La rentrée approchait pour Margot. À la suite de longues réflexions, elle avait finalement décidé de s’acquitter de cette huitième année d’étude à Durmstrang. Cette dernière année s’annonçait très différente des autres. Pour commencer, il s’agissait cette fois de sa décision car jusqu'à maintenant c’étaient les Pozhiratelis qui la poussaient dans cette école. Ces derniers n’auraient d’ailleurs plus d’influence sur le déroulement des cours. Néanmoins, elle ne doutait pas que l’école garderait une certaine ambiance sombre. Ensuite, elle ne retrouverait pas sa meilleure amie pour partager des instants privilégiés dans la salle commune des Zemlya. En effet, Lovely avait obtenu son diplôme. Margot était contente de cette réussite et en même temps elle ne doutait pas que cette présence lui manquerait. Enfin, il lui restait Radost et la jeune femme n’était pas étrangère à sa décision de finir ses études dans l’est de l’Europe. Et à côté des raisons de cœur, cette année supplémentaire lui laissait un répit pour décider de son avenir. En effet, Margot en était restée au même stade. Le Quidditch ou les soins. Les carrières étaient radicalement différentes et ne demandaient pas les mêmes efforts. Si elle comptait partir sur une carrière de Poursuiveuse elle devrait de nouveau intégrer l’équipe de sa maison et espérait se faire repérer lors d’un match. Ou sinon maintenir son niveau et être suffisamment entraînée pour passer les sélections estivales. Pour la seconde carrière, l’attention en cours devrait suffire après tout, les notes n’avaient jamais été un problème pour elle.

En parlant d’hésitation, elle avait pris les devants pour répondre à certaines de ses questions concernant la vie d’un joueur de Quidditch professionnel. Radost l’avait convaincu de mettre sa timidité maladive au placard, si bien qu’elle avait pu correspondre avec deux professionnels pendant l’été. Sans surprise, Léonie avait gentiment répondu à beaucoup de ses questions. En revanche, concernant les conséquences sur le quotidien, Margot avait préféré interroger un joueur plus ancien. Par chance, James Kwon lui avait également répondu et à la suite de quelques lettres, il avait même proposé d’en discuter de vive voix. La jeune Zemlya n’était pas très à l’aise avec cela, elle avait tout de même accepté. Après tout, l’homme lui avait laissé le souvenir positif d’une personne intègre, bien qu'ils n'aient jamais eu de conversation ensemble, lui étant en septième année lorsqu’elle était arrivée à Poudlard.

Margot transplana au sein de la Grande Ville Marchande. Depuis qu’elle était majeure, ses déplacements étaient bien plus simples. Elle prit la direction du lieu de rendez-vous, un salon de thé, et reconnut en arrivant son interlocuteur du jour. Elle l’interpella d’une voix timide et fut rassurée en le voyant se retourner avec un sourire.


Margot rougit en prononçant ces mots. Pour être à l’aise avec les personnes qu’elle ne connaissait pas il y avait encore du travail. Au moins à présent elle était capable de trait d’humour au lieu de rester muette les bras ballants. Elle prit ensuite place en face de lui.


La jeune femme préféra privilégier le vouvoiement, après tout, elle ne le connaissait pas. Peut-être que cela changerait en cours de discussion.

Margot prit dans ses mains la carte du salon de thé. Elle ne tenait pas à se les triturer sous la table ou bien à tapoter du doigt sur sa chaise. Elle préférait les maintenir occupées pour ne pas laisser transparaitre son stress déjà suffisamment clair en entendant le son de sa voix. En revanche, elle ne posa pas les yeux dessus pour ne pas paraître impolie en fuyant aussi rapidement le regard de l’homme. Décidément, si envoyer des courriers avait été difficile par la crainte de déranger les destinataires, une conversation réelle l’était d’autant plus. Elle savait se montrer joueuse et attentionnée avec ses amis en revanche, avec des inconnus c’était généralement le bal des hésitations, des bafouillements et des rougissements. Enfin, maintenant qu’elle était là, elle ne pouvait plus reculer. Puis, James souriait et tentait de la mettre à l’aise. La timidité ne se contrôlait pas. Margot savait depuis longtemps que les injonctions à “tout vas bien se passer” ne servait à rien même si tous les signaux étaient au vert. Cela dit, elle pouvait tout de même se convaincre que l’expérience pouvait être pire.

Lorsqu'il lui confia qu’elle pouvait être plus familière, Margot pinça des lèvres. Cela voulait dire qu’elle pouvait le tutoyer alors qu’elle n’était pas du tout à l’aise avec cela. En revanche, comme il lui avait dit qu’il préférait cela, elle serait à présent gênée de le vouvoyer. L'éternel dilemme allait encore se jouait et dans ce genre de situation, la jeune fille était plutôt du genre à réorganiser ses phrases pour éviter tout tutoiement ou vouvoiement. À l’écrit ce n’était pas si compliqué avec l’habitude, à l’oral c’était un vif d’or plus difficile à saisir. Heureusement, il poursuivit en affirmant que cette rencontre ne le dérangeait pas. C'était déjà ça de pris pour la mettre un peu plus en confiance.

La dernière question de l’homme sortit Margot de ses pensées. La carte ? Elle la tenait toujours dans ses mains mais elle n’avait toujours pas jeté un coup d’œil dessus. Elle se corrigea sans tarder et eu la mauvaise surprise de découvrir qu’elle était plus que complète. N'étaient-ils pas dans un salon de thé ? Pourquoi la carte des thés était noyée dans autant d’articles alors qu’elle devait faire un choix rapide ? Surtout pourquoi un salon de thé proposait des sandwichs à l’américaine. Pour une galloise c’était un non-sens complet. Des sandwichs oui, froids aux crudités, mais certainement pas des chauds remplis de sauces et servis avec des frites. Et cet endroit était reconnu ? Les britanniques ne devaient pas se faire avoir à mettre les pieds ici. Surtout que pour trouver les thés il fallait presque une loupe. Lunaire. Enfin, cette carte avait au moins l’avantage d’occuper son esprit sur autre chose que son stress.


S'il lui désignait une des extravagances de la carte cela aurait au moins le mérite de supprimer le Quidditch de ses choix d’avenir. Un cognard sur la tête pouvait vite arriver et faire perdre à jamais le bon goût. Enfin avant qu’il indique son choix il fallait peut-être lui poser la question.


Margot avait frôlé l’impolitesse en oubliant de retourner la question rapidement. Avec du vouvoiement et une pointe de sidération dans le ton, il y avait encore des progrès à faire. Décidément il n’y avait pas que la carte qui avait tout faux.

James approuva le choix de Margot puis se lança dans un discours. Il semblait être le contraire de la jeune femme, à l’aise en toute circonstance. Est-ce que cela était un pré-requis pour une carrière dans le sport ? Si c’était le cas autant faire une croix sur le Quidditch. Margot ne pourrait jamais feindre d’être extravertie. Elle savait par expérience que rejoindre une équipe était à sa portée et pouvait s’adapter au caractère de chacun. Elle s’était faite accepter à la fois dans l’équipe de Serdaigle puis dans celle de Zemlya sans que ses coéquipiers lui reprochent sa discrétion. Néanmoins, elle se demandait si ce serait aussi simple dans une équipe professionnelle. Pas forcément était la réponse qui lui paraissait la plus évidente. Sa timidité ne l’empêchait pas d’être inventive pendant les matchs et de se donner à fond. Elle n’était pas dans sa bulle sur le terrain et n’oubliait pas de jouer avec les autres. Puis pour les à-côtés, si les coéquipiers étaient sympas elle pouvait s’ouvrir un peu plus. Quant aux relations avec la presse et les amateurs de Quidditch elle pourrait toujours les éviter.

Pour en revenir à son discours, il lui expliquait qu’un match était éprouvant. Avait-elle oublié de préciser qu’elle jouait en amateur dans l’équipe de son école ? Bien que les enjeux soient totalement différents, les matchs pouvaient également durer une éternité. Sans compter qu’elle avait des entraînements réguliers dans la semaine. La fatigue provoquait par le sport elle la connaissait, pareille pour la faim. Elle lui sourit tout de même poliment comprenant qu’il divaguait simplement pour lui expliquer qu’il venait souvent ici mort de faim. D'ailleurs, il lui précisa qu’il s’agissait davantage d’un diner que d’un salon de thé. Franchement la décoration et la devanture n’annonçait pas l’arnaque mais elle avait très bien saisi le problème en lisant la carte. Quant à savoir pourquoi il lui avait vendu la chose comme un salon de thé, c’était une question qu’elle n’oserait pas poser. Soit il l’a jugé trop idiote pour comprendre soit c’était un abus de langage de sa part, mais une des options ne serait pas plaisante à entendre et elle préférait l’éviter.

James opta finalement pour un English toast. Margot préféra ne pas regarder sur la carte à quoi cela correspondait. Connaissant les diner le plat n’aurait certainement rien d’anglais, mais elle était peut-être mauvaise langue. Elle aurait bien la surprise quand cela arriverait sur leur table. En attendant elle se contenta d’un autre sourire poli et d’un hochement de tête. Puis, il lui demanda si elle cuisinait. Entre la maison de ses parents et l’école elle n’avait pas vraiment d’occasion de cuisiner. Enfin, quand ses parents n’étaient pas là elle se nourrissait bien, mais ce n’était pas vraiment de la cuisine.


Margot parlait en fixant un point derrière James. Ainsi elle ne croisait pas son regard mais donnait tout de même l’impression de s’adresser à lui. De cette manière, elle pouvait faire des plus longues phrases sans les ponctuer d’onomatopées.


Que James ne pense pas que la galloise avait un poil dans la main.


Le retour des hésitations. Sa technique fonctionnait plutôt pas mal mais il ne fallait pas compter non plus sur de long discours. Il y avait toujours un moment où elle prenait conscience de ce qu’il se passait, en l’occurrence parler avec un quasi inconnu et alors, l’enjeu et la timidité reprenaient le dessus.

Le sujet de la cuisine était surprenant mais il avait l’avantage d’être simple et sans risque. Margot connaissait une seule personne de son âge qui cuisinait, Lovely. Les autres étaient à son image, faisant plus confiance à l’école et à leur famille pour les nourrir convenablement. Cela ne faisait clairement pas partie des préoccupations de la galloise et elle n’avait pas découvert une passion pour cela, comme c’était le cas de sa meilleure amie. La question était d’autant plus surprenante que James affirma qu’à son âge il ne cuisinait pas non plus. En revanche, il y avait méprise sur le mot “boite”. Pour Margot, il s’agissait davantage de plats précédemment concoctés par ses parents alors que James faisait certainement davantage référence aux conserves industrielles des moldus. Effectivement, le tout fait n’était jamais aussi bon qu’un repas préparé avec soin et simplement mis en boite pour être réchauffé. L'homme lui demanda ensuite l’âge de son frère et de sa sœur, avant d’enchaîner sans transition sur les cours de cuisine. Décidément les interrogations allaient bien vite, Margot n’avait pas l’habitude d’être soumise à ce régime. Enfin, elle fit en sorte de répondre au mieux, puis ce régime lui permettait au moins de ne pas trop réfléchir ce qu’il se passait.


Son temps libre elle le passait soit à profiter de sa famille, soit à s’entraîner au Quidditch, soit à étudier ou encore à travailler à l’orphelinat. Autrement dit, elle n’en avait pas. Enfin, James ne pouvait certainement pas se douter qu’elle avait soutenu ses parents dans cette entreprise-là. Entreprise qui n’était plus un secret car les Chamberlain et les Williamson avaient été remerciés et récompensés pour leur dévouement à l’Orphelinat. James devait au moins connaître son existence.

Le sujet de Quidditch prit ensuite place avec la fameuse question sur la carrière. L'envisageait-elle depuis longtemps ? À vrai dire non. Margot avait toujours adoré ce jeu et elle appréciait vraiment jouer. Elle avait intégré l’équipe de sa maison en quatrième année et voyait alors ça comme un loisir pur. Puis elle avait été contrainte d’arrêter de par son transfert à Durmstrang et là elle n’avait même pas envisagé de rejoindre l’équipe de Zemlya. Puis la sixième année était arrivée et Radost l’avait convaincue de tenter au moins les essais. Elle avait finalement réussi et jouer lui avait fait vraiment beaucoup de bien. C'était seulement au cours de la dernière année scolaire que l’idée avait germé mais, trop craintive, elle n’avait pas passé les sélections. La huitième année qu’elle acceptait de faire à Durmstrang lui permettrait peut-être de sauter le pas. Sinon elle se lancerait dans le médical.


En partie sur l’aspect notoriété. Dans la médecine il y avait encore plus de responsabilité mais moins de pression de la part des paires. James continua alors sur la description du milieu. D'après lui c’était à la fois génial et fatiguant, cela ressemblait donc à sa pratique scolaire. En revanche, elle n’avait jamais fait face à l’aspect presse et fans. D'ailleurs, d’après lui il était préférable d'être sociable. Était-ce un moyen détourné pour lui faire comprendre que ce n’était pas une carrière faite pour elle ? Car franchement il n’avait pas pu louper qu’elle était du genre timide. Quoi qu’il concluait sur l’aspect passion. Cela lui redonnait au moins un peu d’espoir.


Car les fameuses sélections en fin d’année scolaire lui faisaient pas mal peur.

Léonore était sans conteste beaucoup plus sociable qu'elle, en revanche elle n'était pas agitée. Margot doutait qu'elle ait eu beaucoup affaire aux préfets des autres maisons en raison de son manque de discipline. Elle aimait rire, divertir son entourage mais elle savait trouver les moments opportuns et se montrer sérieuse le reste du temps. Léonore était un exemple d'équilibre pour Margot et elle l'admirait beaucoup.


Le sujet de la carrière entamée, Margot écouta la réaction de James. Lorsqu'il lui demanda si elle avait d'autres plans en tête, elle hocha par l'affirmatif. Sans nul doute un projet plus scolaire et qui a priori lui ressemblait plus. Enfin, les personnes qui avaient vu Margot jouer ne pouvait nier qu'elle était plutôt efficace en la matière et qu'elle mériterait sa place dans le milieu professionnel. Son équipe pouvait même affirmer qu'elle faisait preuve d'un aussi grand sérieux durant les entraînements qu'en classe pour obtenir son diplôme. Dans les deux cas, elle travaillait pour sa réussite. C'était justement pour cela que le choix était si difficile. Les deux projets l'attiraient et elle pouvait réussir dans l'un comme dans l'autre.


Vint ensuite le sujet des sélections qui stressaient tant Margot. James lui confirma que ce n'était pas un moment agréable à passer ou du moins que la perspective de le passer était angoissante. En même temps, qu'il dise le contraire l'aurait surprise tant l'enjeu était important. Les places étaient rares par rapport au nombre de soupirants. Puis, les sélections permettaient aux recruteurs de différentes équipes de repérer les nouveaux talents, or chacun était en recherche de qualités différentes. Pour plaire au plus grand nombre il ne fallait pas seulement être bon à son poste, il était nécessaire de se montrer audacieux, stratégique et coopératif. Une fois repéré, il fallait ensuite déterminer si le joueur pourrait se fondre dans l'équipe. Décidément, le chemin pour rejoindre un groupe était long.


S'il tenait à préciser qu'il était important de se sentir bien au sein de son équipe, cela devait certainement avoir une influence dans sa décision de rester ou non à son poste.

Margot lut de la surprise dans les yeux de James lorsqu’elle lui confia que son autre choix de carrière se portait vers le milieu des soins, plus précisément en tant que guérisseuse. Peut-être il y avait-il aussi dans ce regard un brin d’admiration. En tout cas, elle percevait un mélange des deux qui aurait pu la rendre fière si elle avait été plus sûre d’elle-même. Pour l’heure, elle se contenta de sourire timidement en écoutant la réaction du jeune homme. Puis, elle le remercia pour ses paroles élogieuses sans trop estimer les mériter. Elle serait certainement excellente dans ce domaine du fait de son côté studieux, altruiste et empathie, de là à le reconnaitre aujourd’hui, il y avait encore du travail à faire. En revanche, la galloise se sentait plus confiante dans ses capacités de Poursuiveuse qu’elle avait mainte fois éprouvées lors de différents matchs et c’était pour cela qu’elle se penchait d’abord sur cette voie. D'où la rencontre du jour.

James répondit ensuite à la question sur l’intégration dans son équipe. Pour lui, tout semblait bien se passer même s’il admettait que les débuts avaient été plus difficiles. Enfin, il ne semblait pas non plus avoir vécu une mauvaise expérience comme des brimades de la part de ses coéquipiers. Cela devait être simplement le temps pour lui de s’adapter à cette nouvelle vie. Il lui retourna ensuite la question et curieusement Margot pensa à la même réponse que lui. Les débuts difficiles oui, le temps de connaitre les autres membres de l’équipe et se faire connaitre en retour. Il fallait aussi s’adapter aux différentes façons de jouer et de gérer les émotions de chaque coéquipier. Cela dit, une fois les premiers entraînements passés, tout devenait plus simple.


Margot lui sourit, assez fière au fond de montrer que malgré sa timidité elle pouvait s’intégrer à un groupe sans trop de difficultés. James ignorait en revanche qu’avant de rejoindre l’équipe de Serdaigle puis de Zemlya, elle avait tourné autour du souaffe un moment. À chaque fois elle avait attendu un an avant d’oser se présenter aux sélections si bien qu’à ce stade elle s’était préparée à mettre sa gêne de côté.


Autre point important. La galloise devait être certaine d’avoir toujours du temps pour sa famille qui était pour elle un moteur.