Albanie - Zora & Kate & Donna 

Cette nuit, elle avait reçu une lettre de menace. Encore. Cette fois, ce ne fut pas pour menacer son frère, déjà mort depuis plusieurs mois, mais pour la menacer elle ou quelque chose qui lui était cher. Son fils se trouvait dans son berceau, tout près d'elle, la rassurant sur le fait que seuls des gens de confiance étaient au courant de son existence. Mais alors, que pouvait-on lui avoir pris ? Son chat était roulé sur ses genoux quand le hibou avait cogné contre la fenêtre vers minuit. Alors que le château était endormi, elle était toujours en train de travailler, corrigeant des devoirs et préparant les cours suivants. Lire ces quelques lignes lui avaient rappelé des souvenirs douloureux et, comme l'an passé, elle s'était figée. Ses mains tremblaient, son coeur alternait les pauses et les battements saccadés, sa respiration s'était bloquée. Des sueurs froides avaient coulé le long de son dos tandis qu'elle passait en revue tout ce qui lui était cher. Son fils, endormi près d'elle. Son père, en sécurité chez lui sauf s'il avait décidé de n'en faire qu'à sa tête. Ses amis, tous capables de se protéger seuls. Ses étudiants, trop nombreux pour être kidnappés. Son chat, allongé sur ses jambes. Côté matériel, on pouvait lui voler tout ce qu'elle avait, ça ne la dérangeait pas, elle était au-dessus de ça. Et puis, il fallait avouer qu'hormis ses livres, elle ne tenait pas à grand chose, et ils étaient à leur place sous ses yeux.

Incapable de fermer l’œil après cela, Kate avait passé le reste de la nuit à relire la lettre et à faire tourner la bague en tête de mort entre ses doigts. Un portoloin... L'utiliserait-elle ? Elle savait que rien ni personne ne lui avait été enlevé, elle n'avait donc aucune raison de se confronter à ce nouveau maître-chanteur. Pourtant, elle était curieuse et décidée à ne pas reproduire le même schéma que l'année passée. Elle avait trop tardé à retrouver son frère et il en était mort, elle ne ferait plus cette erreur. Elle passa une chaine dans l'anneau et le porta en pendentif pendant toute la journée, caché sous sa robe bordeaux et brûla la lettre. Cette fois, elle n'en parla à personne, ni à Philipp, ni à Donna, ni à personne. Elle alla juste trouver Pietro pour lui confier Maximilien pour la nuit, lui demandant d'alerter Philipp si elle n'était pas revenue le lendemain matin. Ne sachant pas à quoi s'attendre, elle pris toutes les dispositions d'usages, allant même jusqu'à rédiger une ébauche de testament (elle léguait Max à Pietro et toutes ses affaires à Maximilien). Elle tâcha de se concentrer sur autre chose pendant la journée, afin de ne rien montrer de son trouble à ses étudiants, ses collègues ou, pire, Ivankov. Quand elle le croisa, elle tenta de sonder ses pensées pour savoir si c'était lui le fameux "M. R." qui la menaçait, mais ce dernier était un excellent occlumens et elle ne put percer ses défenses. Au pire, elle n'aurait qu'à attendre quelques heures pour avoir sa réponse...

À vingt-et-une heures précises, Kate était enfermée dans sa chambre, seule. Max était chez Pietro et Pumpkin dans son bureau, afin d'éviter que ce pot-de-colle ne la suive dans son voyage. Debout au centre de la pièce, elle tenait la bague au creux de sa paume et sursauta quand celle-ci se mit à vibrer. Un instant plus tard, la sensation désagréable accompagnant ce genre d'expédition se glissa dans ses entrailles. Elle n'eut pas le temps de grimacer qu'elle arrivait à destination et retombait au sol avec détermination. Son premier réflexe fut de tirer sa baguette pour faire face à un éventuel danger, mais elle ne vit que deux personnes autour d'elle : Donna et Zora, une étudiante de l'Institut. C'est une plaisanterie ? Kate pivota pour observer les alentours mais ne vit dans la maison ou le bois environnant aucun signe de vie. Elle baissa sa garde mais ne rangea pas sa baguette pour autant et se tourna vers Zora. Je n'ai aucune idée de qui nous a envoyé cette lettre, mais il est évident que ce n'est pas Malo Retrac. Je sais de source sûre qu'il est mort. Philipp l'avait vu recevoir le baiser de ses yeux et n'aurait jamais menti à ce propos, ce qui pouvait signifier deux choses. Soit ce M. R. nous a révélé ses initiales, soit il s'amuse à nous faire peur en utilisant celles de Retrac. Elle grimaça et haussa les épaules. Quoiqu'il en soit, je pense qu'il va falloir entrer. Vochine, tu restes derrière le professeur Sheridan et moi, je ne sais pas ce qui nous attends et je suis responsable de toi. Ne prends pas de risques inutiles et ne joue pas au héro, d'accord ? Kate la fixa d'un air sévère pendant quelques secondes avant d'échanger un coup d'oeil inquiet avec Donna. Vous êtes prêtes ?

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Le courage n'était pas ce qui la caractérisait le mieux. Pendant bien des années, on l'a traitée de lâche, et ces gens avaient raison. Elle avait eu peur de bien des choses et avait fuit devant de nombreux obstacles, mais c'était fini. Si elle n'était pas la définition du courage, elle aimait à croire qu'elle était assez soucieuse de la protection de ses étudiants que pour ne pas fuir en les laissant derrière elle. Et, à ce moment précis, une de ses étudiantes avait besoin qu'elle soit forte et courageuse. Alors elle le serait, autant pour elle que pour se prouver à elle-même qu'elle en était capable, qu'elle n'était plus lâche et qu'elle était en mesure de protéger quelqu'un. Elle n'avait pas su sauver son frère mais elle se promit qu'il n'arriverait rien à la jeune Zemlya qui avait été entraînée dans cette histoire pour elle ne savait quelle raison.

Kate hocha la tête en direction de Donna et lui sourit par politesse, l'instant n'étant pas aux retrouvailles joyeuses. Pas moi. J'aurais préféré que personne parmi mes amis ne soient impliqués dans cette histoire... Même s'il est vrai qu'un professeur de Défense ne sera pas de trop. Parce que Kate n'aimait pas savoir ses amis en danger, elle n'était pas contente de voir Donna à cet endroit. En fait, elle aurait préféré que ça soit Ivankov, juste parce qu'elle aurait su au premier regard qui était le responsable ou parce que, si ça n'était pas lui, elle aurait pu se délecter de sa peur. Comme tout le monde était prêt, elle s'avança la première vers la porte et posa une main sur la poignée. Baguette en main, elle lança un dernier regard à Zora et Donna. Lumos. Elle poussa la porte et fit un pas à l'intérieur. Elle ne savait pas trop à quoi elle s'était attendue, si c'était à des hommes cagoulés prêts à les tuer ou à trois personnes ligotées en attente d'êtres sauvées par les trois invitées, mais elle ne vit pas un chat. L'entrée donnait sur un salon abandonné et poussiéreux, avec les meubles renversés, les coussins déchirés. Des toiles d'araignées trônaient partout et un rat traversa la salle sur le bout de ses petites pattes.

Kate s'écarta rapidement pour laisser entrer les deux autres, et un courant d'air agita ses cheveux quand la porte se referma derrière elles. À la lueur de sa baguette, elle avança prudemment dans la salle. Le plancher craquait sous leurs pas et la maison entière criait sous les assauts d'un vent qu'elle n'avait pourtant pas ressenti à l'extérieur. Elle s'approcha d'une table et passa un doigt dessus, traçant un trait dans l'épaisse couche de poussière. Une vieille photo jaunie était posée là, représentant un couple souriant, des sorciers à en juger par leurs tenues. Elle la montra à Donna et Zora. Vous connaissez ces gens ? Pendant qu'elles regardaient la photo, Kate fit un tour de la salle et jugea qu'il n'y avait pas de danger ici. Elle s'approcha d'une porte donnant sur une autre salle mais ne la franchit pas. Ohé ! On est venues comme vous l'aviez demandé alors venez nous dire ces menaces en face si vous en avez le courage ! La provocation était soit la pire méthode, soit la meilleure pour se tirer de ce genre de situation. Leur maître-chanteur pouvait soit s'énerver et les tuer, soit apparaître et discuter en leur donnant enfin les raisons de cet enlèvement.

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Donna avait raison : la provocation n'était pas la solution dans cette affaire, mais Kate n'avait jamais été patiente. Surtout quand on la menaçait... Et avec ce qu'il s'était passé l'année précédente, elle supportait encore moins ce genre de lettres anonymes qui annonçaient un danger pour un de ses proches. Sauf que, cette fois, elle savait avec certitude que c'était du bluff. Elle voulait juste savoir qui était assez fou pour jouer avec sa folie. Kate sursauta quand un grand bruit retentit sur sa gauche. Leur hôte daignait-il enfin se présenter à elles ? Kate brandit sa baguette mais du se retourner quand elle entendit la porte s'ouvrir et un rire résonner derrière. Protectrice, elle se plaça devant Zora. Qu'on s'en prenne à elle, passait encore, mais qu'on touche à un cheveu de son étudiante et elle réveillerait la dragonne en elle.

Quand tout se calma enfin, Donna proposa de se séparer, ce à quoi Zora réagit en enfant. Car, après tout, c'était encore ce qu'elle était, même si elle faisait tout pour qu'on l'oublie quand elle était à Durmstrang. Elle devait faire honneur à son nom de famille, après tout... Tu ne seras pas seule, Zora, je ne te quitte pas d'une semelle. Elle la regarda avec une promesse dans les yeux. Cette enfant était sous sa responsabilité, si il lui arrivait quelque chose, ce serait à elle qu'on demanderait des comptes, et elle ne se sentait pas la force d'annoncer sa mort à ses parents. Professeur, je doute que se séparer soit une excellente idée, mais si c'est ce que vous souhaitez, je reste avec miss Volchine. Prenant une grande inspiration, Kate se tourna vers la porte qui venait de s'ouvrir et fit un pas dans sa direction. Elle n'avait aucune envie de s'y rendre mais, clairement, c'était là que se cachait leur hôte. Mais elle n'avait pas parcourut trois mètres que tout devint noir d'encre. Elle murmura pour allumer sa baguette mais rien ne vint. Puis quelque chose frôla son bras. Qu'est-ce que ?.. Zora ? À tâtons, elle chercha l'étudiante et parvint à refermer sa main sur son poignet. Se retrouver ainsi coupée du monde, incapable de savoir si les autres étaient près d'elle... C'était sa hantise. Tout le monde va bien ? Donna ?

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