De mal en pis (Philipp & Kate) 

Le froid était tombé sur Durmstrang lors des dernières semaines, amenant avec lui neige, brouillard et toutes les joyeusetés météorologiques qui allaient avec. L'humeur générale se partageait entre l'excitation des fêtes de fin d'année et la morosité qui était devenue leur quotidien depuis près d'un an et demi. Tous repensaient aux événements qui étaient survenus près d'un an plus tôt, aux massacres qui avaient éclatés dans les quatre coins de l'Europe, à l'apparition soudaine de ce dôme qui les retenait prisonniers et les coupait du reste du monde. Au sein de l'Institut, on croisait autant de sourires joyeux que de regards vides et pensifs. Les cours se donnaient sans entrain et étaient suivis sans motivation, ce qui ne semblait déranger personne. Kate, elle, savait que tout ça était peut-être vain, tournant et retournant sans cesse sa conversation avec Ivankov dans sa tête. Plus de DURMS pour les étudiants étrangers. Suite aux nouvelles lois, plus d'un tiers de leurs étudiants venaient de pays et d'écoles étrangers, forcés de migrer vers la Bulgarie pour satisfaire la soif de domination d'Ivankov. Et ils n'auraient peut-être jamais leurs diplômes... Kate n'avait pas parlé de ce nouveau problème avec Philipp, refusant de l'inquiéter pour une lubie qui ne se concrétiserait peut-être jamais ; il avait trop à penser pour le moment et elle ne voulait pas lui rajouter un problème de plus. Ce matin, pourtant, une conversation s'imposerait.

Quand elle avait rejoint son bureau pour préparer ses cours du matin, Kate avait trouvé une lettre posée avec soin contre le pot qui accueillait ses plumes. Son nom, accompagné de son titre, était calligraphié avec soin sur le parchemin épais, mais ce qui retint son attention se trouvait de l'autre côté de l'enveloppe. Un cercle de cire rouge refermait le document, frappé du sceau officiel du Secrétariat. Son coeur avait manqué un battement quand, de ses doigts tremblants, elle avait déchiré le sceau pour lire cette lettre qu'elle n'attendait pas. Au coeur du blabla administratif, elle trouva ce qu'elle cherchait : un arrêté déclarant que plus aucun étudiant étranger ne pourrait passer d'examens de fin d'année, réduisant en poussières leurs espoirs d'avenirs. Il avait réussit. Résistant à l'envie de brûler ce maudit document et de faire comme si rien n'était arrivé, elle l'avait glissée dans son sac de cours, résignée. Sans trop savoir comment, elle parvint à assurer ses cours sans trahir son trouble, aidée par l'indifférence habituelle des étudiants qui n'auraient même pas remarqué un dragon volant devant leurs nez. Elle croisa une fois Ivankov, jubilant d'avoir atteint son premier objectif, mais ne lui fit pas le plaisir de lui montrer ses émotions. Un bonjour poli, un visage neutre, et il n'obtint rien de plus. L'heure des règlements de compte n'était pas encore arrivée.

À la fin de son dernier cours de la matinée, Kate s'empressa de sortir de sa classe pour intercepter Philipp avant qu'il ne se rende au réfectoire. Elle avait su se tenir toute la matinée, mais elle ne saurait garder le silence jusqu'au soir, et encore moins manger tranquillement à ses côtés sans pouvoir discuter avec lui. De plus, elle avait la certitude qu'il avait reçu le même message qu'elle et voudrait également lui parler. Après un rapide coup d'oeil dans le réfectoire pour s'assurer qu'il n'était pas déjà attablé Kate attendit Philipp devant la porte de l'amphithéâtre et lui fit un signe de tête quand, à son arrivée, leurs regards se croisèrent. Nerveuse, elle entra la première et attendit que la porte soit fermée pour sortir la lettre de son sac. Je suppose que tu en as reçu une aussi mais, au cas où, j'ai apporté la mienne. Elle posa le parchemin sur une table si jamais Philipp voudrait la lire, bien qu'elle fut persuadée que le Secrétariat lui aura envoyé la même. Ivankov aimait comploter dans son coin mais, ce qu'il préférait, c'était voir les dégâts qu'il causait ; elle supposait donc qu'il aura pris un malin plaisir à exposer sa victoire aux yeux de tous, la faisant évidemment passer pour celle de Philipp. Qu'allons-nous faire ? Croisant les bras pour se retenir de pianoter contre une table, elle s'appuya dessus et poussa un soupir découragé.

CODE BY TIC TAC

À voir le regard perplexe de Philipp, Kate comprit qu'il ne savait pas de quoi elle parlait. Soit il n'avait pas reçu la lettre, soit il ne l'avait pas encore trouvée. Elle opta plutôt pour la seconde option et attendit nerveusement que son collègue lise le contenu de la missive, son regard se voilant d'horreur à mesure qu'il découvrait l'étendue des dégâts. Une main levée pour se pincer la lèvre inférieure, Kate ne quitta pas ses yeux du regard, guettant le moment où il arriverait aux signatures qui validaient l'arrêté. Cette attente était une torture, mais elle ne fit pas un geste et ne prononça pas un mot, lui laissant le temps d'assimiler les informations qu'il était en train de lire. Puis il leva la tête vers elle, et leurs regards se répondirent, reflets de la confusion l'un de l'autre. Il semblerait que quelqu'un s'en soit passé... Et l'identité de ce quelqu'un n'était pas un secret pour eux : Ivankov était évidemment derrière tout ça. Kate secoua la tête, écoeurée de ne pas avoir pu empêcher ça alors même qu'elle était au courant de ce projet.

La question de Kate resta en suspens entre eux, aucun n'ayant de réponse à soumettre. Il n'y avait théoriquement rien à faire, ils ne pouvaient annuler cette décision, faire appel ou même demander poliment à Ivankov d'arrêter. Le moindre geste de rébellion signerait leur arrêt de mort, et ils avaient trop à faire que pour être exécutés. Par contre, quand Philipp souleva un autre point, Kate pu lui répondre avec quasi-certitude. Il n'en est pas fait mention, donc j'imagine - ou plutôt j'espère - que ce n'est pas le cas. Se sentant un peu coupable de n'avoir pas eu de pensée pour les deux autres écoles, Kate se promit de contacter Sydney et Maddison dans la journée pour voir si elles aussi avaient reçu ce genre de lettre, et également pour les informer de ces dernières nouvelles. Elle pensa à nouveau à tous ces étudiants issus de leurs écoles, qu'elle s'était jurée de protéger, et qui allaient être privés d'avenir sans qu'elle ait pu lever le petit doigt. À deux doigts de se décourager, Kate rangea la lettre dans son sac ; elle déciderait plus tard de si elle la brûlerait ou la conserverait, ce document étant tout de même trop officiel que pour être jeté par impulsivité.

Repoussant ses cheveux d'une main, Kate releva la tête avec une détermination émoussée. Elle était fatiguée de tout ça, ne savait pas combien d'épreuves ils pourraient encore supporter avant de poser les armes et de laisser le contrôle de Durmstrang à Ivankov, de gré ou de force. Je m'en veux tellement... Il m'en a parlé fin octobre, tentant évidemment de faire passer ça pour une de tes décisions, et je n'ai rien fait. Je pensais qu'il nous restait du temps et je ne voulais pas te rajouter un poids supplémentaire. Pestant contre elle-même, elle réalisa qu'elle aurait du en parler à Philipp à la seconde où il était revenu à l'Institut après son soi-disant arrêt maladie. Mais elle avait cru pouvoir porter ça toute seule, gérer la situation sans qu'il ait à s'inquiéter. Une erreur de plus à ajouter à la liste déjà longue. À présent, il était trop tard pour des excuses, et le mal était fait. Il leur fallait trouver une solution, un moyen de permettre aux étudiants étrangers de passer leurs examens malgré cette interdiction légale. Il allait falloir ruser, mais il leur restait plusieurs mois. À eux deux, et avec l'aide des autres écoles, ils ne pouvaient que réussir, non ?

CODE BY TIC TAC

Un rictus amer étira les lèvres de Kate quand Philipp énonça l'évidence. Bien sûr que Ivankov était derrière tout ça, il n'y avait que lui pour faire montre d'une telle cruauté. Personne d'autre n'avait l'esprit assez pervers que pour imaginer ce genre de stratagèmes et, en plus, pour les faire passer pour les crimes d'un autre. Un ange passa avant que Philipp lui demande de contacter Tiphaine pendant que lui s'occupait de Maddi... Miss Jones. Un bref sourire vint éclairer le visage de Kate qui fit comme si elle n'avait rien remarqué. Bien sûr, je m'en occuperai dès ce soir. Voilà maintenant qu'elle allait devoir écrire une lettre à Retrac. Retenant une grimace, elle se promit de mettre de côté ses différends personnels avec elle pour se montrer professionnelle, polie et adulte. Elle en serait capable, pour peu qu'elle ne doive qu'écrire et non rencontrer cette femme en face. Après leur dernière rencontre, la gifle qui avait volé toute seule et les révélations qui l'avaient provoquées, Kate préférait à juste titre se tenir aussi loin que possible de la sirène. Contacter Sydney aurait été bien plus facile, mais sauter l'autorité de la directrice en passant par son adjointe aurait été une insulte informulée, et il n'était pas temps de déclarer une nouvelle guerre.

L'aveu de Philipp soulagea un peu la conscience de Kate. S'il avait été en possession des mêmes informations qu'elle et avait également décidé de ne pas lui en parler, alors il ne lui en voudrait pas d'avoir eu le même raisonnement. Aucun d'entre eux n'avait cru possible qu'Ivankov mette ce plan à exécution, ils l'avaient sous-estimé ou s'étaient sur-estimés, et voilà le résultat. Dorénavant il faudrait qu'ils se parlent de tout, même les plus insignifiants des détails, pour être sûrs d'avoir toutes les cartes en mains. Philipp reprit la parole, ne comprenant pas comment son bras droit avait pu se passer de son accord pour la rédaction et la validation de cet arrêté sordide. J'imagine qu'il s'est mis quelqu'un du Secrétariat dans la poche ; peut-être même la Secrétaire elle-même, qui sait ? Cette femme n'est intéressée que par le pouvoir, il doit être facile de l'acheter. Et Kate était gentille ! Même si elle n'avait jamais rencontré Twarby, elle savait qu'elle ne possédait qu'un demi-cerveau, aveuglée par ses besoins de pouvoir, de grandeur et de popularité. Il suffisait qu'Ivankov lui promette une de ces trois choses et elle se serait mise à ses pieds pour lui lécher les bottes comme l'idiote qu'elle semblait être.

Quand Philipp demanda si Ivankov avait parlé d'autre chose pendant leur petite "conversation", Kate se replongea dans ses souvenirs. Elle se rappelait bien de ce jour où Philipp était soi-disant malade et où Ivankov l'avait convoquée dans son bureau en se faisant passer pour le directeur. Et il avait commencé par une autre absurdité, qui revint en un éclair douloureux dans la mémoire de Kate. Si ! Il m'a dit que tu allais bientôt démissionner, ce qui m'a parut absolument absurde, bien sûr. Il a ensuite tenté de savoir ce que je comptais faire le cas échéant mais je suis restée assez vague, n'ayant aucune envie de le satisfaire. Et malgré toutes ses prudences, elle avait l'impression qu'Ivankov avait gagné la partie ce jour-là. Il avait trouvé ses points faibles et, s'il ne les avait pas encore utilisés, ça ne saurait tarder. Se remémorant ensuite l'évolution de la conversation, Kate hésita à en parler avec Philipp, mais préféra ne pas garder de secret pour lui. Il a également mentionné Stark et, je ne sais trop comment, est au courant de ma petite... rancoeur envers lui. Il a offert de m'aider à le trouver et à le tuer, je suppose. J'ai évidemment refusé. Même si Ivankov avait parlé de faveur entre collègues, Kate savait qu'il y aurait un prix à payer si elle acceptait, et c'était hors de question. Ah, et il a déchiré ton courrier, mais j'imagine que tu as trouvé les morceaux en revenant dans ton bureau.

CODE BY TIC TAC

La colère qui se lisait sur le visage de Philipp était le parfait reflet de celle qu'éprouvait Kate. Elle ne parvenait pas à concevoir que certains de ses étudiants ne puissent plus passer leurs diplômes, qu'ils soient privés de métiers convenables simplement parce qu'ils étaient nés dans un autre pays et aient eut le malheur de ne pas être dans le coeur d'un seul homme. D'autant que c'était ridicule : certains de leurs étrangers avaient le sang pur, alors pourquoi les pénaliser ? Elle ne comprenait vraiment pas la logique de cet homme, ne voulait même pas essayer de la comprendre de peur de finir par l'accepter. Je n'ai pas vraiment envie d'imaginer ce qu'il se passe dans la tête de cet homme, merci. Mais tu as raison, il nous montre qu'il a le pouvoir et qu'il peut tout faire. Se pinçant l'arrête du nez, elle baissa la tête. Une migraine commençait à poindre derrière ses yeux tandis qu'elle faisait surchauffer son cerveau à la recherche d'une solution, d'une faille, d'un petit quelque chose de positif. Mais elle ne voyait rien. Parce qu'il n'y avait rien à trouver, ou parce qu'elle était trop en colère pour réfléchir, peut-être ; le résultat était le même.

Kate releva brusquement la tête quand Philipp se laissa descendre de sa table pour faire les cent pas dans la pièce. La proposition d'Ivankov par rapport à Stark semblait l'énerver presque autant que cet arrêté minable, mais au moins cette histoire était-elle sous contrôle. Tant que Kate continuait de refuser et d'envoyer Andreï au diable, elle serait tranquille. Tout ce qu'il fallait qu'elle fasse, c'était tenir sur la durée et ne laisser filer aucune information qui pourrait lui faire croire qu'elle avait besoin de son aide. Je m'en doute bien. Et crois-moi, jamais je n'accepterai de m'associer avec cette ordure. D'autant que Stark est mon problème et je veux le régler seule... Elle ajouta cette dernière phrase un ton plus bas, comme pour elle-même tout en sachant que Philipp l'entendrait. En soi, ce n'était pas un secret pour lui : il savait la rancoeur que Kate entretenait envers l'assassin de son frère et le sort qu'elle lui réservait si jamais leurs routes venaient à se croiser à nouveau. L'avertissement de Philipp ne tomba pas dans l'oreille d'une sourde, et pourtant Kate se surprit à sourire d'un air carnassier. Ne t'en fais pas pour moi, j'en fais mon affaire. Elle ne savait pas encore comment, mais elle allait faire tourner en bourrique Ivankov, s'amusant à lui raconter des mensonges pour qu'il voie enfin ce que ça faisait de ne pas pouvoir se fier aux paroles des autres.

De plus, une pensée, plus positive, vint s'immiscer dans son esprit : si Ivankov était occupé avec elle, il laisserait Philipp tranquille. Tant que maintenant, il n'avait pas encore osé la blesser physiquement, se contentant de tâter le terrain, et elle espérait que depuis qu'il l'avait ciblée, il offrait un répit au directeur. Ou peut-être avait-il simplement libéré un peu de temps libre pour s'occuper d'eux deux en même temps ? La question de Philipp, emplie d'inquiétude et de colère, pris Kate de cours. Si Ivankov lui avait fait quelque chose ? Non, bien sûr. Elle aimait croire qu'elle ne se serait pas laissée faire, mais un homme capable de blesser Philipp ne ferait qu'une bouchée d'un petit bout de femme comme elle. Non, il ne m'a rien fait. D'un regard sincère, elle tenta de le rassurer sur ce point : il ne l'avait pas touchée ni ne lui avait lancé de sortilège au visage. De toute façon, si tel avait été le cas, elle ne le lui aurait pas caché pendant deux mois, même si ça aurait voulu dire qu'elle aurait du mettre sa fierté de côté ; il aurait fallu qu'il la soigne pour ne rien laisser paraître aux étudiants. Et toi ? Il a recommencé ? Même si elle se doutait qu'Invankov n'avait jamais arrêté, sa question portait sur la période suivant leur discussion à ce sujet, quelques jours après la rentrée. Et, en même temps, elle voulait savoir si son bourreau l'avait laissé tranquille depuis qu'il l'avait elle dans le collimateur...

CODE BY TIC TAC

Une vague de soulagement envahit Kate quand Philipp lui dit que Ivankov ne lui a rien fait depuis près de deux mois. Parfait. Cela voulait dire qu'elle était sa nouvelle cible et qu'il laissait un peu de leste à ses autres victimes. Pour le moment, il ne lui avait rien fait et donc savoir qu'il en avait après elle ne lui faisait pas grand chose. Elle devrait avoir peur pourtant, craindre qu'il ne se mette aux choses sérieuses, regarder derrière elle dans les couloirs, mais elle ne ressentait que le soulagement de savoir qu'au moins Philipp avait un peu de répit. Elle hocha la tête à sa réponse sans insister, voyant combien ça lui coûtait d'aborder le sujet. Elle pouvait comprendre, se mettait à sa place et imaginait bien qu'elle non plus ne voudrait pas parler de ces humiliations récurrentes. Elle aurait honte, se sentirait faible et ne voudrait surtout pas le montrer aux autres. Partager ce genre de fardeau était trop effrayant, et le simple fait qu'il l'ait mentionné en début d'année devait lui avoir coûté. Alors Kate respecta son silence et se plongea dans ses pensées pendant quelques secondes, son regard fixé sur le sol à ses pieds.

Elle cherchait un moyen d'arranger les choses, d'annuler la décision d'Ivankov, d'aider ses étudiants... mais elle ne voyait rien. À part faire sortir tous ces enfants du chateau pour les renvoyer à Poudlard et Beauxbâtons, elle ne voyait rien à faire. Et même cette ébauche de solution n'en était pas une : Ivankov les chercherait, les trouverait et les punirait. À cause d'elle. Elle ne pouvait avoir ça sur la conscience, même si ça voulait dire rester les bras ballants à regarder les choses se faire devant elle... Kate releva le nez quand Philipp l'interpella, intriguée par le ton étrange de sa voix. À le regarder, elle comprit qu'il avait une idée. Elle sortir précipitamment le maudit document de son sac quand il le lui demanda, ne comprenant pas en quoi une nouvelle lecture changerait le sens de son contenu. Il n'est pas fait mention des autres diplômes, mais je ne vois pas ce que ça change... oh, mais c'est brillant ! Soudain, elle comprit. Les étudiants étrangers ne pourraient pas passer leurs DURMS, mais qu'en était-il des ASPIC anglais ou des examens d'aptitudes français ? Rien ne disait qu'ils ne pouvaient les passer... Un sourire étira les lèvres de Kate alors qu'elle commençait à voir une possible solution à ce problème épineux.

Posant la lettre sur une table devant elle, Kate se passa une main dans les cheveux et se mit à réfléchir. Tu veux leur faire passer les examens de Poudlard et Beauxbâtons, c'est ça ? Mais comment ? On les envoie là-bas ou on se procure des copies qu'on leur fait passer ici ? La première solution avait l'avantage de se faire loin des yeux d'Ivankov, mais la seconde avait plus de chances de passer inaperçue. S'ils étaient discrets, ils pourraient cacher les étudiants et s'arranger pour que personne ne se doute de rien, alors qu'Ivankov remarquerait inévitablement l'absence des deux tiers des habitants du château. Le dilemme était entier, et Kate ne savait quelle possibilité serait la meilleure, ni même s'ils auraient l'occasion d'en mettre une à exécution. La fin de l'année était encore loin et Merlin savait ce qui pouvait se passer entre-temps. Ivankov pouvait être défait, mais il pouvait tout aussi bien prendre la tête de l'Institut... Tu penses qu'on pourrait y arriver ? Pourraient-ils vraiment aider ces enfants, leur offrir un avenir correct et contrecarrer les plans de Andreï ? Kate n'osait trop espérer, mais elle ne pouvait s'empêcher d'y croire. S'ils échouaient, la déception serait amère, et pourtant...

CODE BY TIC TAC

Kate acquiesça d'un geste de la tête quand Philipp décida qu'il serait plus facile et discret de se procurer des copies des examens plutôt que d'envoyer les étudiants à Poudlard et Beauxbâtons. C'était ce qu'il y avait de plus logique et de plus facile à mettre en place. Mais encore fallait-il que les directrices acceptent de risquer des fuites en envoyant les documents par hibou, ou de se déplacer pour les leur remettre en mains propres... Pour Maddison, Kate n'avait aucun doute quant au fait qu'elle ferait ce qu'il faudrait pour ses étudiants. Tiphaine, par contre... Quand on savait qu'elle avait conduit Hacho à la mort pour protéger Derek qui séquestrait un de ses étudiants, on pouvait franchement douter de son sens des responsabilités. Oui c'est ce qui sera le plus facile, je pense. Et faire ça sous le nez de Ivankov sans qu'il s'en rende compte serait une plus belle victoire encore. Mais encore fallait-il qu'il ne voie rien et que eux arrivent à mettre tout ça en place. Ce serait de l'organisation et une question de discrétion, mais ils avaient du temps et ils étaient déterminés. Il n'y avait aucune raison pour qu'ils n'y arrivent pas. N'est-ce pas ?

Kate posa la question à Philipp, lui demanda s'il croyait qu'ils avaient leurs chances. Elle espéra qu'il lui dise que oui, qu'il soit assuré de leur réussite, mais lui aussi doutait. Et il souleva par la même occasion un point épineux. Les différences de programmes. Il était vrai que les trois écoles, bien que partenaires sur le papier, n'avaient jamais mis leurs programmes en commun et que des cours différents y étaient enseignés. C'est vrai... Il va falloir trouver une solution pour ça, on ne peut pas simplement leur accorder des points pour des examens qu'ils ne sauront pas passer. Ce serait injuste envers tous les autres, qui auraient à passer des examens supplémentaires par rapport à ces étrangers qui, certes, n'avaient rien demandés, mais ne devaient pas non plus être favorisés. Il fallait rester juste et droit, aider ceux qui le méritaient, mais pas au détriment des non lésés. Car ce n'était pas non plus de leur faute...

Kate garda son regard rivé sur la lettre pendant quelques secondes, puis le releva vers Philipp quand il annonça qu'il allait parler à Twarby. Elle ne pu s'empêcher d'émettre un son moqueur, peu convaincue. Tu penses qu'elle t'écoutera ? Visiblement Ivankov se l'est mise dans la poche, je ne suis pas sûre que tu arrives à la récupérer de notre côté. Cette femme était une incompétente vénale et aveuglée par le pouvoir et son propre fessier. De ce que Kate en savait, elle serait même capable de sacrifier sa propre fille si ça pouvait la sauver elle. Si elle savait quel était l'abruti qui lui avait offert le poste de Secrétaire ! Enfin, j'imagine que ça ne coûte rien d'essayer, mais j'ai peur que tu perdes ton temps. En plus, si elle est fidèle à Ivankov, tu prendrais le risque qu'elle courre dans ses jupes pour lui raconter votre conversation. Même si elle se doutait que Philipp se montrerait prudent, il y avait toujours le risque qu'il laisse échapper une information sur laquelle cette traîtresse se ferait un plaisir de sauter. Comme la discrétion était la clé maitresse de leur plan, il fallait éviter à tout prix ce genre d'incident plutôt que se jeter dedans à pieds joints.

CODE BY TIC TAC