(eowyn et charlie) - la nouvelle cible 

Chaque année c’était la même chose, les calèches ramenées des cargaisons de nouveaux idiots et les anciens ne s’étaient pas améliorés durant l’été. Après avoir passé des vacances en compagnie de Babylon le constat était encore plus saisissant. Certes nous avions fréquenté pas mal de moldu, mais c’était juste question de faire marcher mon pouvoir de séduction, histoire qu’il soit optimal pour la rentrée au palais. Je ne perdais pas le nord, vous croyez quoi. Une relation avec une moldu, et pourquoi pas un elfe de maison aussi. Même une vieille sorcière était préférable. Et c’est dire, car selon moi il n’y a rien de plus flippant qu’une mamie ridée. Ceci dit Beauxbâtons était toujours mieux que les autres écoles. Enfin maintenant qu’il y avait plus de Slaves ça allait peut-être s’empirer. Les corbeaux auraient tout de même pu faire le ménage parmi les idiots du coin. Ok c’est un sujet sensible, vachement tragique, patatati patatata, mais en vérité une épuration de plus ou de moins nous n’aurions pas vraiment senti la différence. Au moins ils avaient réussi à faire partir Dudu. Cette fille était un poison de toute façon, du genre insupportable, infréquentable aussi vu que sa petite famille avait été arrêtée.

Chaque année c’était la recherche de nouvelles cibles. Bon il faudrait aussi que je me bouge un peu les fesses pour le BAC. De belles occupations en perspective pour cette année. Elle allait être chargée, surtout si j’ajoutais les périodes de drague. Enfin je gardais tout de même un certain corbeau dans le viseur. Cette fille était parfaite, moi en masculin. Une pépite donc. Bref à cet instant précis j’étais en train d’attendre ma cible. Je ne savais pas trop quoi lui réserver. En attendant il commençait à être tard et elle n’était toujours pas passée dans le couloir qui menait à sa salle commune. J’avais fait en sorte de partir juste avant qu’elle finisse son repas pourtant. Je l’avais surveillé tout du long. À force elle allait finir par dépasser l’heure du couvre-feu et me mettre pour le même coup dans des embrouilles. Je ne suis pas sûr que l’adjoint me surveillait encore, mais depuis l’histoire de la cabane d’isolement il ne laissait plus rien passer venant de moi.

La cible fit finalement son apparition. D’après l’heure il me restait trente minutes en sa compagnie. Pas plus sinon j’aurais des soucis de type « se promène sans les couloirs après l’heure autorisée ». La gamine donc, elle était encore plus petite et plus pale seule dans ce couloir. Je sortais mine de rien de l’ombre, essayant de paraître neutre. Un petit contrôle de la voix pour qu’elle soit calme et amicale et c’était partie pour un peu de manipulation.


S’attaquer à aussi faible n’était pas marrant alors j’allais essayer d’élever la connerie au maximum. Pourquoi cette fille dans ce cas-là. Pas de chance pour elle, s’était la sœur du pire idiots que les Renards aient connu depuis un siècle. Il y avait entre nous une vieille histoire qui datait de ma deuxième année et qui n’avait cessé de s’accentuer au cours des années. Autant dire que lorsque j’avais capté que la gamine était sa petite sœur, l’information n’avait pas mis longtemps à être intégrée. Première cible de l’année. Espérons que cela soit drôle.

Eowyn Beaumont. C’est pas vrai les gosses, ne donnez pas votre nom comme ça à des inconnus. Aucune conscience des risques franchement. Les grands méchants loups peuvent roder, surtout quand la nuit tombe. Ce soir j’allais tenter d’être son méchant loup. Ou plutôt son méchant renard. Eowyn Beaumont. Débité comme ça. Aucune prudence. Je lui ai rien demandé en plus. Bon c’est vrai, ça m’arrange parce qu’au moins je sais que je ne me suis pas trompé de personne. Beaumont renard va être en joie quand il va apprendre pour notre rencontre. J’ai déjà hâte d’être à demain.


Petite voix calme et visage neutre. Fallait être aveugle pour ne pas voir qu’elle avait presque fait un bon de dix mètres. J’étais si impressionnant que ça ou c’est qu’il ne lui fallait pas grand-chose pour la surprendre. Bon ok j’étais plus âgé et je faisais presque trois têtes de plus qu’elle mais tout de même. Mon physique était avantageux et je tâchais de garder un visage sympathique. L’opération allait être trop facile avec elle. C’était décevant. Heureusement que les conséquences allaient être intéressantes. L’acte en lui-même allait être ennuyeux. J’aurais mieux fait de cibler l’autre frère Beaumont. Un loup c’est de base plus amusant qu’un félin. Puis le garçon était plus âgé. Puis c’était moi ou elle m’avait vouvoyé. De mieux en mieux. À ce rythme elle allait être la meilleure élève de l’école en cours de maintien. Quel mérite franchement. Ceci dit j’avais pas hésité à jouer à découvert en donnant mon nom. De toute façon si je réussissais mon coup je n’aurais pas l’occasion de me cacher. La rançon d’une probable victoire. Puis même en cas d’échec cela viendrait aux oreilles du grand frère. C’était aussi bien, enfin mieux pour moi mais nettement moins amusant.


Improvisation totale. En tout cas elle pouvait le chercher longtemps mon Baby. Il n’était pas un félin et surtout il n’était plus à Beauxbâtons. Enfin ça, elle n’était pas censée le savoir. Ça me donnait un sacré avantage pour la mise en place de mon plan. Pauvre Babylon, j’aurais pu au moins lui demander l’autorisation d’utiliser son nom à mauvais escient. Je ne pense pas qu’il validerait cette action. Tant pis ceci dit, c’était trop tard maintenant.

Babylon Stein. Elle cherchait donc. La pauvre si elle arrivait à me trouver un idiot avec ce nom là elle était vraiment forte. Qui donnait ce nom à son enfant d’ailleurs. Je ne connais pas les parents du Stein mais ils avaient quand même des goûts de chiotte. J’avais jamais pensé à lui demander s’il aimait bien son nom. Peut-être que je devrais lui envoyer une lettre. Enfin c’était étrange d’envoyer des lettres à ses amis. Bref la gamine cherchait. J’espérais juste qu’elle n’allait pas prendre un félin pour Babylon et me proposer de le ramener. Dans ce cas-là me je barrerais. Avec un peu de chance le prétendu garçon se retournerait contre elle croyant à une mauvaise blague. Sans doute qu’elle m’éviterait pour lui avoir attiré des ennuis. À ce moment-là j’aurai juste à déterminer si je la laisserai tranquille ou si je voulais poursuivre mon action. Dans cette seconde option ce ne serait pas bien compliqué de lui embrouiller le cerveau en lui disant que j’étais rentré pour ne pas dépasser le couvre-feu. Enfin c’était de la spéculation. Ceci dit les meilleurs plans étaient ceux où l’on étudiait d’avance toutes les options.

Victoire elle ne connaissait pas. La suite ne me plaisait pas en revanche. La voilà qui s’inquiétait de l’heure. J’avais envie de me moquer en lui disant que deux minutes de retard par rapport au couvre-feu n’avaient jamais tué personne. Tout le monde savait qu’il y avait une marge de dix minutes. Dans cette tranche les préfets et les professeurs trainant dans les couloirs ne faisaient que te conseiller de rentrer vite dans ta salle commune. Puis il fallait être honnête les tours de ronde avaient des gros défauts. Ils se déroulaient toujours de la même manière et il y avait des moments de battements. Il suffisait de connaître quelqu’un qui avait bravé le règlement pour trouver les failles et d’en faire son ami pour pouvoir se déplacer en sureté dans les couloirs la nuit en cas de besoin. J’avais un ami de ce type mais malheureusement je n’avais pas pensé à lui demander la faille du début du couvre-feu. Je ne pouvais compter ce soir que sur les dix minutes de battements. Mais visiblement la gamine n’oserait pas trainer cinq minutes de plus.


Je pris un air surpris avant de jeter un coup d’œil sur ma montre. Je ne regardais jamais l’heure mais j’étais aujourd’hui bien content d’avoir reçu ce cadeau de la part de mes parents au dernier Noël.


Le tout dit très rapidement d’un air inquiet. La comédie. Un peu tard pour un devoir. Déjà c’était bien de les faire. Je sentais venir la future première chieuse de la classe de son année. Mais ce n’était pas une raison pour aller trop vite. Puis j’étais curieux de savoir combien de temps elle allait tenir dans ce couloir avant d’avoir vraiment peur de louper le couvre-feu. Tic tac. Tic Tac. L’heure approchait. Plus que quinze minutes.

Son frère était du genre premier de la classe, à se pavaner comme s’il était le roi, à se croire au-dessus des autres. Son frère était surtout idiot et facilement manipulable. La gamine semblait partager ce dernier trait. Quelle sotte. Elle m’amenait directement là où je voulais la mener. Même pas besoin de batailler ou de mettre en avant mon talent de manipulation. Une simple comédie avait suffi à la mener en bateau. C’était magique. Si à la fin de cette histoire elle ne voyait pas ma responsabilité je me la mettrais dans la poche. Un tout petit être facilement manipulable, que demander de plus. D’accord c’était une proie facile, mais une proie qui pourrait m’être utile à l’avenir.


Surtout ne pas faire refléter le bouillon de joie intérieure. Continuer d’avoir un air ennuyé et pressé. Elle allait céder et j’allais accomplir un exploit relativement inédit au palais et dont on parlerait pendant des années. J’avais d’ailleurs préparé un alibi en béton pour les félins et pour la direction. J’avais une conquête dans cette maison, vous savez les hormones à mon âge. Je dirai que je voulais simplement rendre visite à ma chère et tendre. J’entendais les violons. J’allais certainement recevoir une sacrée correction pour ce manquement au règlement mais les gens ne s’imagineraient pas la mauvaise intention. On se souviendrait de l’exploit, et non pas de la malveillance qui m’avait poussé à le faire. Les regards sur moi ne changeraient pas ou alors en positif. J’étais franchement fier de cette idée. Elle allait d’une pierre deux coups humilier cet imbécile de Beaumont et m’apporter les lauriers. Même qu’après ça la fille allait forcément céder. Qu’un mec aussi craquant que moi se donne autant de mal, franchement il y avait de quoi non seulement être flattée, mais aussi de rendre jalouses toutes les demoiselles de l’école.


Nouveau regard inquiet sur ma montre. Tu parles il suffisait de la voir gigoter pour comprendre que le temps qui défilé la mettait dans un stress pas possible.

Trop facile, vraiment trop facile. Si j’étais déçu ? Pas le moins du monde si on réfléchissait en terme de balance complications et plus-value. Je la suivais donc. Elle semblait déterminée à en finir le plus vite possible. Sans doute se disait-elle qu’une fois bien en sécurité dans sa salle commune il ne lui arriverait rien. Enfin si elle me laissait entrer chez les félins cela allait faire un tollé. Je veux dire, imaginons que je sois dans ma salle commune et que je vois débarquer un gamin de première année avec un élève d’une autre maison. L’intrus finit dans la cheminée et le novice voit sa vie devenir un enfer. Il y a déjà des gens douteux dans ma maison, pas besoin de rejouter de la mauvaise graine. Je suppose donc que repose là la partie cruelle de mon plan. Forcer une gamine à faire ce pour quoi je l’aurais ratatiné et réaliser la pire chose qu’il soit, m’introduire chez les autres sans leur autorisation. Plan de la perfection. Un jour les futurs étudiants parleront de « faire une Guérin » pour s’introduire là où ils ne doivent pas aller. Ok je m’emballe, mais merde cette idée est tellement bien.

Ceci dit si la gamine me la fait à l’envers au dernier moment je fais en sorte qu’on la retrouve dessécher dans la cabane d’isolement. Il ne faut pas se moquer de moi non plus. Enfin je doute que dans son état de « panique à bord il y a un couvre-feu » elle puisse monter une tactique du genre. Puis patatras voilà le club des nains qui débarque. Deux gamines visiblement copines avec mon guide s’ajoutent à la folle aventure. Merde, merde, merde. Ne me dites pas que trois lionceaux vont gâcher un plan durement réfléchi. Il n’y a donc aucune justice dans ce monde ? Le pire c’est que l’un d’elle me parle comme si j’étais un demeuré ou que je venais tout juste de débarquer dans le quoi. Minute papillon tu sais à qui tu parles ? Non parce que ça fait quand même cinq ans que je traine dans le coin et que je peux te saucissonner en deux-deux dans ces escaliers si l’envie m’en prend.


Ma voix reste calme. Le mensonge est inné chez moi alors je n’ai pas mis deux secondes à répondre à la jeune fille. Je laisse aux petits nains le temps d’intégrer l’information. Qu’elles me croient ou n’en je m’en fous. J’attends juste qu’elles cèdent sous la pression. Nouveau coup d’œil sur la montre. J’espère que les deux nouvelles sont aussi stressées que ma copine Beaumont.


J’évite la menace mais je fais en sorte d’accélérer la chose. Dans tous les cas je serais en infraction alors autant terminer le projet. J’espère seulement qu’elles tiennent déjà à la victoire de leur maison.