[Les Dirlos] Et pas d'enlèvement l'année prochaine... 

C’était officiel, Poudlard fermait ses portes pour les vacances estivales. Il me fallait encore finir mes valises et remettre de l’ordre dans mon bureau, puis je pourrai enfin quitter les lieux et retrouver ma famille. Deux mois entiers avec mon fils m’attendaient. C’était terrible de se rappeler qu’il s’agirait de la plus longue période passée en sa compagnie. Tiphaine pouvait exprimer qu’elle avait passé davantage de temps avec lui. Enfin, je ne regrettais pas. Il avait été bien plus en sécurité loin de l’Europe, y compris loin de moi et mes déboires judiciaires de la première moitié de l’année 2133. Depuis la rentrée scolaire, il était en permanence avec son père ce qui me rassurait tout autant. Puis, je devais travailler pour faire bonne figure, ce qui me permettait également de veiller sur mes élèves. Ce n’était pas comme si j’avais le choix. Je n’étais peut-être pas la meilleure mère, mais je prenais les décisions en faisant toujours passer Eliott en premier. Mes sentiments n’étaient que secondaires. Au moins je tâchais de faire de mon mieux. Puis j’étais rassurée par le fait que le lien avec mon fils ne se rompait pas. Lorsque nous étions ensemble la relation devenait fusionnelle.

Il faisait doux cette après-midi. J’arrêtais un instant mes préparatifs de départ pour me pencher à la fenêtre. Le parc était bien vide sans les élèves et cela me serrait le cœur. J’aimais vraiment Poudlard. Malgré les inconvénients qui incombaient à mon travail, à savoir voir ma vie sociale restreinte à ce château, je ne voyais que des avantages. J’adorais mon métier autant que mes premiers pas dans le monde du Quidditch. Pas de la même manière, certes, mais j’étais tout aussi heureuse ici. La brise était douce et faisait onduler ma robe parfaite pour la saison. Finie les tenues de travail sombres. L’été allait être agréable, aux antipodes du précédents. Je me perdis un instant dans mes pensées avant d’entre quelqu’un m’appeler. Il ne pouvait s’agir que de Tiphaine, les professeurs étant partis la veille. Puis le son de la voix si familière ne laissait planer aucun doute.


Je lui répondis en poussant légèrement la voix afin d’être certaine qu’elle puisse m’entendre distinctement. Je fermais la fenêtre en me demandant ce qui l’amenait. Peut-être avait-elle terminé ses propres bagages et désirait-elle voir où j’en étais pour partir rapidement. Malheureusement pour elle j’avais un peu trainé. Je me dirigeais vers mon bureau attenant. Comme toujours il était en bordel. Si Tiphaine désirait savoir où j’en étais elle avait déjà la réponse sous les yeux. Heureusement que dans les appartements il ne restait qu’à décrocher les photos d’Eliott. Ma collègue avait elle aussi avait délaissé les tenues de travail. Ceci dit nos goûts vestimentaires étaient bien différents, je dirais même à l’image de nos personnalités. Elle avait choisi le noir alors que j’arborais une robe rose pastel.


Après tout je préférais m’en inquiéter. Tiphaine n’avait pas l’habitude de se signaler. Généralement elle imposait sa présence, même auprès de sa collaboratrice la plus directe.

appartement de l'adjointe, deuxième étage, Poudlard

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Sa réponse fut vague et me laissa assez suspicieuse. Je ne pouvais pas en dire davantage sur le faible sourire qu’elle m’offrit. C’était bien la difficulté de travailler avec Tiphaine, outre le fait qu’elle attendait parfois que l’on s’exécute par la simple lecture de ses pensées, ce qui était donc impossible, il était également difficile de la sonder. Les réactions primaires se voyaient sur son visage, il était de toute manière difficile d’échapper à une de ses colères, mais pour ce qui était davantage fins c’était une autre affaire. Je ne savais pas ce que signifiait vraiment cette réponse, ce pale sourire ou encore même sa visite. Néanmoins, je savais qu’elle ne se déplaçait pas pour parler de la pluie et du beau temps. Quel que soit le sujet du jour, c’était sérieux et ça ne pouvait ni attendre les jours suivant notre départ, ni la rentrée.

Tiphaine aborda un autre sujet en s’installa sur une chaise habituellement réservée aux étudiants ou visiteurs. Cette configuration était étrange, habituellement c’était ma position parce que nous nous retrouvions dans son bureau. Je m’installais à mon tour avant de la fixer. Elle avait un petit quelque chose de différent mais je n’arrivais pas à mettre la main dessus. Peut-être l’habitude de la voir en tenue de travail qui me donnait ce sentiment. Enfin, je n’allais pas trop la fixer, il fallait bien que je réponde à sa question. N’avais-je pas envie de partir ? J’adorais mon travail et ce château, mais je chérissais encore plus ma famille. Seulement je prenais mon temps pour ne rien oublier, ce qui n’était pas une mince affaire puisque j’avais une fâcheuse tendance à disséminer des affaires partout. Si ce bureau était tant en désordre c’était que je ne triais pas souvent. Hors, je n’avais pas non plus besoin d’embarquer tout ce qui était dans cette pièce, les copies et notes de cours pouvaient rester ici. Ainsi, un simple coup de baguette n’était pas plus rapide, il me fallait d’abord faire un tri manuellement.


Je lui souris. Elle devait se douter qu’il me tardait de retrouver mon fils. Pour deux mois qui plus est. Un rêve pour moi. Je perdis vite mon sourire lorsque Tiphaine enchaîna. Sa venue oui, puisque je me doutais qu’il ne s’agissait pas d’un bavardage entre deux amies. Elle voulait donc me parler de l’année prochaine. Qu’est-ce qu’il pouvait bien se passer que je ne sache pas. Si les Pozhiratelis avaient demandé à ce que je sois renvoyé j’aurais été avertie depuis bien longtemps, et sinon Tiphaine ni serait pas allée par quatre chemins. C’était autre chose mais quoi ? Encore en rapport avec les Pozhiratelis ou pour une fois ils n’étaient pas au cœur du problème.


Pour accompagner ma position d’auditrice je me tournais parfaitement face à elle et je la fixais. J’étais dans le flou, mais plus pour très longtemps.

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Qu’avait-elle donc de si important à me dire pour venir me trouver ici juste avant notre départ. Cela devait être sérieux, je n’avais même pas besoin de tergiverser à ce sujet. Un autre élément me venait en tête, quoi qu’elle ait à me dire elle voulait le faire secrètement. Elle avait eu une semaine entière pour me trouver après le départ des étudiants, pourtant elle avait entendu que les professeurs, et par la même occasion que les corbeaux, quittent le château pour le faire. Que cela me concerne directement ou non, cette conversation devait se dérouler le plus discrètement possible.

En effet. C’était important ce qui me surprenait peu à ce stade. Tiphaine souffla signe que cette conversation lui coutait. Si le sujet me visait elle n’irait pas par quatre chemins si bien que je supposais qu’elle tenait à me dire quelque chose davantage personnel. Si je résumais les indices que j’avais pour le moment à ma disposition, il s’agissait d’un sujet important, la concernant et devant rester secret. Je l’observais jouer avec ses mains. Elle était définitivement mal à l’aise et je pouvais affirmer que c’était bien la première fois que je la voyais ainsi. La directrice laissa écouler quelques secondes de silence avant de me fixer. Les mots suivirent rapidement. Comme un éclair. Et ils me foudroyèrent réellement. Tiphaine était enceinte. Mes yeux ronds de surprise s’arrêtèrent sur son ventre. C’était donc ça l’aspect physique qui me semblait différent. Comment avais-je pu l’ignorer si longtemps. J’étais une bien piètre observatrice.

La Retrac attendait un enfant et je savais déjà que cette information devait rester secrète. Est-ce que je devais la féliciter ? Son air n’était pas celui d’une mère épanouie par la maternité. Elle semblait davantage trouver la situation délicate voire dangereuse. Sur ce point je la comprenais. Après tout je lui avais confié mon fils alors qu’il avait à peine deux mois pour qu’elle puisse le mettre en sécurité. Notre monde était dangereux et nos enfants représentaient le pire moyen de pression que les Pozhiratelis pouvaient avoir. Être mère était une bénédiction oui, mais cela pouvait tout autant nous détruire. Je fixais de nouveau le visage de Tiphaine car après la révélation éclair elle avait d’autres choses à dire. Il n’était pas encore question que je m’exprime.

Comme je l’avais deviné, personne ne devait être au courant. De plus, cela impliquait que je devrais gérer la rentrée prochaine seule une fois de plus. Il y a deux ans cela n’avait pas été une réussite car je n’avais pas pu empêcher les enlèvements du Poudlard Express. Ceci dit, Beauxbâtons n’avait pas non plus pu faire face à cet événement. Tiphaine devait le savoir si elle acceptait une nouvelle fois de me confier cette tâche, ou alors elle n’était pas en mesure de trouver quelqu’un d’autre. Dans tous les cas cela était gage d’une certaine confiance. L’autre problème serait en effet les cours de potions, enfin nous aurions tout l’été pour trouver une solution.


Je marquai une pause. La façon d’accueillir la nouvelle me semblait incongrue mais Tiphaine avait fait en sorte de me noyer dans un tas d’informations justement pour que je ne m’attarde pas sur le sujet principal. Je ne savais pas si je devais agir comme si de rien était ou pointer davantage sa situation. Avec elle une simple conversation pouvait rapidement virer à l’affrontement. Pourtant, j’avais le sentiment de devoir aussi aborder l’évènement le plus longuement.


J’avais fait mon choix.

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C'était important de lui assurer que son secret resterait bien garder. Je ne prendrais même pas le risque d'en souffler mot à Lucas. Je lui faisais confiance, bien entendu, mais je ne pouvais me permettre de diffuser le secret d'autres personnes. C'était un principe qui me tenait de grand-mère et que je n'avais pas de peine à conserver. De toute manière, nous avions suffisant à faire avec nos propres préoccupations pour ajouter dans notre couple celles des autres. Trouver les meilleures solutions pour élever notre fils en sécurité, de manière acceptée par notre nouvelle société sans pour autant faire de lui un être dénué d'ouverture d'esprit était un véritable casse-tête. Et encore il n'avait que deux ans, autrement dit, Eliott avait encore l'innocence d'accepter tout le monde. Enfin, il me semblait également important de lui assurer que la rentrée et les cours de potions pourraient être assurés malgré son absence. Après tout, nous étions engagées pour le bon fonctionnement de notre école ce qui rendait délicates les situations où nous n'étions plus en mesure de le faire. Tiphaine n'avait certainement pas besoin de se rajouter cette préoccupation.

Si j'avais usé de beaucoup de mots, ma question avait finalement été concise. Ouverte également pour faire comprendre à ma collègue que j'étais disposée à l'écouter si elle en ressentait le besoin. Je n'étais absolument pas certaine qu'elle entre dans ce jeu. Je ne serais pas surprise, maintenant que sa situation était énoncée, qu'elle s'empresse de quitter mon bureau pour échapper ainsi aux réjouissances que cela m'inspirait. Je tâchais déjà de ne pas exploser de joie. Si avoir un enfant était un véritable privilège, ce n'était pas une perception universelle. Puis nous ne vivions pas dans le meilleur des mondes pour élever un enfant. Je comprenais tout à fait que cela puisse être terrifiant.

J'étais prête à parier qu'elle ne me répondrait pas. Son regard en disait long. Devoir annoncer son absence et les raisons qui l'y poussaient avait été suffisamment pénible. Pourtant Tiphaine finit par ouvrir la bouche et elle avait des choses à dire. Sa vie devait en effet être chamboulée depuis le retour de son ex compagnon. Je me souvenais ce que cela avait représenté, il y a bientôt trois ans, de retrouver Lucas. Un chamboulement. Ce n'était pourtant pas comparable car nous étions tous les deux sans attache affective. De plus, je me rendais véritablement compte que la maternité de Tiphaine n'était pas commune. Son expérience ne pouvait pas être la même que la mienne car elle était tout bonnement spéciale. Il n'y avait qu'à voir son apparence alors qu'elle était pourtant si proche du terme.


Toujours mes questions ouvertes, mais c'était pour lui rappeler qu'elle ne vivait pas la parentalité seule. Je ne connaissais pas son compagnon, ou du moins de réputation ce qui n'était pas forcément à son avantage. Quoi qu'il avait le mérite d'être un bon patron et de ne pas soutenir l'idéologie qui faisait actuellement foi au sein du Secrétariat. Finalement il pouvait être un futur parent attentionné.

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Tiphaine ne devait pas oublier qu’elle ne serait pas seule. Un enfant se concevait à deux si bien qu’elle pouvait compter sur Stark. J’avais bien conscience que tous les couples ne fonctionnaient pas ainsi. Certains explosaient même à l’annonce d’un petit être venant s’ajouter à l’équation. Pourtant, j’étais prête à parier que cette union-là resterait. Ils semblaient bien ensemble lors du réveillon malgré l’ambiance chaotique. Elle me confirma que Stark était prêt. Ce qui l’inquiétait davantage était que sa fille lui ressemble sur un certain point. Ceci dit, j’étais certaine qu’elle avait au fond d’elle la réponse à cette préoccupation. Elle m’avait dit plus tôt qu’elle ne pouvait plus être elle-même parce que sa fille n’était pas conçue pour supporter son alimentation particulière.


Je lui souris. Tiphaine pouvait également compter sur moi. Bien sûr pour ce qui concernait la gestion de l’école. Les incidents de la rentrée 2132 ne le prouvait pas forcement, mais il ne fallait pas oublier que Beauxbâtons, avec deux têtes à la direction, avait subi le même revers. Cette rentrée avait été trop particulière pour un faire un exemple fidèle. La directrice devait plutôt se rappeler que j’avais été là durant la rentrée dernière. Prête à assurer mon rôle malgré ma fatigue extrême suite à l’incarcération et mon envie folle de rester auprès de ma famille. Je ne m’étais pas défilée sachant que la Retrac se trouvait dans la même situation et j’avais assuré le reste de l’année. En définitif, je pouvais assumer la rentrée prochaine en attendant son retour. Mais, je pouvais également la soutenir sur tout ce qui était relatif à la maternité si elle le désirait. Je ne lui ferais pas l’affront de lui expliquer comment changer une couche et s’occuper d’un nouveau-né. Ces tâches, elle les avait répétées avec mon fils. En revanche, la maternité ne s’arrêtait pas là, c’était un ensemble bien plus complexe. D’ailleurs, je devrais certainement lui faire un colis avec les affaires d’Eliott que je gardais plus par nostalgie que par nécessité.


D’embrasser Eliott de sa part et de profiter de lui durant ces deux mois. Après tout, je n’avais encore jamais eu la chance de passer autant de temps en sa compagnie. J’avais conscience de louper beaucoup de choses, tout en sachant qu’il n’était jamais seul. Il avait eu l’affection de Tiphaine pendant des mois, puis de Lucas le reste du temps. Mon fils ne manquait pas d’attention et je faisais en sorte d’être présente dans sa vie. J’étais heureuse qu’il soit si affectueux et ne me considère pas comme une étrangère. J’avais fait des choix difficiles pour le protéger, pas pour me priver d’un lien.


Je ne m’invitais pas chez Tiphaine. Si je pouvais éviter d’autres réveillons ce m’arrangeait bien. En revanche, je ne désirais pas la priver du lien qu’ils avaient tissé ensemble. Eliott avait adoré le repas parce qu’il avait aimé retrouver sa protectrice. J’étais certaine que cela était réciproque.

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Je lui souris. Je comprenais dans sa réponse son inquiétude quant à la croissance de sa fille. Après tout, elle avait vu Cliff grandir à une vitesse folle. Ceci dit, elle avait longtemps été seule pour gérer cela, aujourd’hui elle était davantage entourée pour pouvoir faire face en cas d’événements exceptionnels. Je me demandais d’ailleurs comment son fils prenait la nouvelle, si tant est qu’il ait déjà connaissance de l’heureux événement. Si c’était le cas cela ne l’empêchait pas de perdre son temps dans des âneries. Ma salle de classe avait encore fait les frais de ses enfantillages. Enfin, ce n’était pas le moment de me plaindre, notre discussion ne portait pas sur l’attitude du jeune garçon.

Tiphaine se leva en m’informant qu’elle me tiendrait au courant, particulièrement en ce qui concernait la date de son retour. J’imaginais néanmoins que d’ici là d’autres lettres seraient échangées. Après tout, je comptais l’informer des mesures imaginées durant l’été pour pallier son absence, puis bien sûr pour prendre de ses nouvelles. Je devais bien entendu rester discrète, mais quelques échanges durant l’été entre la directrice et son adjointe n’avaient rien de surprenant. Il en faudrait plus pour attirer la curiosité. Les choses se compliqueraient certainement à la rentrée.


Je lui souris avant qu’elle ne quitte le bureau. L’année à venir allait encore une fois être riche. Je me lassais presque de mes premières années ici qui me paraissaient à l’époque plates comparativement à ma vie de sportive. Je ne serais pas contre une trêve. Malheureusement cela n’était pas possible tant que les corbeaux voleraient au-dessus de nos têtes. Je regagnai le coin appartement pour finaliser le rangement. Il ne me restait plus que le bureau et je pourrais à mon tour quitter le château. Après avoir parlé enfant, j’avais d’autant plus hâte de retrouver Eliott et le reste de ma petite famille. L’été ne serait pas seulement studieux, il serait également réconfortant.

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