(thomas et sydney) - le diable au corps 

La semaine de reprise s’était passée sans encombre. La seule différence par rapport à la semaine précédant les vacances était l’absence des étudiants en échange. Déjà deux trimestres que j’avais retrouvé mon école. Le temps passé définitivement très vite et curieusement sans encombre. Il y avait bien eu le drame de l’orphelinat moldu en janvier dernier, mais mis à part cela les corbeaux restaient calmes. Pour combien de temps, je l’ignorais. Enfin façon de parler. Ce qui s’était passé était absolument abjecte et se verrait un jour puni.

Nous étions vendredi, ma journée libre de la semaine. Cela ne signifiait pas pour autant rester au lit jusqu’à tard. J’avais des cours à préparer, des devoirs à corriger et il était temps que je me penche sur les examens de fin d’année. Outre mon rôle de professeur, je devais également satisfaire mes obligations d’adjointe. Pas de réunion ce jour avec Tiphaine, mais je devais rencontrer les préfets en fin de journée. Plus vite je serais déchargée de mes charges, plus vite je rentrerais à Londres retrouver ma petite famille.

Je commençais ma journée avec un petit-déjeuner copieux dans la Grande Salle. C’était l’occasion pour moi de discuter avec mes collègues. Je passais ensuite trois longues heures dans mon bureau du deuxième étage. Techniquement je pouvais également utiliser le local à côté de ma salle de classe, mais je préférais largement l’espace dédié à mon statut d’adjointe. Bureau plus grand, avec une meilleure vue et avec moins d’étage qui me séparés du parc. Il était d’ailleurs temps pour moi de me dégourdir les jambes. Je pris mon manteau et mon écharpe. Mars était pour le moment clément mais les averses et les bourrasques apparaissent rapidement sans crier gare.

Onze heure venait de sonner lorsque je sortis de mon bureau. Je vis immédiatement l’homme au bout du couloir. Et pour cause, sa présence ici n’était pas habituelle. Ma vue baissant je ne distinguais pas son visage. Vêtements élégants et cheveux corbeau. Je m’approchais avant de pouvoir l’identifier. Thomas Lucifer Morningstar. Que faisait-il à Poudlard et pourquoi trainait-il dans les étages ? Peut-être pour voir notre amie Retrac, après tout ils avaient l’air de bien se connaître lors du repas de réveillon. Puis elle ne laissait pas entrer n’importe qui ici. Avait-il passé la nuit ensemble ? par Merlin je ne voulais même pas le savoir.


Bras croisés j’étais bien forcée de lever la tête. Il avait partagé mon lit à plusieurs reprises me permettant ainsi le tutoiement. D’ailleurs je n’avais pas la moindre idée du poste qu’il occupait exactement. Ce n’était pas faute de l’avoir croisé à deux reprises en moins d’un an. Sacrée chance du destin si vous voulez mon avis. Mince je deviens piquante.

deuxième étage, Poudlard

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Je décroisais les bras assez rapidement. Premièrement je n'allais pas prendre cet air rabougri éternellement, surtout face au beau sourire que je recevais en retour. Deuxièmement et techniquement je n’avais rien à reprocher à Thomas. Nous avions même passées d’agréables soirées ensemble. Il est vrai qu’il était d’une charmante compagnie à l’époque. Il est également vrai qu’on ne pouvait s’ennuyer avec cet homme. Pourtant, je connaissais peu de choses sur lui car les sujets de conversation n’étaient pas tant portés sur ce que nous faisions à ce moment. Je n’étais même pas certaine d’avoir évoquée ma courte carrière dans le Quidditch. Puis, j’avais l’impression que cette histoire remontée a des années même si c’était il y à peine cinq ans. Il faut dire que je n’avais pas vraiment eu le loisir de repenser à lui. Depuis j’avais retrouvé Lucas et Eliott était parmi nous. Or connaissant Thomas, c’était le côté séducteur qui prendrait le dessus. Je ne doutais pas de mes capacités à dire stop mais je ne savais pas qu’elles étaient ses capacités pour admettre que je ne serais pas de nouveau séduite.

Mon attitude n’était pas du mépris envers lui mais bien une certaine méfiance. Sa façon de faire me sautait aux yeux à présent. Il n’y avait qu’à repenser à son arrivée pour le moins pimpante lors du repas de Noël. Je connaissais peu de personnes qui s’en seraient aussi bien sorties alors qu’il s’était clairement incrusté à la petite sauterie. Puis les mots qu’il venait de prononcer. L’un des plus bels êtres du château. Mais bien sûr. Les compliments étaient bien sûr bons à prendre, or son mode opératoire était clair à présent. Je l’avais bien observé roucouler avec Sylvie durant le réveillon. Je n’étais plus la jeune femme qu’il avait croisé. Je m’étais aguerrie et j’avais une expérience un peu plus importante.


Je lui souris en retour. Malheureusement j’étais d’une curiosité maladive et je chercherais quel lien pouvait bien unir ma patronne à cette ancienne conquête. Enfin, pour l’heure j’étais plutôt mal à l’aise vis-à-vis du peu de distance qui nous séparait. Si j’allais le montrer ? Certainement pas.


Je repoussais une mèche de cheveux derrière mon oreille. Depuis quand étais-je devenue une commentatrice politique. Pour ma sécurité il était même préférable que je ne donne aucun avis qui puisse faire penser, de près ou de loin, à un acte de rébellion. À vouloir paraître brillante on en devient sotte. Je ne pouvais même pas me douter de quel côté de la balance il penchait. Quelle cruche.


Si je gérais les élèves je ne pouvais pas tout surveiller dans ce château et visiblement Tiphaine avait fait appel à ses services pour quelques chose de précis.

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Le Secrétariat des Êtres. Je savais qu'il occupait un bon poste au sein de l’organisation européenne, mais je ne savais dans quel département exactement. Les Êtres. Ce n'était pas vraiment le domaine qui me passionnait le plus. Je me demandais bien ce qui lui plaisait dans son travail, en partant du principe qu’il l’appréciait. Bien sûr, ce n’était aucunement un jugement de valeur. J’avais bien conscience que travailler avec des adolescents n’avait rien de passionnant pour certains sorciers. J’avais en tout cas la chance de rester dans l’école que j’affectionnais tant. Quant au sujet sur les elfes il ne semblait pas plus avancé. Tiphaine ne devait pas trainer bien loin de toute manière, si c’était urgent elle ne tarderait pas à accueillir son invité.

En parlant de la directrice, que voulait dire exactement cette phrase. Ce genre d’amie. Beaucoup trop mystérieux pour moi. Je le soupçonnerai presque de le faire exprès pour attiser ma curiosité. Enfin ce serait lui demander de m’accorder beaucoup trop d’attention. Voulu ou non j’étais bien curieuse mais je me passerais de lui poser si ouvertement la question. J’étais curieuse mais je ne devais pas non plus être impolie. Tout le monde avait le droit à un semblant de vie privée.


Il devait certainement comprendre que les vacances en question étaient plutôt une fuite. Puis il avait sans doute entendu parler de mes quelques « soucis » avec le gouvernement en place. Décidément je faisais dans l’euphémisme aujourd’hui. Puisqu’il travaillait au Secrétariat et que je ne pouvais mesurer son implication à l’égard des Pozhiratelis il n’était pas question que j’en dise plus. Enfi,n ce n’était certainement pas pour mon travail irréprochable que Tiphaine m’avait gardé. Même si nous n’étions pas d’accord sur tout, pour ne pas dire sur pas grand-chose, nous avions au moins l’intelligence de savoir travailler ensemble pour Poudlard. Puis malgré tout nous pouvions compter sur une confiance mutuelle. Avec ce qu'elle avait fait pour Eliott il ne pouvait pas en être autrement.


Sous-entendu je ne laisserais pas aussi facilement ma place à un Pozhiralelis. Je savais que nous étions au moins deux à avoir cette opinion et ce n’était pas négligeable d’avoir l’appui de la directrice.


Je lui souris avant de réaliser que cela pouvait ressembler à une invitation. Enfin je n'allais pas me démonter pour autant. Je n’étais pas une pauvre petite créature sans cervelle et Thomas n’était pas le grand méchant loup-garou.

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Je lui souris. D'accord pour la collation. En espérant que Tiphaine daigne néanmoins nous rejoindre. Encore faudrait-il qu'elle se doute que son ami avait fait un détour par mon bureau. Enfin, si elle l'avait fait venir elle s'inquiéterait sans doute à un moment donné de ne pas l'avoir aperçu. Mais comme il le disait, fallait-il qu'elle imagine qu'il avait besoin de plus de précision. Je devais bien admettre qu’il était parfois difficile de suivre le cheminement de la pensée de la sorcière. Enfin bon, je comptais plus pour son envie de croiser son ami, ou son amant, ou que sais-je encore. Je ne savais pas quel lien les unissait, mais je pouvais exclure les camarades de classe car Tiphaine était de la même promotion que moi et Thomas n'était pas parmi nous.


C'était mon cas en tout cas. Les murs en pierre m'étouffaient alors que le parc me donnait l'impression d'être libre. Je ne pouvais compter le temps que j’avais passé dehors malgré une météo souvent fraiche. C'était pour ça que j'appréciais également beaucoup le terrain de Quidditch. Bien sûr, je vivais mieux aujourd'hui le fait de devoir rester des journées entières à l’intérieur. Enfin, je lui tournais le dos et me dirigeais vers la porte de mon bureau. La poignée en main je la tournais pour faire coulisser le battant.


La fenêtre était juste en face, derrière mon bureau quelque peu en désordre. Pour changer. Des feuilles çà et là. La plume en dehors de l’encrier. Des livres ouverts et d’autres fermés. Un gobelet vide et une plume d’Ambroise. Je voyais même mes gants dans un coin. Il était clair que je n’avais pas prévu de visite avant ce soir. L'ordre n'était pas ma spécialité et encore les jouets d'Eliott ne traînaient pas ici. Je pointais ma baguette vers le tas de parchemins pour remettre un peu d’ordre, puis je viens placer le gobelet et la plume dans la corbeille.


Il y avait deux sièges devant mon bureau et un sofa à la droite de la pièce. Devant le sofa la petite table était elle vide. Le lieu était pas mal agréable. Peu meublé et décoré mais suffisamment chaleureux. Il n’y faisait pas froid et les sièges étaient confortables. Ce que j'appréciais le plus était ma bibliothèque richement remplie à la fois d'ouvrage d'histoire, de métamorphose et de Quidditch. Puis mon balai trônait toujours contre ce meuble.

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Thomas eut l’élégance de s'intéresser à la vue plus qu'à l'ordre qui régnait sur mon bureau. Ce choix était de toute manière plus intéressant. D'ici nous pouvions voir les étudiants qui osaient braver l'air frais du mois de mars. Au moins il ne pleuvait pas aujourd’hui. Les rayons du soleil percés même. J'étais certaine que d'un étage supérieur la vue sur le parc serait davantage inclusive. Ceci dit, d'ici je parvenais à reconnaître quelques silhouettes et je voyais mieux ce que les étudiants pouvaient faire. Enfin, je ne perdais pas pour autant mon temps à les espionner.

La voix de Thomas finit par raisonner dans la pièce. Je lui souris en entendant son petit rire. Je ne pouvais qu'approuver. Généralement lorsque je regardais par la fenêtre c'était pour me remémorer les souvenirs de mes études et non pour épier ces jeunes gens. Les révisions sous cet arbre. Les embrassades dans ce coin. À croire que j’avais passé la majorité de mes sept ans à l’extérieur. Enfin je supposais qu’en remettant les pieds dans mon ancienne salle commune la netteté des souvenirs serait similaire.

En quelle année j'étais entrée ici. Je n'étais pas trop douée pour restituer des dates avec précision mais celle-ci je m'en souvenais très bien. L'année de ma lettre, l'été à Londres chez grand-mère. L'année du départ de mes parents. Elle avait été suffisamment riche et marquante pour laisser une trace, si bien que je pus répondre sans réfléchir.


Je laissais circuler mon regard vers le parc. Étonnamment pas la meilleure année de ma vie. Me retrouver entre quatre murs alors que j'avais l'habitude de voyager. Avoir mon petit frère loin de moi. Puis la nouvelle du départ de mes parents. Poudlard n'était pas vraiment le rêve de la jeune fille de onze ans que j'étais. Ceci dit, le château était rapidement devenu un foyer. Comme quoi il ne fallait jamais s’arrêter sur une première impression. Comme quoi apprendre pouvait faire voyager.


Je ris. J'exagérais, je le savais. Même au sein d’une bonne équipe de Quidditch je serais encore utile. Thomas, lui, était plus âgé que moi. De là à dire qu'il était une antiquité il y avait même un pas de géant. Il était même toujours aussi séduisant. Enfin c’était un élément qui ne me concernait plus aujourd’hui.


Je lui fis un large sourire malicieux, avant de prendre place sur le sofa. Si j’adorais me moquer, assurément. Enfin, je pointais ma baguette vers la commode dans laquelle je rangeais verres, bouteilles, service à thé et boîte à biscuits. Je fis léviter les douceurs vers moi. La boisson suivrait en fonction de la préférence de Thomas.

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Je souris lorsqu'il rit. Je n'ai jamais prétendu avoir un humour efficace même s’il s’agit d’une caractéristique que j'apprécie chez les autres. Ce que j'aime particulièrement est l'esprit vif des personnes qui savent répondre avec subtilité. Je m’estime souvent trop frontale dans mes répliques. Enfin, on ne change pas son caractère, le tout est de s’en satisfaire. Confortablement installée, je l'écoutais énoncer l'année de son arrivée à Poudlard. Je savais que nous ne nous étions pas croisés et qu'il ne dépassait pas non plus les quarante ans. J'aurais naturellement visé une date avoisinante. 2105 donc neuf ans avant moi. Voilà qui nous rajeunissait encore moins. J’avais quoi, deux ans. Dans cette proportion-là notre différence d’âge paraissait énorme alors que dans les faits elle ne m’avait perturbée.


Je ris faiblement tandis que la boîte de biscuits se pose sur la table. Les yeux de Thomas eux sont rivés sur mon balai. Posé ainsi dans un coin on pourrait croire qu’il prend la poussière, mais c’est s’en doute l’élément de cette pièce dont je prends le plus grand soin. L’objet est vieux pourtant, treize années. Un cadeau de grand-mère pour mon diplôme. Aujourd’hui dans le milieu professionnel il ne vaudrait plus grand-chose. Enfin, je l’utilise fréquemment et voler dessus semble toujours aussi fluide. Ah le Club de Flaquemare. J'avais dû l'évoquer même si à l'époque de notre rencontre c'était déjà de l'histoire ancienne. Ou alors il était amateur du sport. Disons que je n’avais pas souvenir de discussions enflammées autour sur le sujet.


Petite période qui fut riche. C'étaient de belles années. Je ne préciserais pas ce qui avait mis fin à cette aventure, ceci me regardait et je n'aimais pas en parler. Puis, j'aimais ma vie comme elle l'était de toute manière. Il n’y avait absolument pas de quoi se morfondre.


Nous étions le matin mais pourquoi ne pas faire de folie. Quoique si Tiphaine passait par là, elle n’apprécierait pas forcément l’idée.

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C'était un point de vue rafraîchissement. Pendant mes premières années en tant qu'enseignante j'avais eu de nombreuses questions pour savoir si le Quidditch ne me manquait pas ou encore si je ne m’ennuyais pas d’une vie probablement plus plate. C’était à croire que je perdais mon temps ici ou seulement on voulait me faire comprendre que ma place n'était pas là. Bien sûr que le sport me manquait. Surtout la compétition qui était grisante, mais j'étais si proche de mon frère à Poudlard qu'il n'y avait rien à regretter. Puis enseigner avait permis de me spécialiser d’autant plus dans ma matière. Alors oui, Thomas avait raison. Rester enfermé dans la même case nous faisait perdre des opportunités. Puis, ce n'est pas comme si je ne pouvais plus monter sur un balai ou revoir mes coéquipiers.


Je lui souris avant de l'écouter reprendre la parole. Il était clair qu'il ne semblait pas emballer plus que ça par le Quidditch. Comme un certain nombre de sorciers, il connaissait le sport sans vraiment s'y intéresser. Peut-être avait-il une équipe de cœur, mais c'était bien tout, ou alors il suivait simplement l'équipe nationale. Enfin, ce n'est pas avec lui que je pourrais discuter longuement des techniques vues au dernier match.

Un frère donc. Je l'avais fréquenté plusieurs mois sans savoir qu'elle était la constitution de son cocon familial. C'était étrange en y pensant. Pour ma part je parlais beaucoup de mon frère. En même temps Hayden et moi avions avancé ensemble toute notre vie. Ceci dit, je savais que ce n'était pas le cas de toutes les fratries. Je serais bien curieuse de savoir s'il s'entendait bien avec son frère, j'étais friande de ce genre de relation. Enfin, je craignais d'être impolie. S'il n'en avait pas parlé jusqu'à lors c'est qu'il avait sans doute ses raisons, ou alors nous avions à l'époque des choses plus intéressantes à faire.


Je ris doucement à ses souvenirs. Hayden avait toujours été plus malin. Si je l’avais un peu plus travaillé au corps j’aurais certainement réussi à le convaincre, mais non je voulais tout immédiatement. En tout cas, sacrée moi et ma façon détournée de glaner quelques informations sur Thomas. Un thé donc. J'allais lui dire que j'étais anglaise et que je maîtrisais un minimum la préparation. Or, je n'étais pas la reine de la baguette quand il s'agissait de faire le ménage ou de cuisiner. Ceci dit le thé n'était pas très compliqué à réaliser. Il suffisait de faire bouillir de l’eau et de trouver le bon produit. Enfin, si ça se trouve l’art même de la préparation m’était inconnu et était plus complexe.


Je lui souris avant de désigner le sofa. Dans le même temps je me levai pour choisir le thé. Mes boîtes, je les trouvais dans une boutique moldue. Les ingrédients changeaient un peu de certains trouvés dans nos boutiques, mais le mélange des saveurs était exquis. J'en profitais pour remplir d'eau la théière et la faire bouillir. Une fois la boîte de thé sélectionnée je reviens vers le sofa. Derrière moi lévitaient les tasses et la théière.


Je m'assis enfin. Et oui, entre Tiphaine et moi ça n'avait pas toujours été rose. La cigarette avait été une sacrée discorde à mon arrivée à Poudlard. Enfin, c'était de l’histoire ancienne. À force nous avions su communiquer autrement que par de la menace et des regards au ciel.


Curieuse moi ? Assurément. Indiscrète ? Je laissais Thomas décider.

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Les anecdotes de l'enfance font sourire. Encore je ne raconte pas tout. C'est plutôt Hayden le maître des histoires, surtout qu’il aime raconter toutes mes âneries et idées farfelues. Je me plains parfois de certains élèves, mais mon comportement enfant n'était pas forcément plus malin. Enfin, j'écoute Thomas parler de son frère. Sportif donc. Et vraisemblablement ils aiment partager du temps ensemble. Dans une certaine mesure cela me soulage. Je n'aime pas les conflits au sein d'une fratrie.

Mon invité s'assoit finalement. Un bel arbre. Je veux bien le croire. Thomas est un bel homme, élégant et ayant toujours le bon mot. Somme toute une de mes plus belles conquêtes. Enfin, il ne fallait pas chercher d'ambiguïté dans notre conversation. Je savais me tenir parce que j'aimais Lucas et que je maitrisais le concept de consentement. Bref, sur ce terrain il n'y avait aucun malentendu à trouver. Les effets de séduction étaient purement pour la forme.


Tiphaine. Large sujet de conversation. À commencer par ses relations avec le personnel. Thomas se serait sans doute fait prendre à fumer dans un coin du château. Enfin, il aurait eu les attributs suffisant pour ne pas se faire remonter les bretelles. Ceci dit, je comprenais, la position de Tiphaine. Fumer dans les toilettes de Mimi, bien que généralement parfaitement désertes, n’avait pas été la chose la plus maligne. Cela ne montrait pas le bon exemple. Enfin, la directrice se permettait de le faire au sommet des tours, ce que je n’avais pas manqué de remarquer quelques années plus tard.


Je souris. À bien y réfléchir nous n'étions pas amies, mais outre cet incident à mon arrivée, nous n'avions pas eu de soucis pour travailler ensemble. Ce n'est pas pour rien que j'avais accepté de lui donner des informations que détenait l'Ordre afin d'anéantir les Pozhiratelis. C'était pour cela qu'elle avait voulu de moi pour la remplacer lors de son année d'absence. Je n'avais pas hésité à lui confier mon fils car je savais qu'elle veillerait sur lui et le protégerait des dangers. À défaut, je lui faisais parfaitement confiance. Je me demandais ce qu’il en était de sa relation avec Thomas. Après tout s’il était là aujourd'hui c'est qu'il rendait service à la directrice. Il la connaissait même bien, chose que je n'avais pas manqué de remarquer pour que la blonde accepte qu'il s'incruste à son réveillon. Est-elle également une conquête ? Oh j'aimerais vraiment le savoir sans être non plus trop indiscrète. Puis après tout, il n’était pas obligé de répondre à ma question purement innocente.

Une dizaine d’années. C’était énorme. Cela devait presque remonter à notre sortie de Poudlard. Je me demandais bien les circonstances de leur rencontre. Or, s’il n’en avait pas plus dit c’est que cela ne me regardait pas. Je me montrais curieuse, je n’allais pas lui faire l’offense d’être impolie. Encore moins maintenant qu’il me renvoyait la balle.


Je ris. Tyrannique. Cela pouvait paraître un grand mot, mais la sorcière avait tout de même ce petit penchant. Thomas devait bien savoir de quoi je parlais, même si sans doute ce trait de caractère ne devait pas tant se révéler à ses côtés.

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Tyrannique. Il était certain que je ne l’étais pas. Ceci dit malgré ce penchant Tiphaine veillait d’une main de fer sur la sécurité de ses élèves. C’était ce qui m’importait. De toute manière, je n’aurais pas accepté de travailler ici ou par la suite de vouloir cette promotion d’adjointe si la directrice était infecte sans raison avec l’ensemble des êtres de ce château. Disons alors tyrannique sans excès. Si c’était possible. Après tout le mot de départ était peut-être mal choisi. Quoi qu’il en soit Thomas avait raison. Poudlard tenait le coup parce que nous ne nous tirions pas dans les pattes. L’excès d’autorité d’un côté, la réserve et la mesure de l’autre. Heureusement, par exemple, que je m’occupais des relations entre les professeurs. Il s’agissait notamment de garder son sang-froid face aux collègues corbeaux qui nous étaient imposés. Quant aux décisions communes je ne manquais pas de donner mon avis, même s’il divergeait de celui de Tiphaine. Le tout était de ne pas être dans la provocation. Au moins nous ne perdions pas de temps avec nos égos respectifs et nous prenions rapidement les meilleures mesures pour l’école. L’égo. Ceci n’avait pas aidé le couple Donna Tiphaine.

Je souris donc aux mots de Thomas. Je m’imaginais un instant tyrannique en train de provoquer en duel Tiphaine dans les couloirs à intervalles réguliers. L’anarchie totale. Heureusement que ce n’était pas à l’ordre du jour. Je ne perdis pas mon sourire lorsqu’il évoqua Eliott. Son existence n’était un secret pour personne. Disons que j’avais passé la fin du tournoi avec un ventre qui m’arrivait au front. Puis Thomas l’avait de toute manière vu en chair et en os lors du réveillon comme il le rappelait. Il avait passé le plus clair de son temps dans les bras de la directrice et de la mademoiselle Stark, néanmoins les airs de famille ne laissaient planer aucun doute.


Je préférais anticiper sur la suite, même s’il n’aurait peut-être pas osé poser la question. Puis comme ça je pouvais me permettre de m’arrêter là sans en dire trop. Après tout, c’étaient les gens qui parlaient le plus de politique qui vivaient le moins longtemps. Malgré tout le terme « coup d’état » reflétait ma position sur la question. Le crin de licorne dans ma baguette me disait pourtant que s’il avait la confiance de Tiphaine je ne devais pas m’inquiéter. Enfin, ne pas pouvoir parler aussi librement que je le souhaitais de mon opinion politique n’était rien comparé au fait d’admettre que j’avais abandonné mon fils. Exactement comme mes parents. Ma pire crainte réalisée dès ses premiers mois. Ceci dit beaucoup de parents s’accorderaient à dire que le terme était mal choisi. Avec le résultat des vagues, ces innocents tués, Eliott en Europe, ils y auraient eu un moyen de pression. La meilleure arme de torture. Pire que les détraqueurs.

Il était véritablement né au pire moment alors que le monde se dirigeait tout droit dans le chaos. Même s’il me procurait tout le bonheur du monde et que pas un instant je regrettais de l’avoir auprès de moi, je me sentais coupable de lui offrir cela. Un monde mauvais, brutal avec les innocents. Un monde qui le jugerait en premier lieu en fonction de son sang. Il était en tout cas hors de question d’élargir la fratrie. Un enfant non attendu pouvait s’excuser, un second désiré serait de l’égoïsme. De toute manière ma famille, mon travail et mes élèves accaparaient suffisamment mon attention.


Si je craignais pour la sécurité de mes élèves, c’était un sentiment décuplé pour Eliott. Si Thomas était papa il le comprendrait. Sur ce point je ne me souvenais plus ce qu’il en était pour lui. Je préférais rester dans le conditionnel. J’avais eu trop en horreur les injonctions à la maternité en voyant la trentaine arriver pour me placer dans un tel schéma. Un homme de quarante ans n’avait pas forcément d’enfant. Pour Thomas je n’avais pas ce souvenir et en même temps nous ne parlions pas de tout. On ne confie pas une intimité entière à une conquête.

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Je ne parlais pas beaucoup d’Eliott ici. Lui et son père me manquaient trop. En même temps, je ne craignais pas pour sa sécurité tant que Lucas veillait sur lui. Puis je faisais confiance à son esprit de déduction pour savoir le mettre en lieu sûr où le confier à mon frère ou même à Paul si quelque chose était sur le point d’arriver. Bien sûr qu’être mère devenait une charge mentale importante, mais je devais faire la part des choses. C’était renier tous les points positifs que de se fixer sur la crainte qu’il lui arrive quelque chose. Il était en bonne santé, son père lui consacrait tout son temps et je le voyais toutes les semaines pour construire notre relation. Forcément je loupais son évolution qui allait à une vitesse folle ces derniers mois, mais Lucas me décrivait tout ça et il ne manquait pas de m’envoyer par hiboux des photos. Je ne parlais pas d’Eliott pour rester concentrer sur mon travail et sur mes élèves, puis le temps que je lui accordais ensuite lui était uniquement destiné. Bien sûr Tiphaine prenait des nouvelles, certains collègues aussi, mais généralement le sujet s’essoufflait vite.

Thomas semble me comprendre et ceci me rassure. Le rôle de parent n’est pas évident, surtout si l’on cherche à être parfait. En réalité il faudrait avant tout être présent et protecteur. Pour un enfant de deux ans ce principe est évident, mais je sais que dans une dizaine d’année ce sera différent. Il viendra un moment où il voudra faire ses choix et qu’il faudra accepter de le libérer du cocon. Pour l’heure il faut en effet concilier entre notre vie et notre travail. L’un a toujours tendance à prendre le dessus sur l’autre contre notre volonté. Je ne pense pas qu’il existe de recette miracle pour remédier à cela. Encore une fois c’est le rôle du parent, faire au mieux. La fille de Thomas a donc huit ans. Je ne peux m’empêcher de sourire en imaginant cet homme avec un enfant. D’après ce que j’entends je pense qu’il fait de son mieux et qu’il l’aime tendrement. Huit ans. Lorsqu’il parle des idéologies j’imagine que sa fille a dû comprendre que le monde n’avait pas tourné rond ces deux dernières années. Pour ma part je hoche la tête. Les lois d’enrôlement concernent pour le moment les sang-purs mais rien ne protège à l’avenir les sang-mêlés dans être la cible. D’être la cible tout cours d’ailleurs, après les né-moldus, ce sera peut-être notre tour. Quoi qu’il en soit dans cette configuration les valeurs qui seront inculquées ne seront pas celles que je partage. J’aimerais qu’aucun enfant ou adolescent en subissent les conséquences. Dans cette histoire ce sont les plus vulnérables.


Je marque une pause. Je complote contre le gouvernement, du moins mes mots pourraient m’apporter un tas d’ennuis. Ce n’est pas comme si je pouvais me permettre de briser ma seconde chance. Pourtant je me sens en confiance. Thomas parlait de sa fille, il n’a pas pu imaginer un lueur pour me pousser à m’insurger. Ceci ne peut pas être calculé.


L’après, s’il arrive un jour, ne sera pas plus facile. Une fois de plus il y aura des procès, des délations. Pour retrouver un climat apaisé il faudra certainement encore quelques années. Dans une certaine mesure c’est assez démoralisant, mais je tiens à espérer que le monde va évoluer de manière positive.

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Cela prendra du temps. Pour une personne qui a peu de patience, ce n’est pas évident à accepter. Néanmoins, grâce à mon métier, je savais que prendre son temps permettait également de construire des bases solides. Les élèves avaient besoin de sept années pour devenir de véritable sorciers. Notre rôle n’était pas de les presser, mais de les guider. Les Pozhiratelis s’étaient rassemblés au fur et à mesure et ils avaient attendu pour être suffisamment forts et s’imposer sur toute l’Europe. Ceci dit, ils s’étaient installés avec une rapidité déconcertante si bien qu’une faille existait forcement. Certains sorciers adhéraient, mais une bonne partie se détachaient toujours de leur idéologie. Même au sein du Secrétariat, il me suffisait d’écouter Thomas. En même temps les corbeaux ne pouvaient pas renvoyer tout le monde pour s’assurer avant tout de la fidélité, sans quoi l’institution gouvernementale serait aujourd’hui bancale. Il en a été de même avec les écoles. Si nous étions restées en place avec Tiphaine, alors que nous avions été ouvertement contre, c’était bien, au fond, parce qu’ils n’avaient pas le choix. Alors bien sûr ils infiltraient au maximum le Secrétariat, les ministères et les écoles, mais ce ne serait peut-être pas suffisant à terme.

Il est certain que s’occuper des plus jeunes ne serait pas la seule priorité. Il faudrait également renforcer les institutions. Ceci dit j’étais bien éloignée pour penser ce genre changement. Ma spécialité restait les jeunes sorciers. Je ne tenais pas ce poste pour rien. Si Tiphaine m’avait confiée les rennes l’an passé, ce n’était pas seulement parce qu’elle connaissait mon opinion, elle devait forcement considérer que je pouvais avoir les épaules. Il y avait bien des professeurs plus expérimentés et certainement tout aussi dignes de confiance, mais c’était bien vers moi qu’elle s’était tournée. Elle savait que je tacherais au mieux de protéger les élèves, tant physiquement que des idéologies promues. Thomas était clairement plus compétent pour penser aux changements au sein du pouvoir. Pendant un instant je l’imaginais au plus haut poste, il avait l’expérience après tout. Je ne savais pas depuis combien d’année il travaillait au sein de cette institution, forcément plus de dix ans puisque cinq ans auparavant il était déjà Secrétaire d’une branche. Pour obtenir ce poste il était nécessaire après tout d’avoir déjà un bagage solide dans le domaine. Il est certain qu’après le discours qu’il m’avait servi, je préférais voir cet homme à la place de Twarby.

Enfin, il était temps de quitter les projections pour revenir sur un futur plus certain. Le forum des métiers. Il était imminent en effet et demandait beaucoup d’organisation. Comme souvent les Pozhiratelis imposaient l’idée, mais ne se donnaient pas la peine pour la mettre en place. Heureusement que le projet était au fond intéressant et n’impliquait pas une propagande directe, sinon il me serait bien difficile de m’investir correctement. Néanmoins, je n’étais pas certaine que la date imposée soit une bonne idée. Si les étudiants en venaient si vite à la même conclusion que moi, le forum allait vite tourner au ridicule. Ceci dit ce n’était pas mon problème, je n’allais pas penser pour eux.


Je lui souris. J’allais un peu loin, mais il me semblait clair que Thomas comprendrait ce point de vue. Je ne pensais vraiment pas avoir d’ennui en distillant mes idées en sa présence. Puis, j’étais pour un forum présentant les métiers et non pour une mise en avant des corbeaux.


Après tout jusqu’à présent il s’était déplacé pour rien. Tiphaine ne lui avait pas expliqué le souci avec les elfes et je ne pouvais pas le guider davantage. Je ne serais pas étonnée qu’il reparte sans avoir mis un orteil dans les cuisines.

deuxième étage, Poudlard

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Le forum des métiers. Il est certain qu’il représenterait une vaste plaisanterie. Même si ce n’était pas mon problème j’espérais au moins qu’il soit utile aux futurs diplômés. Le futur était déjà suffisamment incertain avec les Pozhiratelis au pouvoir, il ne fallait pas non plus que la dimension professionnelle en pâtisse trop. J’espérais que la Grande Salle ne serait pas un simple rassemblement de corbeaux et que leur abjecte présence entre ces murs serait compensée par celle d’anciens élèves davantage neutres. Je hochais la tête lorsque Thomas me confirma qu’il viendrait, c’était déjà cela de sauvé pour son département. Puis je ne pus m’empêcher de sourire. Vraiment, cela n’échappait à personne que la date était incongrue. Nos dirigeants ne réfléchissaient vraiment pas à tout.


Je lui souris. Il était certain que je n’allais pas pister mes élèves pour m’assurer qu’ils prendraient au sérieux la soirée et ce sans se permettre de blaguer. Bien sûr, je leur rappellerai en classe l’importance de ce type de rencontre pour leur avenir, mais mon discours s’arrêtera là. S’ils avaient envie d’ordre ils n’auraient qu’à faire appel à la Brigade. En attendant je ne briderai personne sur les farces, après tout même en classe j’autorisais plus de liberté ce jour-là. Surtout je réservais toujours un cours différent.

La mission de Thomas donc. Il est vrai que l’heure tournait et que ce dernier était pour le moment venu pour rien. La discussion n’était pas désagréable mais il me semblait que Tiphaine l’avait contacté pour une tout autre affaire. Ceci dit j’étais bien contente de l’avoir croisé. J’avais été suspicieuse au début, même distante et finalement le naturel était revenu au galop. Thomas était une charmante personne à la conversation captivante. J’avais apprécié aborder des sujets dépassant l’habituel bavardage superficiel des retrouvailles. Tout n’était peut-être pas perdu, il y avait encore des personnes aptes à gouverner de façon juste. Visiblement l’instant agréable avait été partagé, puis nous aurions très vite l’occasion de nous recroiser.


Je lui souris une nouvelle fois avant de me lever. Il était temps pour moi aussi de reprendre le travail. Je débarrassais la table avant de me tourner vers Thomas.


Je le savais suffisamment grand pour trouver la sortie ceci dit c’était peut-être une occasion de prolonger l’instant.

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