Bavardages autour d'un livre [PV Sydney Alexander] 

Je rejoignais Poudlard dans la soirée. Je n’avais pas vu passer les deux mois de vacances qui avaient été riches en moments familiaux. Comme chaque année, je ressentais une petite appréhension de quitter mes proches, même si je rentrais généralement à Londres un week-end sur deux. Cette année, la rentrée allait être riche entre les premiers pas d’Eliott à l’école et la reprise du travail pour Lucas. Enfin, jusqu’à maintenant le stress ne nous avait pas trop envahi.

Je désirais profiter de cette dernière après-midi de liberté seule. Dès demain je devrais être sur le pied de guerre. Les élèves n’arrivaient pas immédiatement, mais nous devrions accueillir les uns à la suite des autres les professeurs, certains faisant même leurs premiers pas en remplaçant les Pozhiratelis placés par le passé contre notre gré. Je craignais de ne pas pouvoir rentrer avant plusieurs week-end afin de bien accompagner le personnel de l’école. Or, le premier salon du livre de la Grande Ville Marchande ouvrait ses portes aujourd’hui et serait certainement terminé à mon prochain départ de Poudlard. L'occasion était donc idéale. Un peu de solitude, une balade, des livres et pourquoi pas des rencontres fortuites.

La Grande Ville Marchande commençait à se remplir. Il n’y avait rien d’étonnant à cela puisque les élèves des trois écoles européennes allaient prochainement faire leur rentrée. Chacun devait acquérir les fournitures scolaires de la liste et pourquoi pas flâner une dernière fois avant de retrouver les bancs de l’école. Si les rues n’étaient pas encore noires de monde, elles le seraient très certainement le lendemain pour débuter le week-end. J’avais bien choisi mon jour. Je n’étais pas dérangée par la foule, mais si je voulais profiter des livres il me fallait un minimum d’espace.

Je longeais les allées sans grande difficulté, impressionnée par le nombre d’auteurs qui avaient fait le déplacement pour ce premier salon. Si les autres jours se déroulaient ainsi, nous pourrions nous attendre à un autre événement de ce genre l’an prochain. Pour l’heure, je m’approchais d’une table sur laquelle la couverture d’un livre m’attirait. J’avançais ma main pour l’attraper mais une autre sorcière fut plus rapide que moi. En changeant la direction de mon regard vers la femme, je la reconnus sans difficulté.


Quelle agréable coïncidence. Mon amie d’école ici et qui se retrouvait elle aussi sans enfant.


Je lui souris trop heureuse de le croiser ici et pressée d’avoir de ses nouvelles.

salon du livre, rue commerçante, Grande Ville Marchande

Pando

Je laisse Camille me prendre dans ses bras et la presse à mon tour. Nous ne nous étions pas croisées depuis la rencontre au parc et je suis contente de la voir de nouveau. Nous nous étions effectivement promis de nous réunir rapidement mais pour l’heure il s’agit avant tout d’une heureuse coïncidence. Pile poil ce que nous désirions d’ailleurs. Pas d’enfant dans le dos, du temps juste pour nous. Que cela se fasse entourées de livres ne fait qu’augmenter ma satisfaction. Camille semble partager mon contentement ce qui me rend d’autant plus heureuse. Et dire que nous avions passé des années sans se croiser, ni même sans prendre de nouvelles. Depuis qu’elle est réapparue dans mon viseur cela me semblerait fou de couper les ponts.

Camille me confirme qu’elle va bien. Je ne suis pas certaine qu’elle confierait toutes ses peines, ne serait-ce pour que je n’insiste pas pour mettre ma baguette dans ses affaires. Cela dit, son apparence confirme ses dires. Je veux bien la croire et je suis contente d’entendre qu’elle s’accorde aujourd’hui une journée de congé. Je sais à quel point il peut être difficile pour elle de s’accorder du temps toute seule. Après tout, elle s’occupe des enfants de l’autre ce qui revient à un travail à plein temps. Elle a également à ses côtés la petite Rose et je me doute qu’il ne doit pas être évident de s’en séparer. Surtout, vers qui peut-elle se tourner pour veiller sur l'enfant si elle-même ne le peut pas ? Une amie à ce qu’elle me confie, je sais maintenant qu’elle a dans son entourage des personnes de confiance. Je lui souris donc, contente d’être dans cette situation surréaliste et en même temps si précieuse.


Autre sourire. Cela peut paraître égoïste, cela dit, j’ai passé tout mon temps de vacances en famille et une journée pour moi n’était pas de trop. Certes avec le travail je les verrai moins, enfin ce n’était pas comme si je ne rentrais pas un week-end sur deux pour les voir. En attendant, la proposition que me fait Camille est plus qu’alléchante. Un moment ensemble ? Ici ? Que pourrais-je demander de plus !


Autant ne pas trop retourner sur nos propres pas et visiter d’autres coins du salon. Le lieu est tellement vaste de toute manière, il faudrait certainement plus d’une journée pour tout explorer.

salon du livre, rue commerçante, Grande Ville Marchande

Pando

Je souris en entendant Camille réagir à mes propos. Elle ne pouvait pas viser plus juste. Les adolescents que je suivais au quotidien étaient fascinants, certes, mais ils étaient avant tout bourrés d’imagination pour produire toutes sortes d’âneries. Cela rendait mon travail plus mouvementé qu’il n’aurait dû l’être sur le papier, enfin c’était le jeu. Nous étions tous passés par cette étape et je mentirais si je disais que je n’étais jamais sortie du droit chemin. Bien au contraire. Heureusement, les élèves n’avaient pas tous du sang de lutin de Cornouailles dans les veines ce qui permettait d’avoir quelques moments d’accalmie.


Nouveau sourire. Comme quoi nous n’étions jamais à court de divertissement avec les enfants, que ce soit les nôtres ou ceux des autres. Et en même temps ces petits êtres étaient géniaux. Depuis qu’Eliott était parmi nous, j’étais parfaitement comblée et Merlin sait que ses premiers mois avaient été compliqués. Pour rien au monde je ne reviendrais en arrière. Puis, même si ces journées sans enfant faisaient du bien, c’était toujours un plaisir de les retrouver en rentrant.

Enfin, revenons à nos livres. Camille m’indiqua qu’elle venait d’arriver et qu’elle était ouverte à toutes les possibilités. Comme moi, elle était loin d’avoir déjà fait le tour, nous pouvions donc suivre nos envies. Curieusement, cela ne facilitait pas notre visite car le choix était très vaste. Ce n’était pas évident de déterminer les parties qui me tentaient le plus. Mon premier choix aurait été le coin pour les enfants, enfin c’était dommage de partir si tôt dans cette direction alors que nous pouvions penser à nous d’abord. Les livres scolaires étaient eux à proscrire, je serai bien assez tôt à Poudlard. Pourquoi ne pas rester simplement dans ce coin avec les récits de fiction ?


Je ne voulais rien imposer, mais Camille avait maintenant une idée de ce que je voulais faire. Puis si en même temps nous pouvions parler littérature je serais que plus ravie.

salon du livre, rue commerçante, Grande Ville Marchande

Pando

Nous adoptions le même avis Camille et moi, nous ne pouvions pas vivre sans nos enfants. Je hochais la tête pour approuver ses mots. Les peines qui pouvaient les suivre étaient bien maigres à côté du bonheur qu’apportait leur présence. Eliott était né au pire moment. Les Pozhiratelis venaient de prendre le pouvoir, les vagues de terreur faisaient rage. Il n’était pas simple d’être un membre actif de la résistance avec un enfant en si bas-âge. Nous avions été contraints de le mettre en sécurité loin de nous, loin de l’Europe. Le retrouver avait été le plus beau jour de ma vie et depuis il n’était plus question de me séparer de lui de cette manière. Alors oui, les journées sans enfant faisaient du bien, ma présence à Poudlard ne perturbait personne, mais c’était un plaisir de retrouver facilement sa petite famille au retour.

Je décrivis ensuite à Camille les différentes parties du salon, du moins celles qui me revenaient en tête. Puis, je lui confiais que cela me conviendrait de rester dans les parages. Les parutions à l’année étaient tellement nombreuses que nous pourrions rester des jours entiers ici pour découvrir tous les titres. Un vrai paradis pour les lecteur·ices. A l’instar des boutiques de vêtements, je comptais bien rentrer les bras chargés de livres. Pauvre Camille, elle ne savait pas encore dans quoi elle s’embarquait avec ma frénésie des achats. A moins que cette dernière soit également une acheteuse compulsive et alors nous étions encore plus mal barrés. Adieu les cordons de sécurité.

Je souris quand Camille accepta de me suivre dans la zone des fictions. Nous étions bien d’accord sur le fait que nous ne pourrions de toute manière pas tout explorer. Autant suivre l’envie principale de l’une puis, celle de l’autre pour rendre cette journée agréable.


Je ris timidement pour ne pas déranger les autres sorciers profitant du salon.


Les recommandations de lecture étaient vraiment quelque chose que j’adorais. C'était toujours très intéressant d’entendre ses proches passionnés par ce qu’il avait retenu d’un livre. Cela dit, la deuxième méthode permettait aussi de faire de belles découvertes.

salon du livre, rue commerçante, Grande Ville Marchande

Pando