(kate et sydney) - opération changement de couche 

Trois semaines. Cela faisait déjà trois semaines que les cours avaient repris, et tant de choses s’étaient passées dans sa vie. Déjà, son secret n’avait tenu que quelques jours avant que le directeur ne le découvre et ne lui reproche son imprudence. Il avait raison, bien sûr, mais n’avait nullement réussi à lui faire changer d’avis et, au final, lui avait assuré qu’il n’en parlerait à personne. Elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance mais le simple fait qu’il sache mettait la vie de l’enfant en danger. Dieu seul savait à qui d’autre il avait appris la légilimancie et qui donc pourrait scruter ses pensées à la recherche de quelque chose à exploiter… Ensuite, il y avait eu toutes ces visites passées auprès de ses collègues étrangers, les directeurs de l’académie française, la directrice du collège anglais ainsi qu’une de leurs professeurs. Elle n’avait pas eu une minute pour elle depuis les trois semaines et commençait déjà à fatiguer. Heureusement, elle pouvait compter sur le cousin de son fils pour prendre le relais de temps en temps, mais elle culpabilisait tellement qu’elle ne le lui laissait jamais bien longtemps. Alors, quand une amie lui avait proposé de passer chez elle pour le troisième week-end, elle avait sauté sur l’occasion. Enfin elle pourrait se détendre un peu, ne plus parler de guerre et de stratégies. Elle serait juste avec une amie et leurs fils, à passer une bonne journée tranquille.

Bien que Kate n’ait pas écrit dans sa lettre qu’elle aurait un enfant avec elle, elle pensait avoir semé assez d’indices pour que Sydney comprenne. D’abord, elle avait employé la première personne du pluriel, puis s’était plainte que des cris la réveillaient chaque nuit et que son temps était entièrement consacré à quelque chose de plus important. Quiconque lirait cette lettre penserait qu’elle emmènerait son chat, que les cris venaient de l’extérieur et que la chose importante était le bienêtre des étudiants, mais Kate espérait que Sydney comprenne. Elle était intelligente et, ayant elle-même un jeune fils, elle se reconnaîtrait sûrement dans la description. Se doutant donc que son amie l’attendait avec un enfant, Kate prépara le sac de Maximilien en y mettant tout le nécessaire : couches, biberon, doudous, jeux… Elle hésita même à miniaturiser le berceau pour l’emmener mais renonça, se disant qu’elle abusait tout de même un peu. Avant de partir, elle enfila une large cape et jeta un sort de dissimulation sur le maxi-cosy de Maximilien, le rendant pareil à un sac rempli de livres aux yeux de quiconque croiserait son chemin.

Le trajet jusqu’au bord du domaine fut éprouvant, mais Maximilien resta endormi tout du long et personne ne regarda donc ses livres en se demandant d’où venaient les cris de bébé. Kate transplana dès qu’elle eut franchit la barrière de sortilèges et se retrouva à Londres, au pas de la porte de l’immeuble de Sydney. Quelques minutes plus tard, elle frappa à la porte de l’appartement, rendant à son fils son apparence originelle. L’enfant venait de se réveiller et observait les lieux de ses grands yeux bleus, suçotant calmement sa tétine. Quand Sydney vint ouvrir, Kate souleva le maxi-cosy, affichant un sourire radieux. Surpriiiiiise ! Merde. Max, n’appréciant pas la voix suraiguë qu’elle venait d’employer, se mit à pleurer doucement. Elle le berça aussitôt pour le calmer et entra dans la demeure de Sydney pour y poser les affaires de l’enfant et le garder dans ses bras. Salut ! Je te présente Maximilien, mon fils adoptif. Max, je te présente Sydney. Elle fit pivoter l’enfant pour qu’il pose ses prunelles claires sur la directrice adjointe de Poudlard. J’espère que ça ne te dérange pas que je l’aie apporté avec moi, je ne voulais pas le laisser à Durmstrang, même si je sais qu’il aurait été traité comme un prince. En effet, si elle l’avait laissé aux mains de Pietro, elle l’aurait retrouvé affublé d’une couronne et entouré d’une montagne de jouets. Mais le savoir loin d’elle la rendait anxieuse donc, pour une fois qu’elle pouvait l’emmener, elle n’avait pas hésité longtemps.

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Le fait d'être mère était ce qui la faisait tenir, ce qui l'empêchait de sombrer dans la folie. Porter un enfant dans ses bras, avoir la responsabilité de sa survie, de son bonheur et de son avenir la détournait de ses problèmes, de son égocentrisme destructeur. Avant de l'avoir adopté, elle ne pensait qu'à son malheur, ses pertes, ses échecs. Elle ne voulait que sa vengeance, un meurtre, du sang. Elle était tellement obsédée par ses besoins primitifs de se venger qu'elle en perdait la raison, qu'elle repoussait tout le monde ou presque. Elle ne voulait pas d'obstacle, pas d'attaches, pas de souffrance. Elle avait laissé une femme mourir devant elle sans lever le petit doigt. L'espace de quelques mois, elle avait été une autre personne tout en cachant au monde qu'elle avait perdu tout espoir de bonheur. Et puis ce petit ange était venue dans sa vie, y avait ajouté des couleurs à force de sourires et de calins. Il lui avait rendu de la stabilité, lui avait donné de l'amour, une raison de rester elle-même. Grâce à lui, elle s'était battue pour calmer sa haine jusqu'au jour où elle pourrait s'en débarrasser totalement. Elle avait lutté contre sa folie naissante pour redevenir une femme saine d'esprit, une femme digne d'être sa mère.

Kate fut rassurée de savoir que Sydney n'était pas dérangée par la présence de Maximilien. Elle avait hésité avant de l'amener, ne voulant pas imposer sa présence à quelqu'un qui n'était même pas au courant de son existence. Mais elle connaissait assez Sydney que pour la savoir tolérante, gentille et, surtout, amoureuse des enfants. Si quelqu'un pouvait l'aider à adopter les réflexes maternels qu'elle ne possédait pas, c'était elle. Et si quelqu'un pouvait accepter cette adoption sans la juger irresponsable ou poser des questions embarrassantes, c'était également elle. Tu me rassures, j'avais peur de vous déranger mais, en même temps, il était trop risqué que je t'en parle dans une lettre. Elle grimaça pendant que Sydney débarrassait la table d'un coup de baguette et lança un coup d'oeil alentour. C'était la première fois qu'elle venait chez son amie et découvrait sans surprise qu'elle avait un goût certain de la décoration. C'était coquet, confortable, chaleureux... un vrai foyer tel qu'elle n'en avait plus connu depuis longtemps. C'était un chez-elle comme ça qu'elle voulait pour son fils, un endroit où il serait en sécurité et aimé de façon inconditionnelle.

Posant le bout de ses fesses sur une chaise, Kate déplaça Maximilien pour que tout son poids ne repose plus sur un seul bras. Je veux bien un chocolat chaud, si tu as ? Sinon un verre d'eau fera l'affaire. Elle lui adressa un sourire, consciente du paradoxe qu'elle était. Pour une femme qui n'aimait pas le chocolat solide, elle pourrait ne boire que ça de sa vie si elle ne craignait pas de devenir diabétique à cause de tout le sucre qu'elle mettait dedans. Tes hommes t'ont laissée seule ? En venant, elle s'était attendue à voir Lucas ou Elliott, mais aucun n'était visible et le silence régnant dans l'appartement ne trahissait la présence de personne hormis elles et Maximilien. Kate du admettre qu'elle était un peu déçue, elle qui aurait voulu rencontrer la famille de son amie, puis elle se reprit. Rien ne disait qu'ils n'allaient pas arriver plus tard. Et, au pire, elle ferait leur connaissance un autre jour. Tant que Sydney était là, c'était ce qui comptait. Après tout, c'était pour la revoir elle qu'elle était venue, non ?

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Kate hocha la tête, satisfaite d'apprendre que Sydney avait compris le sens caché de ses lettres. Pour elle aussi, son courrier était intercepté et étudié avant de lui être remis, ce qui était à la fois une atteinte à la vie privée et une obligation de jouer des sous-entendus. Il lui avait souvent fallu réécrire ses lettres, en trouvant certaines trop évidentes et d'autres trop subtiles ; dix parchemins finissaient parfois au feu avant qu'elle ne trouve la bonne formulation. Visiblement, pour cette fois, elle avait visé juste et son amie avait compris le sens caché dans ses mots qui sembleraient anodins pour d'autres. Même ses plus vieux amis n'auraient pas compris, n'ayant pour la plupart pas d'enfants ou, il fallait le dire, pas assez de perspicacité que pour chercher un double-sens dans ses lettres. Sydney était intelligente et, étant maman, elle avait saisi les allusions indirectes de Kate, soulageant son amie d'un sentiment d'embarras.

Elle soupira cependant en apprenant que Sydney aussi voyait son courrier arriver ouvert et partir dans des mains intermédiaires avant d'arriver chez leur destinataire. C'était tellement intrusif et inutile de surveiller leurs correspondances, mais que pouvaient-elles faire ? Pas question de se révolter, pas avant d'avoir un plan et la baguette pointée sur la gorge d'Andreï. J'en suis soulagée ! Elle parvint à lui sourire avant de lever les yeux au plafond. Mais c'est tellement épuisant de devoir réfléchir à tout ça alors que je n'avais qu'une envie, c'était d'écrire noir sur blanc "Hé Syd, j'ai adopté un bébé, il est trognon !" Kate poussa un léger grognement de frustration, fatiguée de cette situation qui pourrissait la vie de tout le monde et de toutes les façons imaginables. Elle remercia ensuite Sydney pour le chocolat qu'elle lui préparait et lui demanda où était passé le reste de la famille. Il faisait si calme ici qu'on oubliait facilement que la professeure anglaise ne vivait pas seule dans son appartement.

Kate leva un sourcil amusé en apprenant que le compagnon de Sydney et son frère étaient partis faire du shopping, imaginant difficilement que des hommes puissent aimer cette activité. Elle-même, en tant que femme, elle n'appréciait que moyennement de faire les magasins, en ayant toujours marre au bout de trois places. Mais bon, si ça leur plaisait ! La mention d'Elliott, par contre, alluma une étincelle dans ses yeux tandis que son chocolat prenait place sur la table devant elle. Merci. Je me réjouis d'enfin rencontrer ton fils ! Il avait l'air adorable sur la dernière photo que tu m'as envoyée. Elle se rappelait à quel point elle l'avait fait sourire, n'ayant pourtant jamais vraiment aimé les enfants avant d'adopter Max. Mais c'était vrai : Elliott était adorable, assis sur les genoux de son père, à jouer avec un petit train magique ! Il riait, levant la tête vers son père quand le train crachait de la fumée par sa locomotive. Une adorable photo... le genre que Kate ne pouvait prendre le risque de faire avec son fils... Oui le trajet s'est bien passé, merci. Le plus stressant a été de traverser le domaine de Durmstrang pour transplaner, mais il a été sage comme un ange et personne ne s'est douté de rien. Disant cela, elle caressa de son index la joue d'un Max curieux, dont le regard analysait son nouvel environnement.

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Un sourire impatient étira les lèvres de Kate quand Sydney devina que son fils les rejoindrait bientôt. L'enfant avait déjà plus d'un an et elle n'avait jamais eu l'occasion de le voir autrement qu'en photo. Elle voulait voir l'intelligence de son regard, entendre sa voix enfantine et toucher la douceur de sa peau. Maintenant qu'elle avait goûté à ces plaisirs avec Maximilien, elle ne pouvait plus s'en passer. Elle aimait entendre les babillages de son fils, sentir ses petites mains qui serraient ses doigts et entendre ses soupirs de contentement quand elle lui donnait le biberon. Oui, elle était accro... Si son père la voyait, il n'en reviendrait pas de ce changement, mais elle ne voulait pas risquer de garder contact avec lui pour le moment. Il était en sécurité et lui rendre visite serait le mettre en danger par sa simple présence. Maintenant qu'il était le dernier membre de sa famille à être en vie, elle veillait sur lui autant que sur Maximilien, même si elle devait le faire de beaucoup plus loin...

Kate approuva la remarque de Sydney d'un bruit de gorge. Elle aussi avait eu quelques réticences à l'idée de transplaner avec un nourrisson, craignant de le démantibuler ou de le perdre en cours de route. Mais elle n'avait pas eu le choix : si elle voulait le présenter à son amie, c'était le seul moyen. Elle aurait pu le transporter en balais ou prendre les transports moldus, mais elle ne voulait pas qu'on les voie ensemble hors du chateau. Alors elle avait pris le risque de transplaner avec lui, et le reprendrait au retour. Je te comprends, on a trop peur de les blesser, hein ? Elle esquissa un sourire attendrit puis se tourna vers Sydney quand un léger cri résonna dans l'appartement. Elliott était réveillé. Pendant que son amie allait chercher son fils, Kate sorti Maximilien de son siège pour le prendre dans ses bras. Elle l'installa confortablement, veillant à maintenir sa tête, puis plongea dans la profondeur de ses yeux clairs. Elle se demandait souvent quelle serait leur couleur future, s'ils resteraient bleus ou s'ils évolueraient vers une teinte différente. L'idéal serait qu'ils deviennent marrons, comme les siens, mais elle serait heureuse même s'ils devenaient verts, bleus ou même violets. C'était son fils, il ne pourrait qu'être le plus beau.

Quand Sydney revint avec son fils dans les bras, Elliott sembla fasciné par Kate. Ses grands yeux la fixaient avec curiosité, ne la quittant pas tandis que sa mère s'asseyait et l'installait sur ses genoux. Il était craquant, mignon à souhait. Bonjour Elliott ! Je m'appelle Kate, et voici mon fils, Maximilien. Posant le poids de Max sur un seul bras, Kate tendit l'autre par-dessus la table pour serrer la petite main de l'enfant dans la sienne. Avant de se coincer à nouveau le bras, elle prit une gorgée de chocolat, puis glissa sa main sous le petit burrito qu'était son fils. Au fait, je voulais te poser une question... Pietro - le cousin biologique de Max - et moi n'avons pas encore décidé de qui seraient ses parrains et, vu les temps qui courent, je pense que ce serait bien d'avoir quelqu'un pour s'occuper de lui si jamais il nous arrivait quelque chose. Elle marqua une pause le temps d'esquisser une faible grimace, puis reprit sa requête. Je sais que tu as déjà beaucoup à faire avec Elliott, mais accepterais-tu d'être la marraine de Max ? Tu es la seule en qui j'aie réellement confiance et je sais que tu t'en occuperais bien... Elle baissa les yeux sur le petit bout qui continuait de la regarder, preuve que Sydney savait comment élever un enfant. Bien sûr, si elle refusait, Kate comprendrait totalement ! Après tout, elle non plus n'était pas en sécurité et, après son séjour à Azkaban, elle avait de bonnes raisons de craindre pour sa vie, mais Kate ne voyait qu'elle pour devenir la marraine de son fils.

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La poigne d'Eliott, comme celle de tous les enfants, étonna Kate par sa force. Ses doigts étaient si petits, et pourtant il avait serré l'index de la jeune femme avec fermeté. Il était adorable ! Ses grands yeux se détachèrent de son visage quand il la lâcha et se posèrent sur Maximilien. Il tendit la main vers lui, se demandant probablement ce qu'était ce petit paquet dans les bras de son invitée. Puis Kate demanda à Sydney si elle accepterait d'être la marraine de Maximilien, espérant qu'elle accepte mais prête à se montrer compréhensive en cas de refus. Son amie avait déjà un enfant, avait beaucoup de responsabilités à Poudlard et devait veiller à rester en sécurité pour ne pas retourner à Azkaban - Kate comprendrait donc qu'un second enfant serait peut-être trop à gérer. Mais elle ne comptait pas non plus mourir dans un avenir proche et, avant que Max ne soit confié à Sydney, il restait encore Pietro. Elle préférait juste assurer ses arrières et tout faire pour que son fils ait un avenir.

Mais Kate s'inquiétait pour rien et son amie accepta rapidement de devenir la marraine de Maximilien. Un immense sourire de soulagement étira ses lèvres, et elle éclata de rire en voyant une larme perler sur la joue de Sydney. Oh non, ne commence pas à pleurer sinon je vais m'y mettre aussi ! Pour preuve, elle du essuyer son oeil gauche qui, par mimétisme, commençait à se remplir de larmes. Kate était comme ça : si elle voyait quelqu'un pleurer, elle ne pouvait s'empêcher de faire pareil, par empathie ou compassion. Merci d'accepter, ça me touche vraiment. Ravie, elle serra un peu plus Max dans ses bras. À présent, quoi qu'il advienne, il aurait un avenir, une famille, quelqu'un pour veiller sur lui. Elle espérait bien sûr pouvoir être là pour le faire elle-même, pour le voir grandir, mais mieux valait être prévoyant. Là, elle savait qu'elle avait au moins trois roues de secours : Pietro, évidemment, Sydney et peut-être Philipp en dernier recours. Même s'il n'avait promis que de garder le secret, elle savait qu'il ferait en sorte que Max ait une belle vie, pas en l'adoptant lui-même, mais en lui trouvant une famille. Pour lui, elle avait donc des plans A, B, C et D. Parfait. Restait à en trouver pour tuer Stark et Ivankov...

La réflexion de Sydney sur les cadeaux arracha Kate à ses réflexions. Elle rit à nouveau, imaginant son amie apporter une montagne de présents à son filleul pour toutes les fêtes. N'oublie juste pas que presque personne n'est au courant que je l'ai adopté, ça paraîtrait suspect que tu m'envoies des doudous à Durmstrang. Kate imaginait déjà la tête d'Ivankov s'il ouvrait ses paquets et tombait sur des jouets pour nourrisson. Le pauvre ne comprendrait rien à sa vie ! À moins que, justement, il ne comprenne un peu trop bien et vienne régler son compte à Kate et Max... Mais bon, Sydney était assez intelligente que pour ne pas faire ça, la question ne se posait donc pas. Si on se met toutes les deux à le pourrir, on va en faire un enfant roi ! Il va être un de ces insupportables gamins qu'on voit de nos jours. Elle rit de nouveau, plaisantant évidemment. Son fils serait bien élevé, poli et respectueux. Il serait beau à tomber mais pas narcissique. Il serait intelligent mais ne la ramènerait pas. Il serait parfait... Ah, c'était beau de rêver !

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Le nez dans sa tasse de chocolat, Kate hocha la tête pour acquiescer les paroles de Sydney. Il ne fallait absolument pas que leurs fils deviennent des enfants rois, faisant des caprices pour un oui ou pour un non et manquant de respect aux autres. Non, leurs garçons seraient bien élevés, comprendraient pourquoi parfois on leur dit oui et d'autre fois non, ils seraient sages, polis... Oui, c'était beau de rêver. Faisons un pacte ! Si l'une de nous voit que l'enfant de l'autre tourne mal, on se fiche de se froisser et on se met un coup de pied aux fesses ! Deal ? Tendant le bras par-dessus la table, Kate leva le petit doigt pour sceller le pacte. Elle refusait d'envisager le fait que, si un jour Max devenait insupportable, Sydney ne lui dise rien pour éviter de la vexer. Et pareil réciproquement, bien sûr. Même s'il était délicat de dire à une mère que l'éducation de son enfant laissait à désirer, c'était parfois nécessaire, et les vraies amies étaient censées être là pour ça. Ouais elles avaient le mauvais rôle, mais au moins elles ne jouaient pas les faux-culs pour parler dans le dos deux minutes plus tard.

Sydney poursuivit ensuite, espérant pouvoir être capable d'éduquer son fils avec les principes qui étaient les siens. Kate n'avait pas de craintes à ce propos, elle savait que son amie était et serait une mère géniale pour Eliott. Et puis de toute façon, quoi qu'elles fassent, leurs enfants seraient parfaits, simplement parce que ce serait les leurs. Tout simplement. Elle sourit. C'est certain. Mais je suis sûre qu'on y arrivera. On va être des supers mamans et nos fils seront parfaits. Disant cela, elle se pencha pour frotter le bout de son nez contre le front de Maximilien. Et puis une odeur familière lui remonta les narines, lui arrachant une grimace de dégoût. Super. Max venait de se soulager en plein milieu de l'appartement de Sydney... Enfin, c'était naturel et son amie connaissait ça aussi donc il n'y avait pas de gêne à avoir. Pourtant, Kate senti le rouge lui monter aux joues pendant qu'elle relevait la tête. Hum... Max vient de, comment dire... remplir sa couche... Où puis-je aller pour le changer ? En attendant la réponse de Sydney, elle fouilla dans son sac pour en sortir une couche propre.

Suivant les indications de Sydney, Kate trouva la table à langer et y allongea son fils gesticulant d'inconfort. Encore peu sûre dans ses gestes, elle s'appliqua à le changer correctement, en suivant les étapes qu'on lui avait apprises. La concentration se lisait sur son visage, et son manque d'expérience dans le temps qu'elle mis à exécuter cette simple tâche. Quand Max fut enfin emmailloté, tout propre, elle se tourna vers Sydney avec le paquet usagé dans les mains. Où puis-je la jeter ? Poubelle domestique ou poubelle spéciale couches pour ne pas empester toute la maison ? Kate s'exécuta puis se dirigea vers la cuisine mains tendues pour se laver les mains, frottant dans tous les recoins pour éliminer toute éventuelle traces. Enfin seulement, elle récupéra son fils et revint au salon. Désolée, c'était pas prévu... Et comme tu peux le voir, je ne suis pas encore très douée, il faut que je m'entraîne sur des poupées je pense. Elle rit, s'imaginant en train de changer un bébé en plastique dans son bureau. Au moins, si quelqu'un la surprenait, elle n'aurait qu'à raconter qu'elle était enceinte et personne n'irait penser qu'elle avait déjà un fils chez elle...

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Après avoir jeté la couche dans la poubelle des toilettes - au pluriel n'est-ce pas - et s'être lavé les mains dans la cuisine, Kate retourna dans la chambre pour récupérer son fils, puis elle suivit Sydney au salon et s'installa dans un canapé en face d'elle. Max, soulagé, s'était déjà rendormi, peu perturbable même après avoir passé quelques minutes auprès d'une inconnue. C'était le trait de son caractère qui plaisait le plus à Kate, son calme constant et sa capacité à dormir pendant des heures sans pleurer. Même si elle couvrait son bureau et ses appartements de sortilèges insonorisants à Durmstrang, savoir que Max ne se mettrait probablement pas à pleurer pendant son absence la soulageait d'autant plus. Il fallait juste que ça continue dans cette voie et qu'il ne devienne pas bruyant en grandissant. Bien sûr, quand il se mettrait à marcher, les choses seraient différentes, mais elle avait encore du temps devant elle avant qu'il ne veuille se déplacer sans son aide et jouer avec tout ce qu'il trouverait dans son bureau. Avec un peu de chance, les choses se seraient calmées d'ici là et elle pourrait le présenter à tout le monde, ne plus le cacher, peut-être le confier à son père pour qu'il l'aide dans son éducation...

Face à son talent fort peu évolué en changement de couche, Kate suggéra de s'entraîner sur une poupée, pensant sérieusement que ça pourrait l'aider. Après tout, n'était-ce pas ce que les femmes enceintes faisaient pour se préparer à l'arrivée de leurs bébés ? Ayant pris la décision en quelques jours, Kate n'avait pas eu de temps pour le faire avant d'adopter Maximilien, et ça s'en ressentait sur ses emballages approximatifs. Elle rit à la dernière phrase de Sydney, veillant à ne pas trop secouer le petit paquet dans ses bras. Ne t'en fais pas, tu ne peux pas être pire que moi ! Mais d'après tes critères je pense que je m'en tire pas trop mal. Il n'y avait plus eu de fuite depuis deux semaines maintenant et Max n'avait jamais donné l'impression de se sentir mal dans sa couche. Pas avec Kate du moins, et elle pensait que, si Pietro avait eu des problèmes, il lui en aurait fait part. Et elle n'avait pas constaté d'irritation ou autre signe qui aurait pu indiquer qu'elle s'y prenait mal, alors c'était qu'elle se débrouillait pas trop mal, n'est-ce pas ? Parfois, elle avait l'impression d'être un imposteur, d'avoir volé cet enfant à une mère qui n'avait certainement pas encore fait son deuil, et à d'autres moments elle était fière d'avoir sauvé ce bébé d'une mort certaine.

Levant un sourcil intéressé, Kate écouta les paroles de son amie qui lui parlait d'une potion désodorisante efficace pour les couches. Et tu ne m'en parles que maintenant ? Faussement vexée, elle posa une main sur sa poitrine et ouvrit la bouche en un O choqué. Évidemment que ça m'intéresse, ça me sauverait la vie, ces odeurs sont une infection. Bon, elle exagérait clairement, mais il fallait avouer que ça sentait vraiment vraiment vraiment mauvais. Cette potion lui serait vraiment utile, ainsi qu'à tous les parents chargés de changer les couches de ces petits terroristes du nez. De plus, ça éviterait aux odeurs de quitter son bureau et à ses collègues de croire qu'un animal était en train de se décomposer à l'intérieur. Enfin, Philipp était au courant et, à part lui, personne n'avait l'autorité pour entrer dans son bureau de force, pas même Ivankov. Elle avait mis assez de sortilèges que pour s'en assurer, et n'hésiterait pas à jouer de sa baguette si jamais quelqu'un réussissait malgré tout à entrer. Tu as une recette ou quoi ?

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