(seth et paul) - un long dimanche de retrouvailles 

Septembre dans le sud de la France c'était encore le soleil et des températures hautes. Les dimanches matins comme ceux-là il m’était juste impossible de louper une course dans les montagnes. Les sports magiques n’avaient jamais été mon domaine. Je préférais largement me lancer dans les activités moldues. Course, escalade, surf. Bien sûr la magie pouvait m’aider à éviter certains accidents, mais pour le reste elle n’entrait pas en jeu. Le concept de monter sur un cheval ailé pour faire une course m’avait toujours échappé. Pire encore le Quidditch que j’appréciais pourtant regarder. Pour moi voler sur un balai c’était les deux mains bien accrochées et juste pour les petits trajets.

Pour renforcer mon sentiment sur les activités sportives magiques, l’enseignante de cette matière à Beauxbâtons avait eu un petit accident de balai la semaine dernière. D’après les nouvelles rien de grave mais tout de même quelques jours d’arrêt nécessaires. Si cela ne tenait qu’à moi, une semaine sans activités sportives n’aurait pas été dérangeante. Hors certains de nos élèves présentaient cette matière à l’examen final, il fallait donc trouver une solution pour cette semaine. Après discussion avec Maddison il nous avait semblé pertinent de demander à l’un de nos anciens élèves s’il voulait bien assurer le rôle de professeur le temps d’une journée. Par ailleurs cela permettrait aux élèves de jouer au Quidditch, sport peu pratiqué dans notre école et pourtant convoité par certains. J’avais donc envoyé un courrier à Seth il y a deux jours. Cette fois-ci ce n’était pas pour prendre des nouvelles mais bien pour l’inviter à passer au palais. Je lui avais également soufflé l’idée que s’il pouvait se libérer dans la semaine pour un petit cours de sport cela nous arrangerait bien.

Après ma course très matinale j’étais retourné dans mes appartements pour me rafraichir. Emily trainait encore mais ce n’était pas dérangeant. En revanche elle trouvait le lieu de rendez-vous que j’avais donné à Seth critiquable. L’amphithéâtre. Elle répétait ce mot sans doute les yeux levaient vers le ciel le temps que je prenais ma douche. Selon elle ce n’était pas professionnel. Si lors de son embauche je lui avais donné rendez-vous dans les jardins elle ne serait pas venue. Et un dimanche en plus. Ce n’était définitivement pas correct. Je ne savais pas si c’était parce qu’elle trouvait cela réellement peu approprié ou si elle râlait car cela faisait deux weekends d’affilée que je m’absentais le dimanche. Quoi qu’il en soit il s’agissait de Seth, cela n’avait au fond rien de professionnel. Je descendis donc, non sans une certaine hâte, l’attendre comme prévu devant l’amphithéâtre.

( Pando )

L’amphithéâtre était assez grand pour pouvoir jouer un match de Quidditch. Mine de rien l’espace que nécessité une course de chevaux ailés était aussi important. Le souci de l’amphithéâtre était le point de vue pour les spectateurs. Pas assez haut pour un stade digne de ce nom. Ceci dit pour un cours ce n’était pas si important. Quoi que s’il acceptait je ne serais pas surpris que quelques élèves soient prêts à sécher une poignée d’heures de cours. Par ailleurs nous avions déjà le matériel pour les matchs de Quidditch. Seulement ce n’était pas le premier sport de l’école alors l’amphithéâtre s’adaptait plus aux courses, ainsi le matériel était retiré après les matchs et soigneusement entreposés. Avec la présence des slaves cela allait sans doute un peu changer. Autant préparer nos élèves au mieux si des tournois inter-école étaient mis en place. Il n’était pas acceptable qu’on se moque de nos élèves.

Une voix qui ne m’était pas inconnue s’éleva dans mon dos. Mon ancien élève venait d’arriver. Je me retournais avec un large sourire aux lèvres. C’était toujours un plaisir de recroiser des anciens élèves. Toutes les rencontres que j’avais faites jusqu’à lors avaient été très constructives. Certaine plus que d’autres d’ailleurs. C’était également une façon de redécouvrir ces jeunes et se rendre compte que beaucoup ne changeaient pas, mise à part bien sûr une maturité plus importante. Je voyais également les transformations physiques. Pour Seth c’était encore plus saisissant car il avait quitté l’école avant le pic de croissance que connaissait les garçons. Je restais légèrement plus grand, mais tout de même il avait bien poussé. Pourtant ce n’était pas la première fois que je le revoyais en chair et en os depuis qu’il avait quitté l’école, mais ces occasions avaient tout de même été rares. Je notais tout de même sa présence lors des épreuves du tournoi et un match auquel j’avais pu le voir jouer lors d’un voyage.


Je m’avançais pour lui serrer la main. Lui-même avait le sourire accroché aux lèvres. J’espérais qu’il allait accepter. Maddison serait aussi très contente de le revoir. Mais déjà il était venu de loin un dimanche matin. C’était sans doute bon signe.

( Pando )

La question du vouvoiement s’était posée après une discussion avec une jeune élève récalcitrante. C’était ma première année d’enseignement, je pensais avoir fait un choix judicieux et je m’étais retrouvé face à un mur. Face à une élève qui n’avait jamais vouvoyé personne et qui n’en voyait pas l’intérêt. Je n’avais pas forcément d’avis arrêté sur la question, mais pour moi les choses étaient simples, je n’employais le tutoiement qu’avec les gens que je connaissais. À Beauxbâtons il s’agissait de certains collègues dont Maddison. Ce n’était donc pas tant un respect de la hiérarchie mais bien en raison de l’affect que j’avais avec ces personnes. De cette manière j’employais le « vous » avec mes élèves mais certains avaient finalement eu le droit aux « tu ». J’avais fini par tutoyer Seth car il n’allait plus être mon élève et qu’une distance conventionnelle n’avait plus besoin d’être mise. Il avait passé pas mal de temps avec moi à préparer son départ de l’institut que je me voyais mal finir sur un « vous ». Quand à lui je le laissais faire son choix. Je n’allais certainement pas lui dire qu’il avait le droit de me tutoyer comme un maitre qui donnait enfin sa bénédiction. Puis il ne fonctionnait pas forcément avec les mêmes critères.


Beauxbâtons, pour certain c’était une école dans laquelle on pouvait passer du bon temps et en ressortit avec beaucoup de souvenirs. Pour d’autres, comme moi, c’était réellement une maison. J’étais l’un des actuels maitres des lieux et c’était en aboutissement en soi. J’espérais qu’après notre départ l’esprit serait toujours le même, que les élèves auraient toujours une attache pour cette école et qu’ils seraient accueillis comme il se doit s’ils souhaitaient revenir. J’étais d’autant plus ravi que Seth ait fait le déplacement qu’il en soit peu dérangé. J’étais encore plus satisfait de lui faire cette proposition.


Je ne voulais pas m’emballer, mais je croisais les doigts pour qu’il accepte. Après tout il pouvait tout à fait ne pas être à l’aise avec le fait de donner des cours. Ou encore son emploi du temps pouvait être beaucoup trop chargé pour perdre du temps ici.

( Pando )

Victoire ! Il avait accepté sans chercher à négocier. Comme quoi ce n’était pas si idiot de lui donner rendez-vous ici. Ceci dit peu importe le lieu, je ne pense pas qu’il avait influencé la réponse. Quoi qu’une petite visite ici était un beau bonus. Enfin je n’étais pas plus surpris que cela. Puis je ne m’attendais pas à un tas de clauses de contact à respecter. Il était un joueur professionnel mais il restait l’un de nos anciens étudiants prêt à donner un coup de main. Bon joueur ou non il n’en restait pas moins humble. C’était agréable à constater. Après tout, ses performances auraient pu lui faire prendre la grosse tête. Je supposais qu’il devait être bien entouré pour garder ainsi la tête froide. Un autre point agréable le « toi » qui avait fini par fuser. Après une semaine j’espérais qu’il continue sur cette lancée. Bien sûr nous allions faire en sorte d’adapter les horaires à son activité. Il était hors de question de l’épuiser à la tâche sous prétexte qu’il fallait profiter de son expérience professionnelle.


Le simple fait qu’il accepte comme cela était un bon point pour notre école. Je lui fis un large sourire. Pour être heureux nos élèves allaient l’être. Beauxbâtons n’était pas spécialisée dans le Quidditch mais cela n’empêchait pas nos étudiants d’aimer ce sport autant que dans les autres pays. Cela ne les empêchait pas non plus d’exercer ce sport. Il fallait aussi penser que la classe d’activités physiques était là pour cela, et bien que les compétitions de l’école se concentraient sur celles de chevaux ailés, les élèves n’hésitaient pas à réclamer des cours de Quidditch.


Il avait beau avoir accepté j’avais encore un tas de questions à lui poser. Après tout il fallait bien organiser cette semaine maintenant qu’il venait.

( Pando )

La motivation de notre ancien élève faisait plaisir à voir. J’étais bien content que nous ayons pensé à lui. Cette expérience était enrichissante pour nos élèves mais elle le serait pour Seth aussi. Enseigner était une tache particulière mais l’on pouvait en apprendre beaucoup sur soi. Bien sûr ce n’était pas donné à tout le monde. Ceci dit j’étais certain qu’il allait bien s’en sortir. Après tout il allait guider les élèves dans un domaine dans lequel il excellait mais sans avoir pour autant une carrière très longue. Il avait encore l’occasion d’adapter la pratique de son sport et d’en tirer lui-même un enseignement.

J’écoutais Seth m’expliquer le fonctionnement de sa carrière. Cinq entrainements par semaine. J’étais bien surpris. Je m’étais figuré qu’ils étaient moins fréquents. Ceci dit en réfléchissant bien à son niveau il était bien logique que les entrainements soient aussi fréquents. Après tout il fallait comme dans tout sport d’équipe fédérer un groupe. L’individualité de chacun ne devait pas suffire. Puis son club avait atteint la finale européenne. C’était impressionnant. Je ne connaissais pas grand-chose au Quidditch alors j’étais bien satisfait d’en savoir plus. Oh bien sûr je suivais l’équipe nationale mais je n’avais pas de club favori et je m’attardais sur les matchs en fonction du temps que j’avais ou des connaissances que je pouvais avoir. Je n’avais d’ailleurs aucun talent dans ce sport. Enfin c’était le cas pour tout sport nécessitant l’intervention de la magie.


Après tout nous allions réquisitionner le temps d’une semaine un de leurs joueurs. Certes nous n’allions pas le tuer à la tâche mais les cours, les voyages et les entrainements cumulés risquaient d’être fatiguant et donc d’induire une diminution des performances. Ceci dit, s’il n’y avait pas de matchs décisifs dans l’immédiat, il n’y avait donc pas de raison de s’inquiéter. Puis Seth devait aussi être en capacité de se ménager. S’il avait accepté c’est qu’il avait déjà dû réfléchir à cela.


J’étais bien curieux de connaitre les coulisses d’une grande équipe. Curieux aussi de savoir comment Seth s’en sortait dans ce domaine.

( Pando )

Une bonne entente avec l’entraineur et une équipe soudée. Il avait même utilisé le mot famille. Il était évident qu’il avait rapidement su trouver sa place. Je ne m’inquiétais pas de ses capacités à s’adapter, mais les grands clubs pouvaient réserver de mauvaises surprises. Le manque de cohésion dû à des individualités trop fortes se voyait parfois dans les sports moldus et j’imaginais que ce devait être aussi le cas dans les clubs sorciers. J’étais content d’apprendre que Seth évoluait dans ces conditions. Puis il semblait vraiment satisfait. Il n’y avait qu’à entendre sa tirade enjouée. Cela faisait plaisir à voir. Je lui souris en retour. J’avais hâte de me procurer un billet pour les voir jouer.


Le devant de la scène. C’était sans aucun doute quelque chose qu’il avait dû apprendre à gérer. La communication était au cœur de beaucoup de métier, mais pour lui entretenir une bonne image publique sans en dévoiler trop sur sa vie privée était nécessaire. De mon côté mon poste nécessité de garder une image digne mais je n’avais pas une bande de fans prêts à me suivre à chacun de mes déplacements. La pression médiatique devait réellement peser. Pour moi Seth demeurait la même personne mais il n’en restait pas moins, désormais, un joueur de Quidditch populaire. Avoir un bon entourage en dehors du sport me semblait important.


Encore un autre sujet. Après tout si je devais bien suivre une équipe c’était la nationale. Ceci dit avec les conflits récents les grands tournois n’étaient peut-être plus d’actualité. Enfin comme précisé, ma connaissance sur le sujet était moindre. Et encore je connaissais les règles du jeu. En revanche me faire monter sur un balai était une autre affaire.

( Pando )

Tous les parents n’étaient pas capables d’avoir un impact positif sur la vie professionnelle de son enfant, surtout lorsqu’elle devenait publique. Apparemment Seth avait la chance d’avoir un entourage solide. Rien de plus efficace pour l’empêcher de prendre la grosse tête. Pour ma part j’avais dû me construire une influence sans l’aide de mes parents. Ils ne connaissaient rien à ce monde et les sorciers leur rendaient bien. Puis j’avais rapidement coupé les ponts avec eux. Ce n’est pas parce qu’ils ne savaient rien à la magie qu’ils ne voulaient pas qu’elle apporte des bénéfices à l’entreprise familiale. Les Roy étaient de ceux pour qui tous étaient bons à prendre, même aux dépens de leur fils. Je n’avais plus rien à voir avec ces gens là.

J’étais décidément beaucoup trop à la ramasse. Oui l’Équipe nationale l’avait déjà approché, il avait même joué avec elle plus d’une fois. Quel idiot je faisais. Je n’avais pas besoin de cacher bien longtemps que je ne suivais pas beaucoup le Quidditch. Enfin jusqu’à lors je pensais tout de même être plus ou moins au point avec l’équipe de mon pays. Apparemment j’avais laissé de côté tout un pan de l’histoire. Il ne me serait pas venu à l’esprit qu’il existait une équipe jeune, ni même que des matchs amicaux se faisaient. Je dissociais tellement les sports magiques des sports moldus que je n’aurais pas imaginé qu’ils puissent fonctionner tous sur le même schéma. Seth avait de quoi se taper la tête contre son balai. Pourtant ce n’était pas faute de m’intéressait à son parcours.

J’écoutais le jeune joueur m’expliquait le fonctionnement des tournois mondiaux. Mon cas devait l’inquiéter car il préférait user de schémas. Il n’avait pas tort, tous les moyens étaient bons à prendre pour me faire intégrer quelque chose qui m’avait en partie échappé pendant presque vingt ans. Enfin le déroulement direct de la coupe ne m’était pas inconnu. C’était déjà ça. En revanche je ne m’étais jamais posé la question sur les moyens de pré-sélection. Un bon point pour nous, j’avais compris toute son explication.


Je lui souris. Il venait sans doute de me sauver la vie. Si Sydney avait appris que j’avais de telles lacunes elle aurait pris son air offusqué pendant des semaines. Oh il ne fallait absolument pas toucher à son sport. Déjà qu’elle était désespérée par mon incapacité de tenir sur un balai sans provoquer d’accident. En même temps il n’y avait rien de plus dangereux, selon moi en tout cas. Puis lorsque des moyens de locomotion bien plus rapide existaient, il n’y avait pas de raison de s’embêter avec les balais.


Ce n’était sans doute pas à l’ordre du jour mais au moins c’était une action qui pouvait mettre tout le monde d’accord et qui n’apportait pas de grands chamboulements. Je serais bien déçu de ne jamais voir jouer Seth en Équipe nationale.

( Pando )