(elena et timaël) - old friends 

Un sourire étira les lèvres d'Elena quand une lettre apparu dans son bureau et qu'elle reconnu l'écriture de son meilleur ami. Cela faisait quelques semaines qu'elle n'avait pas eu de vraie conversation avec Timaël, ne faisant que le croiser au détour d'un couloir et l'un ou l'autre étant toujours trop occupé pour s'arrêter. Savoir qu'il allait venir déjeuner avec elle illumina sa journée jusque là morose, qu'elle entreprit de rendre plus intéressante encore en commandant des pizzas. Elle choisit sa préférée - champignons et salami - ainsi que celle de Timaël, et passa sa commande à Anna, son assistante. Elle lui demanda également de prendre des sodas, l'informant par la même occasion qu'un brigadier viendrait déjeuner avec elle. Malgré un regard suspicieux, la femme s'exécuta, et Elena pu retourner dans son bureau sereinement. Cette assistante était une véritable plaie ! Plus fidèle à Kathleen qu'à celle qu'elle était censée servir, elle rapportait à la Secrétaire les moindres faits et gestes de sa fille. Une espionne en somme.

En attendant midi, Elena travailla avec attention, étudiant des dossiers, remplissant des documents et apposant sa signature tant de fois que son poignet s'engourdissait. Elle qui avait rêvé de ce travail, puis qui l'avait détesté, commençait à y prendre goût. Elle avait trouvé quelques semaines plus tôt le moyen de contourner certaines règles, d'aider ceux qui en avaient besoin et de refuser des privilèges à ceux qui en avaient déjà trop. Sa mère lui remontait régulièrement les bretelles et réparait ses "erreurs" la plupart du temps mais, parfois, une de ses modifications passait inaperçue et elle se sentait fière d'avoir fait une bonne action. Rêveuse, elle repensa à la première fois où elle avait aidé un civil, ce jeune marin qui avait abrité malgré lui un kappa dans son bateau. Grâce à une petite manipulation, elle avait à la fois sauvé la vie de la créature et évité une amende au marin, ce qui l'avait inspirée pour la suite de sa carrière. À présent, plus personne ne lui dicterait sa conduite, et surtout pas Kathleen.

Elena leva le nez de ses dossiers quand, un peu après midi, on frappa à sa porte. S'attendant à ce qu'Anna ait laissé Timaël passer, elle lui intima d'ouvrir la porte et grimaça en voyant le visage trop féminin de son assistante. La quiche lui annonça l'arrivée d'un brigadier, comme si elle avait oublié qu'Elena l'attendait. Eh bien faites-le entrer, idiote ! Je vous ai dit que j'aurais de la visite. Et j'espère que les pizzas vont arriver bientôt ? Sans répondre, Anna recula et, un instant plus tard, la silhouette de Timaël se faufila dans l'entrée, suivi de près par deux cartons supportant des canettes fraîches. D'un bond, Elena sauta sur ses escarpins et contourna son bureau pour embrasser Timaël sur les deux joues, à la française. Oh Tim quelle bonne idée tu as eue ! J'espère que tu aimes toujours la pizza ? D'un coup de baguette, elle débarrassa son bureau et posa le repas sur le meuble, tandis qu'elle indiquait d'une main le siège libre à son ami. Je suis désolée de ne pas avoir pris l'initiative plus tôt mais, comme tu as pu le constater, on me surveille de près ! Elle cria ces derniers mots pour s'assurer que Anna l'entende, puis arbora un sourire enchanté en s'installant sur son fauteuil. La présence de son ami la mettait d'excellente humeur, assez que pour oser défier l'espionne de l'autre côté de la porte.

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Revoir son meilleur ami mettait vraiment Elena d'excellente humeur. Noyée dans le travail, elle ne s'était pas rendue compte à quel point il lui avait manqué et ne le réalisait que là, face à lui. Entendre sa voix, le voir, le serrer dans ses bras lui rappelait Durmstrang et l'époque où tout était beaucoup plus facile. À ce moment-là, elle ne se souciait que du fait que son père était prof et du Tournoi. Le bon vieux temps ! Elle sourit en l'entendant dire qu'il mourrait de faim et s'empara des cartons de pizza. Alors... Quatre fromages pour monsieur - c'est toujours ta préférée ? - et poivrons, jambon, champignons pour moi. Faisant de la place sur son bureau, elle plaça les pizza entre eux et donna une canette de soda à Timaël. Un repas bien équilibré, comme avant. Aujourd'hui, ils étaient de nouveau des ados. Ils allaient manger avec les doigts, rire et oublier qu'ils avaient des responsabilités et que le monde était en train d'exploser. Ils seraient juste Elena et Timaël, mettant au placard la Secrétaire Adjointe Belov et le stagiaire Marloes.

La réponse de Tim par rapport à Anna surpris Elena avant de la faire éclater de rire. Oui, un elfe serait plus loyal, mais ce n'était malheureusement pas pour ça qu'elle avait été engagée. Elle obéissait à Kathleen, espionnait sa fille et lui rapportait le moindre de ses faits et gestes. Heureusement, Elena avait compris comment l'occuper pour pouvoir agir dans son dos, sinon elle n'oserait même pas aller aux toilettes sans demander la permission. Imagines quelqu'un qui me ressemble, en moins jolie, avec des rides et vingt piges de plus. Sa mère, bien sûr. Timaël devait bien s'en douter mais elle joua la devinette, attendant de voir si il "trouverait" la bonne réponse ou en donnerait une erronée. Mais bon, elle n'avait pas envie de parler de Kathleen, elle qui avait été son modèle autrefois et à qui elle ressemblait un peu trop aujourd'hui. Quand elle se regardait dans le miroir, elle voyait les cheveux de sa mère, ses yeux bleus, sa bouche. Son nez était celui de son père, ainsi que son menton et la courbe de ses pommettes. Côté caractère, Elena n'avait pas assez connu son père que pour comparer, mais elle ne pouvait nier l'héritage maternel.

Chassant sa mère de ses pensées, Elena attrapa une part de pizza et la tendit vers Tim pour trinquer. Bon app ! Avec appétit, elle mordit la pointe de sa part puis la reposa dans le carton en secouant les mains. Ah chaud ! Riant, elle attrapa une serviette pour essuyer la sauce de ses doigts. La pizza était délicieuse, avec un goût de malbouffe qui rendait le repas encore meilleur. Laissant sa pizza refroidir un peu, elle ouvrit sa canette et en prit une gorgée. Sinon, quoi de neuf, le stagiaire ? Elena lança un regard amusé à Tim puis reprit son combat avec la pizza, essayant de ne pas tacher sa robe rose pâle. Il n'y avait rien de pire pour la crédibilité que de se promener avec de la sauce tomate sur la poitrine pendant toute la journée. Enfin, Elena pouvait encore transplaner et se changer, mais sa robe serait bonne à jeter, et elle l'aimait vraiment bien. Alors elle fit attention et parvint au bout de sa part sans faire tomber ne serait-ce qu'une lamelle de champignon. Une petite fierté dans une journée qui s'annonçait bien moins chiante que prévu.

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Elle était la meilleure... Oui, elle l'avait été, il fut un temps. Elle excellait dans tout ce qu'elle entreprenait, elle était championne, elle était belle, elle était intelligente. Mais aujourd'hui elle n'était plus rien. Rien d'autre qu'une marionnette qui tentait de couper ses fils et de prendre vie. Une Pinocchio version sorcière et canon. Malgré tout, Elena leva la tête et sourit fièrement. Je sais. Réponse typiquement Belov. On lui disait qu'elle était belle, elle le savait ; qu'elle était parfaite, elle le savait ; qu'on l'aimait, elle le savait. Ce n'était pas entièrement prétentieux, mais aussi pour détendre l'atmosphère, faire rire et oublier le compliment. Ils commencèrent à manger et Elena embêta son ami en l'appelant le stagiaire, sachant pertinemment que ce surnom était devenu son seul nom au Poste de Police. Personne ne prenait la peine d'apprendre les noms des stagiaires, personne ne retenait même leurs visages. Ils n'étaient que des pions qui allaient possiblement partir avant la fin de leur essai, alors pourquoi essayer de faire connaissance ? La réflexion de Elena, bien entendu, était purement amicale et humoristique, juste un moyen d'embêter son meilleur ami et de briser l'éventuelle gêne entre eux.

Elle manqua de cracher sa pizza quand Timaël avoua qu'il rêvait du jour où il aurait fini son stage, explosant de rire à cette idée. Elle ne se moquait pas méchamment, mais imaginer son ami en train de rêver de ce genre de choses était tellement drôle. De toute façon, elle était si heureuse de le retrouver que même une blague merdique la plongerait dans un fou-rire. Aujourd'hui, elle ne serait pas difficile à faire sourire. Merde, Tim, tu me tues là ! Plaçant une main devant sa bouche, elle toussa pour ne pas s'étrangler avec sa pizza. Puis elle l'écouta parler de son collègue, une plante verte inutile, d'après ses dires. Elena grimaça, voyant très bien de quoi il voulait parler. Son assistante n'était pas mieux : à part organiser ses rendez-vous et l'espionner, elle ne faisait rien de ses journées. Un jour, Elena l'avait même surprise à se mettre du vernis sur les ongles... jaune fluo, en plus, le truc absolument dégueulasse qui jurait atrocement avec sa tignasse rousse. Mon pauvre, tu veux que je le fasse virer ? De ce que tu me dis il ne sera pas engagé, alors autant abréger ses souffrances et les tiennes... Et elle était sérieuse : elle en avait le pouvoir et c'était pour la bonne cause, alors pourquoi pas ?

Elena continua de manger sa pizza, savourant le gras, la sauce, la garniture... Elle en mangeait souvent avec Seth, mais elle ne s'en lassait jamais. C'était son plat préféré, comme pour beaucoup de monde, et en manger avec ses amis était juste parfait. Et si tu veux, je peux aussi essayer d'accélérer les procédures pour toi. Tu es une bonne recrue, je ne vois pas pourquoi ils s'emmerdent à te garder en stagiaire. Elle leva les yeux au ciel en retirant de sa pizza un morceau de poivron pour le glisser dans sa bouche. Bien que raffinée, la jeune femme perdait toutes ses manières quand il s'agissait de pizza, et son élégance était partie aux oubliettes. Elle posa ensuite son regard sur Timaël, attendant sa réponse. Elle pouvait comprendre qu'il ne veuille pas être pistonné et se coller les remarques de ses collègues, mais sa meilleure amie était la Secrétaire Adjointe, alors autant s'en servir, non ? De toute manière, elle avait le pouvoir de virer quiconque irait l'embêter, et elle ne se gênerait pas pour le faire. Personne ne touchait à ses proches, pas même les Pozhiratelis ou sa mère. Et si elle devait faire un exemple pour qu'ils lui foutent la paix, elle n'hésiterait pas une seconde.

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Elena afficha un sourire mesquin quand Tim lui demanda si elle pouvait vraiment faire renvoyer son collègue incompétent. C'était évident qu'elle le pouvait ! Elle était la Secrétaire Adjointe, ou pas ? En tant que deuxième personne la plus puissante d'Europe, elle avait tous les droits et faisait ce qu'elle voulait. De plus, personne ne viendrait se plaindre du renvoi d'un stagiaire fort peu prometteur... Tim, chéri, je pourrais faire virer le directeur de la Police lui-même si je le voulais. Bon, elle exagérait peut-être, mais c'était l'idée. Elle mordit dans sa pizza avec majesté, comme si elle était la nouvelle reine d'Angleterre. Et je vais voir ce que je peux faire pour ton bureau. Un futur agent de police mérite un bon environnement de travail. Elle lui fit un clin d'oeil puis leva sa canette pour trinquer. Dès qu'il serait reparti, elle s'occuperait de la paperasse pour faire remplacer le stagiaire et verrait si un bureau pouvait être libéré pour son meilleur ami. Elle le connaissait depuis longtemps maintenant et elle savait qu'il serait un excellent policier, elle ne le pistonnerait pas juste parce qu'ils étaient amis, mais aussi pour rendre service à la communauté.

Elle lui proposa ensuite de faire accélérer les choses pour lui, mais il refusa, affirmant ne pas vouloir attiser les commérages. Il désirait également obtenir son job dans les règles, ce qu'elle respectait. Elle aussi aurait préféré atteindre ce poste parce qu'elle le méritait, mais sa mère en avait décidé autrement. Je comprends, c'est tout à fait honorable de ta part. Et si un jour tu as besoin d'un coup de patte, tu sais où me trouver. Il pouvait lui envoyer un hibou n'importe quand et pour n'importe quelle raison, surtout si c'était pour lui proposer un déjeuner comme celui-ci. Honnêtement, elle ne comprenait même pas pourquoi ils n'avaient que rarement pris le temps de se voir depuis qu'ils étaient tous les deux au Secrétariat. Ils étaient meilleurs amis, avaient été engagés presque en même temps, et travaillaient au même endroit, et pourtant c'était déjà beaucoup s'ils s'étaient vus cinq fois sur l'année qui venait de s'écouler. C'était tellement dommage. A partir de maintenant, Elena ferait en sorte de changer ça, elle qui avait pas mal de temps libre depuis qu'on ne lui confiait que des tâches de bas niveau.

Le sujet du travail de Tim étant clos, Elena décida de parler d'autre chose. Ils n'étaient pas là pour parler boulot, après tout, mais pour se retrouver entre meilleurs amis. Et ta famille, ça va ? Ta relation s'est un peu arrangée avec ton frère ? Elle savait bien que les deux garçons étaient souvent en conflits du temps de Durmstrang, l'un étant à Voda et l'autre à Pozhar. Ils se disputaient souvent, se cherchaient, mais ils étaient frères et Elena avait toujours espéré qu'ils puissent se rabibocher un jour. Je ne sais même pas dans quoi il travaille d'ailleurs. Elle fronça les sourcils, réalisant qu'elle en savait vraiment peu sur ce qu'était devenu Darko après sa sortie de Durmstrang. Etait-il Pozhirateli ? Dans quel domaine travallait-il ? Est-ce qu'il avait une femme, des enfants, un chien ? Au final, elle s'en fichait un peu, n'avait jamais été amie avec lui, mais il était le frère de son meilleur ami, alors ça l'intéressait quand même. Ne serait-ce que pour faire la conversation, pour se tenir au courant de ce qu'il se passait dans sa famille. Et pour ne pas avoir l'air bête si jamais elle croisait le frangin en question...

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