Aleksandra ~  

Cookies et lecture

Je pourrais passer ma vie à regarder Zachary. Il est tellement beau, gentil, prévenant ! Je me suis assise sur le canapé pour les regarder tous les deux, Eowyn et lui, préparer des cookies. Mon petit ange voulait faire des crêpes bretonnes, mais nous n'avions pas les ingrédients, alors elle s'est rabattue sur les cookies.
"Pas grave, c'est bon quand même !", s'était-elle exclamée. Elle aussi, je pourrais la regarder sans m'en lasser. Surtout quand elle est comme ça, enjouée, pleine d'énergie et surtout, en forme. Zachary n'a pas jugé utile de lui faire boire la potion qui la rend malade, puisque que notre prochaine mission est dans deux mois. Deux mois de répit pour Eo, comme pour nous d'ailleurs.
La fillette me sort de mes pensées en me sautant dessus. J'éclate de rire et la serre dans mes bras, le nez plongé dans ses cheveux roux.

- Eh bien, mon ange, tu as fini les cookies ?

Eowyn se dégage de mon étreinte pour me répondre :

- Oui ! Papa m'a dit de venir t'embêter pour qu'ils cuisent plus vite !

Je lance un regard malicieux vers mon époux en le grondant gentiment :

- Tu lui a dit ça ? Saleté, va !

Ma fille descend du canapé pour aller farfouiller dans la bibliothèque, et revient vers moi avec un livre plus gros qu'elle. Un sourire attendri aux lèvres, je prends le livre pour l'aider et attend qu'elle ait grimpé sur le canapé à mes côtés pour l'ouvrir.
Quand nous voyons de quel ouvrage il s'agit, Eo et moi échangeons un regard complice, et je me mets à lire :

- Recette pour la potion d'Enflure :
Tailler finement le scarabée,
Mettre en poudre la pierre de Lune,
Verser en même temps ces deux ingredients dans un chaudron posé sur un feu moyen,...

Je n'ai pas le temps de lire la suite, Zachary m'a volé le livre. Son livre. Les grimoires de potions de mon mari sont rangés dans la bibliothèque, alors parfois, Eowyn les choisit. Cela donne lieu à des fous rires que je chéris de tout mon cœur.
Les grimaces de son père amusent Eowyn, qui, du haut de ses six ans, court derrière lui pour essayer de récupérer l'ouvrage. Nos rires résonnent dans la salle de vie, et je me lève du canapé pour aller aider mon ange. J'immobilise Zachary en l'entourant de mes bras et embrasse son cou pour le déconcentrer, pendant qu'Eowyn saute le plus haut possible pour attraper le grimoire. Dès qu'elle l'a, elle va se percher sur le canapé en hurlant : "Je l'ai !" et je relâche mon mari. Notre adorable petit ange ouvre le livre et se plonge dedans. Je profite qu'elle ait les yeux baissés pour embrasser Zach avec passion. Sa main caresse mes cheveux roux dont a hérité Eowyn, et je soupire de bonheur contre ses lèvres.
Je m'écarte de lui après un moment et vais m'assoir à côté de ma fille pendant qu'il va surveiller la cuisson des cookies. Il se fait tard, et mon ange breton baille à plusieurs reprise. Je décide d'aller la coucher, en lui promettant avec un sourire attendri que non, nous ne mangerons pas tous les cookies ce soir et qu'elle en aura pour demain.
Je reste à ses côtés jusqu'à ce qu'elle s'endorme, son doudou Kelpi serré contre elle.

Le Pont des Amoureux

A mon arrivée à Beauxbâtons, j'étais terrorisée. Je m'en souviens comme si c'était hier. Mais ce n'est pas ce souvenir que nous allons explorer aujourd'hui. Le souvenir qui suit concerne la sixième année. L'année où je suis tombée amoureuse, mais également celle où ma meilleure amie et moi étions plus soudées que jamais, car en pleine transformation en Animagus. Nous l'avons commencée en cinquième année... Mais, encore une fois, ce n'est pas le souvenir qui nous intéresse. Ce jour-là, il faisait beau. Le soleil brillait, le ciel était bleu et aucun nuage ne l'entachait. Nous étions au mois de Mars, l'année était sur le point de se terminer. Les Septième Années révisaient leur Bac, et nous flânions dans les jardins. Marisa, ma meilleure amie, était une jolie blonde menue. Son copain, Antoine, au contraire était grand, bâti comme un rugbyman et faisait se pâmer d'admiration toutes les filles sur son passage. Et l'ami nouvellement arrivé d'Ecosse d'Antoine, Zachary, était brun aux magnifiques yeux bleus comme un ciel d'été. En Mars, je n'étais pas encore amoureuse de lui. Ou alors, je l'étais déjà, mais je ne l'avais pas - ou ne voulais pas - réalisé. Mon père était mort d'un cancer quelques mois plus tôt, et c'était la première sortie entre amis que je me permettais.
Nous marchions tranquillement dans les jardins, discutant de tout et de rien. Enfin, Marisa et Antoine discutaient, moi je me taisais, perdue dans mes pensées moroses, et Zach s'inquiétait pour moi. Puis, sans que je sache vraiment comment ou pourquoi - même si j'ai ma petite idée - nous nous sommes retrouvés seuls. Marisa et Antoine avaient disparus. Zachary, libéré du regard des autres - il était très timide, à cette époque, du moins avec les filles - a osé prendre ma main dans la sienne, et j'ai posé ma tête sur son épaule. Nous avons continué à marcher, puis Zach s'est arrêté et j'ai suivit le mouvement. J'avais fermé les yeux, pendant qu'il me prenait dans ses bras et qu'il me chuchotait des mots apaisants à l'oreille. J'étais bien. Quand j'ai rouvert les yeux, j'ai remarqué que le brun regardait autour de lui. Il n'était jamais venu dans cette partie des jardins. Distraitement, j'ai expliqué :

- C'est le Pont des Amoureux. Les couples viennent toujours ici parce que c'est un coin où personne ne peux nous voir.

Je ne m'étais pas rendue compte qu'il avait des sentiments pour moi. Ni que j'en avais pour lui, d'ailleurs. Vous savez, si ce moment n'était pas arrivé, si Marisa et Antoine ne nous avaient pas faussé compagnie, Zach et moi ne nous serions peut-être jamais mis en couple. Et peut-être qu'Eowyn ne serait jamais née. Enfin, avec des "si" on mettrait Paris en bouteille, n'est-ce pas ? Continuons.
Zach a continué à me caresser les cheveux en silence. Il faut savoir qu'à cette époque je les portais très longs. Ils m'arrivaient aux reins. J'ai senti la main de Zach descendre petit à petit, tout en continuant à jouer avec mes mèches. Quand elle est arrivée au niveau de mes reins, j'ai bougé un peu. Ca ne me gênait pas particulièrement, mais c'était une protestation pour la forme. J'ai redressé la tête et ai regardé moi aussi autour de nous. Je dois avouer que je n'étais jamais venue ici non plus. Je n'étais pas le genre séductrice, c'était plutôt Marisa qui enchaînait les copains. Moi, quelques garçons me tournaient autour, je n'étais pas moche, mais je n'avais jamais été assez confiante en moi pour accepter une relation. Et puis, j'avais tout ce dont j'avais besoin : mes parents, Marisa, des amis avec qui passer du temps... Je n'avais pas besoin d'un copain. Jusqu'à ce que cet Écossais étrange arrive.
J'avais donc relevé la tête. Je l'avais inclinée sur l'épaule du garçon - j'étais à présent serré contre lui - et regardais autour de nous. Zach a déposé, tout doucement, ses lèvres sur mon front. Il l'avait déjà fait, quand j'étais mal et que je me blottissais contre lui pour pleurer, mais jamais avec cette douceur et ce petit "quelque chose" en plus. J'ai relevé la tête à nouveau pour le regarder dans les yeux. Ses yeux à lui étaient si bleus que je pourrais me noyer dedans. Je crois que c'est à cet instant que j'ai réalisé que quand il partirait, il allait me manquer bien plus qu'un simple ami le devrait. Il allait me manquer comme si ma vie avait pris fin au moment où il avait quitté mon champ de vision. Et c'est comme ça qu'il m'a manqué, d'ailleurs, l'année d'après.
Mais bon, à ce moment-là, je venais de comprendre que j'étais amoureuse de lui. J'ai pensé que cet instant, sur le Pont des Amoureux, était propice, et je l'ai embrassé. Ma main était posée sur sa nuque et je l'attirais vers moi. Lui, il a resserré son étreinte autour de moi, et je me souviens avoir souris. Le petit doute qui subsistait sur ses sentiments à lui venait de s'envoler.
Quand nous sommes revenus au château, Marisa m'a littéralement sautée dessus. Elle m'a embarquée dans les toilettes des filles et s'est mise à hurler comme une hystérique pendant au moins dix minutes, pendant que je la regardais, bras croisés, avec un petit sourire.
Quand nous sommes allées dans la salle commune, nous avons retrouvé les garçons. Zachary se tenait l'épaule en grimaçant, j'en ai donc déduis qu'Antoine l'avait félicité à sa manière : une énorme claque dans l'épaule. Après un passage à l'infirmerie, il s'est d'ailleurs avéré que l’Écossais avait l'épaule déboîtée.
Et c'est ainsi que Zachary et moi nous sommes finalement mis officiellement ensemble. Et quand je dis officiellement, c'est bien officiellement. Toute l'école a été au courant, ainsi que certains profs, dans la journée qui a suivit. Merci Marisa.
Après ce jour-là, nous n'avons pas eu d'autres moments aussi spéciaux que celui du Pont. Et puis, Zach est rentré chez lui, il est revenu une fois diplômé, et vous connaissez la suite.
J'aurais bien dit "ils vécurent heureux pour toujours", mais, grâce aux Pozhiratellis, ça n'a pas été le cas.

30 ans et toutes mes dents !

Aujourd'hui, j'ai trente ans. Zach et moi avons décidé de marquer le coup en passant une soirée en amoureux. Eowyn a huit ans, elle est assez grande pour passer une soirée sans nous. Nous l'avons confiée à Marisa, ma meilleure amie, la seule en qui j'ai confiance pour prendre soin de ma fille.
Le matin de mon anniversaire, c'est Eowyn qui m'a réveillée, en sautant sur mon lit. Zach était déjà debout, il avait préparé un petit-déjeuner digne du Roi Soleil : pancakes, beacon, céréales, chocolat chaud, café, tout ce dont je pouvais rêver !
Mon petit ange m'a tirée par la main jusqu'au salon, m'a assise sur le canapé et m'a apporté fièrement un petit paquet, visiblement empaqueté par elle-même. En riant, je lui ai pris le paquet des mains et l'ai défait avec soin. A l’intérieur, un paquet de cookies fait maison m'attendais. Une petite carte était posée sur le tas. "Bon anniversaire Maman. Eowyn et papa", pouvait-on lire. C'était écrit à l'encre verte, ma couleur préférée, d'une écriture enfantine absolument adorable.
J'ai posé le paquet sur la table basse et me suis penchée pour prendre ma fille dans mes bras :

- Merci mon ange. C'est le plus beau cadeau que j'ai jamais eu.

Je vis Zach faire la moue en arrière-plan. Ca me fit rire. Il m'avait offert la veille un magnifique bracelet en argent rosé, et semblait vexé que je préfère les cookies à son cadeau. Lâchant mon bébé, je me suis approchée de lui et l'ai enlacé, murmurant à son oreille d'un air taquin :

- J'aime aussi le tien, de cadeau. Ne sois pas vexé mon amour.

Il se libéra en riant, et c'est dans un salon résonnant de rires que nous avons déjeuné.
J'ai passé le reste de la matinée à me faire chouchouter par mon mari et ma fille. Ils étaient aux petits soins pour moi, ce que je trouvais adorable. Enfin, jusqu'à ce qu'Eowyn ne lance un :

- Il faut prendre soin des vieilles personnes !

Pour me venger, je lui ai fait subir une attaque de gillis, qui l'a fait hurler de rire. J'aimais tant ce son ! Son rire était la plus belle mélodie à mes oreilles.
Le soir venu, nous avons déposé Eowyn chez Marisa, où elle allait certainement réclamer des histoires sur les bêtises que je faisais étant ado, puis Zach m'a emmenée dans un restaurant français chic. J'avais revêtu ma plus belle robe de soirée pour l'occasion, un cadeau de Zach pour mes 28 ans. Verte sombre, toute simple, elle m'allait à la perfection.
Le restaurant était illuminé par des dizaines de bougies. Mon mari avait réservé un table pour deux un peu à l'écart, où nous avions une vue incroyable sur Paris. La Tour Eiffel se découpait en arrière-plan.
Le repas fut à la hauteur de la réputation du restaurant. Tout simplement délicieux. Après avoir fini de manger, nous sommes sortis sur la terrasse et, à minuit pile, la Tour Eiffel s'est illuminée.

- Joyeux anniversaire, Arya.

Cette soirée était digne d'un conte de fée. Blottie dans les bras de l'homme de ma vie, j'étais heureuse.
Nous sommes allés chercher Eowyn le lendemain à dix heures. La fillette était surexcitée. Marisa venait de lui raconter comment j'avais fait brûler l'une des salles de potion de l'Académie en ajoutant trop de poudre de scarabée dans la potion de Ratatinage. Cette petite explosion était la faute de Marisa, à la base, mais je m'étais retenue de la préciser. Je ne voulais pas relancer le débat. Ma meilleure amie était convaincue que j'étais la seule fautive, et racontais l'histoire sans jamais mentionner sa part de responsabilité : si elle n'avait pas parlé de son nouveau copain pendant toute la leçon, je n'aurais pas été déconcentrée et ne me serais pas trompée dans mes dosages.