[Paul & Darko] Un point sur les créatures de Beauxbatons 

Les cours avaient repris lundi à la suite d'un week-end riche en émotions. Les annonces faites durant le bal avaient laissées des traces sur nos étudiants. Entre l'encouragement des jeunes contraints à passer l'initiation et l'avancement des dates de certains mariages, il y avait de quoi causer du trouble. Cette politique ne rimait à rien et ce n'était malheureusement pas avec mes petites mains que cela pourrait s'arrêter. Ni même avec des coups de canines bien placés. Les enjeux étaient bien trop complexes pour se terminer aussi simplement. Mon seul pouvoir était de préparer au mieux mes élèves.

Pour l'heure je terminais avec les sixièmes années mon dernier cours de la semaine. Bien entendu mon travail ne s'arrêtait pas là. En tant qu'adjoint j'avais d'autres prérogatives dont celle d'accueillir l’employer du secrétariat des êtres qui venait pour une visite de routine. Chaque année c'était la même chose. J'avais conduit ces entretiens de nombreuses fois mais jamais sous ma condition de vampire. L'an passé il aurait été délétère que je m'en charge tant pour ma couverture que pour la sécurité du sorcier. Depuis, j'étais plus entraîné pour supporter un tel rendez-vous. Puis, je n’avais pas grand-chose à craindre a priori. Ma condition n'était pas connue des autorités bien qu'il semblait peu probable que les Pozhiratelis n'aient pas de suspicion. Quand on revenait des morts en laissant derrière soi un cadavre il y avait calamar géant dans le lac de Poudlard. C'était certainement pour cela qu'ils n’avaient pas tenté de m’attaquer une seconde fois et qu’ils avaient accepté les fausses preuves attestant que mon sang était mêlé.

Midi était passé, je ne mangeais pas alors je n'avais pas repoussé plus tard l'heure du rendez-vous. Plus vite je serais débarrassé, mieux ce serait. Je me dirigeai vers les grilles sans me préoccuper des coins trop ensoleillés. Pour affronter la journée et déambuler librement dans le palais j'avais demandé à Emily le collier. De cette manière, mon attention serait uniquement ciblée sur l'évaluateur sans devoir m’occuper des endroits à éviter. Cela s’ajoutait au brouillard qui obstrué les rayons du soleil. Je me trouvai rapidement devant les portes de l’académie que j’ouvris pour faire face à mon interlocuteur. Le visage du jeune homme ne me disait rien. Je fus davantage éclairé lorsqu’il se présenta en me tendant la main. Marloes. Un Pozhiratelis. Je ne connaissais pas toutes les familles partisanes du parti, mais je me souvenais qu'un dénommé Marloes était présent lors du coup d'état. Un étudiant de Durmstrang qui avait pris sa place en enfermant les élèves à l’intérieur du palais en attendant que les corbeaux obtiennent officiellement le pouvoir. Sa présence n'était pas un bon signe.

Par politesse je tendis à mon tour ma main. J'eus un instant une hésitation, un rayon de soleil éclairant la main de l’autre sorcier, avant de me rappeler que j'étais protégé par le collier. La poignée de main fut succincte pour ne pas lui faire profiter longtemps de la froideur de ma peau néanmoins, dans la précipitation ma poigne fut assez forte. Pas de quoi casser des os mais tout de même cela attestait d’une certaine puissance. Enfin, cela pouvait passer pour de la virilité mal placée.


Ma voix était ferme sans être froide. J’affichais également un sourire de circonstance pour ne pas laisser paraitre ma désapprobation. Ne pas perdre mon calme. Si je commençais à paniquer Emily allait le sentir et ne souhaitais pas provoquer une rencontre avec le Pozhiratelis. Sait-on jamais que cela fasse ressortir un souvenir désagréable.

( Pando )

J’espérais que le déjeuner improvisé l’occuperait un peu. Tout du moins suffisamment pour que je puisse cerner le personnage et être suffisamment sur mes gardes. En présence d’un Pozhiratelis je ne pouvais pas me permettre un seul écart. Bien sûr j’étais totalement en capacité de le maitriser s’il me posait problème. J’étais un excellent sorcier et j’avais certaines capacités qui me permettaient de le dominer aisément. En revanche, je n’étais pas certain que ce soit la meilleure option pour préserver les relations cordiales avec le Secrétariat. Puis, je ne désirais pas attirer une horde de corbeau. Si mes souvenirs étaient bons, les Marloes avaient le bras long. Il n’était pas question d’attirer les foudres sur ma personne et que cela se répercute sur mes proches. Lucas avait déjà suffisamment souffert de l’arrestation de Sydney. Puis Emily méritait une vie paisible.

Monsieur Marloes avait certaines exigences pour la collation. Un truc bien de chez nous. J’esquivais un sourire mi-amusé, mi-circonspect. La gastronomie française était si vaste qu’il fallait la diviser en territoire. Techniquement un plat ou une boisson de la région bretonne ne s’accordait pas parfaitement aux habitudes des habitants des Pyrénées. Ce qui était bien de chez moi se résumerait à des mets typiques de la Corse. Ou du Québec ce qui nous éloignait de la requête de l’homme. S’il voulait boire quelque chose de différent je pouvais lui proposer une liqueur de la région, mais je n’étais pas certain qu’il soit autorisé à boire durant son service. Ou alors du vin qui faisait la réputation de la France, mais le souci restait le même.


Un sirop à l’eau en somme. Rien de bien original.


Il fallait bien que je lui montre que je ne me moquais pas de lui et que je mettais dans sa quette de découvertes culinaires beaucoup de bonne volonté. Quoi qu’il en soit l’effet Beauxbâtons semblait le distraire davantage que la perspective d’un déjeuner. En même temps, qui ne pouvait pas être impressionné par l’architecture du palais ? Une vraie merveille. Cela dit, Lucas m’avait également venté la prestance du château de Durmstrang. Les pierres froides pouvaient aussi dégager une certaine sécurité chez ceux qui apprenaient à les apprécier.


Toujours cordial dans mes paroles. J’espérais être rapidement débarrassé bien que ma réponse avait été des plus succincte. Peut-être voulait-il savoir depuis combien de temps j’enseignais ici, quel avait été mon parcours scolaire et professionnel.

( Pando )

Entamer une discussion avec un Pozhiratelis demandait toujours un grand effort. Je devais, comme avec n’importe quelle personne, contrôler mes instincts tout en étant moins persuadé du bien-fondé de la limite que je me fixais. Un corbeau de moins ne serait pas une grande perte pour l’humanité. Si je devais un jour assouvir ma curiosité de goûter du sang humain frais, autant planter mes canines dans le cou d’une personne qui le méritait. Quoi que je ne pouvais deviner les motivations des personnes qui rejoignaient ce camp. Si cela faisait partie de leur éducation depuis leur plus tendre enfance ils n’étaient pas entièrement responsables. Certes ils se complaisaient dans l’impression d’être supérieurs aux autres, c’était tout de même un crime bien moindre que d’assassiner quelqu’un de sang-froid. Je ne vaudrais pas grand-chose si je me laissais aller ainsi.

Il ne buvait donc pas d’alcool durant son service. Était-ce une interdiction formelle ou une limite qu’il se donnait ? Mon propre service durait des mois alors je ne m’étais jamais interdit un verre de vin de temps en temps. Les professeurs non plus. Tant que nous ne nous retrouvions pas éméchés devant nos élèves, cela relevait nos propres limites. Quant à la collation, c’était à moi de décider. Puisque je ne prenais plus plaisir dans la consommation des aliments classiques, j’étais bien tenté de ne rien lui proposer. Hors cela pourrait éveiller quelques soupçons, puis ce n’était pas très courtois de ma part de le priver d’un déjeuner aussi sommaire soit-il. Je pouvais très bien faire parvenir quelques sandwichs dans mon bureau et picorer dedans pour laisser l’impression que mes habitudes étaient des plus normales.

Avant de lui proposer le moindre met à déguster dans mon bureau, je réfléchis à sa question. Je n’étais pas certain que ma réponse soit des plus véridiques. En revanche, suite à mes nombreuses discussions avec Kate Blue, je pouvais affirmer que nos programmes se rejoignaient. Il en était de même avec Poudlard. Pour moi il s’agissait essentiellement d’un intitulé différent. Puis sa supposition était des plus exactes. La Métamorphose était une option à Durmstrang et j’étais sûr que quelques bases étaient pourtant présentes dans les cours de Magie Fondamentale.


Sur ces mots, nous arrivions enfin devant mon bureau, j’ouvris la porte et lui fis signe d’entrer avant de la fermer après mon passage. Je m’avançais ensuite vers mon siège et lui indiquais une place en face de mon bureau.


Autant rentrer directement dans le vif du sujet et être au plus vite débarrassé de ce rendez-vous incommodant.

( Pando )

Pour le moment l’entretien était des plus cordial et des plus banal. C’était une raison supplémentaire pour me méfier. Ce n’était pas le moment de baisser la garde, surtout pas en présence d’un employé du secrétariat des êtres doublé d’un Pozhiratelis. Ma situation était loin d’être régulière, je n’étais pas entièrement humain et mes parents n’avaient pas développé de pouvoirs lors des derniers mois. Je n’étais pas contre une mise à jour de mon dossier mais il n’était pas question de le faire sous ce gouvernement. Par ailleurs, cela ne dépendait pas que de moi, déclarer ma particularité c’était exposer Emily à son tour. Néanmoins, je savais que nous n’étions pas là pour discuter des différences entre les programmes scolaire des écoles européennes. Je connaissais la prochaine étape, celle de la consultation des dossiers, et je me préparais déjà à faire mine que ma collaboration était complète.

L’homme bien installé, les choses sérieuses allaient commencer. J’avais préparé les dossiers en question dès la note de service m’indiquant qu’un employé du secrétariat allait venir. Même si mon travail n’était pas complet il n’en demeurait pas moins préparé à l’avance. Beauxbâtons avait toujours coopéré et faire preuve de transparence faisait partie du jeu. Puis, nous ne dénoncions personne. Ses dossiers-là ne contenait que des informations déjà détenues par le Secrétariat. Il ne risquait donc pas de découvrir que ces registres n’étaient pas à jour. Ses menaces déguisaient ne me faisaient pas d’effet. Les Pozhiratelis étaient généralement à l’origine des derniers éléments effroyables. Cet homme avait certainement détruit plus d’êtres humains que moi alors pour son excuse sur la sécurité il pouvait repasser. Enfin, à ma connaissance, les seules personnes qui ne figuraient pas dans la pile que je faisais glisser vers lui logeaient dans la suite de l’adjoint.


Sur ces mots je me levai et profitai des quelques minutes de battement pour récupérer les sandwichs promis. Je ne craignais pas de le laisser seul dans mon bureau, je ne laissais dans cette pièce rien de personnel. Il pouvait très bien fouiller, il ne trouverait rien que des notes de cours. Lorsque je fis mon retour avec un plateau, l’homme n’avait pas bougé, du moins en apparence.


Je pris de nouveau place en face de lui, posant par la même occasion le déjeuner entre nous.

( Pando )

Ce petit tour m’avait permis de respirer un peu avant d’affronter de nouveau l’employé du secrétariat. Jusqu’à présent, la discussion avait été cordiale et n’avait pas présenté de difficultés particulières. Il faisait son travail, je faisais le mien en collaborant. Avec un peu de chance il serait parti juste après avoir fini son sandwich. Il n’avait pas de raison pour prolonger sa présence ici. C’était également pour cela que j’avais préparé consciencieusement les dossiers pour sa venue. Moins il traînerait, moins il poserait de questions et mieux je me porterais.

L’homme répondit à mon interrogation par l’affirmatif, tout semblait en ordre pour lui. À priori. Il termina sa tâche avec le dernier dossier avant de l’interpeller de nouveau. Cette fois-ci l’échange promettait d’être moins agréable. Je ne laissai rien transparaitre sur mon visage, pourtant mon cerveau fonctionnait à plein régime. Avais-je bien entendu la question ? Peut-être craignais-je tellement ce sujet qu’il s’agissait là d’un mirage. Je le laissais finir en restant attentif. Que répondre à cela sans me montrer sur la défensive mais en préservant tout de même Emily. Je ne pouvais pas lui proposer une visite à l’infirmerie pour qu’il l’interroge lui-même. Je ne doutais pas d’elle, mais ce n’était pas une raison pour la laisser se débrouiller seule. Par ailleurs, savait-il pour notre relation ? Après tout ce n’était pas un secret. Hors si ses soupçons se portaient dans un premier temps sur moi cela exposait directement Emily.


Il n’y avait pas de quoi s’affoler. Les paroles d’un stagiaire n’avaient pas une grande valeur, surtout si ses observations avaient été faites à distance. Après tout il n’était pas surprenant de conserver la même silhouette mais de constater qu’un vieillissement avait opéré en s’approchant un peu plus de la personne. Sans phénomènes anormaux, autre que ma résurrection, l’homme n’avait aucune preuve tangible pour affirmer ses soupçons. Par ailleurs, la suite de son discours était lunaire.


À vrai dire je n’avais rien entendu de tel, mais je savais qu’Emily avait gardé ce garde-manger donc les larcins devaient persister. L’homme devait le savoir et cela nuisait à son raisonnement. Plus d’infirmière potentiellement vampirique et toujours des vols de poches de sang. Ses soupçons, bien que fondés, ne tenaient pas la route.

( Pando )

La tournure de la conversation me mettait mal à l’aise. Elle touchait trop étroitement mon espace personnel. Il n’était pas question qu’Emily s’expose à des ennuis par ma faute. Puis, je ne connaissais pas les intentions de l’homme. Cherchait-il à me déstabiliser pour que je me dévoile enfin, ou bien avait-il uniquement ma partenaire dans le viseur ? Dans les deux situations il ne semblait pas gêné de nuire à Emily. Cela me rendait furieux. Il était chanceux que je sois en mesure de refouler mes instincts primaires sans quoi mes canines plantaient dans sa carotide aurait été une fin envisageable. Au lieu de ça je mimais l’ignorance. De toute manière, en tant qu’adjoint, je n’étais pas supposé être informé des vols effectués à l’hôpital. J'avais suffisamment de travail à Beauxbâtons pour gérer l’organisation d’autres lieux.

Il voulait seulement vérifier les “on dit”. En d’autres termes il aimait fourrer son nez dans les affaires des autres. Typiquement le genre d’individu qui m’était nuisible. Il était clair que je devais redoubler de vigilance en sa présence. Je ne regrettais d’ailleurs pas d’avoir fait en sorte d’éviter une confrontation avec Emily. Il aurait forcément cherché le moindre signe, surtout qu’il était un habitué des situations surnaturelles. Même pour moi le risque était grand. Au moindre relâchement il pouvait me piéger. Heureusement que je portais le collier qui me permettait de m’exposer au soleil, cela permettait au moins de brouiller les pistes. S'il avait des suspicions, que faisait-il de notre poignée de main sous les rayons ? Une inconnue s’était rajoutée à son équation.

Doute ou non il remuait bien sa baguette dans le chaudron. Jusqu'à prononcer directement le mot vampire. Rien d’étonnant puisqu’il avait évoqué juste avant la consommation de sang. Cela ne faisait que confirmer que sa cible était bien claire.


Je lui souris. Il était grand temps de le ramener sur le sujet de sa visite. Les divagations nous mettaient tous en danger. Par ailleurs, je ne voyais pas quel autre sujet houleux pourraient encore interférer dans cette conversation. Cela dit, avec un personnage tel que Marloes il fallait s’attendre à tout.

( Pando )

Maintenant que j’avais recentré la conversation sur la raison de sa présence à Beauxbâtons, j’étais bien curieux de voir s’il tenterait un autre écart. Et si c’était le cas, quelle serait sa justification. Je ne serais pas capable d’inventer un revirement de situation, sauf que le Marloes avait révélé des capacités bien différentes des miennes. Là où je laissais aux autres la possibilité de me cacher des choses lorsque cela ne semblait pas atteindre à ma sécurité ou celle des autres, l’employé du ministère paraissait prendre un malin plaisir à glisser son nez dans les affaires qui ne le regardaient pas. Le sourire qu’il affichait n’était pas de bon augure. Je craignais d’être contraint une nouvelle fois de repousser sa curiosité tout en préservant mon calme. Il avait bien de la chance de ne pas être en présence d’un être nerveux.

Ainsi, je l’écoutai poursuivre. Il n’avait pas de question sur l’académie. Cela était bien dommage dans la mesure où il s’agissait avant tout de la raison de sa visite. Certes, comme il le précisait, il était en droit de vérifier la véracité du recensement en revanche, le procédé n’était pas correct. S'il tenait tant à effectuer cette vérification il aurait dû me demander de me conduire directement auprès d’Emily. Or, il s’était contenté de me questionner sur des rumeurs, comme s’il cherchait à dégoter un plus gros poisson. Je ne me faisais aucune illusion sur sa manière de procéder, il cherchait bien des informations sur moi et il semblait parti pour m’épuiser. Cela était d’autant plus vrai que je lui avais déjà prouvé que Beauxbâtons était un lieu sécurisé.


Je lui souris. J'avais compris son sous-entendu et je prenais un malin plaisir à lui signifier que les professeurs étaient en effet bien plus en sécurité à l’intérieur du palais. Après tout, mes soucis avaient commencé en périphérie de Beauxbâtons, nous le savions tous les deux et sans Emily l’issu aurait été fatale. Et maintenant comment comptait-il rebondir ?

( Pando )

Généralement, lorsque l’on répétait quelque chose à un élève en leur signifiant que c’était un second rappel, ils cessaient leur insistance. Il n’y avait pas de “jamais deux sans trois”. Et si c’était le cas, la troisième réplique était moins cordiale. En entendant le ricanement du Marloes, je savais déjà qu’il n’allait pas faire preuve d’autant de discernement que mes étudiants. Il allait tenter d’enfoncer le clou une autre fois. Et dire que cette torture pouvait se finir à l’instant par un coup de canine. C'était dans ces moments-là que je regrettais de ne pas être une créature sanguinaire. Puis, je ne pouvais pas non plus appeler Emily à la rescousse. Je n’allais pas lui refiler tout le sale travail. Dans l’attente de sa réplique je devais davantage souffler un coup pour m’apaiser. Il attendait une vague de ma part, je n’allais pas lui faire se plaisir. Et si vraiment il devenait trop encombrant je pouvais toujours user de l’hypnose. L'inconvénient, en revanche, était que cela lui mettrait définitivement la puce à l’oreille. Il travaillait auprès des êtres, il savait certainement par expérience reconnaitre lorsque l’on abusait de lui. Avec l’hypnose je me débarrasserais de lui aujourd’hui, mais il resterait collé à ma chaussure tel un chewing-gum.

Il revenait sur un incident. L'incident je devrais dire. Celui qui m’avait poussé dans cette nouvelle condition. Il était clair qu’Emily n’avait pas eu le temps de faire le ménage derrière elle. Le suivi de ma transformation était plus important, surtout que sa réussite n’était pas garantie et qu’il fallait également éviter que j’assassine le moindre humain. De toute manière, le simple fait que l’un des corbeaux envoyés pour me tuer ne soit pas revenu sain et sauf au quartier général pouvait leur mettre la puce à l’oreille. Notre priorité avait été de nous couvrir face à l’ensemble des sorciers.


Je lui souris à mon tour bien que mon visage resta froid. Je tâchais de ne pas en dire davantage. Ce n’était pas le moment d’affirmer ma répulsion envers les Pozhiratelis, je n’avais pas besoin de m’attirer plus d’ennuis.


Il était vraiment temps pour notre sécurité à tous les deux que cette entrevue se termine.

( Pando )

Il ressortait les vieilles affaires, cet homme était décidément la fouine de l’année ce qui n’était pas un mince exploit puisqu’elle débutait tout juste. Je sentais qu’il n’allait pas lâcher l’affaire et que j’aurais de nouveau à supporter sa présence dans un avenir proche. Finalement lui arracher la tête ne me semblait plus être une solution à exclure. Vraiment, il était temps que cette entrevue se termine. Envisager des solutions aussi extrêmes était mauvais signe, je n’allais pas être capable de conserver mon calme durant des heures. Je commençais ainsi à le pousser vers la sortie en me montrant plus ferme. Ma dernière question était assez explicite, s’il n’avait pas d’autres interrogations il pouvait partir. Après tout il avait déjà consulté tous les documents qui l’amenaient ici.

Je le laissais parler sans réagir. Il restait campé sur ces positions et semblait peu choqué d’être impoli. Ajouter quelque chose c’était lui laisser l’occasion de continuer à bavasser et à fouiller, autrement dit le total opposé de ce que je recherchais à présent. Il était temps qu’il parte pour notre sécurité à tous les deux. Pourtant, ce n’était pas évident de rester neutre face à ses insinuations. Les vampires et leur ouïe extraordinaire. Il y avait bien un rythme cardiaque que je ne voulais plus entendre c’était bien le sien. À ce stade ce n’était plus des suppositions qu’il avançait, il cherchait juste une preuve à une certitude bien fondée. Je me retiens de souffler lorsque je le vis se lever et me tendre la main. Enfin il débarrassait le plancher. J'attrapais sa main pour la serrer en tâchant de ne pas exagérer la pression de mes mains. C'était tentant de lui broyer les os mais c’était surtout une mauvaise idée. Je me forçais à lui rendre un sourire cordial.


Je croisais les doigts pour ne pas le croiser avant. Je le regardai sortir et attendis quelques minutes avant de relâcher la tension que j’avais mis dans mes épaules et ma mâchoire. Forte heureusement je ne faisais pas classe cette après-midi. Si cela avait été le cas, j’aurais dû annuler. J'étais bien trop à fleur de peau pour me concentrer tant sur la leçon que sur mes impulsions à provoquer un carnage. Pour la sécurité de tous il valait mieux que je profite de cette fin d’après-midi pour courir au grand air. Tant pis pour le travail qu’il me restait, je n’étais de toute manière plus capable de me pencher là-dessus. En rentrant il faudrait en discuter avec Emily, l’homme nous mettait en danger.

( Pando )