Espagne - Charlie & Babylon & Nikita & Lynn 

Vingt heures quarante-cinq. Départ imminent. J’avais troqué l’uniforme de l’école pour un jean et un pull noir. Je ne m’attendais pas à grand-chose avec cette soirée. J’étais sûr à cent pour cent que c’était un coup foireux. Si ça se trouve j’attendais comme un con le départ d’un portoloin alors que c’était potentiellement un coup de mes camarades qui se délectaient de la scène par l’entrebâillement de la porte. Je veux dire c’était une idée de génie à reproduire s’il s’agissait cette fois d’un vrai portoloin. Ceci dit je ne voyais pas qui aurait été assez perfide pour monter ce genre de coup, à part moi je veux dire. Enfin pour éviter tout désagrément, j’avais décidé de quitter la salle commune quelques minutes avant le « départ ». Si la hideuse bague me conduisait bien ailleurs les élèves de ma maison prendraient mon absence pour une longue balade nocturne. Ils m’avaient en tout cas vu franchir le passage.

Vingt heures cinquante. Il n’y avait personne dans cette partie du palais. Le tour de garde n’était pas encore au niveau du quatrième étage. Heureusement pour moi, je pouvais faire des allers-retours en toute tranquillité dans le couloir. Je jouais avec la bague pour passer le temps. Je détestais patienter et depuis la réception de la fameuse lettre anonyme j’étais beaucoup trop impatient. Qui pouvait m’envoyer ce genre de message ? Qui était ce MR ? Est-ce que c’était sérieux cette histoire de menace ? Flou total. Je n’aimais pas trop ça. J’étais en vérité plus curieux qu’effrayais. La personne aurait mieux fait de me menacer moi, l’impact aurait été plus important. Et encore pas forcément car je ne la prenais pas vraiment au sérieux. Il faut dire c’était ma deuxième lettre anonyme en un mois. À croire que j’enchainais les admirateurs secrets en ce moment. Enfin la dernière fois c’était une fausse lettre d’amour et le rendez-vous était en pleine journée. À coup sûr c’était encore Lynn qui essayait de m’entrainer dans ses histoire. Il fallait encore que je trouve l’intérêt personnel à les rejoindre. Ok l’optique de faire des coups avec la Londubat était assez tentante mais c’était quand même plus sérieux que de terroriser des gamins à la bibliothèque. Je n’aimais pas les moldus mais au point de s’en prendre à leur progéniture certainement pas. Puis c’était quoi cette connerie de vénérer le sang pur. J’étais prêt à parier que j’étais plus intéressant qu’une bonne partie de ses consanguins.

Vingt heures cinquante-cinq. Coup d’œil sur ma montre, cadeau des parents et objet moldu fort utile pour une fois. Je faisais maintenant rouler ma baguette entre les doigts. Une personne à laquelle je tenais véritablement. Elle se comptait sur les doigts d’une main. Cet idiot de Babylon et mes grands-parents en faisaient partie. En revanche si le corbeau était réel et qu’il pensait à mes parents il aurait mieux fait de l’indiquer. Ma sécurité comptait plus que la leur. Puis peut-être que ça aurait forcé mon père à ressortir sa baguette.

Vingt-et-une heures. Ce fut comme si la bague contenait un hameçon. Je disparus du couloir comme aspiré pour me retrouver l’instant d’après dans un lieu complètement inconnu. Je n’avais aucune idée de l’endroit où je me situais. Sans doute quelque part dans le sud comme le temps était relativement similaire à celui que je venais de quitter. Une magnifique villa avec une piscine à faire saliver se trouvait en face de moi. Si la mission à accomplir était de se piquer une tête ça allait être de la rigolade. Je tournais la tête et trois autres personnes finissaient de se matérialiser. Sans doute venaient-ils de plus loin. Je reconnus immédiatement les deux plus jeunes. Deux amis que je voulais réunir depuis un moment. La jeune femme en revanche était une parfaite inconnue. Super canon en revanche. Bon d’accord plus vieille que moi mais en vrai il y avait moyen de tenter ma chance.

« C’est encore toi ? »

Je montrais la bague à Lynn. Si ça se trouve elle en avait marre d’attendre mes dix-sept ans et elle avait conduit la femme pour me tatouer leur signe en prenant en otage Babylon. Enfin je dis ça je n’avais aucune idée de comment ça fonctionnait son truc pour rentrer chez les Pozhiratelis. Ceci dit si c’était le plan c’était pas malin d’avoir transporté l’otage en portoloin.

Hier, une étrange lettre était arrivée sur le lit de Babylon. Quand il l'avait lu, il avait hésité un long moment. Puis il avait fait ses valises et était rentré chez lui. Si on avait en effet enlevé quelque chose ou quelqu'un qui lui tenait à coeur, ça se trouvait dans le monde des moldus. A Durmstrang il n'avait absolument aucune attache.
Rentrer le weekend ce n'était pas dans ses habitudes mais... au moins ça lui permettrait d'esquiver Zora et les devoirs qu'elle tente de lui dérober. Et il ne verrait pas non plus la tronche de Lynn qui, depuis qu'ils s'étaient soutenus face à Zora, semblait un peu trop collante à son goût. Elle cherchait à le faire sortir de ses gonds, mais il arrivait à résister. Enfin pour l'instant...

De retour chez lui, il avait forcément discuter avec ses parents. M.R. Malo Retrac. Mort ! Ses parents le confirmaient bien, il était décédé. Tiphaine avait vu son cadavre. Sa protectrice pourrait-elle mentir ? Non, impossible. Elle n'était pas une menteuse sur ce genre de sujet. Sa mère lui demanda si elle devait prendre contact avec la Directrice de Poudlard et le Stein hocha négativement la tête. Il allait se débrouiller seul, comme un grand.
Après plusieurs sms échangés avec l'un de ses amis moldus, il eut la certitude qu'Allison était bien en sécurité au sein de l'Internat. Personne ne l'avait donc enlevée. Il restait Megan mais... il fallait être assez fou pour s'en prendre à la fille du Ministre.

La journée fut longue. Très longue... Mais l'heure fatidique fini par arriver. Le Stein avait opté pour une tenue très simple. Sa baguette dans la main droite, la bague à son majeur gauche, il attendait patiemment. Puis le sol sembla se dérober sous ses pieds. Tout se mit à tourner autour de lui. Le soleil se couchant commença à se faire voir et bientôt une crêpe rousse s'étala sur le sol.
Premier voyage en Portoloin... Atterrissage mouvementé. Analysant que tous ses membres fonctionnaient, toujours allongé sur le sol, ce fut une voix familière qui le fit lever la tête vers le ciel et non plus vers le sol - très joli et agréablement chaud.

Charlie : (...)

En un bond l'ancien Loup d'Argent fut sur ses pieds et un autre bond plus tard il se trouvait perché sur le dos de Charlie.

(Français) Fallait le dire que je te manquais.

Après lui avoir décoiffé ses précieux cheveux, il reposa ses pieds sur le sol et observa la jeune femme qu'il ne connaissait pas avant de poser son regard sur Lynn. Une main devant la bouche, il se pencha vers son meilleur ami et lui murmura :

(Français) Par contre elle t'aurait pu ne pas l'inviter.

Son regard se tourna alors vers la maison et la magnifique piscine qui se tenait là. Est-ce que c'était vraiment Charlie qui avait organisé une super fête ici ? Si c'était lui, ça manquait de fille... du moins des filles qui lui convenait à lui.

J’attendais une réponse de Lynn. Elle fut rapide et claire. Enfin plus d’imagination, elle avait fait le coup une fois alors bon. Enfin elle devait encore être un peu vexée sur les propos que je lui avais tenus la dernière fois. Ça va princesse détend toi le string, c’était pour rire. Et range au passage ce majeur. Une autre preuve de sa grande élégance.

Je m’apprêtais à lui rétorquer quelque chose, mais bien sûr mon abruti de meilleur ami avait choisi ce moment pour me sauter sur le dos. Sur le dos. Non mais il avait quel âge ? Je commençais sérieusement à me demander s’il n’avait pas un retard mental. Ceci expliquait en partie qu’il m’appréciait malgré le fait que je l’avais enfermé dans la cabane d’isolement dès sa première semaine. Bon par contre le fait que je l’appréciais resté un mystère. À coup sûr il avait dû me faire boire un philtre d’amour. Merde il était amoureux alors ? Ceci expliquait les coups du genre « passe-moi de la crème sur le dos Charlie ». Merde. Écartez-vous. Je vais gerber. Je grommelais un lâche-moi qui fut par chance reçu immédiatement. Bref je me trouvais avec un sac à patates sur le dos devant une des plus belles filles qu’il m’avait été donné de voir et pire devant Lynn qui devait sans doute être en train de reconsidérer mon cas. Puis voilà qu’il me soufflait dans l’oreille. Mais abattez-le vite ! Babylon allait finir noyé dans la piscine s’il continuait à me faire honte. Visiblement il connaissait la Londubat. De mieux en mieux. J’étais persuadé qu’elle avait dû en faire sa victime. Comment lui en vouloir j’avais eu le même réflexe. Peu importe qui nous avait envoyés ici il m’en voulait. Le nombre de suspects était donc important, très important.

« Calme toi. Tu crois vraiment que je vous ai donné rendez-vous ici ? »

Je voyais Babylon exactement comme un chiot surexcité. Je suis d’accord c’est tout mignon mais quand tu es la cible de la fougue ça devient vite gênant. Par chance la jeune femme mi un terme rapidement à l’aparté de notre trio de choc pour se présenter. Niky bon j’espérais que c’était un diminutif parce que bon, ça faisait nom de chat quoi. Enfin si c’était juste ça j’allais quand même laisser Lynn gérer le chiot fou et tenter ma chance avec la belle brune. L’élégance à l’état pur se présenta à son tour. Il était définitivement temps que je lui refile mes cours de maintien parce que là elle me faisait penser à un camionneur de cinquante balais.

« Et moi c’est Charlie. J’ai l’impression qu’on a dû tous recevoir le même courrier. Je ne sais pas vraiment si on doit prendre cette menace de kidnapping ou de vol au sérieux mais en attendant le portoloin était réel. »

Mais c’est que j’étais sérieux. Pas de doute j’avais une double mission ce soir. Quoique non il fallait que j’ajoute un truc.

« Il y a bien des gens qui envoient des lettres d’amour. »

Petit bisous à distance en direction de Lynn. Elle allait adorer.

Lynn : (...)

Demain ? Non, le Dimanche Babylon ne travaille pas. Le Dimanche c'est jour de repos, c'est jour des 400 coups et... ah non. En réalité au sein de Durmstrang faire le con n'était pas possible pour lui. Maudite magie ! Et dire qu'à cet instant précis il aurait pu avoir décroché son BAC après trois années d'enfer à l'Internat ! Il serait maintenant sur les bancs de la FAC, à foutre encore plus le bordel sans avoir peur de se prendre une heure de colle...

Les présentations commencèrent à se faire. Niky. C'était un drôle de prénom. en même temps quand on y pense, le sien n'est pas mal non plus. Babylon. Quelle mouche avait piqué Tiphaine le jour où elle l'avait appelé comme ça ? Bonne question. Mais il ne lui en voulait pas. C'était agréable de porter un prénom que personne ne porte. Charlie, c'était trop connu. Lynn, peut-être plus connu un Bulgarie. Et Niky, c'était moche. Tout simplement.

(Français) Moi c'est Babylon. Et le MR auquel je pense est mort donc... j'aurais pensé à une blague. Mais là ça change tout. Court silence durant lequel il se gratte la tête. Oh je sais ! Un anniversaire surprise ! Franchement le cadre est propice pour un anniversaire. Quelqu'un a son anniversaire qui approche ?

Pour Babylon, la majorité serait dans exactement 17 jours. Et il avait prévu de fêter ses 18 ans dans les règles de l'art avec ses amis moldus. Ses parents l'avaient autorisés à réserver un bar en ville et seuls ses amis moldus y seraient conviés. Pas de sorciers. Il souhaitait renouer avec ses anciens camarades. Même si leur beuverie de cet été n'avait pas été comme il l'aurait imaginé... Il faut dire qu'en 3 ans les gens changent. Et il avait changé.
Enfin bref. Se pourrait-il que des sorciers aient décidé de fêter les 18 ans de Babylon en avance ? Ce qui aurait expliqué pourquoi ses parents ne s'étaient pas montrés si surpris par la lettre. Mais pourquoi avoir invité Lynn alors qu'il la déteste et cette Niky qu'il ne connait pas ?

Un demi-sourire de Lynn. Ça voulait dire qu’elle ne m’en voulait pas, ou du moins pas trop, pour mes conneries. Disons que pour arracher un rictus, mais un vrai pas son air sadique, fallait se donner les moyens. Puis ce retour de baiser c’était touchant. Étonnant que le chiot à côté de moi n’est pas relevé tout excité. Bref cette histoire était louche car on se retrouvait tous les quatre dans un endroit parfaitement inconnu et visiblement il n’y en avait pas un pour trouver une explication valable. Du coup j’étais bien content d’avoir une alliée comme Lynn. Douée, pas peureuse et teigneuse, un parfait mélange. La Niki elle était jolie mais je ne savais pas encore ce qu’elle valait. Puis Babylon. Disons que tout était dit. À ce stade je ne me demandais plus s’il avait un retard, il était déficient intellectuel. Son explication de l’anniversaire surprise. Mon Dieu, faites qu’il ne m’arrive rien. Là il m’avait surpris, mais pas dans le bon sens du terme. J’étais resté sur le cul. Il n’était pas sérieux quand même ? Vu l’air et surtout le petit rire de la jeune femme je n’étais pas le seul à penser qu’il était idiot. Ceci dit elle était bienveillante car elle avait pris la peine de lui répondre. Je n’en ferais rien perso, à un moment il fallait arrêter de descendre le niveau. Puis de toute manière il était censé connaître ma date d’anniversaire. Heureusement que Lynn ne pouvait pas comprendre, elle l’aurait noyé dans la piscine sans hésitations.

Niki s’approcha d’abord de la piscine avant de se diriger vers la maison. Elle proposa d’explorer l’intérieur, et prit les devants dans la foulée. Je préférais que ce soit elle qui ouvre la marche comme ça si un truc nous tombait dessus dès le pas de la porte elle serait la première cible et mes amis seraient déjà prêts à se défendre. Surtout Babylon. Je comptais bien revenir d’ici avec mon idiot de meilleur ami en un morceau. Lynn commença à lui embrayer le pas et je fis de même. Baby devait sans doute suivre aussi.

La porte claqua d’un coup. Niki était fermée à l’intérieur et Lynn recula brutalement. J’eux moi-même le réflexe de faire un pas en arrière afin de ne pas me faire marcher dessus par la fille. Cette dernière pesta immédiatement croyant que notre ainée était la responsable. Pour ma part je ne voyais pas les choses de la même manière. Je n’avais pas eu l’impression que Niki s’intéressait à ce qu’il se passait derrière elle. D’ailleurs pourquoi aurait elle fait cela. Il faut dire que Lynn ne s’était pas encore montrée trop désagréable alors elle n’avait aucune raison de lui faire un coup pareil.

« Détends-toi. J’ai plutôt l’impression qu’il s’agissait d’un appel d’air. »

Je n’eux pas le temps de prouver mes propos en ouvrant la porte, la température baissa d’un coup. Puis je surpris le regard de Lynn vers la piscine. Elle s’agrippa d’ailleurs à mon bras. Bah dit donc c’était une première. Enfin j’aimais bien ce rôle de garçon courage avec lequel on se sentait en sécurité. Tout moi quoi. Je pointais mon regard vers la piscine. Une mare de sang.

« Oh merde. »

Ouais je perdais légèrement mon vocabulaire. J’étais bien curieux de savoir d’où venait tous ce sang. Je dois bien avouer que je ne me sentais pas tellement en sécurité. Lynn lâcha prise et s’avança vers la piscine. Pas sûr que ce soit une bonne idée mais elle était suffisamment grande pour se gérer. Pourtant avant qu’elle ne touche l’eau tout redevient à la normale. Je n’allais certainement pas rester une minute de plus dehors. La prochaine fois une bête étrange ressortirait à coup sûr de la piscine. Puis la maison n’avait pas l’air d’être en mauvais état, du moins c’était l’impression que donnée la façade extérieure. Je me retournai vers la porte verrouillée. Pourtant un simple sortilège de déverrouillage fit céder la serrure. Un jeu d’enfant. Il était temps de retrouver Niki et de lui raconter l’expérience étrange. J’étais bien curieux de savoir si il s’était passé quelque chose à l’intérieur.

« Vous venez ? Ah et au fait Baby joyeux anniversaire. »

Sarcasme quand tu nous tiens.

Mon anniversaire tombe dans vingt jours à vrai dire. Mais je ne suis pas sûre que ce soit la raison de notre présence ici...

Briseuse de rêve. En plus d'avoir un prénom nul elle venait de lui briser ses rêves d'avoir une fête d'anniversaire version sorcière. Pourtant le cadre était parfait ! Pendant quelques secondes Babylon se demande s'il ne devait pas appeler sa mère et lui dire de sortir de la maison avec tout le monde, qu'il les avait grillé. Cette Niky devait donc connaître quelqu'un de son cercle privé pour être là.

Heu, les gens ? Je pète pas un mot de français donc vous pouvez changer de registre s'il-vous-plait ?

(Bulgare avec un léger accent français) Enfin un truc que tu maîtrises pas.

Le Stein ne bougea pas de là où il se trouvait, mais son regard suivi la Niky des yeux tandis qu'un petit sourire satisfait venait de faire son apparition suite à sa remarque destinée à Lynn. Nikita venait de s'éloigner du trio infernal et se dirigeait vers la maison. Elle ouvrit la porte et... Rien. Pas un cri. Pas une balle qui lui arrive en pleine tronche ou un sceau d'eau renversé sur la tête. Rien du tout.
Alors la Niky avait raison, ce n'était pas une fête d'anniversaire. Dommage. Lui qui se préparait déjà à pouvoir profiter d'un peu de joie, il se voyait coupé dans son élan. Mais ce qui se passa ensuite le fit sursauter. La porte se referma derrière la jeune femme, dans un grand bruit. Et deux secondes plus tard, les poils de Babylon s'hérissent doucement sur ses bras. Le froid tombe, ses mains ne tardent d'ailleurs pas à virer au bleu / violet.

Toujours cloué sur place, l'ancien Loup d'Argent leva les yeux au ciel : ce dernier était bel et bien bleu. Et le soleil semblait briller de milles feux. Alors pourquoi diable faisait-il aussi froid ? Il reposa ses yeux sur les deux autres individus au moment où Lynn se collait à Charlie. Un petit sourire moqueur refit son apparition sur le visage du Stein. Ces deux là se connaissaient. Plutôt bien. Lynn n'était pas du genre à montrer ce genre d'affection à quelqu'un ; se coller à un garçon quand on a peur c'est une chose mais ce coller à CE garçon, s'en est une autre. En même temps, si on comparait les deux caractères de merde de ces deux là, c'était totalement normal qu'ils s'entendent bien.

Babylon ne fit donc pas attention à l'eau de la piscine qui virait au rouge. Au contraire. Un plan machiavélique venait de naître dans son esprit. Maintenant, il avait un atout sur Lynn : Charlie. Déjà qu'il commençait à tenir tête à la Pozhar, maintenant il allait pouvoir l'affronter d'égal à égal. Enfin presque. Lynn avait de l'expérience dans la catégorie pétasse.

Vous venez ? Ah et au fait Baby joyeux anniversaire.

(Anglais avec un léger accent Français) T'es en avance Charlie. J'espère que tu m'oubliera pas le moment venu je serais vexé. (Bulgare avec un léger accent Français) Par contre toi tu peux l'oublier.

Ces dernières paroles étaient bien évidemment adressées à la seule personne pigeant totalement le Bulgare ici. Il était hors de questions que Lynn connaisse la véritable de son anniversaire. De toute façon il ferait en sorte de ne pas être à Durmstrang, histoire d'être tranquille. Parce que les anniversaires à l'école, c'est déjà relou alors en plus quand vous avez quelqu'un dans votre entourage qui cherche à vous emmerder, c'est encore pire.

Entrant dans la maison, Babylon observa l'intérieur. Il fit plusieurs pas et s'arrêta au centre de la pièce. Son regard observait tout. C'était... magnifique. Un homme poli aurait surement demandé à Nikita si elle allait bien mais... Babylon était loin d'être un homme poli. Peut-être loin d'être un homme tout court en fait. Une hommelette oui, un homme ça restait encore à déterminer.

(Anglais avec un léger accent Français) Vous pensez qu'on va croiser des fantômes ?

Question idiote mais... Babylon connaissait une série moldue dans laquelle des fantômes apparaissent lorsque l'atmosphère devient froide. Peut-être que certains étaient apparus dans la maison alors qu'ils étaient encore dehors, ce qui expliquerait pourquoi la porte s'était fermée.
Et vu que les sorciers ça côtoie des fantômes dans les écoles, Nikita n'aurait pas eu trop peur de croiser les fantômes de cette maison.

En vérité je m’étais contenté depuis toujours de ne retenir qu’une date d’anniversaire, la mienne. Je ne dis pas que pour le besoin d’une tentative de séduction je ne serais pas en mesure d’en retenir une, mais elle serait aussi vite oubliée une fois la cible passée. Je savais que Babylon était né dans le mois mais pour le jour exact il ne fallait pas me demander, enfin apparemment ce n’était pas passé alors je pourrai sans soucis lui envoyer une lettre à la fin du mois pour lui souhaiter son anniversaire en retard. Une petite excuse sur les cours et ça passerait crème. Je lui glisse donc un petit sourire en mode t’inquiète tu peux me faire confiance alors que pas du tout. Puis je hausse les épaules en direction de Lynn. Comment lui expliquer que je suis ami avec ce gamin, parfois l’amour a ses raisons que la raison ignore. Bref toute ce cheminement pour une remarque banale. Il a le don quand même de faire naître des réflexions sur une base nulle.

Porte déverrouillée par mes soins j’entre donc dans la maison suivi de près par mes amis. Elle semble abandonnée depuis quelque temps vu la couche de poussière, pourtant le mobilier est assez moderne. La demeure n’a clairement rien d’horrifique. Enfin la piscine non plus ne donnait pas cette impression avant de se remplir de sang, ou du moins d’un liquide ressemblant. D’ailleurs à la réflexion s’il n’y avait plus d’occupants dans cette maison elle n’aurait pas dû être pleine. Ainsi je préférais rester sur mes gardes. Après tout quelqu’un nous avait fait venir ici pour se moquer de nous et ne nous voulait potentiellement pas que du bien.

Comme d’habitude Babylon nous fit perdre du temps avec une réflexion nulle. Il n’aurait pas pu se donner la peine de demander à Niky s’il s’était passé quelque chose d’étrange comme de notre côté. Ils n’étaient pas une bande de moldus, ils n’étaient pas censés avoir peur de deux trois esprits errants sans fin dans ce monde. Il avait passé trop de temps avec ses amis cet été, sans doute à se faire peur avec des films idiots. Ce genre de films que Niky évoqua. C’était décidé je l’inviterais Baby sur une plus grosse période pour l’éloigner de ces moldus.

« Il s’est passé quelque chose ici ? Parce que dehors la piscine s’est remplie de sang d’un coup. »

Enfin posée. Apparemment Lynn n’en avait rien à faire non plus. Perso s'il se passait des choses étranges ici aussi je préférais être au courant plutôt que de me faire surprendre. Les autres avaient vraiment des priorités douteuses.

« Du coup on la fouille cette maison ?! »

Il fallait bien enfin se sortir les doigts des fesses. Si c’était pour monter une marche et faire marche arrière pour rester dans la même pièce nous allions nous-même devenir les fantômes du lieu.

Vous aimez les films d'horreur ? Nous sommes dans le cadre parfait.

Les films d'horreur ? Bien sur qu'il aimait ça Babylon ! Dans une télévision. A vivre en vrai... il n'était pas sur d'être prêt. Mais au moins il avait sa baguette magique avec lui, alors face à un clown, à un mec avec une tronçonneuse ou des trucs de ce genre, il était paraît pour se défendre !

Tant que c'est pas une comédie romantique, ça me dérange pas.

Comédie romantique ? Pourtant les filles sont censées aimer ça ? M'enfin ce n'était pas le moment de se poser des questions sur ça. Quoique une comédie romantique ça pourrait être pas mal. Pousser Lynn dans les bras de Charlie ou l'inverse. Quoique Charlie serait capable d'attraper Lynn et Nikita en même temps, même s'il était clair que cette fille avait terminé ses études depuis bien longtemps !

Il s’est passé quelque chose ici ? Parce que dehors la piscine s’est remplie de sang d’un coup.

Le voilà le gentleman ! Celui qui s'intéresse à la demoiselle en détresse. Bien que Nikita soit loin d'être une demoiselle en détresse. Mais il fallait bien que quelqu'un lui pose la question et puisque ni Babylon ni Lynn ne l'avait fait, Charlie avait eu la présence d'esprit de le faire. Ce n'était pas pour rien qu'il se trouvait chez les renards de fer. C'était un rusé. Et quand on ruse on connaît toutes les informations. Babylon lui était plutôt un solitaire alors... s'occuper de lui c'était déjà bien suffisant. Et ben quoi, il n'avait pas été réparti chez les Loups d'Argent juste pour le fun ! Solitaire, toujours deuxième choix, c'était Babylon.

Du coup on la fouille cette maison ?!

(Anglais avec un léger accent français) Avec plaisir. On a qu'à se séparer pour aller plus vite et trouver qui nous a fait venir ici. Mais si on se sépare, je pars soit avec toi Pointe Charlie du doigt. soit avec toi Pointe Nikita du doigt. Désolée Lynnette mais j'ai ma dose à Durmstrang.

Étrangement, se retrouver en présence de Charlie lui donnait enfin envie de prendre Lynn et de l'écraser comme une fourmi. Elle qui s'amusait toujours à comparer tout le monde à des insectes, elle pouvait devenir tout de suite cette petite fourmi qu'il écraserait avec joie. Peut-être même qu'il s'amuserait un peu à la traquer histoire de jouer avec ses nerfs.
On obtiendrait donc soit les garçons d'un côté et les filles de l'autre, soit un duo Babylon / Nikita et un duo Charlie / Lynn. Dans tous les cas hors de question de survivre avec Lynn ici. Avec Charlie, ça pourrait être amusant. Il pourrait le taquiner sur Lynn, tenter de savoir comment ils se sont rencontrés et pourquoi ils sont aussi proches. Faire duo avec Nikita permettrait à Lynn et Charlie d'être ensemble. Soit un duo très amusant aussi puisque outre le fait de découvrir ce qu'il fiche ici, le Stein avait décidé de provoquer la petite étincelle entre les deux têtes brûlées.

Je n’étais pas franchement convaincu par l’idée de se séparer. L’expérience ne caractérisait pas vraiment notre groupe. À la rigueur cette Niky devait en avoir sous le chapeau et Lynn avec ses activités obscures devait bien se débrouiller aussi. Enfin tout de même ça ne valait pas des sorciers réellement expérimentés. Puis si c’était pour se retrouver avec Babylon non merci. Ce n’est clairement pas la personne vers qui je me tournerais pour me sortir d’une aventure délicate. Je ne savais même pas ce qu’il valait réellement en tant que sorcier. Si ça se trouve il était limite cracmol. Ça ne me surprendrait même pas. Dans ce cas-là est ce que c’était une justification suffisante pour le rayer de ma vie ? Non pas que je comptais actuellement le laisser sur le bas-côté mais quand même il fallait se préparer aux pires éventualités.

Je n’ai pas le temps de donner mon avis sur la question que des adolescents se mirent à sortir des murs. L’écho de leurs conversations nous entourait. L’école. Ils n’avaient que cette pensée en tête. L’existence des jeunes moldus était bien triste. Et si mes idiots de parents ne m’avaient pas donné ma lettre. Cette simple pensée me donnait des sueurs froides. J’aurais dû supporter ces gens et vivre comme eux dans l’ignorance. L’horreur. Plutôt mourir. C’est que ces idiots d’adolescents inexistants faisaient naître une angoisse chez moi. Ils nous entouraient, ils nous bousculaient et j’apercevais à peine mes camarades de fortune. Je me sentais oppressé par le brouhaha. Je n’avais absolument pas envie de faire partir de ce tout. J’avais l’impression d’être happé loin de mon monde.

La foule finit par disparaitre mais ce n’était pas pour autant plus réjouissant. En un éclair je me retrouvais dans la salle de bain sans avoir amorcé un seul pas. C’était quoi encore cette histoire. Il y avait quelqu’un dans cette maison qui se jouait de nous et qui était assez puissant pour effectuer quelques tours de passe-passe contre notre gré. Je n’étais pas seul dans cette nouvelle pièce, Niky se trouvait juste à côté de moi et nous étions entourés de toiles d’araignées. Je n’avais pas peur des petites bêtes en général mais je devais bien avouer que je n’étais pas à l’aise de rester dans une pièce infestée à ce point. Visiblement Niky partageait ce point de vue car elle m’agrippa rapidement le bras. J’avais moi-même du mal à respirer à cause de ces foutus adolescents mais la jeune femme était clairement plus inquiète pour les araignées.

« Ça va aller ? »

Les mots sont sortis tout seul. A vrai dire je me moquais un peu de son état tant que je sortais vivant de cette foutue maison. Sauf que je comptais bien sur elle pour m’aider alors pour cela j’avais besoin qu’elle garde la tête froide.

« Merde, je crois qu’il y a quelque chose dans la baignoire. »

Cela avait été rapide mais il m’avait semblé percevoir un léger mouvement dans la baignoire. Soit il s’agissait de mon imagination soit il y avait bien une autre horreur planquée là-dedans. Etonnamment je n’avais même pas envie de m’approcher pour en avoir le cœur net.

Babylon a juste le temps de finir sa phrase qu'un phénomène de nouveau étrange se produit : des gens sortent des murs ! S'il comprend ce qu'ils racontent ? Parfaitement ! Le Français étant sa langue, il comprenait tout ce qui était dit par... ces étudiants ? Pourquoi diable des étudiants ici ? Qui parlaient du bac en plus ?
Emporté par la foule (qui nous traîne, nous traîne, écrasés l'un contre l'autre *sort*), le Stein cherchait des yeux quelques un de ses amis moldus. Peut-être qu'ils étaient à l'origine de la farce. Et les murs n'étaient que de simples hologrammes, ce qui expliquait qu'ils pouvaient passer à travers. Mais dans tout ça il ne les voyait pas. Et il fut un peu surpris quand soudain le noir se fit autour de lui. Zut. Où avait-il attérit cette fois ?

Charlie ? Babylon ? Nikita ? Y a quelqu'un ?

(Français) Oh putain.

Il fallait pas être français pour comprendre l’intonation dans la voix de Babylon. Ces mots lui avaient totalement échappés. Mais en même temps il l'aurait reconnu entre milles cette foutu voix. Lynn. Et il semblait qu'il n'y est que elle et lui dans cet endroit !
Sentant que quelque chose s'accrochait à son bras, il hésita à l'envoyer bouler. Est-ce que c'était Lynn ? Ou autre chose de plus... non, il valait mieux ne pas penser aux créatures magiques étranges qu'il voyait en cours... D'ailleurs quelle créature pouvait avoir des tentacules ou un truc du genre pour s'accrocher à son bras ?

Ses yeux grands ouverts, le Stein essayait de distinguer quelque chose dans l'obscurité. Mais aucun filet de lumière ne lui permettait de voir quoi que ce soit. Et pourtant ses yeux s'étaient habitués à cette foutue obscurité.

Merde !

La voix était proche de lui. C'était donc Lynn qui était accrochée à son bras. Super. Pourquoi venait-elle de lâcher une insulte ? Il ne savait pas. Mais il la sentait s'agiter à ses côtés. Peut-être qu'elle essayait de faire quelque chose... mais quoi ? Il ne savait pas. Et puis, notre Stein était tellement une flèche qu'user de sa baguette magique ne lui avait pas traversé l'esprit. Et vu ce qui allait se produire après, il était clair qu'il n'allait pas la sortir de sa poche...

Deux yeux jaunes firent alors leur apparition dans l'obscurité. Là, il ne pouvait que les remarquer. Et ce cri qui déchira ce silence... Fut bientôt rejoins par le propre cri de Babylon. Quand ses amis moldus lui disaient qu'il criait comme une fillette, le Stein ne les avait jamais cru. Mais ce son que produisit sa voix le fit presque rire. Enfin il ne rigola pas pour autant, mais ses amis avait raison : quand il avait peur sa voix montait dans les aigus. Génial ! Encore ça aurait été Charlie à ses côtés, ça aurait été. Mais là c'était Lynn ! Clair qu'elle allait se foutre de sa gueule...
Sentant la Pozhar resserrer sa prise sur son bras, le Stein se dégagea. Hors de question qu'elle lui broie les muscles. Et si ce corbeau signifiait que les Pozhiratelis allaient arriver, alors autant user d'une Pozhiratelis pour se protéger ! Attrapant Lynn à la taille, il l'attira à lui et s'en servit de bouclier. La tenant enfermée dans ses bras il tremblait légèrement. Il était tellement terrifier par ce qui pourrait se produire qu'il en oublia pendant quelques secondes que la personne qu'il tenait si proche de lui était une fille ET doublé d'une peste qu'il détestait au plus haut point. Lui et sa grande timidité... Si la lumière revenait tout de suite, il rougirait certainement jusqu'aux oreilles. Disons que le noir lui permettait d'oublier la Lilliputienne qu'il tenait entre ses bras.

(Bulgare) Si c'est toi qui nous a ramené ici pour nous enrôler chez les Pozhiratelis tu peux aller te faire voir.

La voix de Babylon était un peu tremblante, comme le reste de son corps. Est-ce qu'il pourrait dire non à une bande de Pozhiratelis ? Il ne savait pas. Mais il avait un otage.