Somewhere only we know - Felix 

Cette année n’allait sans doute pas être mieux pour Léonie. En ce début de janvier, les élèves avaient fait leur grand retour à Poudlard. Les fêtes en famille étaient finies mais l’effervescence de cette période n’avait pas quitter les esprits. Pour la petite rousse, les choses n’avaient pas été aussi joyeuses que pour ses camarades. Déjà, elle avait tout simplement refusé de retourner chez ses parents pour Noël. Elle ne se sentait pas de le fêter sans son frère. Ne pas rentrer lui donner un peu l’impression qu’il ne manquait pas à l’appel, lui faisait oublier que plus jamais Finn ne serait là pour Noël ou les anniversaires. Elle avait aimé voir les lieux plus ou moins déserts, profiter de ce temps pour bouquiner, griffonner, travailler ses enchantements et sortilèges. Mais la Prewett avait été violemment ramenée à la réalité quand tout le monde était revenu. Certes, la salle commune des Gryffondor devenait tout de suite plus vivante. Ils étaient tous à se raconter leurs vacances pendant que la demoiselle ravalait chaque fois sa rancœur. Elle avait tout de même reçu un cadeau de la part de ses parents, une lettre de Pandora. Mais il lui manquait quelque chose. Elle n’avait pas manqué de souhaiter une bonne année à Nick, manquant pourtant clairement d’entrain. Les mots avaient sonnés faux dans sa bouche. Et puis il y avait toujours les Carrow qu’elle fuyait, redoutant de se trouver face à Hawke. Et comme il ne lâchait quasiment jamais son jumeau, elle se retrouvait à fuir les deux. D’autant plus que la Lionne avait appris à les différencier par leur caractère et non par un élément physique.

Cette fois, elle profitait d’un moment de répit. Parce qu’elle avait quelques heures de libres, que beaucoup était en cours. Leen pouvait donc se permettre de s’évader quelques instants. Elle avait besoin de faire autre chose, d’arrêter de se morfondre. Et dans ce cas, elle n’avait pas beaucoup de solution : il fallait qu’elle s’occuper l’esprit. La bibliothèque ? C’était impossible, elle risquait d’y croiser les Carrow puisqu’ils semblaient se suivre comme leur ombre. La demoiselle se demandait même pourquoi ils étaient redevenus aussi proches. A croire que sa rupture avec Hawke avait permis aux deux de se retrouver ? dans le fond elle s’en moquait un peu. Elle profitait juste de sa liberté qu’elle avait encore pour le moment. Parce que Léo’ savait bien qu’une fois ses ASPIC obtenus, elle n’aurait d’autres choix que de finir mariée à Felix. Déjà que de finir mariée de force n’enchantait pas la Gryffondor, elle appréciait encore moins que ce soit avec un Carrow. Non pas qu’elle n’apprécie pas Felix, c’était même tout le contraire. Mais cette union signifiait qu’elle allait se retrouver dans la même famille que son ex petit-ami. Et ça, elle le redoutait depuis l’arrivée de cette fichue lettre cet été. Et ça, ça n’avait été que l’élément de trop, celui qui l’avait fait sombrer un peu plus. Parce qu’elle n’avait plus le soutien de son frère, parce que sa sœur avait choisi de s’écarter de la famille suite à toute cette histoire. Et Léonie n’a pas fait mieux au final. Parce que depuis, elle garde tout pour elle. Elle n’a pas parlé de ses fiançailles forcées, n’a pas non plus parlé de l’exécution de son frère. Même à Nick elle n’en a rien dit. Il a beau être son meilleur ami, la rouquine n’a pas mis le Greengrass dans la confidence. Elle ne supporterait pas la compassion ou la pitié qu’elle verrait alors dans le regard des gens.

Alors, la jeune Lionne s’est décidé pour un endroit que peu de monde connait. Elle en a parlé à Nick, elle en a parlé à Félix. Mais elle n’a jamais évoqué l’existence de ce coin avec Hawke. Elle a laissé ce lieu pour les studieux, pour ceux qui ne veulent jamais être dérangée. Installée à même le sol, la Prewett s’est armé d’un livre traitant du soin aux créatures magiques. Jouant distraitement avec une mèche de sa queue de cheval, elle potasse, prend quelques notes. Elle en vient même à griffonner quelques dessins par moments, occupant ses mains autant que son esprit. Appliquée, la jeune femme ne fait même pas attention au reste, oubliant sans doute l’heure du repas. Elle ne se rend pas compte non plus qu’un garçon approche. Et c’est en voyant la pointe d’une paire de chaussure qu’elle lève les yeux. Dans un premier temps, son cerveau n’agit qu’avec sa vue. Leen écarquille les yeux de peur, son cœur tambourine dans sa poitrine, dans un rythme désordonné. Elle à l’impression de voir Hawke, l’être qui la hante et représente désormais sa plus grande crainte. Puis, le lien se fait enfin dans son esprit. Le préfet en chef ne connait pas ce lieu, elle y a veillé personnellement. Quand elle vient ici, elle fait toujours attention à ne pas être suivi. Alors il n’y a qu’une seule personne lui ressemblant qui pourrait la trouver ici : Felix. Mais elle n’a pas envie de lui parler. Elle ne se sent tout simplement pas prête à l’affronter. Alors, la Prewett range toutes ses affaires, se relève et s’apprête déjà à partir. Elle n’hésite même pas à fuir le regard du jeune homme, sans même savoir ce qu’elle y verrait.

Léonie ne s’attendait pas à croiser Felix ici. Parce qu’elle fuit les Carrow à chaque fois, veillant bien souvent à sortir la première des salles de cours. Même pour ceux qu’elle ne suit qu’avec Felix, elle partait rapidement, s’étant presque habituée à voir Hawke l’attendre à la sortie. Les cours de Métamorphose et ceux d’études des Runes étaient cependant les plus complexes à gérer pour la rouquine puisque son ex petit-ami les suit également. Il s’agit donc des cours qu’elle quitte le plus rapidement, comme aujourd’hui. Ça valait sans doute mieux pour elle. Alors, la rouquine était partie dans son recoin secret. Autant profiter de sa tranquillité. Et puis Monsieur le préfet en chef peut bien se passer d'elle pour quelques temps ! Il est facile pour elle de penser de la sorte quand elle n'a pas le Carrow dans son champ de vision. Quand il est suffisamment loin d'elle, elle retrouve de sa combativité. Mais dès qu'elle l'aperçoit, s'en est finie de sa belle assurance. Alors, elle se réfugiait dans un coin, se plongeait dans ses études pour tenter de l'oublier. Au moins, quand elle était loin de lui, Leen ne sentait pas son regard peser sur ses épaules. Et il faut dire que par moment, Hawke a vraiment le regard lourd, du genre à faire peur à la rouquine. A croire qu'il ne rêve que de la dévorer toute crue ! Cette simple idée donne des frissons à la demoiselle. C'est sûrement pour ça qu'elle est venue ici et pas ailleurs. Elle aurait aussi pu aller dans la salle commune des Gryffondor mais l'effet n'aurait pas été aussi apaisant. Et puis elle aurait vu d'autre de ses camarades qui auraient pu lui rappeler l'heure.

De voir Felix face à elle troubla quelque peu Léonie. Elle savait bien que d'ici la fin de l'année scolaire, elle allait se retrouver liée à lui. Mais elle n'en était franchement pas pressée. Comme si le fuir lui permettait d'occulter ces fiançailles dont elle ne voulait pas. C'est pour cal qu'elle rangea rapidement ses affaires. Enfin entre autre. Dans le fond, une part d'elle lui soufflait que Hawke avait très bien pu suivre son frère et donc, qu'il n'allait pas tarder à débarquer pour la débusquer. Léo' vérifie tout de même qu'elle n'a rien oublié avant de se relever. Et alors que la Prewett fait quelques pas pour quitter les lieux, elle sent une main sur son poignet. Et ce simple contact la tétanise. Depuis ce fameux été, elle ne supporte plus d'être attraper par les poignets. C'est un contact qui l'effraie, comme s'il suffisait à la retenir prisonnière à tout jamais. Pourtant, la jeune femme n'arrive pas à retirer sa main. Le Carrow ne serre pas si fort, il suffirait d'un simple mouvement pour qu'elle puisse prendre la fuite. Au lieu de ça, elle n'ose plus esquisser le moindre mouvement. Même par ses mots, il tentait de la retenir. Mais Leen était totalement crispée, incapable de se détendre, malgré la douceur des mots prononcé. Le Serpentard ne se montrait pas agressif le moins du monde. Pourtant, elle avait peur. Nerveusement, elle jetait des regards de part et d'autre du couloir, espérant ne pas voir le second jumeau arriver. Mais la voix de Felix la fait alors sursauter, la menant à plonger son regard dans le sien. Fuir va devenir encore plus compliqué.

La rouquine baisse à nouveau le regard. Pourquoi est ce qu'elle l'évite ? Elle se mordille alors la lèvre inférieure quand elle comprend pourquoi il pose la question. Non, il n'a rien fait. Au contraire, il lui a même dit la vérité, lui évitant de rester entre les griffes d'Hawke. « Tu n'as rien fais de mal... » Leen voulait avant tout qu'il ne se sente pas coupable. C'est vrai que ce n'est pas lui qu'elle fuit après tout. « C'est pas toi que je fuis... C'est Hawke... Il te suit comme ton ombre depuis... » Elle n'arrive même pas à finir sa phrase. Elle n'arrive toujours pas à en parler et en prime, elle ne veut pas se mettre entre les garçons. Elle ne sait pas ce qu'ils ont bien pu se dire à Agmurdoad et dans le fond, elle s'en fiche. Elle ne veut juste pas croiser son ex petit-ami. Mais ce qui gêne le plus la Prewett, c'est cette légère pression sur son poignet. « Felix... S'il te plait... » Sa voix commence à trembler, des larmes commencent à se former au coin de ses yeux. « Lâches moi... s'il te plait... »

Léonie n’est pas du genre à fuir. Mais les choses sont différentes. Parce que de savoir différencier les jumeaux par leur comportement c’est une chose. Mais savoir les différencier par le physique, sans est une autre. Et ça, elle n’en est pas capable. Du moins pas comme ça, pas au premier abord. Alors, son premier réflexe est de vouloir prendre la fuite. Parce que c’est beaucoup plus simple que d’attendre, plus simple que de chercher à savoir lequel des Carrow elle a face à elle. Et surtout, c’est beaucoup moins dangereux. La jeune fille ne veut même pas savoir ce que Hawke serait capable de faire s’ils se retrouvaient seuls dans un couloir comme ça, encore plus depuis les lettres de fiançailles qui ont été reçues. Elle devrait se sentir à l’aise avec Felix. Pourtant, la rouquine n’y arrive pas. Sans doute parce qu’il ressemble beaucoup trop à son frère. Ou tout simplement parce que ce dernier a cette fâcheuse tendance à le suivre comme son ombre, ne le laissant jamais seul bien longtemps. Et c’est sûrement cela que Leen redoute le plus : voir son ex petit-ami débarquer à l’angle du couloir. Qu’il ait suivi son frère et qu’il découvre ce petit coin secret dans lequel il n’a, jusqu’ici, pas idée de venir la chercher. Alors, elle regarde avec angoisse aux alentours, en profitant pour éviter le regard de Felix au passage. Elle est tendue, ne supporte pas ce contact qu’il a avec elle, ne supporte pas la simple idée que le préfet en chef les trouve.

Léo’ baissa encore plus la tête quand le Carrow précisa qu’il aurait dû se doutait qu’elle le fuyait à cause de son jumeau. Elle rentra la tête dans les épaules, comme si elle avait dit quelque chose qu’elle n’aurait pas dû dire. Et quand il demanda ce qu’il avait encore fait, la Lionne répondit sans doute un peu trop vivement. « Rien ! » Elle l’avait presque couiné, comme si elle craignait des remontrances. Comme si Hawke pourrait l’entendre et viendrait se venger, tel un esprit frappeur. Lorsqu’il refusa de la lâcher, lui demandant en plus de la regarder, la Prewett se mordilla nerveusement la lèvre inférieure, secouant vigoureusement la tête tout en évitant le regard du garçon et en essayant de se dégager de son étreinte. Il ne serrait pas forcément, n’avait un contact qu’avec son poignet. Pourtant, elle avait l’impression de suffoquer, que quelque chose l’empêchait de respirer correctement. C’est en entendant la suite des mots de Serpent que la Lionne senti une larme rouler sur sa joue. C’était trop pour elle, elle voulait juste qu’il la lâche. La réaction quand il l’a relâcha finalement fut quasi instantanée. Léo’ alla plaquer son dos contre le mur de pierres froides, la respiration légèrement haletante. Les battements de son coeur étaient désordonné. Pourtant, elle ne prit pas la fuite. Elle voulait le croire quand il disait qu’ils n’étaient que tous les deux et c’est ce qui la poussa à rester plutôt que de retourner en courant vers la chaleur réconfortante de sa salle commune.

Léonie n’osait toujours pas regarder le Serpentard pour autant. Mais ses mots l’atteignaient, bien plus qu’elle ne voudrait l’admettre. Elle ne savait pas si elle pouvait vraiment se confier à lui. Elle avait l’impression d’avoir perdu tellement... Elle aurait voulu pouvoir envoyer un hibou à Finn, avoir son avis à ce sujet... Malheureusement, tout cela n’était plus possible depuis l’été passé. La rouquine sentit alors ses jambes commencer à trembler. Lentement, elle se laissa glisser contre le mur, se retrouvant assise sur le sol. Instinctivement, elle ramena ses jambes contre sa poitrine. Et la carapace qu’elle avait tenté de maintenir jusque là céda. Elle fondit comme neige au soleil. Léonie était désormais incapable de retenir ses larmes. Elle les laissait couler silencieusement, se laissant submerger par tout ce qui lui était arrivée en deux étés. Et alors qu’elle avait avoué avoir peur de croiser Hawke, ce n’est pas de lui qu’elle parla en premier. Sa voix était faible, presque un murmure. Cassée par les larmes, cassée par le chagrin qu’elle tentait de réprimer depuis de longs mois. « J’ai perdu Finn... Ils me l’ont pris... J’ai même pas pu lui dire au revoir... Lui, il tentait de nous protéger de tout ça pendant que moi j’étais à ce fichu stage de Quidditch...»

Elle a l'impression que tout s'écroule autour d'elle. Ce n'est pas la première fois que Léonie craque depuis que Finn n'est plus là. Des larmes, elle en avait versé des torrents ces derniers mois. Mais jamais face à quelqu'un d'autre qu'un membre de sa famille. Elle avait pleuré dans les bras de sa mère, hurlé sa douleur dans ceux de son père. Elle avait hurlé comme un animal blessé. Elle avait eu le cœur déchiré et la blessure était encore béante. Alors évidemment, le fait qu'elle soit fiancée de force à Felix n'avait rien arrangé. En d'autres circonstances, peut-être que la Prewett se serai fait une raison. Elle aurait pu se dire que finalement, il y avait des choses bien plus grave et que, même si on la mariait avec lui, ça valait toujours mieux que de finir sa vie avec Hawke. La Lionne aurait été capable d'en voir les points positifs. Mais avec l'absence pesante de son frère, elle n'était plus en mesure de voir quelque chose de positif ressortir de cette histoire. Elle se sentait juste prisonnière. Pourtant, cette fois elle craque face à quelqu'un. Le mur qu'elle a mis tellement de temps à ériger s'effondre. Et ce n'est même pas devant son meilleur ami que cela se produit, c'est devant un Carrow. Leen se reprend de plein fouet la culpabilité qu'elle a pu ressentir en étant absente quand son aîné a été arrêté. Alors qu'elle est jeune, qu'elle a été protégé et que, d'une certaine manière, elle jouait un peu son avenir en suivant son stage avec les Vautours. Mais tout ce qu'elle voyait, c'est que la dernière fois qu'elle avait pu parler à son frère, c'était juste avant son départ.

Léo' était en larmes et ce nouveau flot d'émotions était intarissable. Si Nick avait été là, elle n'aurait même pas hésité une seconde à se jeter dans ses bras pour pleurer autant qu'elle le voulait. Ses pleurs, il les avait vu plus d'une fois. Mais avec Felix, c'était différent. Malgré tout, elle lui faisait suffisamment confiance pour oser pleurer alors qu'il était là. Elle aurait pu encore se retenir ou alors elle serait partie plus loin pour qu'il ne voit rien. Même si, le connaissant, il aurait sans doute eu des doutes à ce sujet. La Gryffondor sentait bien que le jeune homme ne voulait que la rassurer. Sa voix était douce mais les mots ne parvenaient plus à l'atteindre. Certes, elle ne pouvait pas savoir avant que tout cela ne se produise. Elle n'avait aucune idée du fait que son frère était totalement contre le pouvoir en place et avait rejoint la résistance. La rouquine se mordit la lèvre inférieure quand le Serpentard suppose que Finn n'aurait pas voulu la voir dans cet état. Evidemment qu'il avait raison. Finn avait toujours veillé sur elle, même s'il avait parfois pris une place un peu plus importante que celle qu'il avait réellement. Mais les mots étaient beaucoup trop difficiles à entendre. Entendre quelqu'un parler de son grand frère reste toujours aussi douloureux pour elle. La rouge et or releva la tête au moment où la main du Serpent s'approcha d'elle, remettant une mèche de ses cheveux en place. Son cœur manqua un battement et elle retint sa respiration pendant tout le temps de l'action.

Léonie le regarda avec attention quand il détourna le regard. C'était la première fois qu'il avait ce genre de geste affectueux pour elle. Dans la retenue, comme s'il le cachait depuis un moment. Les dernières larmes coulèrent sur ses joues sans qu'elle ne les essuie tout de suite. Par ses mots, le Carrow lui montrait qu'il était là si elle en avait besoin. Et bien que l'idée d'un mariage arrangé la répugne au plus haut point, elle voyait une petite lueur d'espoir. Non, elle n'espérait pas que cette relation soit comme celle de ses parents. Parce qu'eux, ils s'aiment depuis de longues années déjà et qu'ils ont une complicité qui s'est construite bien avant que les sentiments n'arrivent. Mais la Prewett voulait se dire que oui, elle pouvait lui faire confiance. Sans un mot, elle attrapa doucement sa main pour le forcer à s'asseoir près d'elle. Une fois qu'il fut installé, elle hésita tout de même. Puis, timidement, elle osa s'approcher un peu plus de lui. Et finalement, Leen se retrouva blottie contre Felix. C'était un contact à la fois connu et nouveau. Il était comme son frère tout en étant totalement différent. Elle resta de longues minutes contre lui, sans rien dire. Du revers de la main, elle essuya tout de même les quelques larmes qui restaient. Elle n'était pas totalement apaisée, loin de là. Il y avait encore beaucoup de démons, hantant son esprit meurtri. Mais elle se sentait déjà un peu mieux. Suffisamment pour oser se dire qu'il fallait qu'elle aborde un sujet avec le Carrow. «Felix, je... Je voulais pas te fuir... Mais... Mais il s'est passée un truc avec Hawke... Quand... Quand on était à Agmurdoad... » Sa voix commença à nouveau à trembler, les pleurs menacèrent de reprendre. Elle respira alors un grand coup. Il fallait qu'il sache. Après tout, elle allait devoir cohabiter avec lui d'ici quelques mois, il valait mieux qu'il sache à quoi s'attendre.

Léonie se sentait un peu plus à l'aise. Loin d'être apaisée tout de même, l'angoisse était moins vivace. Parce que c'était Felix et non pas Hawke qui était avec elle. Parce qu'elle se sentait presque rassurée. Il était là, d'une présence bien différente de celle de son jumeau. Même les regards qu'il pouvait lui lancer n'avait rien à voir. Leen était au point de ne même pas oser regarder son ex petit-ami, de crainte de lire une envie presque animale dans son regard, comme celle qu'elle avait pu y voir à Agmurdoad. Il faudrait encore beaucoup de temps avant que la jeune fille ne se sente vraiment à l'aise avec celui qui lui était promis. Elle n'aimait pas cette idée, elle ne s'y ferait sans doute jamais. Mais quitte à choisir, elle préférait être avec lui plutôt qu'avec un inconnu. Elle connaissait le Carrow depuis déjà plusieurs années. Elle avait osé partager des secrets avec lui, elle lui avait fait confiance. Mais comment lui avouer les raisons de sa fuite chaque fois qu’il l’approche ? Elle n’arrive même pas à mettre le mot sur ce qui s’est passé, elle arrivera donc encore moins à en parler à qui que ce soit. Même avec Nick, la jeune fille n’a jamais mis le mot sur les événements d’Agmurdoad. Comme si ne pas le dire rendait tout cela moins réel. Evidemment, ce n’est qu’une illusion parce que les souvenirs sont bien présents. Elle ne peut pas vraiment nier ce qui s’est produit, alors elle évite le sujet. Elle évite surtout ceux qui peuvent lui rappeler ce moment qui a failli très mal se finir pour elle. Mais Leen sait bien qu’elle finira par ne plus avoir le choix.

Un peu plus sereine, la rouquine commence alors, plus ou moins, à aborder le sujet sensible. Elle arrive, dans un premier temps, à dire à Felix que c’est Hawke qu’elle fuit. Pourtant, les mots se bloquent dans sa gorge quand elle commence à parler d’Agmurdoad. Elle n’osait même pas regarder le jeune homme, ayant peur de ce qu’elle pourrait lire dans son regard. Elle ne voulait pas de pitié mais elle ne voulait pas non plus se sentir obligée de parler. Léonie était même prête à se raviser, à lui dire que tout cela n’avait aucune importance. Mais une part d’elle savait bien que le Carrow était concerné par toute cette histoire. Parce qu’il était son fiancé depuis l’arrivée de cette fameuse lettre et à cause de cela, ils étaient liés. Que Léo’ le veuille ou non, elle allait tout de même devoir se faire à l’idée. L’idée de la fuite lui venait parfois mais elle ne voulait pas risquer de finir comme son frère. Alors, elle se tenait tranquille, tentant de faire en plus le deuil de son aîné. La Prewett sursauta au son de la voix du jeune homme. Elle y entendait de la colère. Elle qui était si proche des autres membres de sa fratrie, elle ne comprenait pas qu’on puisse à se point en vouloir à son frère. Même elle, qui aurait pu en vouloir à Pandora pour son silence radio, n’arrivait pas à vraiment en vouloir à sa sœur. A nouveau, Léonie eut l’impression de ne pas pouvoir parler de tout cela. Détournant le regard, elle secoua doucement la tête. « Rien… C’est… C’est pas important… » Evidemment, c’était un mensonge éhonté. Mais comment pouvait-elle avouer ce genre de chose ? Cela n’aurait fait qu’éloigner encore plus les deux frères et elle ne pouvait pas se résoudre à en être la source.

Pourtant, la main de Felix sur son poignet la fit frémir. Il n’y avait rien de brutal dans ce contact. Pourtant, elle ne le supportait pas vraiment. Déglutissant difficilement, elle planta pourtant son regard dans celui de son ami. Au moins, ça la détournait du contact de sa main sur son poignet. Il ne forçait pas totalement mais Leen sentait bien qu’il voulait savoir. Pire, qu’il avait besoin de savoir. « Il… Il n’a pas eu le temps de faire quoi que ce soit… Nick est intervenu à temps… » Sa voix recommençait à trembler de plus belle. Dégageant doucement son poignet, la Lionne ramena ses jambes contre elle, les enserrant de ses bras. Comme pour se rassurer, elle se recroquevillait. Comme si elle voulait cacher tout ce que Hawke avait bien failli voir d’elle. « Après ce que tu m’as dis, j’ai voulu lui parler… Je voulais savoir si c’était vrai, je voulais qu’il me le dise lui-même… » La Gryffondor sembla se ramasser un peu plus sur elle-même. Elle tentait de se donner une contenance mai n’y arrivait qu’à grand peine. « Il… Il a voulu... me forcer… Mais moi je ne voulais pas… J’étais tétanisée, je ne pouvais rien faire… Il était trop fort et trop lourd pour moi et… » A nouveau, les larmes commencèrent à couler sur ses joues. Posant son front sur ses genoux, elle se laissa aller à sa douleur, évacuant un peu de la tension qu’elle venait de ressentir en avouant qu’à demi-mot ce qui s’était produit.

Léonie est une Lionne. Elle a tout de la lionne, qu'il s'agisse de la crinière, du signe astrologique, de son prénom tiré du nom de l'animal, de sa maison... Tout ne respire que Lion chez elle. Pourtant, la jeune fille n'a plus rien de l'animal majestueux, elle est tout juste un chaton en cet instant. Et encore, un chaton totalement apeuré qu'il faut approcher avec précaution. Leen n'a plus cette force de caractère qui était la sienne jusque là, elle semble avoir disparu suite aux événements qui meublent sa vie. D'abord Hawke puis Finn. Elle ne sait plus comment avancer. Certes, elle a sa famille. Mais elle n'arrive pas à leur parler de ce mal-être qui est le sien. Elle est incapable de leur raconter ce qui s'est produit à Agmurdoad, incapable de traduire la peine qu'elle ressent depuis la disparition de son frère. Pourtant, ce n'était pas comme si la famille Prewett était du genre à ce que chacun reste dans son coin. Non, la rouquine a grandi dans un foyer aimant, dans un cocon réconfortant où elle partage des passions avec chacun de ses parents et avec ses frère et sœur. Sauf que sa petite bulle de quiétude a volé en éclat au cours de l'été dernier et qu'elle n'arrive pas à faire face. Malgré sa force, la jeune fille n'est encore qu'une enfant. Avec des espoirs, avec des rêves plein la tête. Et voilà que le gouvernement entre en jeu et brise ses espoirs, la privant du choix de son compagnon. Léo' sait bien qu'elle aurait pu plus mal tomber, que Felix ne la bridera jamais. Pourtant, il est lui même une bride car elle ne l'a pas choisi.

La Gryffondor avoue finalement ce qui s'est produit. Ses idées sont un peu désordonnées, elle parle d'abord de Nick qui s'est retrouvé là, au bon endroit et au bon moment. Nick qui a empêcher Hawke de lui faire du mal, de faire quelque chose d'irréversible qui aurait laissé une trace indélébile, comme si elle avait été marquée au fer rouge. Elle avait d'abord tenté de se débattre et finalement, elle n'avait rien pu faire de plus. Et si Hawke été arrivé à ses fins, que serait-elle devenue ? Elle n'était déjà plus que l'ombre d'elle même, aurait-elle pensé à se jeter du haut de la plus haute tour de Poudlard ? Les mots de Felix se voulait pourtant rassurants dans cette épreuve tandis que Léonie se retrouvait à nouveau à pleurer tout ce qu'elle pouvait. Alors que le Carrow tentait de la décrire comme une personne forte, elle releva timidement la tête. Ce qui surprit le plus la jeune fille fut qu'il l'estima plus forte qu'il ne l'était lui-même. Pourtant, elle avait toujours trouvé n'importe lequel des garçons de leur petit groupe plus fort qu'elle. Si elle avait dû devenir forte, c'était pour tenter de se mettre à leur niveau, de ne pas montrer ce qui pouvait l'atteindre. Mais là, elle se retrouver en larmes face à lui et elle commençait presque à en avoir honte. Les mots du Serpentard faisaient lentement leur chemin dans l'esprit de la Lionne. Une part d'elle savait bien qu'en agissant de la sorte, c'était comme si Hawke avait déjà gagné alors qu'il n'avait rien eu le temps de lui faire. Elle hocha alors doucement la tête quand il lui rappela de ne jamais laissé personne la contrôler. C'était pourtant bien ce que le gouvernement faisait, la contrôler. Mais ça, c'était une autre histoire.

Essuyant ses yeux rougi du revers de la main, la rouquine hocha la tête. Bien que les mots ne soient toujours pas en place sur les événements, elle se sentait un peu plus légère d'avoir pu en parler à quelqu'un. Léonie tourna pourtant vivement la tête vers Felix en entendant ses mots. Il semblait bien décidé à en découdre avec son jumeau, ce qui n'était pas pour rassurer la Prewett. Alors qu'il se relevait, elle suivi son mouvement pour lui attraper le poignet. « Ne fait pas ça, s'il te plait... » Son regard était implorant, encore larmoyant. Elle ne voulait pas que les deux frères se battent. Elle avait encore plus cette mauvaise impression d'être la raison de leur discorde depuis tout ce temps et elle ne le supportait pas. Pourtant, elle fini par relâcher le Carrow. Leen savait bien qu'elle ne pourrait pas être toujours là pour veiller à ce qu'ils n'en viennent pas aux mains... Finalement, il valait sans doute mieux que Felix ne rumine pas, les conséquences n'en serait que plus catastrophiques. Léo' resserra alors ses bras contre elle, regardant le vert et argent s'éloigner. Le tout en espérant qu'il n'irait pas trop loin.