Nick était abasourdi. L'idée que son amant allait devenir père le frappait de plein fouet, remettant en question chaque instant passé ensemble. Pourquoi avait-il consommé son mariage ? Au nom de la lignée de sa famille ? C'était absurde. Rien qu'à l'idée de voir Connor dans les bras de sa femme, Nick sentait une folie furieuse l'envahir. Il avait naïvement cru que la chute des Pozhiratelis marquerait le début d'une vie où lui et Connor pourraient enfin s'aimer en paix, loin des intrigues de leur monde. Mais il s'était trompé, se perdant dans des rêves éphémères. Il savait désormais que Connor ne cesserait jamais d'être le prince soumis à son père, incapable de braver l'autorité familiale. Nick se demandait même s'il vivrait assez longtemps pour voir le jour où Connor aurait enfin le courage de s'affirmer et de dire adieu à cette dynastie étouffante.

Nick sentait le poids de ses pensées oppressantes peser sur lui alors qu'il se dirigeait vers chez James. Léonie, habituellement son confident le plus fiable, était occupée, laissant Nick avec son tourment intérieur. Il savait que chez James, il trouverait non seulement une oreille attentive, mais aussi une distraction bienvenue. Les soirées passées en sa compagnie avaient toujours eu un effet bénéfique sur lui, lui permettant d'échapper temporairement à ses soucis et à son stress. Les discussions avec James étaient toujours riches et réconfortantes. Son ami avait le don de lui faire oublier ses soucis et son stress, ne serait-ce que pour quelques heures. Depuis ses débuts en tant que professeur de potions, l'angoisse avait repris possession de Nick, le tourmentant jour et nuit. Mais ce soir, l'invitation de James tombait à pic, comme une bouée de sauvetage dans la tempête. Nick avait hâte de partager ses tourments avec James, de se confier à lui et peut-être même de trouver ensemble des solutions à ses problèmes. Dans la chaleur de l'amitié sincère, il espérait trouver un peu de réconfort pour son cœur meurtri.

En franchissant la porte de chez James, Nick fut accueilli par la chaleur et la jovialité qui caractérisaient si bien son hôte. Malgré tout, un léger frisson parcourut son échine en entendant le terme affectueux "mon ange". Bien qu'habitué à cette expression de la part de James, Nick ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de malaise, cette appellation étant réservée dans son esprit à Connor. Encore lui, toujours lui, omniprésent dans ses pensées.

« Comment tu vas toi ? » demanda Nick en se débarrassant de sa veste et en se dirigeant vers le chat de James, qui réclamait déjà son attention. D'une main douce, il caressa l'animal en souriant tendrement. « Bonjour toi », murmura-t-il, se laissant emporter un instant par la douceur de ce moment.

Après s'être installé dans le salon, le félin vint se lover à ses côtés, apportant un peu de réconfort à Nick. « Car moi ça va pas du tout, je vais faire un meurtre je crois ! » dit-il avec un rire teinté d'amertume, faisant référence à sa situation tumultueuse. Puis, cherchant à détourner l'attention de ses propres tourments, il ajouta : « En tout cas ça sent bon ! Tu nous fais quoi de beau ? »

Dans la chaleur tamisée du salon, où les arômes alléchants venant de la cuisine tournoyaient et dansaient dans l'air, le ventre du sorcier se mit à gargouiller au rythme de l'énoncé du repas que son meilleur ami lui préparait avec tant de soin. Une odeur envoûtante s'élevait des casseroles, caressant ses narines et chatouillant son appétit.

Un sourire tendre étira les lèvres du sorcier alors qu'il continuait à caresser doucement la boule de poil lové sur ses jambes. Nick avait toujours eu un faible pour les animaux, une passion qu'il partageait avec une ferveur presque magique. Son propre chat occupait une place spéciale dans son cœur, mais au fil du temps, un lien profond s'était tissé entre lui et le félin de son meilleur ami. Il aimait cette créature à quatre pattes tout autant que la sienne, si ce n'est plus.

"Oh tu sais... Connor est de retour" soupira Nick, laissant échapper un souffle chargé de frustration alors qu'il penchait sa tête en arrière, semblant chercher du réconfort dans les ombres de la pièce. "Et techniquement, ce n'est même pas mon mec," ajouta-t-il avec un ton amer, révélant toute l'amertume de cette relation chaotique avec son amant. Il laissa un instant de silence peser, laissant ses pensées s'envoler avant de lancer la bombe. "Il est venu chez moi, après que je lui ai envoyé un hibou. J'étais fou de joie, tu sais, pensant que nous avions enfin notre chance." Un rire dépourvu de joie s'échappa de sa gorge, empreint de tristesse. "Mais j'ai été trop naïf... Il est venu m'annoncer qu'il allait être papa." Voilà, la bombe était lâchée. "Je ne pensais pas qu'il irait jusqu'à consommer son mariage, tu vois... Et rien que ça, ça me rend dingue." Les mots tombaient lourds, emplis de désillusion et de douleur, trahissant la profondeur des sentiments blessés de Nick.


Le sorcier se laissait aller à des pensées sombres, se demandant s'il ne devrait pas enfin tourner la page, oublier Connor, et peut-être même donner une chance à Lovely, sa femme par défaut. Mais au fond de lui, il savait que son cœur reviendrait toujours vers le prince, irrémédiablement attiré par son charme envoûtant. C'était là l'épreuve la plus cruelle pour le professeur, se retrouver coincé dans un tourbillon émotionnel, partagé entre la loyauté envers son propre cœur et le respect des engagements qu'il avait pris. Chaque battement de son cœur semblait résonner comme un écho de cette lutte intérieure, le plongeant dans un abîme de doutes et de tourments. Et tandis qu'il contemplait l'avenir incertain qui s'étendait devant lui, il se demandait si jamais il trouverait la paix, ou s'il était condamné à errer éternellement dans les méandres de son propre désir.

Les bras chaleureux de James enveloppent Nick, créant un cocon protecteur où il peut enfin relâcher toute la tension qui l'enserre. Combien de temps s'est écoulé depuis sa dernière véritable larme pour Connor ? Oh, le sorcier le sait bien... Ce moment reste gravé dans sa mémoire, une cicatrice émotionnelle indélébile, tant la douleur de cette séparation fut dévastatrice. La nuit de la rupture, pendant ce camp de potions. Il peut encore sentir la froideur glaciale du carrelage sous sa peau, le son assourdissant de son propre cœur brisé, écrasé par les mots de Connor. Tout cela, pour quoi ? Pour finir marié et bientôt père avec une autre personne. Nick se demande pourquoi il s'accroche toujours à cet amour perdu, pourquoi les souvenirs continuent de hanter ses pensées, même lorsqu'il est dans les bras réconfortants de James. D'un geste discret, il essuie une larme solitaire qui dévale sa joue, se demandant s'il trouvera un jour la force de guérir totalement de cette blessure qui semble le hanter encore et toujours.

"Je t'avoue que je ne sais pas," murmura Nick en se redressant légèrement dans les bras réconfortants de son ami. "Connor est en mode survie avec sa famille. Il est prêt à tout pour simplement rester en vie..." Connor, souvent évasif quant à sa famille, n'avait que peu dévoilé sur son passé à Nick. Ce qu'il avait réussi à glaner donnait pourtant une image familière à Nick, une résonance sombre de son propre vécu. Un père tyrannique, capable des pires atrocités envers ses propres enfants… "Mais le fait de faire un enfant... C'est au-delà de tout ce que je peux comprendre." Dans les bras de son ami, Nick se laissa aller à ces confidences. Les mots semblaient jaillir de lui, portant le poids de ses propres tourments et de ceux de Connor. La douleur partagée entre eux, la compréhension tacite des démons intérieurs que l'on traîne.

"Pourquoi est-ce que je continue à y croire ?" murmura Nick, les yeux emplis d'une confusion profonde. "C'est vrai. Il est tellement... instable. Un coup il m'aime, un coup il me quitte, puis il revient, et de nouveau je suis ignoré. Je ne sais plus quoi faire avec lui. Je l'aime, mais cette situation commence vraiment à me dépasser." Alors qu'il laissait ses pensées sombres tourbillonner dans son esprit, le ventre de Nick se mit soudain à gargouiller bruyamment, le tirant de sa spirale émotionnelle. Un petit rire gêné lui échappa. "Désolé," s'excusa-t-il, un sourire timide éclairant son visage. "Je crois que j'ai faim."