge accrochée au mur, au-dessus de la porte, dans son bureau. Le tic-tac de la petite aiguille rythme le pianotement de ses doigts sur le dossier qu'elle a refermé il y a bien un quart d'heure maintenant. La journée de travail touche presque à sa fin, mais il reste encore une tâche à accomplir à la sorcière. Cette tâche n'était pas prévue dans son emploi du temps au début de la journée, mais personne ne verra d'inconvénient à ce qu'elle se rajoute à cette mission à la dernière minute. Après tout, elle a déjà participé à d'autres arrestations, pourquoi pas celle-ci ?
Depuis l'explosion de Bulles, les arrestations ne s'arrêtent plus. Les Pozhiratelis tombent un à un. Tous les départements du Secrétariat sont impactés, tout le monde magique est impacté. La rancœur et la haine accumulées au cours de ces dernières années se déversent à travers quelques sorciers zélés qui prennent un malin plaisir lors des arrestations de leurs anciens bourreaux. Il y a trois jours, Nikita a entendu deux de ces collègues discuter fièrement de la manière dont ils avaient maîtriser un employé du Service Juridique durant sont arrestation. Le discours qu'ils tenaient lui a donné froid dans le dos quand elle a réalisé que Timaël passerait lui aussi par la case prison. La police, magique ou non, compte parmi elle des membres à la morale plus que douteuse. C'est malheureusement la triste réalité. Quand elle a donc su que l'arrestation du brigadier Marloes aurait lieu ce lundi, en fin de journée, elle s'est arrangée pour boucler ses dossiers au plus vite afin de se joindre à l'équipe.
C'est l'heure. La sorcière se lève un peu trop rapidement et renverse sa chaise en arrière. Elle la rattrape de justesse, le cœur battant. Il faut qu'elle se calme. Ce n'est pas dans ses habitudes de se laisser ainsi emporter, surtout au travail. Il faut qu'elle se ressaisisse, et vite. Attrapant sa baguette et sa cape au passage, elle glisse la première dans sa ceinture et noue la deuxième autour de son cou tout en sortant de son bureau. Une fois ce dernier verrouillé, elle se met en route.
Les trois brigadiers chargés de l'arrestation sont déjà prêts à partir. Trois personnes, dont les deux collègues de la fin de semaine dernière. La brigade pense-t-elle sérieusement que trois personnes sont nécessaires ? Nikita lève rapidement les yeux au ciel avant de les rejoindre. Elle leur explique ensuite qu'elle compte se joindre à eux. Aucun ne s'y oppose. Tant mieux, un échange houleux peut ainsi être évité. Les deux imbéciles ont même l'air ravi. Ils se disent sûrement qu'elle les rejoint pour participer à leur petite vengeance stupide et mal placée. Si ils savaient. Coup de chance pour la brune, aucun des trois n'a pensé à prendre l'adresse du Marloes, chacun se disant qu'un autre l'avait fait. Elle leur indique donc l'adresse, en prenant soin de se tromper de quelques numéros. Cela devrait les emmener deux ou trois pâtés de maisons plus loin, suffisamment loin pour que la Bless ait un peu de temps seule avec Timaël, avant le transport vers Azkaban.
Un transplanage plus tard, Nikita se retrouve devant la porte de l'appartement du Marloes, porte qu'elle ne connaît que trop bien. Comme prévu, ses trois collègues ne sont pas là. Elle a donc bien un peu de temps devant elle, le temps qu'ils réalisent la malencontreuse erreur de la sorcière. Oui, une erreur de quelques chiffres, ça arrive.
La Bless toque à la porte sans plus attendre, à la fois impatiente et anxieuse. C'est sûrement la première fois qu'elle espère ne pas voir Timaël lui ouvrir la porte. Des images de fuite lui traversent l'esprit et elle secoue la tête afin de les chasser. Le Marloes n'est pas du genre à fuir devant ses responsabilités et fuir ne ferait qu'aggraver la situation. Après tout, il a pris sur lui pour aider la Brigade. Cela va donc compter dans l'examen de son cas. Le Bulgare a de fortes chances de très bien s'en sortir, contrairement à d'autres Pozhiratelis. Malgré tout, Nikita aimerait qu'il n'ait pas à subir tout cela. L'humiliation de se faire arrêter par ses propres collègues, la haine des autres sorciers trop petits d'esprits pour comprendre que rien n'est tout blanc, ou tout noir, et la peur de se retrouver en prison. Encore, si le sorcier était le seul impacté dans l'histoire, mais toute sa famille va se faire arrêter. Il doit se sentir si mal.
Tout à coup, Nikita se dit que finalement, ce n'est pas une si bonne idée que cela d'être venue. Et si Timaël le prenait mal ? Et si il voyait cela comme une manière de l'humilier un peu plus ? La brune n'arrive plus à penser clairement, ses jambes menacent de ne plus la supporter et son estomac se noue. Comment a-t-elle pu se dire qu'elle comprenait la situation dans laquelle il se trouvait ? Elle ne peut rien comprendre, elle ne peut pas se mettre à sa place. Et pourtant, elle est désormais persuadée que venir était une mauvaise idée, et elle commence à faire demi tour.

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lundi 24 mai 2135
appartement de Timaël Marloes, Pleven, Bulgarie

Depuis une semaine, le monde magique était en effervescence. Tout avait commencé avec une explosion et une dizaine de morts dont l’illustre Andreï Ivankov. Timaël ne pouvait pas expliquer ce qu’il s’était passé à Bulle et quelle avait été la chronologie des événements. La Brigade était certainement impliquée, tout du moins les têtes qui la dirigeaient, mais les simples brigadiers n’avaient joué aucun rôle là-dedans. Cela dit, les premières arrestations étaient vite arrivées et ses collègues s’étaient alors retrouvés avec beaucoup de travail. Le jeune homme n’était pas retourné à la brigade depuis ce fameux mardi. Camarade irréprochable ou non, une bavure était vite arrivée. Il préférait s’éviter un lynchage public surtout s’il y avait un risque que cela se déroule sous les yeux de Nikita.

Pourtant, il n’avait pas chômé depuis. Tous les jours il s’était rendu dans la demeure familiale pour partager les dernières nouvelles avec le reste de sa famille. Ils avaient également dû faire le ménage pour effacer toutes preuves préjudiciables. Ils ne se faisaient pas d’illusion, le dôme qui avait servi leurs intérêts les empêchait de s’enfuir. Ils risquaient tous une arrestation et les différents dossiers devaient être suffisamment fournis pour ne pas rajouter des possessions illégales ou des artefacts trop sombres. Lors du dernier déjeuner dominical, car il ne fallait pas manquer aux bonnes habitudes, ils avaient pourtant évoqué la possibilité de cacher quelque part en Europe les parents. Timaël avait entendu parlé d’arrestations très musclées. Il n’allait plus au bureau, mais un collègue avait pris des nouvelles en l’informant de manière détournée de l’excès de zèle de certains brigadiers. Le message était clair, il devait se méfier du retour de bâton. Pour le jeune homme ceux qui risquaient le plus gros étaient les parents, puisqu’ils avaient poussé leurs trois enfants sur cette voie. Des Pozhiratelis trop convaincus en somme. Pourtant, ils avaient refusé. Aucun Marloes n’allait se soustraire à la justice et cela avait quelque chose de terrifiant.

Ce lundi, Timaël tournait en rond dans son appartement. Il n’y avait rien à faire aujourd’hui au sein du manoir Marloes, il ne leur restait plus qu’à attendre que la brigade daigne venir. Il espérait presque que cela se passe dans l’instant tant il ne supportait plus cette ambiance pesante. Et en même temps il redoutait trop ce qui suivrait. Il allait être privé de liberté, enfermé dans un endroit terrifiant et ce serait la même chose pour ses proches. Il contacterait bien Nikita, mais il craignait trop que cela lui cause des ennuis. Puis, il ne voulait pas lui transmettre son angoisse. Elle devait déjà être suffisamment emmêlée dans ses propres sentiments. Peut-être avait-elle déjà vu son ordre d’arrestation passer. Chaque fois qu’il se mettait dans la peau de la jeune femme, sa désolation ne faisait que grandir. Ils savaient sur quelle pente ils s’étaient engagés et en même temps la réalité était encore plus accablante. C’était injuste pour eux en quelque sorte, ils avaient trouvé leur équilibre. Et en même temps Tim devait bien payer pour ses méfaits.

Il entendit un coup à la porte. Rien de brutal et pourtant ses mains devinrent immédiatement moites. Il laissa couler quelques secondes avant de se lever. Il n’attendait qu’une seule visite, celle de ses collègues et il souhaitait tout de même garder la face. Par habitude il plaça sa baguette dans la poche de son sweat-shirt, conscient qu’elle serait visible aux yeux de ses interlocuteurs. Il ne comptait pas faire de vague, il préférait largement s’éviter des charges supplémentaires. En revanche, s’il tombait sur des collègues trop belliqueux, il n’hésiterait pas à la dégainer. Il était hors de question de les laisser rendre ce moment encore plus humiliant. Il déverrouilla la porte et fut surpris de se trouver face à un dos.

« Niky ? »

La question n’était que rhétorique, il connaissait ce dos par cœur. Timaël était surtout surpris de la voir ici, seule. Il n’imaginait pas d’autres collègues dissimulaient, Nikita n’aurait pas permis un tel coup monté. Puis, elle semblait déjà sur le point de partir. Il ne comprenait pas exactement ce qu’il se tramait, mais il risquait de le savoir bien assez tôt.

« Viens ! »

Il lui sourit autant que son visage crispé le lui permettait. Puis il ouvrit ses bras pour qu’elle puisse venir s’y blottir. Que sa présence ici soit officielle ou non il comptait bien profiter des quelques instants d’intimité.

Pando

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 Pozhiratelis 

Timaël Novak Marloes ☽la voie du coeur ou de l'honneur !

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Timaël & Nikita
Lundi 24 mai 2135

Le cliquetis du verrou se fait entendre dans le dos de Nikita. Ses jambes qui menaçaient de la lâcher quelques instants plus tôt tremblent un peu plus. Elle ne s'arrête pas pour autant. Peut-être va-t-elle réussir à disparaître avant qu'il ne la voit, mais en a-t-elle vraiment envie ? Si elle avait voulu, elle aurait pu transplaner et disparaître dans un souffle. Le Marloes n'aurait alors eu aucune idée de sa présence ici, et elle aurait pu laisser ses trois collègues faire leur travail en espérant que tout se passe pour le mieux. Au fond d'elle, elle sait qu'elle a envie de le voir, elle a envie de lui dire que tout va s'arranger et que tout va bien se passer, elle a envie de le prendre dans ses bras et de le protéger de ce monde extérieur devenu si menaçant. La voix du Bulgare qui brise le silence du couloir et qui prononce ce surnom fait tomber ses derniers murs. Elle fait volte-face et son cœur se serre. Il semble fatigué, épuisé même, et le stress se lit dans ses traits. Ses bras qu'il ouvre semblent être une échappatoire, comme si au moment où elle allait les rencontrer, tout allait disparaître autour d'eux, pour ne laisser que leur deux corps dans une étreinte désespérée.
Pas une seconde de réflexion n'est nécessaire. La sorcière traverse les quelques mètres qui les sépare et vient se coller contre Timaël en encerclant son torse de ses bras. Elle a besoin de le serrer. Elle a besoin de le sentir bien vivant contre elle. Déjà elle entend et sent son cœur battre contre son visage. Les épaules de la brune redescendent alors que sa respiration se calme. Elle ne s'en était pas rendue compte, mais la pression accumulée ces derniers jours l'ont rendue complètement tendue. Pas étonnant qu'elle dorme si mal la nuit, à cause de douleurs qu'elle a dans tout son dos. Si elle avait su qu'une simple étreinte pouvait ainsi la soulager, elle serait venue plus tôt. Et tant pis si on lui posait des questions au bureau.
Après quelques instants, la vision des trois collègues revient dans l'esprit de Nikita. Ils ne sont pas complètement stupides, et vont bien finir par arriver au véritable appartement du Marloes. Ne voulant pas rompre l'étreinte qui l'unit à Timaël, elle le pousse doucement sans le lâcher afin de le faire reculer dans son appartement. Cela lui rappelle quand elle dansait avec son papa, plus petite, ses pieds sur ceux de ce dernier. Sauf que cette fois-ci, elle n'a pas ses pieds sur ceux du Bulgare, heureusement pour lui. En se laissant un peu plus aller contre lui, elle lève son pied gauche et referme doucement la porte derrière eux. Voilà, ils sont seuls dans un lieu sûr, et elle se détend encore un peu plus.
À contre cœur, elle finit tout de même par détacher avec douceur son corps de celui du sorcier et lève la tête pour le regarder. Elle lui sourit doucement et passe sa main sur sa joue.

(Bulgare) - Tu m'as manqué.

Cela ne fait pas si longtemps, mais c'est bien suffisant. Il faut dire que la Bless a pris l'habitude de partager ses jours et ses nuits avec le Marloes, alors quand elle ne l'a plus vu pendant plusieurs jours de suite, combiné avec la situation actuelle, le manque s'est vite fait ressentir.

(Bulgare) - J'imagine que ce n'est pas une question que tu aimes entendre, mais je ne peux pas ne pas te la poser, je suis désolée. Comment vas-tu ?

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lundi 24 mai 2135
appartement de Timaël Marloes, Pleven, Bulgarie

Nikita. Timaël ressentit un soulagement qu’il n’avait pas connu depuis un moment. Il lui semblait qu’il n’avait pas vu la jeune femme depuis une éternité. En réalité cela se comptait en jours. Ce n’était néanmoins pas une exagération de sa part. Ils travaillaient tous les deux à la Brigade si bien qu’ils étaient amenés à se voir quotidiennement. Puis s’ajoutait à cela leurs soirées en tête à tête de plus en plus nombreuses. Une semaine loin l’un de l’autre faisait alors office d’un gouffre. Le jeune homme n’en oubliait pas pour autant la situation critique dans laquelle il se trouvait. Tout n’allait pas s’effacer comme par magie par la simple apparition de Nikita. C'était peut-être même l’inverse. Il comptait pourtant profiter de sa présence, mieux valait-il rendre ses derniers instants de liberté agréables.

Nikita vint sans attendre se lover dans ses bras. Tout n’était pas perdu. L'instant s’éternisa pour le plus grand bonheur de Tim. Ils ne se lâchèrent pas, même lorsque la jeune femme les guida à l’intérieur de l’appartement. Jamais il ne l‘avait serré aussi fort et il se demandait bien ce qui pourrait les séparer. En réalité il savait exactement ce qui allait s’interposer entre eux, mais à cet instant, il préférait ne pas y penser. La porte fermée ils restèrent encore l’un contre l’autre. Puis, Nikita se détacha légèrement pour s’adresser à lui. Il lui sourit une nouvelle fois timidement, sentant la main de la sorcière bouger sur sa joue. Elle lui avait manqué également. Terriblement, malgré qu’il ait été très occupé et en compagnie de ses proches. Elle était devenue indispensable dans son existence et il redoutait déjà d’être séparée d’elle. Plus il la fixait, plus il remarquait les cernes autour de ses yeux. Ses nuits n’avaient pas dû être plus fructueuses que les siennes. Voilà une autre chose qu’il devait se reprocher et qu’il ne pouvait malheureusement pas arranger.

Nikita poursuivit. Comment allait-il ? Elle connaissait très certainement la réponse qui devait se lire sur son visage. Mal. Entre la culpabilité, ses craintes pour la sécurité de ses proches, l’angoisse provoquée par l’attente, ce sentiment d’être traqué. L'ennui aussi d’être chez lui à errer sans but alors qu’il pourrait être utile au travail. Enfin, rien n’était comparable à l’appréhension qu’il ressentait. Il allait mal et cela n’était pas près de s’arranger. Mais il ne lui en voulait pas de poser la question. Ils avaient depuis longtemps dépassé le stade des faux semblants.

« Comme tu peux le voir ce n’est pas la grande forme. La fatigue n’arrange rien. »

Il se retint de dire que c’était certainement mérité, qu’il subissait à présent ce que son camp avait provoqué pendant des mois. Pour ce que cela allait changer. Il n’allait pas en plus demander que l’on s’apitoie sur son sort. Tim préférait également ne pas s’appesantir dans les détails de ses états d’âme. Autant épargner Nikita au maximum. D'ailleurs il était peut-être temps de lui retourner la question.

« Et toi ? Comment te sens-tu ? Ce n’est pas trop la folie à la brigade ? »

Tim aurait aimé isoler ses considérations sur l’humeur de Nikita. Et il ne voulait pas laisser penser que cela ne l’intéresser que trop peu. C'était même l’inverse et il cherchait égoïstement à se préserver en noyant l’information parmi d’autres considérations. Par ailleurs, il était presque certain qu’ils n’auraient pas des heures devant eux pour discuter. Il souhaitait être informé de ce qu’il se passait à l’extérieur. Pour marquer son affection, il commença tout de même à faire glisser ses doigts le long de son bras.

Pando

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 Pozhiratelis 

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Timaël & Nikita
Lundi 24 mai 2135

La question de savoir comment le Bulgare va ne se pose pas vraiment. Nikita sait pertinemment que ça ne va pas fort, mais en lui demandant, elle souhaite lui montrer qu'elle est bien présente malgré le monde complètement chamboulé autour d'eux. Elle est présente s'il a besoin de parler. Elle est présente pour l'épauler. Elle est tout simplement présente. Elle ne saurait imaginer le poids qui repose actuellement sur les épaules du Marloes, et à défaut de le savoir, elle tente de lui faire comprendre qu'elle est là pour supporter avec lui les fardeaux qui l'accablent.
La réponse donnée par Timaël ne fait que confirmer les craintes de la sorcière. Pour le coup, le manque de sommeil, elle peut le comprendre, bien que les raisons ne soient pas réellement les mêmes. Elle aimerait pouvoir soulager son cœur et son esprit et ainsi lui permettre de mieux dormir, de dormir tout simplement. Malheureusement, elle sait qu'il n'y a pas grand chose en son pouvoir qu'elle puisse faire. Ce pourquoi elle est venue va même avoir l'effet inverse. Anxieuse d'être l'annonciatrice de la suite des événements, elle accueille avec presque plaisir les questions que lui pose le sorcier.

(Bulgare) - Cela pourrait aller mieux, mais ça va.

Nikita sourit doucement. Elle aurait envie de raconter ses journées à Timaël, comme elle a l'habitude de le faire d'ordinaire, mais les récits qu'elle lui conterait aujourd'hui n'arrangeraient en rien la situation. Elle opte donc pour la concision et décide de ne pas perdre de temps avec les détails.

(Bulgare) - Je ne vais pas te mentir, si. On ne sait pas vraiment où donner de la tête. Il y a tant à faire, tu t'en doutes, mais ce n'est pas tant ça. Après tout, tu sais bien comme la Brigade peut vite être débordée.

Son sourire s'accentue légèrement avant de s'estomper. Ce qu'elle s'apprête à dire la révolte et lui fait peur dans le même temps.

(Bulgare) - C'est surtout que certains se sentent pousser des ailes maintenant qu'il n'y a plus de Pozhiratelis dans les couloirs du Secrétariat.

Sa voix baisse légèrement.

(Bulgare) - Peut-être en as-tu entendu parler, mais certaines arrestations ne se passent pas.. de la manière la plus professionnelle qui soit.

Pourquoi n'arrive-t-elle pas à dire les choses clairement ? Elle qui ne voulait pas s'embêter avec les détails, la voilà à parler à demi mot et à tourner autour du pot. Ce moment, qu'elle s'était imaginé à maintes reprises durant ces derniers jours, était déjà difficile lorsqu'il se déroulait dans son esprit. La réalité est bien différente, bien plus compliquée. Le regard de Timaël, habituellement si chaleureux et si agréable sur elle, pèse désormais presque sur ses épaules. La Bless a tellement peur de ce que ses yeux vont exprimer dans quelques instants, quand elle lui aura dit, ou lorsqu'il aura compris la raison de sa présence ici.
Le stress et l'anxiété qui l'accompagnaient sur le pas de la porte du Bulgare reviennent peu à peu s'insinuer en elle. L'étreinte seule de ce dernier avait su les chasser, mais plus les minutes s'écoulent, plus le moment fatidique de l'arrestation approche et plus le courage de Nikita s'amenuise. Et à mesure que son courage s'amenuise, son visage se dirige imperceptiblement vers le sol. C'est alors que ses yeux tombent sur la main de Timaël qui lui caresse doucement le bras. Les sombres pensées qui l'assaillaient semblent balayées par la vision de ce simple geste qu'elle n'avait jusqu'alors pas remarqué. La situation et sa tête embrumée par toutes sortes de choses l'avaient empêchée de sentir ce doux contact.
Pourquoi diable doute-t-elle de Timaël ? Est-ce dû à l'insécurité qu'elle a développée vis-à-vis des hommes par le passé ? Et pourquoi donc referait-elle surface maintenant ? Après un an et demi passé ensemble, le sorcier n'a fait que lui prouver sa différence, et dans le bon sens. Timaël n'est pas Nathaniel. Timaël n'est pas Derek. Finalement, ce n'est pas de Timaël que Nikita doute, mais bien d'elle-même.
Elle relève alors son visage et plonge ses yeux dans ceux du brun.

(Bulgare) - Et c'est ce pourquoi je suis là. Je n'était pas du tout prévue dans l'équipe à l'origine, mais je ne voulais pas que tu te retrouves dans une situation encore plus désagréable qu'elle ne l'est déjà. Je sais que tu n'as pas besoin de moi et que tu peux très bien te débrouiller seul, mais..

Le courage et la conviction que Nikita a réussi à assembler pour prononcer ces mots, tout en gardant la tête haute, s'envolent à mesure qu'elle prononce cette dernière phrase. Elle garde néanmoins le visage relevé, ses yeux plantés dans ceux de Timaël. Ces yeux, qui la clouent sur place et qui lui donnent des ailes dans le même temps. Ces yeux, pour lesquels elle serait prête à beaucoup, pour ne pas dire tout. Ces yeux, pour lesquels elle donnerait tout, afin de les voir apaisés et reposés. Finalement, les yeux de celui qu'elle aimerait préserver, bien qu'impossible, sans risquer d'être plongée à son tour dans la tourmente. En témoigne ce petit volatile peint sur sa clavicule.

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lundi 24 mai 2135
appartement de Timaël Marloes, Pleven, Bulgarie

Ça pourrait être pire. Timaël faisait la traduction ainsi. La tourmente la touchait dans une certaine mesure, mais elle n’englobait pas l’ensemble de son entourage ou de son quotidien. Elle restait, pour une part, préservée si bien qu’elle ne disait pas aller mal. Elle n’était pas au pied du gouffre, seulement à quelques mètres. En revanche, elle ne pouvait pas manquer la vision du jeune homme à deux doigts d’être englouti. Si Nikita ne pouvait aller bien c’était en partie la faute de Tim.

Il s’attendait à cela. La Brigade était quelque peu dépassée par l’ampleur des événements. Il faut dire que l’institution n’était pas prévue pour faire face à des situations de telles envergures. Elle savait trouver des solutions en cas de grands trafics illicites, de meurtriers récidivistes ou de voleurs accomplis. En revanche, lorsque cela concernait la magie noire, les Aurors étaient plus compétents. Ces derniers n’existaient plus puisque les Pozhiratelis étaient au pouvoir. Timaël avait bien vu les difficultés que pouvait rencontrer la Brigade dans de telles situations, durant son stage cela avait été le cas avec l’affaire des gourmandises du bal d’Halloween. Ces derniers jours ses collègues devaient multiplier les arrestations et crouler sous la paperasse qui allait avec. Il y avait bien une différence entre arrêter un praticien de magie noire et un délinquant, l’opération étant soumise à plus de difficultés. Cela dit, d’après ce qu’il avait entendu, les plus belliqueux se trouvaient parmi le service d’ordre.

Nikita confirma ses rumeurs. Timaël hocha la tête, il avait été prévenu par un collègue à qui il avait livré des informations pour qu’il ne se retrouve pas dans un guet-apens. Certains brigadiers lâchaient enfin la frustration accumulée durant la gouvernance des Pozhiratelis. Le Marloes n’avait pas eu les détails, mais cela ne devait pas être beau à voir. Il fut parcouru d’un frisson, cette confirmation ne le rassurait nullement. Il aurait dû davantage insister pour que ses parents acceptent de se mettre à couvert. Après tout, tant pis si cela aboutissait à d’autres charges. Cela aurait pu fonctionner. Il connaissait suffisamment les techniques d’approche de la brigade pour pouvoir les contrer. C'était pourtant trop tard, il était certain qu’il n’allait pas revoir ses parents de sitôt.

Nikita finit par révéler la raison de sa présence. Tim se mordit la lèvre sans la lâcher du regard. Il l’avait compris sans l’admettre. Il allait se faire arrêter aujourd’hui. Dans quelques instants. Et Niky était là pour cela. Enfin, elle était là pour s’assurer qu’il n’y ait pas de débordement. Cela changeait tout. Elle avait pris les devants en s’immisçant dans l’équipe et par la même occasion offrait au bulgare ce moment de répit. En revanche, est-ce que cela allait changer quelque chose au déroulement de l’opération ? Si les autres brigadiers étaient déterminés à nuire, comment allaient-ils les empêcher d’agir de la sorte ? Ils ne pouvaient pas se battre côte à côte. Timaël faisait l’objet d’une mise en examen et Nikita ne pouvait pas compromettre sa fonction en l’aidant à se soustraire. Ils n’avaient pas d’autres armes que de tenter de les raisonner ou d’accélérer la procédure.

« Mais tu ne pouvais pas rentrer chez toi en sachant qu’ils pourraient jouer aux trolls aujourd’hui avec moi. »

À présent, il ne tenterait pas d’utiliser sa baguette contre ses anciens collègues. Il n‘était pas question de placer Nikita dans une situation désastreuse. Il perdait là une carte défensive. Mais comment en vouloir à Niky. Il aurait fait exactement la même chose pour elle.

« Je comprends. Il est évident que je t’en suis infiniment reconnaissant. »

Timaël manquait de mots et il combla une nouvelle fois la chose par un geste de tendre. Cette fois-ci il l’embrassa sur l’arête du nez. Il gardait encore Nikita dans ses bras bien conscient que leur intimité serait très prochainement rompue.

« L'équipe est constituée de combien de brigadiers et où sont-ils exactement ? »

Timaël tachait de se préparer au mieux à ce qu’il allait devoir affronter. La sentence était trop proche pour détourner les yeux.

Pando

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Timaël & Nikita
Lundi 24 mai 2135

L'expression qu'emploie Timaël pour décrire ce que leurs collègues pourraient lui faire provoque un sourire chez Nikita. Cette dernière ne s'attendait pas à ce qu'il parle aussi légèrement dans une situation pareille, mais ce n'est pas plus mal. Il a réussi à la détendre en quelques mots, l'un des talents du Bulgare.
La Bless serait probablement venue, quoi qu'il en pense, mais elle est tout de même soulagée d'entendre sa reconnaissance. Cela lui retire une épine du pied et lui enlève donc par la même occasion, une source de tracas supplémentaire.
Elle accueille alors avec plaisir le baiser qu'il dépose sur son nez, en fermant les yeux, pour en profiter un peu plus et ancrer ce contact dans sa mémoire. Nikita sait pertinemment ce qui attend le Marloes pour la suite, et elle a pleinement conscience qu'ils ne pourront pas se retrouver ainsi avant longtemps.
Timaël reste bien les pieds sur terre et la questionne déjà sur l'équipe

(Bulgare) - Ils sont trois. Quant à leur localisation, je n'en suis pas sûre. Je les ai envoyé à une autre adresse à quelques pâtés de maisons d'ici. Je suppose qu'ils ont déjà dû se rendre compte que l'adresse n'était pas la bonne. Ils sont peut-être déjà en route.

La sorcière se mord la lèvre. Si elle pouvait, elle arrêterait Timaël maintenant pour l'embarquer seule, mais après "s'être trompée" pour l'adresse et être arrivée seule chez le Marloes, en repartir seule avec lui ferait poser bien trop de questions.

(Bulgare) - Sur les trois, il y en a deux qui aiment jouer aux trolls, pour reprendre ton expression. Le dernier, je ne pense pas, je ne l'ai encore jamais entendu se vanter, en tous cas.

Aucune certitude pour le dernier, donc. Le cerveau de la brune tourne aussi vite que possible. Avoir moins d'attaches sentimentales avec Timaël l'aiderait sûrement à penser de manière plus rationnelle, mais dans ce cas, elle ne serait donc pas là à vouloir s'interposer.
Quoi qu'il en soit, il est hors de question que qui que ce soit lève sa baguette en direction du Marloes. Il est brigadier, connu pour ses bons services, et a même aidé la Brigade en ces temps troublés. Tout le monde sait pertinemment qu'il fait partie des arrestations les moins dangereuses. Lutter ou même fuir ne ferait pas sens de sa part. Nikita est donc bien décidée à argumenter si nécessaire et à sortir sa baguette s'il le faut. Peu importe si elle se met à dos une poignée de collègues, elle ne permettra pas de débordements durant cette arrestation.
Si elle le pouvait, elle le ferait sûrement pour toutes les arrestations. Après tout, ce n'est pas leur travail de punir les potentiels criminels. Les Brigadiers sont simplement là pour les amener devant la justice. Ils ne sont pas la justice. La Bless est déterminée à le faire comprendre aux trolls de son service.

(Bulgare) - Mais ça va aller. La présence de quelqu'un qui ne se prête pas à leurs agissements devrait déjà les calmer.

Et elle presse doucement l'avant-bras de Timaël dans sa main.
Pouvoir le sentir ainsi sous la paume de sa main l'apaise. Comme le baiser sur son nez, elle tenter de s'imprégner au maximum de l'aura du Bulgare. Elle ne l'avait pas forcément réalisé jusqu'à maintenant, mais la présence de Timaël est venu remplir un véritable pan de sa vie. Savoir que leur proximité actuelle est si précaire l'attriste et lui donne envie de se révolter.
Des centaines de scénarii pour résoudre la situation ont défilés dans son esprit ces derniers jours. Encore aujourd'hui, des dizaines l'assaillent. Mais la raison finit par l'emporter à chaque fois.
La Bless pense alors aux proches de Timaël. Leur ordre d'arrestation n'est pas encore passé sous ses yeux. Il est très certainement le premier de la famille Marloes à être emmené. C'est plutôt logique, si l'on pense au poste qu'il occupe au sein du Secrétariat.
Nikita jette un coup d'œil furtif à la porte d'entrée, consciente que leurs collègues peuvent arriver d'une seconde à l'autre, avant de plonger de nouveau ses yeux dans ceux du Marloes. Elle sourit légèrement, se voulant rassurante. Cela lui donne un peu de courage dans le même temps.

(Bulgare) - Tu as eu des nouvelles de tes parents, dernièrement ?

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lundi 24 mai 2135
appartement de Timaël Marloes, Pleven, Bulgarie

Tim voulait profiter de ces quelques minutes sans en être parfaitement capable. Ils n’étaient pas sur les derniers instants d’un week-end en amoureux avec ce mélange de tristesse et de certitude que d’autres moments heureux seraient à venir. La menace d’un long emprisonnement planée et avant cela d’une arrestation qui se promettait peu professionnelle. Il avait besoin de puiser dans toutes ses ressources pour faire face, de se fermer à tout sentiment. Il se préparait à la dernière mission que lui imposaient les Pozhiratelis. Et en même temps il mourait d’envie de savourer cette étreinte. Il en avait besoin. La présence de Nikita le rassurait.

Trois et s’ils n'étaient pas trop idiots, ils devraient arriver rapidement. Timaël ne put s’empêcher de sourire en entendant la stratégie employée par Nikita pour leur faire gagner quelques précieuses secondes. Ils en déduisaient qu’ils étaient partis sans s’assurer de l’adresse exacte, trop occupés à planifier le côté musclé de l’arrestation. C’était risible et en même temps révélateur de l’incompétence dont pouvait parfois faire preuve la Brigade. C'était frustrant car il aurait pu relever un peu le niveau. Mais bulle n’était plus et cela n’était pas une si mauvaise nouvelle pour la communauté des sorciers, il devait bien l’admettre.

Trois brigadiers donc, dont deux pouvant lui poser problème. Cela faisait une grosse équipe lorsque l’on se rappelait que du durant son stage il avait été envoyé seul, enfin avec son frère faisant partie d’un autre service du Secrétariat, pour retrouver un vampire potentiellement menaçant. C'était révélateur du capital dangerosité attribué aux Pozhiratelis, en particulier ceux comme Tim qui avaient été actifs. Enfin comme le signifiait Nikita, avec deux collègues pour contrebalancer, cela pouvait calmer le jeu. En revanche, il ne pouvait s’empêcher d’imaginer six brigadiers là où il avait grandi. Six, cela augmenterait la probabilité d’abriter des personnes belliqueuses dans l’équipe et donc que la potion devienne trouble pour les parents Marloes. Timaël les connaissait suffisamment pour savoir qu’ils se protégeraient mutuellement, tant pis pour les conséquences. S'il acceptait la possibilité de se faire rudoyer par ses anciens collègues, il ne souhaitait en aucun cas que cela soit le cas pour ses géniteurs. Il devait trouver une solution et vite. Cela tombait bien que Nikita les évoque.

« J’étais au manoir hier pour l’habituel déjeuner. Ils sont chez eux et ils attendent comme moi. Forcément ils sont inquiets pour nous, mais c’est réciproque. »

La seule solution était Nikita. Elle n’était pas une mauvaise personne. Si elle était là aujourd’hui pour le soutenir et le protéger c’était en grande partie en raison de ce qu’ils partageaient, mais aussi parce qu’elle refusait ce type de comportement. Il ne l’imaginait en aucun cas prendre le rôle du troll dans une autre arrestation. S'il y avait bien une personne qu’il souhaitait voir débarquer au manoir pour ses parents c’était bien elle. La brigadière avait pu s’immiscer dans l’équipe du jour alors pourquoi ne pas envisager un renouvellement de l’expérience ? Si elle était d’accord bien sûr. De toute manière Tim n’était pas du genre à lui imposer quoi que ce soit. Dans leur situation il ne lui en voudrait même pas si elle déclinait. Elle n’était pas responsable des agissements de la famille Marloes, il ne s’agissait pas d’inverser les rôles.

« Cela m’embête de te demander cela. Tu peux refuser et je ne te demanderai pas de justification. »

Cela lui coutait. Il ne voulait pas l’impliquer davantage mais comme faire autrement. Il était trop tard pour prendre la fuite.

« Est-ce que tu penses pouvoir être présente pour l’arrestation de mes parents ? Je ne veux pas qu’ils aient affaires à ces gens. Pas eux. »

Le débat intérieur était toujours le même. Ils l’avaient entrainé dans cette chute, mais ils restaient ses parents. Ce n’était pas parce qu’ils se trompaient sur toute la ligne qu’ils méritaient d’être brusqués voire pire, torturés par une bande d'imbéciles en quête de vengeance. Ils avaient déjà leur lot de souffrance en sachant que leurs enfants allaient être arrêtés, il n’était pas question de rajouter une strate.

Pando

h.rp:

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 Pozhiratelis 

Timaël Novak Marloes ☽la voie du coeur ou de l'honneur !

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