(pandora et timaël) - le corbeau fait-il l'homme 

Cela avait été la folie ces derniers mois. Timaël avait bien conscience d’être lui-même en partie responsable de tout ce carnage. Il avait aidé au renversement à la fin du tournoi, il faisait partie du camp des oppresseurs. Même s’il n’avait pas hésité à rejoindre les Pozhiratelis, il ne croyait pas en toutes les idées promulguées par les siens. Et encore il ne participait pas au carnage que représentaient ces vagues. Enfin, dans tout les cas, il avait besoin d’un temps pour lui. La guerre n’était pas finie. La Rébellion existait encore même si elle s’essoufflait. Or, elle représentait un obstacle pour la paix. Tout cela pour dire qu’il aurait encore du travail et que ce match tombait à pic. C’était l'occasion rêvée pour une trêve. Il n’aurait ni besoin de penser à son travail et encore moins à ses missions. Sa mère travaillant proche du monde du Quidditch il n’avait aucun mal à se procurer les places pour les matchs qu’il voulait. Ce jour, s’opposaient l’équipe des Harpies de Holyhead contre les Gobelins de Grodzisk. Ce n’était pas une finale, mais il soutenait les Gobelins et appréciait le jeu des Harpies.

Il quitta son travail assez tôt pour transplaner dans son appartement de Pleven. Brigadier était un métier plutôt sportif et une douche n’était pas de refus. Une fois habillait il transplanta de nouveau, cette fois dans la campagne anglaise non loin de Londres. Peut-être que si le match ne durait pas trop il aurait le temps de faire un saut chez Kiera. Enfin rien n’était moins sûr, d’autant plus qu’il n’avait pas pensé à la prévenir de cette éventualité. Quoi qu’il en soit cela ne dépendrait que de son humeur car il était venu seul. Ces derniers temps ils n’avaient pas vraiment profité de ses amis. Après tout, qu’est-ce qu’il pourrait leur raconter. Il se voyait mal se plaindre de ses tracas du quotidien actuels auprès d’Elena ou de Nikita. Puis ses autres amis avaient une vie tout aussi prise que lui. Enfin, ce dont il avait le plus besoin, c’était du temps pour lui afin de réfléchir calmement. Tout était bon à prendre pour retrouver une vie normale.

Après le contrôle des billets, Timaël s’installa dans les tribunes. Ce n’était peut-être pas les sièges VIP, mais ici il avait une bonne vue et il aurait de la place pour bouger. Puis le temps était agréable en ce mois de juin, il n’y avait aucune nécessité à être couvert. Ceci dit les considérations de Tim vis-à-vis de cette place furent rapidement ciblées sur la jeune fille qui venait de s’installer à sa droite. Elle lui disait quelque chose mais il ne saurait exactement la resituer. C’était typiquement une sensation qu’il détestait. Il avait beau avoir détourné le regard il ne pensait qu’à cela. Où avait-il pu croiser cette fille ou du moins quelqu’un qui lui ressemblait ? Il l’observa de nouveau, cette fois discrètement. Une amie de Kiera. Bien sûr, comme sa cousine elle avait un peu grandi, mais les traits du visage restaient tout de même les mêmes. Si c’était bien elle il se souvenait d’une personne avec qui il avait bien discuté. Elle ressemblait à Kiera et ils n’avaient pu que s’entendre durant ses soirées où sa cousine l’avait embarqué. Bref, ils n'étaient que des connaissances, mais Tim gardait un bon souvenir d’elle.


Timaël lui sourit. Il n’avait pas l’habitude d’aborder les inconnus. C’était une pratique qui le dérangeait même, alors que c’était ainsi qu’il avait rencontré Nikita. Puis, c’était une approche un peu maladroite mais au moins il serait rapidement fixé.

Pando

Tim fixait la jeune fille en attendant sa réponse. Il avait une plutôt bonne mémoire visuelle. Chose pas mal utile sur le terrain. Il n'était peut-être pas le sorcier le plus puissant, ni le plus expérimenté, en attendant son sens de l'observation lui accordait une vitesse qui lui était favorable. En revanche, il n’avait pas celle des noms, si bien qu'il pouvait facilement remettre un visage sans avoir aucune idée du nom qui lui était attribué. Ceci pouvait le mettre dans une situation délicate comme aujourd’hui. Enfin, il était suffisamment à l’aise avec la société pour ne pas se sentir gêné. Puis, ce n’est pas comme s’il avait croisé la jeune fille des centaines de fois. Son visage était attaché à des souvenirs de soirée d’élèves, essentiellement de Poudlard, auxquelles il avait suivi sa cousine. Enfin, ces fêtes dataient aujourd’hui du moins c’était l’impression du Marloes. A vrai dire, seul deux ou trois années les séparées de leur dernière rencontre. Tim en gardait pour sa part un bon souvenir.

Elle mis encore quelques secondes à répondre. Timaël avait remarqué que son œil avait été attiré par sa clavicule. En cette saison il ne portait plus de pull et son tatouage était facilement visible. Il ne le cacha pas pour autant. Ce serait tout simplement inutile elle l’avait déjà vu. Puis, il devait l'assumer encore plus maintenant que les Pozhiratelis s'apprêtaient à apporter le coup de grâce. Tant qu’elle ne la jouerait pas à l’apprenti révolutionnaire il ne risquait rien de tout manière. Personne aurait l’idée d’attaquer un corbeau en plein jour. Pandora. Ce n'était pas un nom très commun, en tout cas pas en Bulgarie. Peut-être qu’avec un peu d’effort il aurait pu le ressortir. Elle de son côté avait une meilleure mémoire. Il lui fit ainsi un sourire en hochant la tête pour confirmer ses dires. Il faisait en même temps mine de ne pas voir son retard revenir sur son tatouage. Ceci était un peu agaçant et en même temps vu l'état actuel des choses il ne pouvait pas lui en vouloir. Ses amies n’approuvaient pas, mais géraient mieux ce détail car elles le connaissaient autrement. Pandora, elle, pouvait voir en lui un danger.


Il garda son sourire. Autant faire comme si de rien était. Après tout il n'allait pas lui sauter dessus pour l'interroger. Tim n'était ni au travail ni en mission. S'il voulait se détendre cela passerait par moins de coup d'œil interrogateur sur sa clavicule.

Pando

Nouer contact. Timaël n'allait pas aux matchs pour rencontre des sorciers mais bien pour le plaisir du sport. Pourtant il aimait partager ce genre de moments avec des amis. De plus, c'était à un match qu'il avait rencontré Nikita. Une rencontre totalement fortuite avec une jeune femme qui était devenue une amie. Peut-être n'était-ce pas son objectif premier, mais il ne pouvait nier que le Quidditch permettait de créer des liens entre des inconnus d'univers et de nationalité différents. Ce n'est pas à l'école qu'il aurait pu rencontrer l’anglaise. Visiblement les matchs permettaient également de croiser des connaissances échappées du chaudron. La dernière année d'étude du bulgare avait été trop folle pour qu'il accompagne sa cousine et partage de nouveau du temps avec ses amis. Il n’avait pas eu l’occasion de voir Pandora dans ce contexte ou dans un autre. Être placé par hasard à côté d’elle était peut-être un coup de pouce du destin. En tout cas, c’était particulièrement bien tombé.

Coup de pouce. Peut-être pas pour chacun d'eux. Timaël voyait que son tatouage suscitait de l'attention. Maintenant que le corbeau était gravé dans sa peau il devrait s'accommoder des regards. En passant l'initiation il en avait pleinement conscience. Il lui fallait plus que de la crainte ou de la haine pour ne pas honorer les obligations familiales. Peu importe s'il ne croyait pas en tout ce qui était fait. L’important était de rester fidèle et de soutenir sa famille. Les actions de ses pairs ne devaient pas le faire douter. Une fois le coup de grâce, le monde serait plus calme. Bien sûr il trouvait cela terrible mais il avait été éduqué pour l’accepter.

Une joueuse donc. Tim appréciait l'effort de faire abstraction de ce qui fâche et de tenter de poursuivre une discussion anodine. L’ancien Voda jouait en tant que gardien dans l'équipe à Durmstrang, sans doute avaient ils dû aborder ensemble ce sujet. Les conversations antérieures restaient floues pour le Marloes, elles étaient embrumées par l'alcool accompagnant les soirées des jeunes. S'il se souvenait d'elle c'est qu'ils avaient discuté et que cela l'avait intéressé. S'il retrouvait son visage, c'est qu'il en gardait un bon souvenir. Oui, il était fort probable qu'ils aient parlé Quidditch, mais rien de lui interdisait de reposer la question.


Il lui sourit. De son côté il était détendu. Autant occuper la fille pour qu'elle le soit aussi. Il ne faudrait pas que Kiera lui envoie un hibou dans la semaine pour s'insurger du fait qu'il était ignoble en plus d'être un idiot de Pozhiratelis. En tout cas Tim comprenait l'intérêt de suivre les matchs pour voir le jeu et non forcément porter une équipe. Lui-même était attentif à la technique des gardiens. Enfin, il n'aurait jamais eu le niveau pour jouer en professionnel. Ceci dit, il n'était pas certain que le sport de haut niveau soit plus reposant que son travail. À bien des égards en tant que brigadier, même stagiaire, il ne fallait pas espérer des horaires de bureau et du calme.


Tim ne l’imaginait pas dans un bureau, mais le panel des métiers restant était encore large pour qu’il devine ce que la jeune femme pouvait bien faire de sa vie.

Pando

Timaël profita du sujet de la technique pour regarder ce qui se passait sous ses yeux. Le match avait débuté mais il n'y avait pas encore de grandes actions. Les premières minutes n'étaient pas souvent les plus impressionnantes. Il s'attarda un instant sur la stratégie des gardiens. Tous deux plutôt statiques. À voir le résultat. Il se retourna vers Pandora. Poursuiveuse et capitaine. Elle devait certainement être bonne au jeu, ce qui expliquait un potentiel projet en professionnel. Tim voulait bien croire que son œil critique s'était développé en portant ce poste. Il n'avait pas été capitaine, mais il se rendait compte de la responsabilité de former une équipe qui tienne la route, souvent en gardant les anciens. De la responsabilité de les faire jouer en collectif, chose nettement plus naturelle en tant que Poursuiveuse dont le jeu s'articulait étroitement à trois voire quatre avec le gardien. Tim hocha donc la tête. Les poursuiveurs n’auraient qu'à bien se tenir.

Vendeuse donc. Timaël n'aurait pas parié sur cela. Il imaginait sans doute un travail avec plus de mouvements. Enfin, il n’était pas allé voir comment se déroulaient ses journées. Il la croirait volontiers si elle disait qu'elle n'avait pas une minute pour elle au cours de ses journées. Quoi qu'il en soit, il sourit à sa remarque. Il est vrai que les tenues de Quidditch étaient généralement plus confortables qu'élégantes. Ceci dit, lorsqu'on était joueur on se préoccupait plus de porter les couleurs de son équipe que d'être un canon de beauté. Elle semblait avoir de l'ambition. Timaël le comprenait parfaitement. Il avait rejoint la police pour un travail en perpétuel mouvement. C'est d'ailleurs un poste qui arrangeait les Pozhiratelis car l'un des moins pourvu en corbeau. Mais Timaël ne comptait pas rester stagiaire toute sa vie. Il ne doutait pas que se faire une place était dur, mais pour l'heure on ne pouvait lui reprocher aucune bourde. Viendrait forcément le moment où il serait titularisé. Alors son objectif serait de gravir insidieusement les échelons jusqu'à atteindre le poste de Stark. Mort ou vif peu importe. Comme Elena il voulait être le chef. Comme Pandora, visiblement, il voulait être son propre patron.


Timaël comprenait bien que ce n'était pas forcément la réponse la plus rassurante. Il était Pozhiratelis, potentiellement un criminel car Pandora ne pouvait pas connaître toutes ses actions. Pourtant son travail était justement d'arrêter ce type d'individu. Puis depuis un an la limite entre le bien et le mal était floue. Les Pozhiratelis préparaient leurs lois tout en repoussant les résistants qui étaient désormais des criminels. En revanche les vagues meurtrières perpétuées étaient pour la paix. Autant dire que c'était un vrai fouillis, alors avant de relancer l'usine à questions il lui laissait le temps de digérer cela.

Pando

Timaël hocha la tête. Il avait été diplômé il y a tout pile un an. Il avait obtenu son stage très rapidement en raison de son bulletin. Pourtant il ne pouvait déroger à la règle, le stage durait deux ans. Pas plus, pas moins. Une période d'essai au bout de laquelle on déciderait si oui ou non il serait apte à être titularisé. Timaël se sentait déjà prêt même s'il savait qu'il avait encore pleins de choses à apprendre. Disons qu'il n'avait pas peur de se porter volontaire pour le terrain et qu'il acceptait sans souffler de travailler sur les rapports des brigadiers qui profitaient de sa présence. Cela ne faisait néanmoins pas de lui un élément infaillible prêt pour n’importe quelle mission. Déjà un an. Il avait fait la moitié. Il ne comptait pas sur Stark pour abréger ses souffrances plus tôt. Il fallait être patient malgré l'inconfort de son bureau ou plutôt du placard à balais qu'il partageait avec un autre stagiaire.

S'il appréhendait. Tim réfléchit un instant à la question. Disons qu'il avait dû faire face à l'adversité et à la pression en participant au jeu du pouvoir dans les premières années de sa scolarité. Puis il avait passé par la suite l'initiation. Se battre, récolter des informations, se faire torturer et enfin tuer. Le corbeau sur sa clavicule n'était pas venu par hasard. Il ne se vantait pas de cette réussite. Il n'y avait rien de glorieux à traverser tout ça. Néanmoins, il s'en était sorti. Timaël préférait se dire que cela avait au moins l'avantage de le prépare à tout. En vivant un concentré de mauvaises expériences il avait les bagages pour s'en sortir dans de nombreuses situations. À côté le travail qu'il avait vu sur le terrain n'était qu'une promenade de santé.


Le bulgare lui sourit. Tout ça pour dire que loi Pozhiratelis ou non son travail serait de faire respecter les règles. Si les corbeaux n’avaient pas le pouvoir, il mènerait simplement leurs missions en dehors du travail. Simplement façon de parler. En tout cas ce n’est pas à la brigade qu’il aurait été contraint de traquer ses semblables. C’était le rôle des Aurors. Enfin prochainement ce métier serait voué à sa perte. En tout cas Tim avait conscience qu’il pouvait paraître prétentieux. Or, il était surtout sûr de ses capacités. Il ne parlerait pas ainsi si on lui demandait ce qu'il pensait de ses compétences pour remplacer un des gardiens de la rencontre. En parlant du match il était en effet un peu plat. Dommage, le programme promettait un grand spectacle. Les joueurs étaient peut-être fatigués en cette fin de saison.


Après tout il était venu pour le jeu. Il n'aurait jamais pensé croiser une ancienne connaissance ici. Il était clair que Pandora se retrouvait dans la même situation. À défaut d’attirer l’attention avec son corbeau il ne lui faisait pas louper de grands moments de jeu.


Tim n'avait pas peur de se faire renvoyer bouler alors autant assouvir sa curiosité.

Pando

Les paroles de Pandora l’étonnèrent. Elle n’avait pas semblé, dans un premier temps, très à l’aise avec le corbeau qu’il portait sur la clavicule. En tant que simple connaissance, elle ne pouvait pas savoir à quel point il était attaché aux valeurs qu’il était censé défendre. Un Pozhiratelis restait un Pozhiratelis qui devait obéir aux ordres. Dans cette guerre Timaël n’avait que procédé à des arrestations de rebelles. Que était peut-être déplacé. Ces gens avaient des familles et ils croupissaient pour le moment en prison en attente d’un procès. Plus le reste de la rébellion poursuivrait ce combat, plus les procès tarderaient et moins les Pozhiratelis seraient indulgents. Tim ne cherchait pas à se donner le bon rôle, mais les actions de la Rébellion n’étaient pas réfléchies et ne pouvaient permettre de défendre la population. S’ils rendaient les armes il n’y aurait plus de massacres en masse. Bref tout cela pour dire qu’il n’avait pas contribué directement à l’assassinat de sorcier par le simple critère de leur ascendance. Ce n’était pas plus mal car la culpabilité le rongerait. N’étant pas fervent d’une supériorité du sang, il ne cautionnait pas cet extrême. Ça Pandora ne pouvait pas le savoir. Tout ce qu’elle voyait était le corbeau. De toute manière s’il s’exprimait librement à ce sujet pourrait-elle comprendre cette ambivalence.

Donc il était important selon elle de respecter les règles mêmes si elles ne respectaient pas ses idéaux. Tim se demander avant tout si elle ne cherchait pas à se dédouanait de tout acte de rébellion. Peut-être se disait-elle que c’était ce qu’il voulait entendre. Si c’était ça elle n’avait pas besoin de se donner tant de mal. Il n’était pas du genre à se laisser porter par la délation et il ne s’amuserait pas à l’arrêter si elle lui affirmait ne pas respecter les lois. De tout manière il avait l’habitude d’entendre des personnes de son entourage désapprouver les actions des Pozhiratelis. Elena n’avait jamais manqué de lui dire ce qu’elle pensait de son tatouage, Maelle en aurait fait de même. Elles étaient ses amies, elles savaient qu’ils pouvaient entendre leurs réflexions sans que cela vire au drame.


Il regarda le match pensif. La brigade existait avant le coup d’état et la société connaissait déjà des délinquants ou des criminels. Avec l’arrivée des Pozhiratelis se rajoutaient seulement à cette soupe les rebelles. Mais ces derniers étaient plutôt l’affaire des corbeaux. Quant aux Aurors leur situation actuelle était particulière. Les mages noirs qu’ils devaient arrêter étaient supposés diriger. En d’autres termes, ils n’étaient plus censé travailler. Certainement que cette élite serait contrainte de rejoindre les rangs de la Brigade. S’ils acceptaient, après tout le travail demandé ne serait pas le même.

Le Quidditch permettait en tout cas d’alléger cette discussion qui était devenue beaucoup trop sérieuse pour une soirée censée lui changer les idées. Timaël sourit en imaginant les gros titres des journaux relatant la furie d’une certaine joueuse. Il l’imaginait plus calme et raisonnée que cela. Ceci dit, il savait que sur un balai et dans le feu de l’action, certaine personne pouvait changer. Ou du moins elles se révélaient autrement. Lui restait le même pas en tout cas. Il se montrait audacieux tout en étant réfléchi. Persévérant coute que coute pour la réussite de l’équipe.


Il l’écouta attentivement expliquer la raison de son choix professionnel. Pour lui ce n’était pas une décision idiote de ne pas faire d’une passion un métier. Surtout si la personne avait des affinités avec d’autres domaines. Ceci permettait d’explorer plusieurs voies. Puis la vie d’athlète demandait un investissement à temps plein. Lorsqu’il n’y avait pas les entrainements il y avait les matchs. Puis il fallait concilier avec les relations et la notoriété. Comme elle le disait, ce n’était pas en adéquation avec une petite vie tranquille et surtout indépendante. Après tout, une fois professionnel dans le Quidditch, chaque décision serait commentée ce qui limitait grandement la liberté du joueur. Timaël hocha la tête. Dans la balance les choses s’équilibraient. Il suffisait de savoir ce que l’on souhaitait réellement. Vivre sa passion ou voir avant tout les contraintes que cela impliquait.


L’important était qu’elle soit heureuse dans ce qu’elle faisait. Si c’était un choix délibéré de se lancer dans la vente et la mode c’était ce qui devait prévaloir.

Pando

Sa réflexion n'était pas fausse. Le mot rebelle avait une consonance négative. Non seulement il présentait un groupe en opposition, mais il rajoutait une définition anarchique. Les Pozhiratelis réclamaient un certain ordre, malgré l'emploi de la manière forte. Ils recherchaient à faire perdurer la culture propre aux sorciers et pour cela il fallait se plier à certaines mesures. Pour un garçon qui avait grandi dans ce moule, les changements proposés ne représentaient pas un grand bouleversement. Il admettait néanmoins que les principes étaient dépassés. Les alliances avec les humains non magiques n'étaient pas une nouveauté, la curiosité qu'ils suscitaient non plus. La nature du sang ne pouvait pas contrôler l’attirance et par la suite l'amour ou l'amitié. Tim s'était entendu avec Maelle avant de savoir qu'elle était d'origine moldu. Il était alors trop attaché à elle pour accepter de l’effacer pour cette obscure raison. Selon lui, certaines mesures, notamment ses vagues macabres, étaient trop extrêmes. Ceci expliquait les voix de contestation. Enfin, il s'accordait avec elle. Résistant correspondrait mieux même si les sorciers se réunissaient eux même sous l'étiquette de la Rébellion. C'était un autre débat qu'il ne tenait pas à mener ici. Pandora semblait ne pas partageait son point de vue bien qu'elle se décrivait plus comme une pacifiste.

Malgré le sujet de conversation elle semblait plus à l'aise. Le simple fait d'aborder avec honnêteté cette thématique le prouvait. Les coups d'œil sur sa clavicule avaient cessé. Puis elle exprimait clairement le fait qu'elle prenait en compte son appartenance à ce clan. Ce n'était pas plus mal. Tim n'aspirait pas à provoquer de la crainte ou de la haine. Surtout il ne voulait pas être défini que par son corbeau, ni plus d'être contraint de le cacher. C'était une part sombre chez lui, forcément, car il fallait survivre à l'initiation. En revanche à côté, il était un jeune homme lambda totalement ouvert à la discussion.

Le Quidditch donc et son choix de non-carrière dans le domaine. Décision qu'il comprenait sans difficulté, si compté que son opinion l'intéresse. De ce qu'il voyait de son caractère certainement pas. En tout cas il appréciait chez elle qu'elle ait choisi sa voie malgré qu'on attende d'elle autre chose. Il appréciait d'autant plus les objectifs qu'elle voulait atteindre en partant de zéro. Ce n'était pas évident de gravir les échelons et pourtant c'était nettement plus stimulant. Timaël était en tout cas du genre à vouloir se construire seul. Il aurait très bien pu faire son stage au sein du Ministère et obtenir rapidement un poste de titulaire et pourtant il avait choisi une voie où il était impossible d'écourter le stage et dans laquelle son avenir n'était pas assuré d'avance. La facilité n'avait rien d'attrayant. Devoir en parti sa réussite à ses parents était déplaisant. Sachant que la sélection des brigadiers était difficile, cela donnait réellement un intérêt de parvenir à ses fins.


Il lui sourit. Sincèrement il serait satisfait de sa réussite. Elle n'était pas du genre désagréable ni indiscrète.


Au moins Tim serait certain de pouvoir rendre visite à sa cousine et de tomber sur elle. Cela lui ferait certainement beaucoup de bien après les mois fous qu’il avait passés.

Pando

Timaël hocha la tête. C’est vrai que vingt ans semblaient être une éternité. Cette période correspondait quasiment à celle qui le séparait aujourd’hui de ses premiers souvenirs. Autant dire la quasi-totalité de son existence. Ceci dit, il avait conscience que se faire une place n’était pas l’affaire de quelques années. De son côté la titularisation ne le rendrait pas chef. Il devrait ensuite se construire une réputation de bon brigadier et se montrer ambitieux. Il passerait forcément devant des collègues avec plus d’années de service. Il susciterait certainement, du mépris, de la colère, de la jalousie. L’ambition n’était pas toujours vue comme une qualité et il devrait se satisfaire des sentiments négatifs. Ceci dit il vivait déjà ce genre d’expérience avec les personnes qui rejetaient son corbeau. Son père reprenait souvent l’adage populaire, plaire à tout le monde reviendrait à plaire aux gnomes. Lorsque l’on veut se faire un nom, il n’est pas utile de s’arrêter aux avis de chacun. Tim voulait gravir les échelons dans les règles de l’art, mais même de cette manière certaines personnes seraient contre. Lorsque Pandora disait qu’elle n’espérait pas envoyé son fameux courrier dans seulement vingt ans, le Marloes ne pensait pas atteindre son but avant. Ceci dit les deux parcours ne souffraient pas forcément de la même temporalité. Il n’avait aucune idée du temps raisonnable pour mener à bien un projet tel que celui envisagé par la jeune fille.

Timaël hocha de nouveau la tête, ne pouvant qu’approuver l’avis de Pandora sur le match. Il avait le sentiment d’avoir dépensé quelques Gallions pour un spectacle divertissant qui ne venait pas. C’était le jeu et il fallait l’accepter. Tous les matchs ne pouvaient pas être grandiose, même en approchant la finale d’une coupe. Aussi bonnes qui puissent être les équipes, parfois l’alchimie ne se faisait pas. Au moins il avait su se divertir autrement, comme quoi il fallait toujours rechercher une pointe de positif. Tim ne regrettait pas autant de s’être déplacé. Puis il trouvait là une excuse pour faire un détour et embêter Kiera. Un coup d’œil sur les attrapeurs, ils ne semblaient pas beaucoup plus avancés. À ce rythme ils allaient connaitre un de ces matchs qui duraient des jours. N’étant pas fervent supporters des équipes sur le terrain, Tim n’avait que peu de scrupule à leur faire faux bon. Il faisait partie de la plupart des spectateurs que Pandora était en train d’évoquer. S’il s’agissait de son équipe nationale, il resterait, pour l’heure il était plutôt prêt à partir. Tant pis pour les Gallions perdus, ce n’était pas comme s’il vivait dans la nécessité.


Comme au bon vieux temps, si compté que l’on puisse évoquer les quelques rencontres qui avaient fait d’eux des connaissances ainsi. C’était assez osé comme proposition, mais Tim avait quelques scrupules à la laisser seule devant un match si peu intéressant. Puis Kiera et elle étaient amies, ce n’était pas comme s’il lui proposait un rencard. Enfin, même s’ils avaient discuté dans encombre, elle avait dans un premier temps jetait quelques regards interloqués sur la clavicule. Il n’était pas certain qu’elle souhaite fraterniser plus que de raison avec un Pozhiratelis. Sur le terrain l’action ne fut pas concluante, dommage, le départ était décidé.

Pando

L’heure du départ donc. Timaël ne regrettait pas d’être venu, la conversation avec Pandora avait été intéressante. Puis il était toujours agréable de retrouver des personnes rencontrées lorsqu’il était encore étudiant. Dans une certaine mesure il avait pu bénéficier d’un moment pour s’aérer l’esprit. Certainement pas autant que s’il avait suivi un match palpitant sans parler. Il est vrai qu’ils n’avaient pas abordé les sujets les plus simples. Ceci dit il était agréable de confronter des points de vue dans le calme. Timaël n’était certainement pas de ceux qui fermaient les yeux sur d’autres visions des choses. De toute manière si les Pozhiratelis voulaient perdurer, ils ne pourraient pas se contenter de maintenir un climat de terreur. Ce n’était pas une action qui pouvait perdurer sur le long terme.


Tim ne savait pas trop où allait les mener cette idée de rejoindre Kiera ensemble. Il était possible que la cousine ne se trouve même pas chez elle et qu’ils se retrouvent comme deux trolls sur le pas de sa porte. Le brigadier s’imaginait déjà embarrassé par ce déconvenue, même s’il se sentait en mesure de rattraper la situation. Ils se levèrent tout de même ensemble. Il s’excusa auprès des personnes qu’ils dérangeaient en passant, tout en tachant de dissimuler son corbeau. Clairement il n’avait pas envie de créer un mouvement de crainte ou de haine, ce n’était pas l’intérêt de sa soirée. Puis, il n’avançait pas seul et ne voulait pas mêler la jeune femme à ce type d’affaire.

La brise les accueillit en sortant du stade. Avec la masse humaine il faisait nettement moins froid que sur les places assises. Londres n’était pas bien loin, il ne serait pas compliqué pour deux sorciers diplômés de transplaner. Timaël se demandait seulement si Pandora connaissait l’adresse de Kiera, enfin auquel cas il pouvait toujours la guider. Quoi qu’il en soit la cousine allait certainement les entendre parler un moment de ce match catastrophique. Pour quitter le stade en plein jeu il fallait le faire.


Timaël lui sourit. La soirée n’était pas encore finie. Il était content d’avoir su parler calmement pour ne pas rendre la situation compliquée. Pandora n’avait aucune raison de penser qu’il pourrait l’amener autre part qu’à l’adresse convenue si elle choisissait de se faire guider. Enfin, il avait hâte de voir la tête de Kiera. Elle ne pouvait pas imaginer qu’ils allaient débouler car lui-même n’avait pas envisagé ce cas de figure.

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