Le Rendez-vous des Adjoins ~ feat Paul 

Septembre avait été riche en rencontres. Pour une rentrée elle avait été plus que mouvementée. Depuis le temps que je tenais ce poste, j’étais habitué à cela. Qui disait nouveaux élèves disait nouvelles problématiques. Avec les vagues de terreurs qui étaient passées par là, les difficultés étaient plus importantes. J’avais compté sur Octobre pour souffler un peu. Malheureusement le mois d’Halloween avait eu son lot de surprises. Maisons hantées et bonbons ensorcelés. J’avais eu du travail car certains de nos élèves étaient concernés. Novembre n’avait pas été beaucoup plus calme. Pour moi en tout cas. Une fois le train-train de l’école retrouvé et les soucis d’Halloween réglés j’avais eu plus de temps pour me pencher sur les dossiers qui m’intéressait. J’avais commencé par le plus urgent mais rapidement l’histoire d’une élève m’avait rattrapé. Eowyn Beaumont et sa famille spéciale. Je n’avais pas beaucoup creusé pour comprendre que les Beaumont n’étaient pas les parents biologiques de mon élève, ni même de ses frères. Une fois ce fait établi j’avais vite trouvé les liens de cette famille avec les Pozhiratelis. Visiblement ils n’adoptaient pas n’importe quel enfant.

La grosse surprise m’était apparue à la fin du mois de Novembre. Je connaissais la mère biologique d’Eowyn. Cela avait été une grosse surprise. Ancienne collègue et membre de la Rébellion, j’avais su qu’elle et son mari avaient disparu sans m’inquiéter de ce qu’était advenue leur fille. La petite avait à peine cinq ans lorsque j’avais quitté le Ministère pour Beauxbâtons. Je ne l’avais jamais aperçue ou peut-être simplement en photo. J’avais semble-t-il oublié son existence. Sans de longues recherches je n’aurais jamais pu faire le lien. Eowyn Beaumont la fille d’Arya Derry.

L’affaire n’était pourtant pas résolue. Un autre mystère plané autour de cette jeune fille. L’intérêt qu’elle suscitait auprès de la nouvelle ministre adjointe. Je ne connaissais pas cette femme. J’étais certain de n’avoir jamais travaillé avec elle. Sans l’avoir rencontré je l’avais aperçu à deux reprises au Palais. Une fois après un rendez-vous dans le bureau de Maddy, une autre fois auprès d’Eowyn. Je n’avais pas encore eu l’occasion d’aborder ce sujet avec ma collègue mais il était évident que les deux évènements étaient liés. Après une semaine de réflexion j’avais finalement décidé de prendre directement rendez-vous avec Aleksandra Alinkov. Prétextant une affaire concernant l’école j’avais rapidement obtenu une entrevue.

Premier lundi de ce mois de Décembre. Je n’avais pas cours le matin cet espace étant généralement dédié à Maddison. Je me rendis à Paris en transplanant. Je connaissais le Ministère comme ma poche. Il n’avait pas bougé d’un pouce depuis mon départ il y a sept ans. Je trouvais donc sans mal le chemin du bureau de l’adjointe. Je passai devant la secrétaire qui me reconnut et me salua. Je n’avais pas besoin de préciser la raison de ma venue pour qu’elle me laisse toquer moi-même à la porte du bureau. Une voix essoufflée m’invita à rentrer. Derrière la porte j’entendais un rythme cardiaque rapide. Je n’avais pas souvenir que travailler ici était aussi sportif.


Je hoche la tête pour la remercier et m’installe en face d’elle, mon sourire habituel aux lèvres. Mes yeux restent fixés sur la femme. Quel mystère renferme-t-elle pour s’intéresser à ce point à mon élève.


Je luis tends alors la main. Commencer par des banalités tout en lui signalant que je l’ai déjà aperçue. J’attends sa réaction avec impatience.

( Pando )

L’adjointe tendit à son tour sa main. Je la fixais chaleureusement tout en cherchant la faille. Il y en avait forcément une pour qu’elle fasse le déplacement à Beauxbâtons pour rencontrer une élève de première année orpheline. Je tâchais de superposer la dernière image d’Arya à celle d’Alinkov. Rien pour le moment ne pouvait me pousser à croire qu’elles étaient de la même famille et expliquer ainsi l’intérêt qu’elle portait à Eowyn. Puis décidément je n’arrivais pas à la remettre. J’étais prêt à parier que je ne l’avais pas vu avant sa visite à Beauxbâtons.

Sa question me surpris. De toute évidence elle n’avait pas été prévenue de toutes les obligations qui accompagnaient son poste. Parmi elles il y avait l’entretien des relations entre le Ministère et Beauxbâtons. Généralement je rencontrais l’ancien adjoint, un homme qui approchait la retraite, à chaque fin de trimestre. Nous n’avions pas toujours matière à tenir un long entretien sur l’école, mais généralement nous ne manquions pas nos rendez-vous qui se révélaient toujours très instructifs. Abigaïl n’avait visiblement pas engagé madame Alinkov pour son expérience dans ce poste. Enfin je ne mettais absolument pas ses compétences en doute. Je connaissais suffisamment notre Ministre pour savoir qu’elle faisait en sorte de s’entourer de personne prônant la justice et dont le travail était irréprochable. Il est vrai que si elle n’était pas informée de l’habitude prise avec l’ancien adjoint, mon courrier pouvait paraître surprenant et très formel. Certes mon envie première était de creuser sur les raisons de ses visites au palais, mais il était aussi dans notre rôle de discuter des points importants concernant l’école.


Je ponctuais ma phrase d’un sourire, croisant les doigts pour qu’elle accepte de continuer cette entrevue. Bien sûr je pouvais user de la fameuse hypnose dont Emily m’avait parlé, mais je n’étais pas friand de cette technique. Disons que je ne trouvais pas cela très équitable, ni même éthique. Si j’étais tenté de manipuler aussi facilement à la moindre contrariété c’était la porte ouverte à toutes sortes d’excès. J’espérais en tout cas que rendre banal ce genre d’entretien allait la décharger de sa nervosité. Son rythme cardiaque irrégulier et ses coups d’œil furtif vers le coin de son bureau ne laissaient aucun doute, ma présence la rendez mal à l’aise. Habituellement ma présence ne rendait pas nerveux mon interlocuteur. J’étais prêt à parier qu’elle cachait quelque chose.

( Pando )