Un retour à la vie civile étrangement agréable [PV Kate Blue] 

La nouvelle était arrivée quelques jours plus tôt aux oreilles de Kate par le biais de Sydney : Sylvie Karmon était de retour. Où était-elle partie toutes ces années, elle l'ignorait et, pour tout dire, elle ne s'était jamais réellement posé la question. Les deux femmes s'étaient connues à Poudlard, à l'époque où Kate n'était que dépression et auto-flagellation, se punissant des années durant pour la mort de sa mère et regardant sans réagir les gens la quitter l'un après l'autre. Quand elle avait quitté Poudlard, laissant derrière elle les jumeaux Karmon, Kate les avait rapidement rayés de sa vie, n'avait jamais repris contact avec eux et n'avait que rarement repensé à ces amis d'adolescence. Draka était celui dont elle avait le plus entendu parler, étant le défunt mari de Tiphaine et le père de son fils, mort plusieurs années plus tôt. Quant à Sylvie... Kate ne saurait même pas dire depuis combien de temps elle n'avait plus pensé à elle. Dix ans peut-être ? Plus, moins... c'était difficile à dire. Son retour à la civilisation avait réveillé en elle des souvenirs assez tièdes, mélanges de rires partagés et de la dépression qui pulsait constamment en arrière plan. Chaque émotion qu'elle ressentait à l'époque était ternie par la tristesse, la culpabilité, le manque et la colère. Mais aujourd'hui c'était différent.

Aujourd'hui, Kate avait pris contact avec Sylvie, par un coup de tête impulsif. Elle ne saurait trop l'expliquer, mais elle avait envie de revoir ce fantôme du passé, cette femme qui avait parfois essuyé ses larmes et souvent fait sourire. Même si Kate s'était sentie plus proche de Draka, maison commune oblige, elle appréciait Sylvie et, en ces temps sombres, avait ressenti le besoin de retrouver ce fragment d'un passé tout aussi obscur. Alors elle avait écrit une lettre à cette ancienne amie, lui proposant un rendez-vous dans Londres un vendredi soir. Elle ne savait pas trop de quoi elles parleraient, peut-être du passé, de l'absence de Sylvie, de Draka... Peut-être du présent, de la politique, des Pozhiratelis... Peut-être Kate trouverait-elle en Sylvie une nouvelle alliée pour lutter contre Ivankov, ou une ennemie marquée comme du bétail. Elle ne savait pas à quoi s'attendre et n'était sûre que d'une chose : cette conversation ne saurait être pire que celle qu'elle avait eue plus tôt dans la journée avec Philipp. Rien ne pourrait être pire que la perspective de voir des enfants dénués d'avenir simplement à cause de leur nationalité ou de leur sang.

Kate arriva à l'heure, emmitouflée dans un manteau qui recouvrait son pull en laine couleur crème. Le bar n'était pas très fréquenté, aussi repéra-t-elle rapidement une femme seule, qui guettait une arrivée. Un échange de sourire leur permis de se reconnaître, et Kate s'avança vers elle en époussetant la neige qui était tombée sur ses épaules. Bonsoir ! Tu n'as pas changé d'un pouce depuis Poudlard. S'asseyant à côté de Sylvie, Kate détailla le visage particulier de la femme. Si elle avait certes pris quelques années, ses traits étaient restés les mêmes, francs, carrés et typiques de la famille Karmon. Bien que n'aimant d'ordinaire pas boire d'alcool, elle commanda la même chose que son ancienne camarade. Ce soir, elle voulait penser à autre chose que les problèmes qu'elle portait sur les épaules. Ses étudiants, ses collègues, son fils, ses amis, plus rien ne comptait. Je suis contente que tu aies accepté de me voir, j'avais besoin de voir de nouvelles têtes. Enfin... tu me comprends. Kate en avait assez de ne croiser que des Pozhiratelis satisfaits, des étudiants terrorisés ou des alliés avec qui elle partageait des problèmes, des complots et des peurs. Elle avait besoin d'une personne avec qui elle parlerait de choses légères, avec qui elle pourrait oublier. Comment vas-tu ?

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Le commentaire de Sylvie par rapport à l'humeur de Kate la fit légèrement rire. On ne pouvait pas dire qu'elle était heureuse, ni même optimiste, mais elle en avait marre de la tristesse et de la détresse dans laquelle elle sombrait à fréquence régulière. Pour se battre, pour vaincre les Pozhiratelis, elle aurait besoin de force, de courage et de motivation. La dépression n'avait pas sa place dans un tel combat et, même si tout allait mal, elle avait une raison de sourire. Le petit Max était un rayon de soleil dans sa vie, une source de joie pure et une échappatoire aux douleurs de ce monde. Pour lui, elle irait chercher la lune ; sourire était un moindre effort pour assurer à cet enfant un avenir dans un monde en paix. Mieux vaut tard que jamais, comme on dit ! Plus sérieusement, je n'ai pas trop le choix, trop de monde compte sur moi. Son sourire se fit plus pincé quand elle mentionna à demi-mots ses étudiants. Ces enfants dépendaient d'elle, de ses choix, de ses combats. Si elle échouait à vaincre les Pozhiratelis, la plupart d'entre eux seraient privés d'avenir, car Kate se doutait qu'Ivankov ne s'arrêterait pas juste aux étrangers. Bientôt, il priverait de diplôme les élèves au sang-mêlé ; restait à savoir quand.

La bière de Kate arriva au moment où Sylvie lui disait que sa lettre lui avait fait plaisir. Levant sa chope aux amis du passé, elle pris une gorgée de cette boisson sucrée-amère, esquissant une grimace quand le breuvage coula dans sa gorge. Toujours aussi dégueulasse. Avec un rire ironique, elle repris une gorgée et posa sa chope sur le bar. Ca me fait plaisir, j'avais un peu peur que tu ne veuilles pas me voir, étant donné que je n'ai jamais pris de tes nouvelles après Poudlard. Elle lui fit une moue désolée, espérant que Sylvie comprenne que, dans l'état où elle était en obtenant son diplôme, entretenir ses relations n'avait pas été sa priorité. En quittant Poudlard, Kate avait ressenti le besoin de quitter le Royaume Uni et s'était exilée en Bulgarie, passant six années à bosser dans des boutiques et bars moldus, loin de ce monde sorcier qui lui rappelait tout ce qu'elle avait perdu. Elle n'avait gardé de lien avec personne, n'avait même en réalité par grand monde avec qui en garder.

Attentive, Kate écouta Sylvie lui raconter les défis de son retour à Poudlard et son arrivée dans sa famille. Belle-soeur de Tiphaine et tante de son fils, elle était, de l'opinion de Kate, plutôt gâtée ! Son regard se ferma une seconde quand elle repensa à la sirène, à la façon dont elle avait sacrifié Hacho pour sauver Derek et, avec une pointe de plaisir, à la gifle qu'elle lui avait collée sur la tombe de son frère. J'avais presque oublié que tu étais la belle-soeur de Retrac... Bon chance ! Ironique, elle ponctua sa phrase d'un rire sans joie. Sinon tu verras, on se fait vite au métier, je le sais d'expérience. Elle-même avait été embauchée sans aucune expérience, simplement parce que Durmstrang manquait de personnel et qu'elle était là, âme vagabonde en demande de travail. Oh moi, tu sais, l'après Poudlard a été aussi joyeux que le pendant ! Entre mes années de déprime, ma première tentative en tant qu'enseignante, ma fuite à la mort de mon amie et mon retour avec dix ans de moi, je n'ai pas vraiment eu le temps de m'ennuyer. Elle rit de sa vie compliquée et imaginant les rouages dans le cerveau de Sylvie qui devait tenter de comprendre sa réponse. Je pense que la nuit ne suffirait pas à te raconter toute mes aventures... Mais parles-moi de toi ! Où avais-tu disparu toutes ces années ? Si ce n'est pas top secret, bien sûr. Et même si ça l'était, Kate mourrait de savoir où la jeune femme avait passé cet exil et pourquoi elle était revenue sans raison apparente.

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Un rire jaune échappa à Kate quand Sylvie lui demanda comment elle aidait les autres. Aider n'était pas vraiment le terme qu'elle aurait employé, étant donné qu'elle échouait lamentablement à cette mission. Autour d'elle, les gens mourraient et souffraient, les étrangers n'auraient plus de diplôme... Elle avait beau essayer de toutes ses forces d'améliorer la situation, rien n'y faisait et les grands méchants finissaient toujours par gagner. Non, elle ne les aidait pas réellement, elle essayait tout juste de rester debout, de leur apporter un peu d'espoir et d'être présente quand ils avaient besoin d'elle. Pour faire court, disons que je suis devenue une bonne épaule sur laquelle pleurer et se confier. Un juste retour des choses, lui semblait-il, après avoir passé sa scolarité écossaise à pleurer sur les jupes de tout le monde. Enfin, parce qu'ils le voulaient bien ; Kate était déjà fière à l'époque et préférait être seule, ceux qui la voyaient pleurer étaient donc ceux qui s'inquiétaient pour elle, et ils étaient bien peu nombreux.

Kate haussa les épaules pour répondre à la question de Sylvie sur l'alcool. Elle n'avait jamais été attirée par ça, tenant particulièrement à ses neurones et à sa dignité. Danser sur les tables ou vomir sur les gens ne faisait vraiment pas partie de sa liste de choses à faire avant de mourir. Ce soir, pourtant, elle ferait exception ; elle en avait besoin. Quand Sylvie lui avoua avoir elle aussi coupé les ponts, Kate capta la similitude entre leurs vécus. Toutes les deux, elles avaient ressenti le besoin de s'éloigner, de se couper du monde. Je peux comprendre ça. Sauf que moi je ne laissais pas grand monde derrière. Nouveau rire amer. À part son père, presque personne ne lui avait manqué pendant son exil en Bulgarie. Elle avait certes repensé à quelques connaissances de Poudlard, mais pas au point de vouloir rentrer pour les saluer, encore moins pour renouer. À l'époque, elle pensait n'avoir besoin de personne dans sa vie, et regardez le résultat ! Alors qu'elle reprenait une gorgée de bière, Kate manqua de s'étouffer en entendant Sylvie qualifier Tiphaine de "pas méchante". Je crois qu'on ne connait pas la même facette de cette femme, toi et moi, dit-elle une fois que Sylvie eut finit sa réponse. Elle est responsable de la mort de deux amis à moi et couche avec l'assassin de mon frère. Autant dire que je ne la porte pas dans mon coeur, la sirène. En mentionnant Derek, le regard de Kate s'emplit de haine, comme chaque fois qu'elle repensait à ce monstre. Et l'imaginer en liberté, chef de la police et vivant tranquillement sa petite vie lui donnait envie de vomir.

Repoussant ces pensées qui pourraient la faire retomber dans sa folie, Kate répondit aux questions de Sylvie sur sa raison de se lever le matin et l'enseignement. Oui et oui. Il y a aujourd'hui un homme dans ma vie, que j'aime profondément et pour qui je pourrais décrocher la lune. Et niveau carrière je suis la directrice adjointe de Durmstrang, où j'enseigne la métamorphose depuis quelques années maintenant. Mes élèves sont ma priorité et ça me tue de ne pas pouvoir les protéger contre les Pozhiratelis. Restée vague sur l'identité de cet homme mystérieux - qui n'était autre que son fils, Maximilien - Kate se rendit compte qu'elle en avait peut-être trop dit par la suite. Rien ne lui garantissait que Sylvie ne soit pas pour la cause des Mangemorts et qu'elle aille ensuite tout répéter à Ivankov ou un de ses sbires. Légèrement inquiète, elle lui lança un regard en coin pour guetter sa réaction avant de lui demander de parler d'elle. Si la réponse de Sylvie commençait bien avec une carrière respectable et impressionnante, la fin arracha une moue désolée à Kate. Je suis désolée. C'est toujours difficile de perdre quelqu'un... Vous étiez proches ?

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Dire qu'elle avait dépassé ses problèmes passés était un grand mot. Kate avait plutôt appris à vivre avec, à s'en servir comme d'une force au lieu d'un frein qui la maintenant en arrière. Elle avait utilisé sa culpabilité pour devenir une meilleure personne et sa colère pour lutter contre ses démons. Sa tristesse était devenue la compassion qu'elle ressentait pour les autres. Grâce à ses expériences, elle était à l'écoute et savait voir la détresse dans les yeux des autres, qu'elle s'efforçait d'aider avec des conseils qu'elle-même n'avait jamais appliqués. Je l'espère aussi. Je fais de mon mieux, en tout cas et oui, ça me fait du bien. Même si elle avait l'impression de ne pas faire assez, de ne pas réussir à aider et sauver tout le monde. Tant de gens étaient morts tandis que d'autres étaient persécutés, enfermés ou pourchassés, forcés de vivre cachés. Elle pensait souvent aux nouveaux nés-moldus, à ces enfants assassinés avant même de pouvoir apprendre à vivre. Elle en avait sauvé un, le petit Max, mais ne pouvait rien pour les autres, ne pouvait les adopter tous. Une solution serait de travailler à l'orphelinat, mais cela signifiait quitter Durmstrang et les étudiants qui comptaient sur elle, ce qui n'était même pas envisageable. Je pense que j'ai ouvert les yeux quand je suis devenue l'adjointe de Durmstrang. J'ai du sacrifier beaucoup à cette époque et ça m'a aidé à relativiser pas mal de choses. Et puis, se retrouver à la tête d'une école m'a donné des responsabilités et ça m'a aidé à grandir un peu.

Kate hocha de nouveau la tête, comprenant parfaitement que, parfois on avait besoin de s'éloigner pour penser à soi. Être égoïste était parfois nécessaire pour ne pas sombrer, pour survivre à la pression constante de la vie, il fallait penser à soi. Mais bien sûr il fallait trouver un juste milieu et savoir être présent pour les autres quand ils en avaient besoin, ce n'était qu'une question de timing et de priorité. La réaction de Sylvie quand Kate lui parla de Derek la fit sursauter. Elle pensait qu'elle était au courant de la relation Retrac-Stark, mais visiblement non. Embarrassée d'être la messagère de cette nouvelle apparemment bouleversante, elle baissa les yeux et la voix. Je suis désolée, je pensais que tu savais. Enfin, il parait que c'est fini entre eux mais ça ne change rien au fait qu'ils étaient ensemble quand Stark a... tué mon frère. Kate ne finit pas sa phrase, toujours incapable de prononcer ces mots trop souvent. La mort de Beau avait été pour elle l'apothéose de la souffrance, la goutte d'eau qui avait fait déborder l'océan. Même après plusieurs mois, elle ne s'en était pas totalement remise, et la douleur restait toujours présente en arrière-plan, pulsation constante derrière ses sourires souvent factices.

La réponse de Sylvie rassura Kate quant à son opinion concernant les Pozhiratelis. Visiblement, elle non plus ne les portait pas dans son coeur et, mieux, semblait elle aussi les haïr. Il faut bien que quelqu'un veille sur les élèves. Philipp et moi faisons notre possible pour contrer les plans des vrais méchants, mais ils ont toujours une longueur d'avance sur nous. Kate se doutait que Sylvie connaissait Philipp et, comme tout le monde, le prenait pour le véritable ennemi, mais elle décida de ne pas se justifier tout de suite. Se lancer dans de telles explications était risqué, surtout au milieu d'un bar rempli d'inconnus. Et non, je ne suis absolument pas pour les Pozhiratelis, je dois juste me tenir à carreau à Durmstrang pour ne pas me faire enfermer. Pour oublier tout ça, Kate reprit une gorgée de bière, s'habituant peu à peu au goût amer de la boisson. La révélation de Sylvie fit ensuite un électrochoc à Kate. Draka. C'était Draka qu'elle venait de perdre, son frère disparu depuis plusieurs années et dont les restes avaient étés retrouvés plus tard. Je suis désolée, je sais ce qu'on ressent dans ces moments-là. Mon frère n'avait que quinze ans quand Stark l'a... C'était de ma faute, il a fait ça pour me punir et je n'ai pas pu l'en empêcher. Je suis arrivée trop tard. Kate vida le reste de son verre d'une traite et, d'un geste commanda la même chose au serveur.

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Kate hocha la tête avec reconnaissance quand Sylvie confirma qu'elle avait effectivement changé depuis Poudlard. Même si elle le savait déjà, entendre que quelqu'un l'avait remarqué lui fit du bien, elle qui se faisait toujours traiter de lâche par certaines personnes... et qui se considérait toujours elle-même comme tel. Elle s'efforçait de changer, de penser aux autres avant de penser à elle, mais c'était parfois trop dur, surtout maintenant qu'un enfant dépendait d'elle. Alors elle faisait de son mieux, commettait des erreurs ou atteignait des victoires inattendues. Et ça lui suffisait. Un rire lui échappa suite au commentaire de Sylvie. Effectivement, Kate n'avait pas pris la grosse tête en récupérant son âge et, par la même occasion, des responsabilités. Pourtant, vu l'adolescente qu'elle était redevenue, ça n'aurait pas été étonnant... Merci Merlin ! Avec les phénomènes qu'on a déjà à Durmstrang, il n'aurait manqué que ça ! Elle aurait fait la paire avec Ivankov... Lui qui voulait tuer tout le monde et elle qui n'aurait voulu que du pouvoir. Pauvre Philipp, il n'aurait pas tenu trois mois avec pareils collègues...

Face à la menace de mort de Sylvie envers Stark, Kate leva une main d'interdiction. Pas touche, j'ai mis une option sur sa tête. Si quelqu'un doit tuer cet homme, ce sera moi. Pas Sylvie, pas Ivankov, pas Philipp, pas même un autre ennemi sorti de nulle part. Elle serait celle qui regarderait la vie s'échapper des yeux de cette ordure, et personne d'autre. Par respect pour Beau, pour honorer sa mémoire, venger son nom et pour satisfaire sa soif de justice. Lui mort, elle retrouverait la paix et peut-être que cette folie menaçant au bord de sa conscience disparaîtrait enfin pour de bon. M'en parles pas ! souffla-t-elle après que Sylvie ait à nouveau critiqué les Pozhirateli. Elle lui répondit ensuite à propos de Philipp : Philipp est effectivement le directeur de Durmstrang. Officiellement, il est également le chef des Pozhiratelis mais ne le juge pas trop vite : il a été manipulé et n'a jamais rien voulu de tout ça. Il était aveuglé par sa vendetta envers Retrac et son bras droit, Ivankov, s'est servit de ça pour monter toute cette belle histoire. Je connais bien Philipp et c'est quelqu'un de bien qui a juste eu le malheur de faire des erreurs et de se fier aux mauvaises personnes. Mais qui pouvait se vanter de ne s'être jamais trompé ? Pas Kate, en tout cas...

La mise en garde de Sylvie, bien qu'inutile, fit sourire Kate. Que quelqu'un se soucie d'elle avait été si rare pendant une époque que, aujourd'hui, ça lui faisait toujours bizarre qu'on l'incite à la prudence. C'est promis. Et crois-moi, si je n'étais pas prudente, je serais morte depuis bien longtemps. Rassurant ? Non, ce n'était pas le but. Ca lui avait échappé, comme si l'alcool lui dénouait la langue, elle qui était si peu habituée à en boire que une seule bière la rendait aussi bavarde qu'un livre ouvert. Le discours de Sylvie eut ensuite pour effet de faire lever sa nouvelle bière à Kate. Bien dit ! À partir de maintenant, on ne parle que de choses heureuses ! Et la première qui verse une larme paye les consommations de l'autre. Après avoir trinqué avec son amie, Kate chercha activement un sujet de conversation plus joyeux. Que fais-tu pour Noël ? Cette période de l'année était toujours heureuse. On recevait des cadeaux, on en faisait et on partageait un bon repas autour d'une table chargée. Kate ne savait pas encore ce qu'elle ferait ce jour-là, si elle proposerait à Sydney de se retrouver ou si elle ferait quelque chose de plus intime, juste elle et Max. Et peut-être Pietro, étant le cousin de Max, il avait le droit de fêter Noël avec eux.

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À nouveau, Kate ne pu qu'acquiescer les propos de Sylvie. La différence entre leur époque et l'actuelle était frappante, entre leur scolarité tranquille et celle, désastreuse, des étudiants d'aujourd'hui. Quand elle était à Poudlard, aucun de ses amis n'était mort, personne n'était massacré et les Mangemorts se tenaient à carreaux, probablement bridés par Tiphaine. Parce qu'il fallait lui laisser ça : la Retrac tenait un minimum à ses étudiants et ne laissait pas ses hommes y toucher... du moins pas avant qu'ils aient passé leur diplôme et ne soient plus de sa responsabilité. Je l'espère aussi... Grandir dans de telles conditions n'est bon pour personne. Les étudiants d'aujourd'hui avaient deux destins possibles : devenir aussi mauvais que leurs détracteurs ou, au contraire, vivre constamment dans la peur de l'autre et de l'inconnu. Certaines exceptions pourraient avoir une vie normale, loin de tout ça, mais Kate n'avait pas grand espoir. Tout ça était trop marquant que pour qu'ils grandissent sans garder de séquelles. Et c'était tellement frustrant de ne pouvoir les épargner et leur laisser l'insouciance et l'innocence de la jeunesse.

Le fait que Sylvie demande des photos du cadavre de Stark surprit Kate, l'écoeura un peu, mais lui arracha un sourire d'anticipation. Oui, le jour où elle aurait enfin réglé son compte à cette ordure, elle immortaliserait l'instant en prenant des photos et peut-être en ramenant un morceau de son corps en souvenir. La tête serait pour Retrac bien sûr, envoyée dans une jolie boîte avec un ruban rose autour. Deal. Même si cela voulait dire que Kate devrait s'acheter un de ces appareils moldus pour prendre ces clichés, elle n'oublierait pas cette promesse. Elle se ferait même une joie de la respecter. Le résumé de Sylvie par rapport à la situation politique étant tout à fait correct, Kate hocha la tête. C'est ça. Mais le seul grand méchant est à Durmstrang ; Stark n'est pour moi qu'un obstacle à ma propre paix et Retrac... Bah, elle est comme elle est. Actuellement tout ce que je lui reproche c'est son inaction et son aveuglement sentimental. Sincèrement, pour protéger et couvrir un assassin d'enfant, il fallait être sacrément aveugle, amoureuse ou idiote, non ? Ou les trois à la fois ; ce que, de l'avis de Kate, Retrac était définitivement. Mais bon, elle n'était pas une menace pour l'instant, voire peut-être même une alliée, alors elle n'irait pas déclencher une nouvelle guerre juste pour le plaisir de faire justice pour ses victimes.

Quand Kate parla de Noël pour détendre l'atmosphère, elle vit sur le visage de Sylvie qu'elle n'avait pas de plan avant même qu'elle lui réponde. C'était compréhensible car, comme elle le disait, elle venait à peine de revenir et ne connaissait plus trop de monde dans les parages ; pas assez du moins que pour vouloir passer ce jour sacré en leur compagnie. Et bien je serai avec cet homme dont je t'ai parlé tout à l'heure, et... peut-être que j'irai voir mon père, je verrai bien si c'est raisonnable de le mettre en danger simplement pour une fête symbolique. Kate avait repensé à son père en parlant, lui qu'elle n'avait plus vu depuis plusieurs mois pour sa sécurité. Elle ne voulait pas que les Pozhirateli se servent de lui pour la manipuler comme ils se servaient de la mère de Philipp pour faire de lui leur marionette impassible. Son père, un moldu, ne méritait pas d'être puni ou torturé à cause d'elle, surtout après toutes les souffrances et les deuils par lesquels il avait du passer par sa faute. D'abord sa mère, ensuite sa jumelle et maintenant son cadet... Tous morts par sa faute, si pas de sa propre main. Si elle venait à le perdre lui aussi, Kate ne s'en remettrait pas. Mais, d'un autre côté, ne méritait-il pas de connaître son petit fils ?

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Même si Kate voulait être de ceux qui agissaient au lieu de subir la situation, elle ne le pouvait pas. Agir, faire quelque chose pour arrêter ça, c'était risquer de se faire enfermer et de ne plus pouvoir rien faire. Elle préférait se contenter de petites choses, d'un soutien moral pour ses étudiants et de réfléchir à un vrai plan avec Philipp plutôt que de se précipiter et de se faire prendre. Il fallait que tout soit prêt, qu'ils aient des plans de toutes les lettres de l'alphabet pour pouvoir passer à l'action. Et ce ne serait pas pour tout de suite. Malheureusement ce n'est pas si simple. Si je le pouvais, j'irais dans le bureau de cette ordure et je le tuerais aussitôt, mais Philipp est persuadé qu'il a assuré ses arrières et que l'éliminer ne changerait rien. Il faut qu'on soit patients... et quand le jour viendra de se battre, on les mettra tous à terre. Attaquer un grand coup et tous les faire tomber, voilà l'ambition de Kate. Elle ne voulait pas faire des petites tentatives et leur laisser le temps de se relever à chaque fois, leur montrer qu'ils étaient là et risquer qu'ils augmentent encore leurs défenses. Il fallait arriver par surprise et couper toutes les têtes de l'hydre qu'étaient les Pozhiratelis.

L'avertissement de Sylvie par rapport à Stark arracha un rire jaune à Kate. Qu'il était vicieux et fourbe, elle le savait mieux que personne. Qu'il était dangereux, elle l'avait vite compris. Qu'il ait le sang rouge, elle le saura bientôt. Il a tué mon frère, que peut-il me faire de pire ? Ne t'en fais pas pour moi, je sais à quoi je me frotte. Elle se mentait à elle-même, pourtant. Stark pouvait faire bien pire : s'en prendre à Max ou à n'importe quelle personne à qui elle tienne. Il pourrait tenter de l'atteindre au travers de ses amis, de ses étudiants, de ses collègues... Même un inconnu suffirait à lui faire retenir ses coups. Son empathie la rendait faible, et il le savait. C'est pour ça qu'elle devait attaquer en premier. L'excuse que Sylvie tenta de trouver à Tiphaine fit hausser les sourcils à Kate. Est-ce qu'elle savait de qui elle parlait ? Retrac n'était pas devenue le monstre qu'elle était après la disparition de Draka : elle était comme ça bien avant. Arrête, elle est née comme ça. Perdre son mari n'a certes rien arrangé mais ça n'a certainement pas été l'élément déclencheur. Et quand tu vois son père, ça se comprend facilement. Car avoir été élevée par une pourriture comme Malo n'a certainement pas été une partie de plaisir. C'est même peut-être à cause de lui qu'elle est devenue ce qu'elle est : une femme égoïste, un assassin, une pure garce qui préfère envoyer des gens à la mort en restant planquée derrière ses murs.

Pour une fois, Kate n'était pas d'accord avec Sylvie. Cette dernière suggérait de profiter des vacances pour penser politique et plan d'action, mais Kate pensait tout le contraire. Les fêtes de fin d'année étaient un moment de repos, et elle comptait en profiter pour se changer les idées. Elle se doutait bien que Ivankov ne s'arrêterait pas pendant deux semaines, mais elle avait besoin d'une pause. Philipp aussi, et tous ses alliés. Il le méritaient. Elle, elle rentrerait en France avec son fils sous le bras, profiterait de son père et vivrait loin de tout ça pendant quatorze jours. Loin de la magie, loin de la peur, loin de ces monstres. Tu ne penses pas que ça te ferait du bien, justement ? Un moment avec ta nouvelle famille, une parenthèse dans cette guerre froide ? Une illusion, certes, mais une pause pour recharger ses batteries, un brin de calme et de bonheur pour revenir plus forts encore. Ils avaient toute l'année pour établir des plans, recruter des gens et se battre, ils pouvaient bien s'arrêter une minute pour fêter Noël, non ?

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La seconde partie de la réponse de Sylvie par rapport à la guerre à venir fut celle qui parla le plus à Kate. L'après-guerre, préparer le terrain, commencer à ouvrir les yeux aux gens avant d'obtenir la victoire... c'était pas con. Kate n'y avait pas vraiment réfléchit, se contentant de voir les obstacles les plus évidents sans chercher à préparer le terrain, comme le disait très justement Sylvie. C'est que t'as des idées pas connes, toi ! Faudra que je te consulte plus souvent. Elle rit un peu, puis ajouta : Plus sérieusement, je suis contente que tu sois de retour, tu vas nous être d'une grande aide je pense. Bien entendu, Kate n'était pas heureuse du retour de Sylvie que pour ça ; revoir une vieille amie et discuter du bon vieux temps était aussi bon pour son moral. Disons que sa logique militaire et ses idées étaient un plus non négligeable. Hé ! Une pichenette sur son front effaça le sourire qu'elle avait conservé sur son visage. Il fut suivi d'une remontrance sur le fait qu'elle devait vivre et programmer sa mort autrement.

Sauf que Kate n'avait jamais dit qu'elle prévoyait de mourir des mains de Stark ! C'était bien tout le contraire qu'elle envisageait : lui, agonisant à ses pieds et elle enfin en paix. Et il était clair que son frère ne voudrait pas qu'elle tue pour lui, mais Kate sentait qu'il fallait qu'elle le fasse. Laisser cet assassin en liberté, sans que personne ne lui reproche ses actes, c'était impossible pour elle. Et l'envoyer à Azkaban ne suffirait pas : Tiphaine ferait en sorte de le libérer après deux minutes. Non, il fallait qu'il paie. Il devait mourir. Qui a parlé de mission suicide ? Je vais juste le tuer et rentrer chez moi avec, au pire, une égratignure. Allez, peut-être un ou deux hématomes en plus. Bon. Clairement, le jour où elle s'attaquera à Stark, à moins de l'avoir par surprise du premier coup, elle ne rentrera pas aussi fraîche que ce qu'elle venait de décrire. Il ne fallait pas oublier qu'il était le directeur de la Police doublé d'un assassin professionnel. Et qu'il était en couple avec une Sirène immortelle... En parlant d'elle, Sylvie admit qu'elle ne tolérait Retrac qu'à cause de son frère. Même si Kate comprenait, elle ne trouvait pas que la raison était suffisante pour accepter de côtoyer une telle personne. Mais il fallait aussi avouer qu'elle avait des motifs plus sérieux pour la haïr que Sylvie, la mort de Hacho étant en tête de liste.

Kate se pencha un peu pour voir le bracelet que Sylvie venait de faire apparaître à son poignet. Un cadeau de Draka, visiblement, associé à la promesse de veiller sur Tiphaine et deux autres personnes. Tu sais, je pense que si Draka avait vu tout ce qu'elle a fait depuis qu'il est parti, il aurait changé d'avis sur elle. Il était quelqu'un de bien et l'amour l'a rendu aveugle. Il aurait bien fini par ouvrir les yeux un jour. C'était une évidence : il aurait fini par voir qui elle était vraiment derrière le masque de l'amour. Et aurait-il pu continuer à l'aimer ? Kate espérait que non, mais elle savait que les sentiments pouvaient nous faire oublier tout sens de la morale... Enfin, maintenant la sirène s'était trouvé un homme à son image et les deux s'accordaient à la perfection. Sylvie lui parla ensuite du dîner de Noël auquel Retrac l'avait conviée. Une bonne soirée en perspective ! Kate lâcha un rire bref avant de se reprendre. Désolée, je ne devrais pas rire. J'essaie juste d'imaginer un repas normal avec elle sans que ça finisse en massacre. Je te proposerais bien de t'accompagner mais je ne pense pas que ça soit une bonne idée que je me retrouve dans la même pièce qu'elle. Plaçant une main devant sa bouche pour se retenir de rire, Kate essaya d'afficher une moue compatissante, en vain.

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Kate sourit à la répartie de Sylvie. C'était vrai, elle était Gryffondor, mais ce n'était pas un défaut aux yeux de Kate, ni même un synonyme d'idiotie. Il y avait eu des sorciers très intelligents dans chaque maison, et quelques abrutis à Serdaigle. Tu sais que ce n'est pas ce que je voulais dire. Il fut un temps, peut-être, où Kate avait été emplie de préjugés sur les maisons, que ce fusse lors de sa scolarité anglaise ou bulgare, mais tout ça lui avait passé. Serpentards non compris, bien sûr, elle voyait du bon dans toutes les maisons de Poudlard et Durmstrang, et des défauts chez chacun d'eux. Il avait juste fallu qu'elle soit pleinement adulte pour acquérir la maturité nécessaire à cette ouverture d'esprit... La proposition de Sylvie lui fit hocher la tête avec gratitude. Je n'y manquerai pas, merci. Avoir une nouvelle amie, une oreille attentive, une alliée, c'était un luxe que Kate ne pensait plus avoir par les temps qui courraient. Elle avait Sydney, bien sûr, Pietro et même Philipp, mais elle ne pensait pas rajouter un nom à sa liste d'amis avant un moment. Elle en était heureuse, soulagée de voir que la vie continuait malgré tout.

Une nouvelle fois, Sylvie somma Kate à la prudence concernant Derek. Bien sûr, elle ne prévoyait pas de débarquer chez lui sans aucun plan ni aucune mesure de sécurité. Elle était douée, mais il était le Chef de la Police et faisait des duels bien plus souvent qu'elle. Elle n'était pas suicidaire. Je te promets que je serai prudente. Elle regarda Sylvie droit dans les yeux pour lui faire cette promesse afin qu'elle voie sa sincérité. De toute façon, Kate était un livre ouvert, elle ne savait pas masquer ses émotions, même quand elle essayait de toutes ses forces. Elle avait réussi face à Ivankov pendant un moment, et puis il avait mentionné les DURMS et Stark, et sa carapace s'était effondrée comme un chateau de cartes. Tu veux une promesse du petit doigt ? Un Serment Inviolable ? Je pourrai promettre, jurer et cracher, mais ça ne serait pas très élégant. Elle rit à cette dernière proposition prisée des enfants, imaginant la tête des clients si elle se mettait à cracher au milieu du bar. Ils la croiraient totalement ivre, c'était certain.

Quand elles arrivèrent au sujet de Draka, Kate fit la moue en entendant les suppositions de Sylvie. Selon elle, il aimait tellement Retrac et leur fils qu'il n'aurait jamais ouvert les yeux sur qui elle était réellement. Du véritable gâchis... Il était quelqu'un de bien, et il se serait laissé pourrir de l'intérieur par la sirène si il avait survécu. À moins qu'elle n'aurait fini par le quitter pour l'assassin qui avait partagé son lit avant qu'elle ne soit enfermée à Azkaban ? Ses dernières phrases firent rire Kate, qui leva son verre pour trinquer. Amen ! Elle bu quelques gorgées de sa bière puis la reposa sur le comptoir. Je suis d'accord avec toi, ça n'apporte que des problèmes. Elle ne réalisa qu'après l'ampleur de ce qu'elle venait de dire. Elle avait sous-entendu plus tôt qu'elle était en couple avec quelqu'un et voilà qu'elle approuvait le fait de rester célibataire. Elle pria intérieurement pour que Sylvie ne relève pas, n'ayant pas envie de devoir lui mentir alors qu'elles venaient de se retrouver. Puis elles parlèrent de Noël et Kate comprit dans les mots de Sylvie que Stark serait présent à la petite sauterie organisée par Retrac. Ainsi ils étaient de nouveau ensemble ? Stark sera là ? Je passerais bien lui faire un coucou, tiens... Non, bien sûr, elle n'en ferait rien, mais ne pouvait-elle fantasmer un peu ?

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Soulagée de ne pas avoir à cracher sur le parquet ni à faire un Serment Inviolable avec Sylvie, Kate rit avec elle. En effet, sa vie était "précieuse", mais elle serait prête à se sacrifier à n'importe quel moment si ça lui permettait de sauver des innocents. Elle l'aurait même déjà fait pour Beau si elle était arrivée à temps, le ferait sans hésiter pour Max. Le ferait même pour n'importe qui, tant qu'elle pouvait sauver quelqu'un, laver ses crimes et ne plus avoir de nouveau sang sur ses mains déjà bien tachées. Et comment pourrais-je dissiper ce malheureux pourcentage de doute ? Elle haussa un sourcil, curieuse de savoir comment elle pourrait réellement rassurer son amie. Elle ne voyait pas quoi faire ou dire de plus, et n'était même pas certaine de vouloir lui prouver quoi que ce soit. Elles étaient amies, oui, mais Kate ne rendait de comptes à personne et, si elle voulait faire une bêtise, ce serait son problème, sa décision.

Merde. La remarque de Kate n'était pas passée inaperçue et Sylvie ne s'était pas dit qu'il fallait faire comme si elle n'avait rien entendu. Okay. Que faire ? Esquiver en se plongeant dans le mensonge ou la jouer franco en disant qu'elle ne voulait pas en parler ? La première solution risquait de traîner en longueur si Sylvie insistait, mais la seconde risquait de la vexer... Car ce n'était pas un manque de confiance de la part de Kate, mais elle préférait ne pas partager son secret avec trop de monde. Étant elle-même légilimens, elle savait que les risques que les esprits de ses confidents soient passés en revue n'était pas négligeable. Okay, tu m'as grillée. Je ne suis pas en couple. Mais ne me pose pas de question, je t'en prie. Que trop de gens connaissent mon secret serait dangereux. Pour eux, pour elle, mais surtout pour Max. Si jamais son existence arrivait aux oreilles des Pozhiratelis, d'Ivankov lui-même, elle ne savait pas si elle serait capable de sauver son fils. Ce monstre ne prendrait aucun risque et lui enverrait plusieurs hommes, plus que ce qu'elle pourrait gérer, et Max serait... Non, il y avait déjà trop de monde dans la confidence. Pietro et Sydney, bien sûr, et puis Philipp par accident. Il ne devait pas y en avoir plus.

Quand Kate proposa - en riant à moitié - de se taper l'incruste à Noël pour "saluer" Stark, Sylvie argua que c'était une mauvaise idée, et Kate était d'accord avec elle. C'était Noël. Il y aurait le fils de Retrac, peut-être d'autres enfants. Sydney et Eliott y seraient peut-être aussi, vu que la sirène était la marraine du petit. Elle ne pouvait pas leur gâcher les fêtes, traumatiser les enfants et passer pour le monstre alors qu'elle n'était qu'une guerrière vengeresse. Oh mais tu as intérêt à tout me raconter ! Je te suggère même de tenir un journal pendant la soirée pour n'oublier aucun détail. Ne plaisantant qu'à moitié - elle voulait réellement un compte rendu avec présentation orale de trente minutes au moins - elle vida sa seconde chope et appela le serveur d'un geste de la main. J'arrive pas à oublier mes problèmes, vous avez quelque chose de plus fort ? Du whisky ? Elle se retint d'ajouter "pur feu", se rappelant à l'ultime seconde qu'elle était dans un bar moldu. Elle qui n'avait été ivre que de rares fois dans sa vie était décidée à noyer ses problèmes dans l'alcool. Au pire elle se ferait une potion le lendemain matin et, contrairement aux moldus, elle ne prenait pas le volant pour rentrer...

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Ah. Kate comprenait mieux. Sylvie gardait toujours une marge de doute pour prévoir l'imprévisible et préparer des plans de secours. Pas con. Intelligent même. Kate nota cette stratégie dans un coin de son esprit, se promettant de la réutiliser quand elle en aurait besoin. Son amie lui redemanda une énième fois d'être prudente, ajoutant qu'elle devait prévoir des solutions alternatives pour parer à toutes éventualités. Je le ferai. Elle lui sourit pour conclure le chapitre et faire une boulette et parlant célibat. Sylvie accepta dene pas poser de questions... juste avant d'en poser une. Kate garda le silebce un moment. Elle ne voulait pas parler de ça, refusait de se laisser aller à la confiance et de prendre des risques inutiles. Elle avait déjà trop perdu, elle ne pouvait le perdre lui aussi, quitte à froisser son amie en la laissant dans l'ignorance. De ce qu'elle en savait, Pietro avait été capable de tenir sa langue alors même qu'il connaissait la véritable mère de Max, alors elle devrait être capable de ne rien dire, non ? Et pourtant elle avait l'impression que quoi qu'elle dise, Sylvie comprendrait le sens caché de ses paroles.

Passant ses mains sur son visage pour garder les idées claires, Kate finit par se tourner vers Sylvie. Je suis désolée, j'en ai déjà trop dit. Est-ce que tu peux juste me faire confiance sur le fait que je ne peux pas t'en parler, même si je le voudrais ? Elle espéra que Sylvie lâcherait l'affaire, détestant les mensonges et les cachotteries en amitié. Mais elle n'était pas la seule concernée et elle ne pouvait pas prendre cette responsabilité. Le dire à Sydney était une nécessité, pour couvrir ses arrières s'il lui arrivait quelque chose et offrir un avenir à Max. En parler à Philipp avait été suite à un accident, une erreur qu'elle n'avait plus jamais commise. Elle avait été prudente et personne d'autre ne s'était jamais douté de rien. Il fallait que ça continue ainsi, que le moins de monde possible soit au courant. Sérieusement c'est une histoire de vie ou de mort. Kate espéra cette fois que Sylvie lâcherait l'affaire et lui ferait assez confiance que pour la laisser gérer cette histoire.

Amusée, Kate sourit quand Sylvie lui assura qu'elle lui ferait un compte rendu de la soirée de Noël avec la famille Retrac. Ça risquait d'être amusant, aussi Kate nota-t-elle qu'elle devarit prévoir du pop corn pour leur prochaine rencontre. C'est gentil, merci. Je pense que ça pourra être divertissant. Entendre parler de ce qu'il se passait entre Retrac et Stark, apprendre des infos à leurs sujets et peut-être trouver une faille dans la sécurité du grand chef de la Police, voilà ce que Kate espérait. Elle commanda un whisky pour tenter d'engourdir ses pensées et lança un regard complice à Sylvie quand elle la suivit. Quand son verre atterrit devant elle, elle en prit une gorgée avant de grimacer légèrement. C'était plus fort que la bière, sans aucun doute. C'est pas dans mes habitudes, hein, mais je pense que j'en ai bien besoin ce soir. Nous avons appris une très mauvaise nouvelle aujourd'hui à Durmstrang et... Je n'ai pas le courage de faire face ce soir. Se soûler n'arrangerait évidemment pas les choses, mais au moins peut-être que Kate serait tellement sonnée qu'elle s'endormirait à peine la tête posée sur l'oreiller plutôt que de passer la nuit à ressasser.

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Merci Merlin ! Sylvie accepta de ne pas insister, arrachant à Kate un soupir de soulagement. Une bonne chose de réglée. Elle hocha la tête, confirmant qu'elle savait qu'elle pouvait compter sur elle. Je te promets que, quand tout ça sera terminé, je te raconterai tout. Elle lui présenterait Maximilien, lui expliquerait ses origines et pourquoi il était nécessaire qu'elle n'en pas à personne. Elle espéra que Sylvie comprendrait, qu'elle ne lui en voudrait pas de lui avoir caché quelque chose d'aussi important. Vu le caractère que son amie lui montrait, Kate avait bon espoir qu'elle le lui reproche rien, mais on ne savait jamais ! Il fallait toujours se méfier des apparences, disait-on. La grimace après sa gorgée de whisky n'échappa pas à Sylvie, qui lui glissa son portable pour que Kate écrive son adresse. J'habite à Durmstrang, je pense que tu auras du mal à m'y conduire. Riant, Kate tapa tout de même son adresse personnelle pour quand Sylvie voudrait la joindre pendant des vacances scolaires.

Après quelques secondes d'un silence réconfortant, Kate grimaça face à la question de Sylvie. Ce qu'il y avait de si grave pour qu'elle se noie ainsi dans l'alcool ? Ah, par où commencer ? Lui demander ce qu'il y avait de positif dans sa vie actuellement serait plus rapide. La liste était bien plus courte. Et plus exhaustive aussi, car seul Max embellissait sa vie tous les jours avec ses sourires et ses câlins. Mais Kate ne pouvait évidemment pas parler de cela, alors elle aborda le sujet qui la tracassait depuis ce matin. C'est Ivankov - le vrai méchant, tu te rappelles ? Eh bien il a réussi, on ne sait trop comment, à obtenir un arrêté officiel pour que nos étudiants étrangers ne puissent plus passer leurs DURMS. En gros, plus d'examens, plus de diplômes, plus d'avenir, plus de vie. Et ce, pour le tiers de leurs étudiants, étant donné que les nouvelles lois imposaient que les seconds enfants de chaque famille vienne étudier à Durmstrang. Des dizaines d'enfants privés d'avenir simplement à cause de la cupidité d'un homme. C'était écoeurant.

Kate prit une seconde gorgée de whisky et secoua la tête, découragée.Philipp a peut-être trouvé une solution, mais il faut que nous contactions Poudlard et Beauxbâtons pour voir si c'est faisable. Kate avait d'ailleurs écrit une lettre à Retrac juste avant de quitter l'Institut pour lui demander si elle accepterait de les aider à faire passer les ASPICS aux étudiants anglais. Le hibou avec la réponse n'arriverait pas avant le lendemain, et Kate n'était pas sûre de pouvoir attendre jusque là sans rien laisser paraître à l'Institut. C'était pour ça qu'elle avait été ravie que son rendez-vous avec Sylvie tombe ce soir, ça lui donnait une excuse pour être loin d'Ivankov et des Pozhiratelis, pour résister à la tentation de frapper à la porte de Philipp toutes les cinq minutes pour savoir s'il avait des nouvelles de Beauxbâtons. Autant te dire que l'attente n'est pas mon fort et ça me rend folle de ne pas pouvoir garantir un avenir à ces enfants. Oui, ça la rendait folle, au point de vouloir se souler la gueule pour oublier, au point d'envisager de marchander avec Ivankov, de lui offrir sa vie en échange de l'avenir de dizaines de gamins qui n'avaient rien demandé. Mais elle ne pouvait pas. Car avec elle en moins sur l'échiquier, il trouverait un autre moyen de détruire la vie de tous ceux qui l'entouraient.

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