Between beers and bet 

Les vacances. La possibilité de passer du temps en famille à Londres. Cette semaine tombée vraiment à pic. C’était sans doute ce qu’il y avait de plus handicapant à travailler à Poudlard. Ne pas pouvoir rentre chez soi tous les soirs. Ne pas pourvoir vivre avec ses proches. Il n’y avait, bien entendu, rien de comparable à côté de ce que j’avais vécu l’an passé. Tout de même, si je pouvais avoir Eliott et Lucas proche de moi plus souvent je serais nettement plus rassurée. Puis, il ne fallait pas oublier Hayden, ce n’était pas au château qu’il passait les matins pour le petit-déjeuner avant d’aller au travail. Les vacances était également l’occasion de prendre du temps pour moi. Mine de rien mon poste au sein de Poudlard occupé de la place. Entre les cours à préparer et à dispenser, les devoirs à corriger, les examens à imaginer, les activités extra-scolaires à superviser et mes fonctions d’adjointe, j’avais de quoi être active des journées entières. Cet ensemble ne laissait que trop de place à ma passion première, le Quidditch. Je parlais ici des tournois professionnels. Autrement dit ce match du lundi tombait à pic. Je ne regrettais absolument pas d’abandonner ma famille un soir pour mon propre divertissement. Puis il s’agissait d’une rencontre alléchante et déterminante. Le seul défaut que je pouvais trouver était de ne pas voir le Club, enfin le match risquait d’être prometteur.

Il le fut bien entendu. Je ne me larmoyais pas d’avoir pris cette place. C’était typiquement le genre de match que j’adorais. Pas d’équipe réellement dominante. Un parfait équilibre qui laissait les joueurs montrer toutes leurs prouesses afin d’arracher chaque point. Les batteurs n’en étaient pas en reste. C’était vraiment du bon jeu où chaque joueur avait sa place et sa visibilité. Certains m’étaient inconnus mais je pariais sur une carrière très intéressante. Mon équipe avait de quoi s’inquiéter.

Lorsque je quitte le stade je remarque que le temps c’est bien affraîchie. Comme d’habitude la passion pour le jeu m’a fait oublier l’environnement. Je remets ma cape et marche tranquillement dans les rues de la Grande Ville Marchande. Je suis encore beaucoup trop excitée pour m’endormir ou même me poser tranquillement chez moi. Heureusement c’est un tout autre programme qui m’attend. Ma correspondance avec Seth m’avait appris qu’il se rendrait à ce match. C’était l’occasion parfaite pour le croiser de nouveau et parler Quidditch avec quelqu’un qui s’y connaissait vraiment. J’avais rencontré le jeune joueur deux ou trois ans plus tôt alors qu’il était tout nouveau dans ce monde-là. Je devais admettre qu’il était de ceux qui avaient un avenir tout tracé et qui ne semblaient pas encore vouloir prendre la grosse tête. Le lieu de rendez-vous est cette fois un pub. En franchissant la porte je me dirige directement vers le bar afin de commander ma boisson. Un rapide coup d’œil et je le remarque attablé dans un coin calme de l’établissement. Je lui fais un signe de main avant d’attraper mon whisky pur feu et me diriger vers lui.


Je lui souris en posant mon verre sur la table. Pour l’ancienne Poursuiveuse que j’étais, c’était sans doute les moments qui me marquaient le plus. Je ressentais toujours une certaine douleur à imaginer celle du joueur en train de tomber par l’attaque d’un cognard. J’avais eu moi-même mon lot, plus ou moins impressionnantes.


J’ôte enfin ma cape avant de m’assoir.

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C’était plaisant de sortir de son quotidien. Quitter l’école ou son domicile pour voir d’autres visages. Je ne saurais dater la dernière fois que j’avais pu retrouver un ami dans un pub. Avant la naissance d’Eliott en tout cas c’était certain. Depuis il s’était passé beaucoup de choses. Puis, à la suite de ma libération c’était trop difficile de m’éloigner de mon fils. Enfin, il était temps que je reprenne vie. Rester enfermée chez moi ne faisait pas partie de ma personnalité. J’aimais voir des gens, croiser des inconnus ou des amis. J’aimais déconnecter avec la vie de tous les jours. S’il s’agissait de retrouver quelqu’un qui était aussi passionné que moi par le Quidditch et qui connaissait son sujet c’était encore plus réjouissant.

Je hochais la tête. Moi non plus je n'aurais pas aimé recevoir ce cognard. Les projectiles qui arrivaient sur les membres étaient moins impressionnants, bien que douloureux. Surtout si le joueur était suffisamment vif pour ne pas se laisser surprendre et maintenir ses prises sur son balai. Un cognard sur le flanc c’était une autre histoire. Puis, vu la puissance de celui de ce soir, la chute qui avait suivi avait été impressionnante. Enfin, cela faisait partie du sport, même s’il s'agissait de ne pas s'y habituer pour éviter le maximum de blessures.

Je souris. Je voulais bien le croire. Si jouer était grisant, le but final était de mener son équipe à la victoire. Ceci me manquait sans doute plus que tout. Cet esprit d'équipe pour donner le meilleur de soi. Repousser ses limites. Partager la joie de tenir un trophée. Plus que le jeu c'était l’objectif qui me manquait. Je comprenais la frustration d’être à deux doigts du Graal. J’avais été à cette place durant mes années de compétition. Avec le club nous avions tout de même eu la coupe Nationale. C’était déjà ça. Quoi qu’il en soit, je n'avais pas eu le loisir de suivre le tournoi l'an passé mais j'avais su que son équipe avait fait un beau parcours. Une équipe qui faisait dans la continuité était méritante selon moi et cette année ils avaient été brillants. En tout cas, l'esprit de revanche pouvait être un booster exceptionnel.


Je joignais le geste à la parole avant de gouter ma boisson. Ça aussi ça faisait longtemps. J’avais oublié que c’était aussi fort. Enfin ce n’est pas mon whisky qui manqua de m’étouffer mais sa réflexion. Je fis la moue. Il ne fallait pas toucher à mon équipe c’était mesquin. Ceci dit j’avais commencé les boutades. Les Vautours nous avaient mangé. Ceci me rappelait la première rencontre avec Seth. Totalement fortuite dans les sous-sols d’un stade après un match entre nos deux équipes. J’avais pu découvrir un bon joueur de la nouvelle génération accessible et qui contre tout attente avait reconnu le dinosaure que j’étais.


Je souris bien sûr. C’était le point sensible mais je n’étais pas mauvaise joueuse à ce point.


Je n’avais pas vraiment suivi les changements d’équipe. Peut-être que les Vautours avaient trouvé d’autres perles.

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Me replonger dans mon ancien domaine était réjouissant. Rien à voir avec les secrets que je pouvais capter en longeant les allées de ma salle de classe ou les couloirs de Poudlard. Le Quidditch réservait toujours de belles surprises. Non seulement lors des matchs. Parfois le déroulement des saisons pouvait être grandement surprenant. Ceci dit, peu de gens dans mon entourage proche partageait la même passion du Quidditch. Puis, je ne pouvais pas me permettre d’inonder de courrier mes anciens coéquipiers à la moindre surprise. Outre le sport, la composition des équipes pour la saison à venir était toujours un grand moment. Personnellement, je n’aimais que très peu les gros changements. Je pense que si j’avais maintenu ma carrière il m’aurait été très difficile de quitter le Club et de devoir l’affronter au sein d’une autre équipe. Après tout jouer contre ses coéquipiers pouvait se faire lors des tournois internationaux. Enfin bref. Pour l’heure je n’avais pas encore suivi les rumeurs et les pronostics quant aux changements d’équipe. Pour ce qui était des Vautours, je ne pouvais pas avoir une source plus fiable que Seth.

Donc pas trop de changements cette année. Ceci aidait une équipe à se maintenir. Ils avaient perdu ensemble l’année dernière et ils voudraient gagner ensemble cette année. Ça se déroulait ainsi à Poudlard car les changements d’équipe ne se faisaient pas d’une maison à une autre. Généralement un noyau d’au moins trois joueurs se maintenait d’une année à l’autre. Dans le milieu professionnel pour l’appât d’une meilleure place ou de plus de Gallions les changements étaient plus évident. Enfin, vu la montée en flèche des Vautours, s’ils se sentaient bien ensemble ils n’avaient pas de raison de quitter le navire. J’écoutais attentivement Seth poursuivre. Du changement pour l’année prochaine, j’étais bien curieuse et il avait toute mon attention.

Un nouvel attrapeur. Je n’eus pas le loisir de me refaire l’organigramme, Seth ne s’arrêta pas en si bon chemin. Krum c’est vrai. Sacrée famille de talents. À se demander ce qu’on leur mettait dans le biberon. Ou alors leur enfance était tellement centrée sur le sport qu’ils en devenaient des machines. Krum était un excellent attrapeur. Rapide et agile. Jeune aussi avec de quoi faire une longue carrière. Je ne pouvais qu’être surprise que la raison de son départ soit pour mettre sa carrière en suspens. À son âge et à ce niveau c’était surprenant et rare. Louable aussi. Sur ce point je n’allais pas émettre de critique. J’avais moi-même arrêté la compétition pour veiller sur mon frère, estimant que ce dernier avait plus besoin de moi que mon équipe. Enfin, je ne prétendais pas avoir une si belle carrière qu’Ivan Krum. Je pouvais encore tenir sur mes chevilles. Ceci dit je donnais de ma personne et dans une équipe c’était tout aussi important.


Je bus la gorge sans doute sèche d’avoir maintenu un O avec ma bouche si longtemps.


C’était comme si je me permettais de divulguer tout ce qui se passait avec mes anciens partenaires. Enfin l’équipe avait pas mal changé depuis mais certains étaient encore là. Ce n’est pas que je ne faisais pas confiance à Seth mais par exemple lui dévoiler les probables changements avant le match contre le Club aurait pu modifier sa façon de jouer, ne serait-ce qu’inconsciemment. Ceci dit à ce stade de la saison, si je savais quelque chose j’aurais pu lui en parler. L’enjeu n’était plus le même.


Je lui souris. Les équipes savaient tout de même rebondir aux derniers changements. Puis, ce n’était peut-être pas une bonne idée de rajouter de la pression maintenant que les Vautours étaient vraiment très près de décrocher le trophée de la victoire.


Enfin je n’étais pas à une autre grosse surprise près.

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Krum. Bon je vais mettre encore quelques minutes à pleinement réaliser. Heureusement que je ne suis pas supporters de l’équipe des Vautours sinon la crise cardiaque m’aurait tuée sur cette chaise. Ce scoop. Je me demande quand est-ce qu’ils vont l’annoncer. Après leur dernier match du tournoi. Avant la finale s’ils l’atteignent. Si c’est cette seconde option la moindre place qui se revendra vaudra une petite fortune. Le dernier match de Krum, à priori. Même les non supporters voudront voir ça. Pour l’heure je serais limite tentée de faire jouer mes relations pour me dégoter une place, ce qui était totalement absurde car il s’agissait d’un de mes cadeaux de Noël. Lorsque je disais que j’avais le meilleur petit-frère du monde je ne mentais pas. Le pauvre regrettait encore de ne pas avoir pu me fêter mes trente ans comme il se doit, comme s’il était responsable de mon arrestation l’an passé. Le connaissant la compensation durerait jusqu’à mes quarante ans. Meilleur petit frère. Heureusement que je n’en profitais pas.

Quoi qu’il en soit Seth ne connaissait pas le nom de la nouvelle recrue. Ceci dit à cette période de l’année le staff cherchait aussi parmi les prochains diplômés. Enfin, l’enjeu pour l’équipe était important et pour le moment le capitaine devait uniquement se concentrer sur la saison en cours et non sur celle à venir. Son avis sur le nouvel attrapeur viendrait certainement après le dernier match de la saison. Dans un sens ce n’était pas plus mal que les joueurs ne se mêlent pas directement des recrutements, d’autant que l’entraineur connaissait son équipe et avait en tête le profil idéal d’une nouvelle recrue. En fonction des équipes ce n’était pas toujours les mêmes recherches, être un bon joueur ne suffisait pas.

En revanche Seth savait qu’il resterait en place chez les Vautours. Pour évoluer comme il l’avait fait depuis son diplôme, c’est qu’il devait se sentir très bien là où il était. En tout cas à l’entendre parler c’était l’impression donnée. Lorsqu’on porte son équipe dans son cœur cela se voit. Puis un changement d’équipe ne lui permettrait pas forcément de se voir accorder de sitôt un rôle de capitaine. Je hochais la tête à mon tour, pas de raison en effet de quitter son club. Pour le moment en tout cas. Viendrait peut-être un temps où le challenge et le changement l’attireront plus que la stabilité d’un bon poste. Il fallait également penser à l’équipe qui changerait au fur et à mesure des années et qui a un moment ne lui correspondrait plus. Enfin, comme il l’avait dit ce n’était pas sa considération actuelle.


Je lui souris. Capitaine. Voilà un rôle qui ne m’aurait pas plus. Faire corps avec mon équipe oui, mais sans les responsabilités d’un capitaine. Je n’aurais pas été bonne du tout dans cette position c’est certain. Dès Poudlard j’avais fui cette responsabilité. D’autant plus qu’à l’école le capitaine avait la triple casquette d’entraineur et de recruteur. L’horreur. Il y aurait eu un nombre incalculable de morts par coup sur la tête avec ma patiente légendaire.


Même si le sport définissait une partie de la vie des athlètes, il ne fallait pas oublier qu’ils avaient une vie à côté. Krum en était la preuve. Être efficace sur un balai, sur la durée, impliquait également d’avoir une certaine stabilité dans son quotidien.

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Lorsqu’on était en dehors du terrain, on oubliait souvent que le personnel prenait aussi de la place dans la vie des athlètes. Leur existence ne pouvait pas se résumer qu’au Quidditch. Si c’était le cas ce serait limite malsain et je ne suis pas certaine qu’à terme les performances seraient optimales. Chacun avait besoin de s’aérer l’esprit. En connaissance de cause, ce n’était pas toujours évident. Lorsque l’équipe approchait d’un tournoi ou carrément d’une finale, il était compliqué de s’accorder du temps. L’enjeu pesait trop sur les épaules pour ne rien laisser au hasard. Pourtant il n’y avait rien de plus revigorant de prendre une pause. Voir d’autres personnes que ses coéquipiers. Ses amis, sa famille pour qui nous n’étions pas un joueur mais une entité à part entière. Discuter de soi et non du jeu. Certes, ce qui nous liait avant tout aujourd’hui avec Seth était le sport, pourtant je trouvais important de mettre un instant sa vie en avant. Qu’il puisse parler de lui en tant qu’individu dissocié du Quidditch s’il le souhaitait.

Je hochais la tête. Même avec beaucoup de volonté il était tout de même difficile de libérer un espace infini à ses proches. Pour ma part j’écrivais beaucoup. De toute manière Hayden ne pouvait pas bouger de Poudlard et grand-mère était déjà fatiguée. Pour mes amis, ils étaient eux pris dans leur stage et n’avaient pas beaucoup plus de temps que moi. Ecrire se révélait vraiment comme la solution la moins chronophage. Pour les relations humaines directes, je comptais sur les sorties d’après match. D’un naturel sociable elles étaient nécessaires pour moi. Elles avaient en tout cas été fructueuses car j’avais pu rencontrer Hacho, mais surtout Lucas. Vraiment je comprenais Seth lorsqu’il me disait que ce n’était pas toujours évident de concilier avec les obligations de chacun. La volonté ne suffisait pas toujours. En tout cas j’étais rassurée qu’il ne fonce pas corps et âme dans sa passion, qu’il faisait en sorte de s’aménager de l’espace.

Elena donc, sa compagne. Future mariée apparemment. Je ne suivais pas les potins mais forcément la relation entre un athlète et la fille de la secrétaire, elle-même adjointe, n’avait pas pu m’échapper. En tout cas c’était une nouvelle que j’accueillais avec le sourire aux lèvres. Au milieu de ces mariages arrangés, cela faisait du bien de voir de l’amour sincère. Son sourire ne laissait planer aucun doute. Dans une certaine mesure nous avions de la chance d’être de "sang-mêlé". Nous n’avions pas d’obligation de mariage, d’appartenance aux corbeaux ou d’envoyer nos enfants à Durmstrang. Nous n’étions pas craints ni traqués. Dans cette société qui ne tournait pas rond et où chacun perdait de la liberté, nous subissions certainement le moins d’injonctions.


Je souris plus largement avant de porter ma boisson à mes lèvres. Que voulez-vous, les bonnes nouvelles étaient si peu nombreuses que je me délectais lorsque j’en entendais une. Puis il avait éveillé ma curiosité. Je voulais en savoir plus sur cette jeune fille que j’avais croisée lors du tournoi des trois sorciers. Celle qui n’avait pas remporté le trophée mais en revanche le cœur de mon jeune ami ?

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C’était si plaisant de parler de choses positives. Pour commencer le Quidditch, sujet qui pouvait me tenir en haleine des heures durant. Maintenant la bonne nouvelle d’un mariage à venir. Cette discussion me sortait définitivement des préoccupations du travail. L’organisation des prochains examens qui arriveraient bien trop vite était loin de m’occuper l’esprit. Je ne me préoccupais même pas de ne pas profiter de mon mari et mon fils ce soir. C’était plaisant de pouvoir se vider l’esprit le temps d’une soirée. La jeune fille avait donc accepté. J’imaginais que l’instant devait être savoureux, surtout à Venise. Je gardais d’excellent souvenir de l’Italie et le cadre devait véritablement être propice. C’était certainement pour cela que cette demande imprévue était survenue à ce moment. Il avait dû ressentir que c’était le bon moment. Lucas avait certainement réfléchi ainsi lors du passage à la nouvelle année. Eliott gardé chez les Deauclair, nous avions profité d’un repas au cœur de la capitale française et la demande en fiançailles avait été une évidence. L’accepter l’était tout autant. Nous réservions le mariage pour une période plus apaisée, mais le premier pas avait été fait.

Ils s’étaient bien rencontrés à Durmstrang. Les études étaient toujours une occasion parfaite pour s’entourer, que ce soit en amour, mais aussi en amitié. Je le voyais particulièrement avec Lucas et Paul qui étaient comme des frères depuis leur première rencontre. Je gardais moi-même des proches rencontrés à Poudlard. Seth avait donc commencé à fréquenter sa fiancée en approchant la fin de ses études. Dans une certaine mesure c’était un couple tout jeune et pourtant il semblait si certain de partager son quotidien avec la femme de sa vie. Je ne remettais aucunement en doute cette impression. Lucas avait été une évidence et même si tout n’avait pas été rose, nous avions su nous retrouver plusieurs années plus tard avec toujours autant d’amour à partager.


Ce n’était clairement pas le meilleur monde pour projeter de faire venir un enfant, mais cela restait l’envie de certains couples. Je ne pouvais pas les juger, surtout je ne me trouvais pas dans cette situation. Si Eliott n’était pas là mon envie de fonder une famille serait certainement fort malgré la situation politique. C’était si personnel qu’il était difficile de porter un jugement sur ce sujet. Ceci dit ce n’était peut-être pas leur priorité en raison de leur travail respectif. Ou bien ils n’envisageaient absolument pas d’avoir d’enfant, ce que je pouvais concevoir également.

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Je souris à Seth. Ils avaient bien raison de ne pas se précipiter. Accueillir un enfant dans son foyer n’était pas une chose aisée. Bien sûr c’était beaucoup de joie, mais cela s’accompagnait aussi d’un tas de préoccupations. Avec Eliott j’avais toujours la sensation de rechercher à tout prix son bonheur, mêlé à cette crainte qu’il lui arrive quelque chose. J’avais aussi cette culpabilité de ne pas pouvoir être suffisamment présente tout en ayant conscience que je ne pouvais pas pour autant arrêter de vivre ou de lutter pour rendre notre monde meilleur. De tous les travaux, c’était le plus dur mais aussi le plus gratifiant et dans tous les cas il fallait être prêt. Seth et sa compagne avaient encore le temps pour préparer cette arrivée.

Seth me questionna ensuite sur Eliott. Mon garçon grandissait bien trop vite à mon goût. Et je ne parlais pas seulement en terme de taille. Chaque fois que je le voyais il marchait un peu plus vite, ses jeux étaient plus évolués, il prononçait de nouveaux mots. Il ne cessait de me surprendre malgré le tas de documentation que j’avais lu sur le développement et les nombreuses nouvelles de Lucas à chaque fois que notre fils explorait une nouvelle chose. Puis il était en bonne santé et vivait en sécurité au côté de son père. Eliott était loin d’être l’enfant le plus à plaindre, bien au contraire. Entre Paul qui le gâtait sans cesse et Hayden qui venait jouer avec lui lorsqu’il avait des week-ends de tranquillité, mon fils était très bien entouré. Puis je ne l’abandonnais pas pour autant. Chaque fois que je le pouvais je rentrais m’occuper de lui. À son âge il ne semblait pas me reprocher mes longues absences. Certainement qu’à l’adolescence il m’accablerait avec cela, mais pour l’heure il était beaucoup trop affectueux pour s’en procurer.


Mon sourire s’élargit à ce moment-là. Il est vrai que dans des moments de grandes émotions il n’était pas vraiment aisé de le suivre.


Je jette un coup d’œil sur ma montre. Normalement à cette heure-ci Eliott doit être endormi depuis un moment.


Je ris avant de boire une autre gorgée dans mon verre bientôt vide.

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Pendant longtemps je n’avais pas rêvé d’être mère. Ma carrière de Poursuiveuse m’importait davantage, puis j’avais été responsable d’Hayden. Ensuite je n’avais personne avec qui penser ce projet. Je n’attendais pas Eliott comme je ne m’attendais pas à partager de nouveau mon intimité avec Lucas. Il s’était imposé, certainement au mauvais moment puisque le monde d’effritait autour de nous. Pourtant, je n’avais douté à aucun moment de l’amour que je lui portais. Il était mon fils, la personne la plus précieuse sur cette Terre. Je ne pouvais regretter sa venue puisqu’en échange il m’avait apporté plus de bonheur que de peine. Je l’adorais et parler de lui me réchauffait le cœur. Je pourrais écrire des mètres et des mètres de parchemin pour narrer à quel point mon admiration était infinie. J’avais bien conscience qu’à ce moment de la conversation mes yeux devaient briller, mon sourire s’élargir et que si je ne me contrôlais pas, Seth pourrait avoir un récit détaillé de chaque tranche de vie de ce petit garçon.

Néanmoins, parler de ma famille me rappelait que je ne pouvais plus autant tarder pour rentrer. Cela dit, cette parenthèse m’avait fait beaucoup de bien. Les vacances étaient l’occasion de profiter de mes proches, mais cela me permettait également de prendre du temps pour moi. Ce que j’aimais particulièrement après les humains qui m’entouraient était le Quidditch. Et rien de mieux que de retrouver après un match, un jeune joueur, ami, avec qui partager ma passion et pourquoi pas divaguer sur des sujets plus personnels. J’adorais vraiment cette ambiance d’après match autour d’un verre, me retrouver au milieu d’autres supporters. Cela me rappelait l’époque où je jouais, plus que lors ce que j’étais dans les gradins en tant que simples spectatrices.

Je souriais en tournant de nouveau mes pensées sur la discussion en cours. Il est vrai que Lucas avait besoin de beaucoup d’énergie pour s’occuper du petit monstre. Heureusement qu’il était à côté de cela un petit garçon charmant, quoi qu’un peu capricieux. Enfin à son âge, lorsqu’on était aussi butté que sa maman, il était difficile d’exprimer sa frustration autrement. Cela promettait d’autres batailles, certainement tout aussi épuisantes, lorsque ses émotions seraient plus émoussées. Un Lucas dans l’équation ne serait pas de trop, c’était certain.


Je lui souris. Heureusement j’avais plus de recul aujourd’hui et je savais ronger mon frein lorsque la diplomatie était de mise. Il fallait bien cette aptitude lorsque l’on travaillait avec Tiphaine de toute manière.


Cette fois mon verre était vidé et je pouvais revêtir mon manteau.

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Un cognard j’en étais un. Ou plutôt je l’avais été. Je n’étais pas la dernière lorsqu’il s’agissait d’exprimer mon indignation. Je ne mâchais pas toujours mes mots lorsque mon avis était requis. Je m’étais pourtant calmée de ce point de vue-là. En classe je tournais bien ma langue sept fois dans ma bouche avant de répondre à mes élèves. Certains méritaient pourtant quelques répliques salées, hors je n’enseignais pas pour m’éterniser sur des débats stériles. Parfois, il fallait savoir se taire pour ne pas laisser trainer une situation déplaisante. Puis, quelques heures de retenues avec un regard froid suffisaient souvent à calmer les plus coriaces. Même avec Tiphaine j’avais préféré la diplomatie à l’affrontement perpétuel. Poudlard s’en portait bien mieux en procédant de cette façon et c’était plus apaisant pour nous deux.

Pour l’heure il fallait que je m’assure que le second cognard vivant dans mon foyer n’avait pas terrorisé mon compagnon. Même les bons moments devaient se terminer, puis cela ne nous empêchait pas de remettre cela à une prochaine fois. Mon verre vide, je m’intéressais maintenant à la réponse de Seth. Il avait connaissance de ce que j’allais affronter en rentrant, mais je ne savais pas en retour ce qu’il comptait faire à présent. Il allait donc faire un tour au Secrétariat pour retrouver son amie. Ce jeune homme était définitivement très attentionné, cela me surprenait que très peu. J’échappais un petit rire lorsqu’il retourna la question. Mon mari cela sonnait étrangement puisque nous n’étions pas mariés. D’une certaine manière c’était déjà le cas, seulement de manière non officielle. Enfin, c’était notre prochain projet, nous attendions simplement le bon moment.


Je me levais alors avant de revêtir mon manteau. Lucas m’attendait certainement pour le souper avec notre fils couché dans son lit.


Avec un signe de main et un sourire je le saluai avant de tourner les talons. Direction Londres et ma maison. J’aimais Poudlard mais qu’est-ce que j’appréciais les vacances.

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