Un retour à la vie civile étrangement agréable [PV Kate Blue] 

Si Ivankov visait les professeurs également ? Bien sûr qu'il le faisait, et depuis bien plus longtemps que les étudiants... Il suffisait de savoir comment il agissait avec Philipp depuis des années que pour savoir que les enseignants étaient également sa cible, et Kate en était le prochain nom de la liste. Il avait choisi de la provoquer, de se jouer d'elle en lui racontant des mensonges et en lui proposant de "l'aider" pour défaire Stark. Il restait dans le passif pour le moment, mais il finirait bientôt par passer à l'action, elle n'en doutait pas. Il l'avait testée et il avait trouvé ses points faibles. Maintenant, il suffisait d'attendre qu'il s'en serve pour la mettre à terre et pouvoir user d'elle comme d'une marionnette accrochée à un fil. Il avait déjà joué la carte des étudiants et devait être en train de jubiler en imaginant l'effet que sa petite manigance avait eue sur les directeurs de l'Institut. Mais Kate ne lui montrerait rien. Elle allait l'éviter comme la peste - parce que c'était ce qu'il était, non ? - et elle garderait un visage impassible en sa présence, comme si rien n'était arrivé.

Le commentaire à propos de Retrac fit froncer les sourcils de Kate. Je n'ai jamais dit qu'elle ne m'aiderait pas. Mais nous devons trouver le moyen de mettre quelque chose en place sans qu'Ivankov ne puisse nous arrêter avant. Bien sûr que Tiphaine allait les aider ! Il en allait de l'avenir de ses étudiants, ils étaient sa responsabilité ! Et si elle n'était pas capable de mettre leurs différends de côté, alors ça voudrait dire qu'elle n'était pas seulement une gamine en apparence. Ici il n'était pas question de Tiphaine et Kate, mais de dizaines d'étudiants qui n'avaient rien à voir avec leurs querelles. Alors oui Hacho était mort parce que Tiphaine protégeait Stark et oui, Kate lui avait collé une giffle mémorable, mais elles seraient tout de même capables de passer au-dessus de ça pour trouver une entente pour les étudiants, non ? Kate était prête à le faire en tout cas, restait à voir si la rancoeur de Tiphaine serait plus forte que son désir de protéger ses étudiants et de leur assurer un avenir.

Que Sylvie lui dise de ne pas s'inquiéter et de prendre son mal en patience n'aidait pas franchement Kate. Plus facile à dire qu'à faire. Il était vrai que maintenant qu'elle avait écrit et envoyé les hiboux elle ne pouvait pas faire grand chose, mais ne pas s'inquiéter était juste impossible. Elle ne serait sereine que le jour où un hibou lui apporterait un accord ou une proposition pour améliorer leur plan. Parce qu'à ma place tu serais capable de penser à autre chose et de simplement attendre ? Kate lui lança un regard dubitatif en portant son verre à ses lèvres. Personne ne serait capable de faire ça, surtout pas un professeur et encore moins un parent. Sylvie n'avait pas d'enfant, mais elle goûtait aux joies de l'enseignement, alors elle devrait comprendre ou ne tarderait pas à le faire quand elle se serait attachée à ses étudiants. Et pour en revenir à Ivankov, les professeurs sont également ses cibles, évidemment. Surtout Philipp et moi. En tant que directeurs, nous sommes des obstacles pour lui et je suis persuadée que s'il le pouvait il nous tuerait sur-le-champ pour prendre la tête de l'école. Je suis même étonnée qu'il ne l'ait pas encore fait... Elle murmura ces derniers mots et prit une nouvelle gorgée de whisky, sa vue commençant à se troubler et sa langue à se délier sous les effets de l'alcool.

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Le discours de Sylvie, bien que cohérent et tout à fait compréhensible, arracha une grimace de déception à Kate. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas désirer s'impliquer dans ces histoires, mais une combattante comme elle aurait pu faire la différence dans leurs rangs. Alors oui, qu'elle préfère rester en retrait fila un coup au moral de la directrice, mais elle ne pouvait le lui reprocher. Et son argument contre Tiphaine se tenait, même si à côté de ce que Kate lui reprochait, une histoire de coeur lui paraissait bien dérisoire. Je comprends et je ne te forcerai pas à nous rejoindre. Sache juste que si tu changes d'avis, nous serons ravis de te compter parmi nous. Avec un sourire, Kate leva son verre pour trinquer, cachant sa déception derrière l'alcool. Elle ne voulait pas forcer qui que ce soit à se battre, le ferait même toute seule si elle le pouvait, mais elle était de plus en plus consciente d'avoir besoin d'aide et de sorciers talentueux pour vaincre les Pozhiratelis et avoir une chance de rétablir la paix - une vraie paix, s'entend, et pas ce simulacre de trêve imposé par les corbeaux.

Bien entendu, Sylvie réagirait comme Kate si elle avait été à sa place, mais elle s'inquiétait pour son amie et Kate le comprenait. Elle-même ne pourrait s'empêcher de le faire si leurs situations avaient été inversées, de lui prodiguer des conseils qu'elle savait que l'autre ne tiendrait pas, juste pour être sûre qu'elle ait toutes les cartes en main et que sa décision soit réfléchie. Je t'en remercie. Les seules personnes qui sont au courant veulent m'empêcher d'agir, Tiphaine me supplie pour soi-disant sauver mon âme, Philipp veut m'aider mais je suis persuadée qu'il le tuerait lui-même pour m'éviter de le faire... Et Donna était trop occupée avec ses propres malheurs que pour se tracasser de ceux de son amie bulgare. Et c'était pas plus mal, sinon Kate était persuadée qu'elle aussi essayerait de la dissuader de commettre ce meurtre. Mais c'était vital, elle devait le faire. Elle ne saurait plus vivre tant qu'ils partageaient cette terre.

Kate hocha la tête quand Sylvie supposa qu'Ivankov les gardait en vie parce qu'il avait une idée derrière la tête. Evidemment qu'il en avait une : il se servait d'eux. Philipp était son bouc émissaire et Kate... elle ne savait pas encore quelle était son utilité aux yeux de ce monstre, mais il devait forcément lui trouver un petit quelque chose pour ne pas l'avoir déjà tuée. Peut-être simplement était-elle un autre moyen de pression sur Philipp... Je l'espère... Je ne pense pas que nous tiendrons comme ça pendant des années. Tenir quelques mois, passait, mais supporter ça pendant des années, elle ne le saurait pas. De plus, Maximilien allait grandir, il voudrait sortir de son bureau, se promener, vivre. Devrait-elle le cacher éternellement ? Ne jamais le présenter au monde comme étant son fils ? Le confier à son père jusqu'à ce qu'il soit en âge d'entrer à l'école et cacher leur lien de parenté ? Non, c'était impossible. Il fallait que les choses cessent rapidement, qu'ils mettent un terme à tout ça avant la fin de l'année. Plus que ça, elle ne le supporterait pas et perdrait patience...

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Visiblement, Kate avait mal compris les paroles de Sylvie, et ses rectifications la consolèrent un peu. Elle ne souhaitait pas rejoindre sa cause pour le moment, mais le ferait peut-être plus tard. Un "peut-être" de trop, mais une lueur d'espoir non négligeable. Kate hocha la tête en souriant, soulagée bien que se sentant un peu coupable de mêler Sylvie à tout ça, elle qui avait déjà subit beaucoup lors de sa retraite à l'étranger. D'accord, exuse-moi je n'avais pas compris la nuance. Il fallait dire qu'avec tout ce qu'il se passait pour le moment et l'alcool qui brouillait ses pensées, elle réfléchissait moins facilement et ne savait plus toujouts percer les nuances ou les "peut-être" sous-entendus. Heureusement que Sylvie était du genre à tout clarifier plutôt qu'à laisser des malentendus flotter entre elles, sinon Kate serait restée bloquée sur l'idée que Sylvie ne les aiderait pas, et ça aurait pu mettre un froid. Car autant Kate ne voulait pas enrôler tout le monde de peur qu'ils meurent par sa faute, autant elle savait qu'elle avait besoin de gens aussi doués que la jeune femme.

Kate remercia ensuite Sylvie pour son soutien, lui expliquant comment Tiphaine et Philipp agissaient par rapport à son envie de vengeance. Même s'ils comprenaient tous les deux, ou au moins Philipp, ils voulaient l'empêcher de salir son âme et ça la tuait. Tuer Stark était quelque chose qu'elle devait faire elle-même, pour avoir l'esprit enfin en paix, pour s'assurer qu'il souffrirait autant qu'il avait fait souffrir son frère. Elle sourit face aux paroles de son amie, son envie de l'aider et, surtout, de ne pas l'empêcher d'agir. Ca fait plaisir à entendre, merci. Les gens ne comprennent pas que je sois incapable de pardonner cet acte... Mais comment le pourrais-je ? Ca m'était directement destiné, il voulait me punir en tuant mon frère, je ne peux décemment pas lui sourire et tout oublier simplement parce que c'est la bonne chose à faire. Ce serait manquer de respect à mon frère et à moi-même. Et oui, peut-être que les gens ne comprenaient pas, ou qu'ils voulaient la protéger, mais elle n'avait pas besoin de leur approbation. Elle tuerait Stark, quoi qu'ils en disent.

Après que Kate ait admis qu'ils ne tiendraient pas longtemps sous ce régime, Sylvie lui assura qu'elle les aiderait quand même, même si elle ne serait pas entièrement impliquée dans la cause. Au moins pourrait-elle les aider niveau stratégie ou quelque chose du même accabit, et c'était déjà plus que bien. Kate vida son verre en quelques gorgées, jugeant qu'après cela elle aurait eu son compte. Eh bien si tu m'aides, Ivankov n'aura qu'à surveiller ses arrières, il ne sait pas ce qui va lui tomber dessus ! Elle rit une seconde, persuadée qu'avec l'expérience de Sylvie, leur plan serait infaillible. Bon, j'ai été heureuse de te revoir, même si la conversation n'a pas été des plus joyeuses, mais je pense qu'il est temps de rentrer. N'oublions pas qu'il y a un couvre-feu, hein ! Prenant un air faussement sévère, elle agita son index vers Sylvie puis sortit de la monnaie moldue pour payer leurs consommantions, invitant son amie. Essaye de ne pas tuer Retrac, tu veux ? Ou alors tu filmes, que je puisse en profiter un peu. Bonne soirée ! Kate se pencha pour faire la bise à son amie puis quitta le bar pour transplaner un peu plus loin, sa démarche moyennement assurée mais toujours assez ferme que pour la tenir debout.

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