La baguette au dessus de ma tête, j'éclaire mon chemin pour éviter de tomber dans une crevasse sans fond qui me vaudra une chute mortelle. A mesure que je m'enfonce dans le tunnel, l'air se fait plus froid et parfois de grandes flaques d'eau viennent immerger mes pieds jusqu'aux chevilles. Je devais approcher d'une nappe phréatique ou un lac souterrain. Si c'était le cas, je devrais m'attendre à un nouveau gardien sous forme de créature aquatique ou à des maléfices ayant empoisonnés l'eau. Au bout d'une centaine de mètres, la voie s'élargit en une caverne presque aussi vaste que celle des colonnes. Et comme je m'y attendais un lac trônait en son centre. L'eau noire était aussi lisse que du verre et donner l'impression qu'on aurait pu marcher aisément sur sa surface.

Déposant mon sac sur la berge, je prend le risque de m'approcher un peu plus examiner le lac. Une forme sombre à sa surface laisse deviner les contours d'une petit île mais j'étais incapable de dire ce qui pouvait bien s'y trouver. J'avais plusieurs possibilité pour rejoindre l'île mais aucune ne me semblait très sûre. Ramassant un caillou, je le lance à la surface de l'eau en ricochets. Des vaguelettes brisent la surface si lisse et quelques secondes plus tard, des ombres se mettent à bouger sous l'eau. Reculant par précaution je me prépare à me défendre mais je ne suis pas assez vif. Quelque chose vient m’attraper la jambe et me fait tomber à la renverse. Ma tête heurte violemment la berge et ma vue se brouille. Par chance, j'arrive à garder ma baguette en main mais je suis incapable du moindre mouvement, bien trop sonné. Une masse énorme fait éclater la surface du lac et un mugissement retentit dans la caverne. Je suis balloter dans tous les sens comme un vulgaire chiffon.

A plusieurs reprises je suis plongé dans les eaux mouvementées du lac, buvant la tasse une fois sur deux. Le point positif c'est qu'à force je fini par reprendre mes esprits. Ma vision à beau s'éclaircir, j'aurais préféré que ça ne soit pas le cas lorsque je vois l'horreur qui m'attend. Un énorme calmar, trois fois.. non cinq fois plus grand que celui habitant dans le lac de Poudlard. Je n'avais jamais vu une bête pareille. Je n'ai qu'un mot pour le décrire: Kraken.

Me contorsionnant, je vise la tentacule qui me tient fermement et lui lance un maléfice cuisant. Mon plan fonctionne et le poulpe géant me lâche. Malheureusement à cette hauteur mon entrée dans l'eau ne se fait pas sans heurt. Mon cri de douleur se meurt en une flopée de bulle d'air et je manque de perdre à nouveau conscience. Mon corps entier me brûle atrocement et au prix d'un grand effort je regagne la surface avant que le calmar ne vienne se servir de moi comme amuse-bouche. Sans réfléchir, j'agis par pur instinct et lui envoie un autre maléfice cuisant pour le tenir à distance. Au départ cela semble fonctionner, jusqu'à ce qu'il se venge et que deux de ses tentacules viennent me percuter de plein fouet. Éjecter hors de l'eau, je file tout droit vers le plafond de roche sans pouvoir contrôler ma trajectoire. Par chance je ne m'empale pas sur l'un des nombreux stalactite de calcaire mais l'impact m'arrache un nouveau hurlement. Un craquement sinistre m'apprend que j'ai du me casser quelques os au passage. Mon corps retombe mollement sur le rivage, me faisant tousser et cracher une quantité impressionnante de sang.

Il fallait que je trouve un plan, une combine me permettant de prendre l'avantage sur le mollusque mais rien ne me venait. Je n'ai pas le temps de me redresse que l'un de ses nombreux bras vient s'enrouler autour de moi. Il me ramène dangereusement du trou béant qui lui sert de gueule en me serrant tellement que d'autres os se brisent sous la pression. Ma vue se trouble de nouveau, l'air commence à manquer dans mes poumons.

Les stalactites. Mais oui. Levant ma baguette j'envoie un bombarda maxima en direction de la voute. L'explosion fait trembler la grotte mais rien ne se passe de plus, je vais servir de goûter à mon nouvel ami. Alors que je ne suis plus qu'à quelques centimètres de la mort, un craquement sourd se fait entendre. Un pan du plafond se détache et vient faucher le Kraken, l'envoyant dans les profondeurs. La tentacule me lâche et l'air entre de nouveau dans mes poumons. Sans attendre mon reste, je nage comme je peux jusqu'à l'île et me hisse sur son rivage en recrachant autant d'eau que de sang.

Un simple coffre de bois trône devant moi, c'est tellement facile. Beaucoup trop. De l'extrémité de ma baguette magique je relève le couvercle. Aussitôt un bouclier presque invisible se dresse autour de l'île. Grimaçant, je plonge ma main dans le coffre et en ressort le fameux Graal, calice de jouvence. Son apparence n'a rien de bien extravagant, un simple calice taillé dans du bois brut. Après quelques incantations, je devine qu'il faut "payer" pour quitter l'île. Soupirant, je me prépare mentalement au sort qui m'attend et pose une main contre la barrière. Aussitôt, une multitude de lance magique transpercent mon corps de part en part. Je n'ai plus la force de crier ma souffrance, ma vue se trouble encore, mes forces m'abandonnent et je manque de lâcher l'objet de mes désirs.

Quelques heures plus tard, j'ignore comment j'ai réussi à m'extirper de là.