[Tipherek] Tu connais Frankenstein ? 

22h sonne au clocher de la tour. Devant les portes de la Grande Salle, Tiphaine salue les étudiants qui partent rejoindre leur dortoir. Voici une chose que les Pozhiratelis lui ont imposés : des cours de Bulgare. Cinq longues heures par semaines pour chaque année. Un vrai casse tête en début d'année pour placer ces maudites heures. Mais elle avait réussi à le faire. Et maintenant ? Voilà que ces maudits Pozhiratelis prenaient un peu plus le contrôle de sa vie.
Depuis la veille et son départ précipité de la maison, la Retrac ne cessait de se poser des questions. Oh, elle était heureuse. On lui avait rendu quelqu'un à qui elle tenait beaucoup : Draka Lucius Karmon. Son ancien mari. Comment c'était possible ? Elle n'en savait rien. Mais elle l'avait bel et bien retrouvé et pour tout dire, même si ça lui faisait plaisir, elle avait quelque chose de très important à faire aujourd'hui. Le prévenir lui : Derek Draco Stark. Et les questions qu'elle se posait concernaient donc la manière dont elle allait pouvoir lui dire tout ça. Oui... c'était compliqué : allez dire à votre compagnon actuel que votre ex mari, normalement démembré et décédé, est en réalité en vie et... devra bien revenir dans sa vie ? Et puis ce n'est pas tout... il faut ajouter dans l'équation deux inconnus : le premier, c'est Cliff, son premier enfant. Cliff Lucius Karmon. Et puis il y en a un deuxième. Qui n'est pas encore là mais qui se construit doucement. Un inconnu dont elle a découvert l'existence il y a peu et... qu'elle tente d'accepter depuis à peine une semaine. Ce second inconnu, c'est ce deuxième enfant, une petite Stark. Vous le voyez le bordel à venir ? Parce qu'il va y en avoir...
Rajouté en plus le fait que Draka ayant été ramené par les Pozhiratelis, ces derniers ne tarderont pas à lui tomber dessus. Et le regard que lui lance Noam ce soir, ce petit sourire en coin étirant ses lèvres, lui fait comprendre que oui, les Pozhiratelis ont bel et bien quelque chose en tête.

Poussant un soupir, la blonde échange un regard avec les quelques préfets qu'elle croise lorsqu'elle rejoint son bureau. Ils feront du bon travail, elle n'a aucun doute là dessus. Alors une fois dans son bureau, porte fermée à clef, elle prend une grande inspiration et ne tarde pas à transplaner.
Réapparaissant dans l'entrée de sa maison, un autre craquement sourd ne tarde pas et l'elfe apparaît devant elle. Se rendant compte de l'identité de cet intrus à cette heure tardive, le petit elfe finit par disparaître. Glissant ses pieds hors de ses chaussures, la blonde hésite à grimper à l'étage mais... elle fait d'abord un crocher dans la cuisine. Un verre d'eau à la main elle se dirige vers le salon et prend place dans le canapé.
Thomas a été de bon conseil ce midi mais en réalité, elle a peur de faire face à Derek. Parce qu'être devant un ami c'est différent que d'être devant l'homme qui partage votre vie, surtout quand c'est pour balancer une nouvelle de ce genre. Et puis... elle devra bien lui dire qu'elle l'aide en l'ayant accepté à Poudlard non ? Ce qui implique de le voir régulièrement, tous les jours, bien plus souvent que Derek. Et au fond, Victoria le sait : si sa relation avec Draka s'est terminée, ce n'est pas parce que les sentiments n'étaient plus là mais bien parce qu'il avait été déclaré mort.
Son regard bleu plongé dans ce verre d'eau, elle ne fait même plus attention à ce qui l'entoure. Il est tard, elle est fatiguée, mais son sommeil attendra, la discussion est plus importante.

Voilà qu'elle s'est perdu dans l'eau de son verre. Ses pensées sont parties loin, très loin. Dans le passé plus précisément. Ce qu'elle est entrain de se refaire ? Un récapitulatif de sa vie. Elle pense à tout ce qui lui est arrivé, aussi loin que ses souvenirs lui reviennent.
Cette discussion qu'elle avait eu avec Thomas lui avait fait énormément de bien au final. Il lui avait permis de lui remettre les idées en place et surtout de se souvenir d'une chose : Derek. Ce crétin était présent dans sa vie depuis tellement d'années qu'en fait, il avait toujours été attachée à lui. Draka avait été une parenthèse agréable dans sa vie pendant que le Stark avait disparu de sa vie. Mais les retrouvailles avec son bourreau avaient été tellement agréables qu'elle avait compris la place qu'il pouvait bien occuper dans sa vie. Et laquelle... Bientôt il allait en occuper une toute nouvelle.
Un nouveau bruit de transplanage se fait entendre dans la maison mais Victoria ne broncha pas. Elle ne bougeait toujours pas, son regard toujours perdu. Enfin elle avait au moins prit contact avec la réalité, elle n'était plus totalement perdue dans ses pensées comme il y avait quelques minutes.

Derek : (...)

Elle ne lève pas la tête. Cette voix elle la connaissait par coeur. Tout comme ces lèvres qui s'approche d'elle et ces mains qui se glissent sur les siennes. Poussant un petit soupir elle finit par lever la tête et croiser le regard de son compagnon. Un petit sourire étire ses lèvres. Ça lui fait du bien de le voir. Pourquoi n'a-t-elle jamais pensé avant à rentrer plus souvent ? Aucune idée. Peut-être parce que Poudlard avait une trop grosse place dans sa vie. Mais pour le moment elle ne voulait pas y être. Et elle n'avait pas le droit d'y être. Elle devait parler... Elle avait des choses à lui dire.

(Anglais) Tu te doutes que si je suis là c'est... que j'ai des choses à te dire Derek.

Elle pose doucement le verre sur la table. Elle n'y a pas touché, mais tant pis. En réalité elle n'avait pas soif. C'était une excuse qu'elle s'était trouvée pour ne pas aller à l'étage tout de suite mais bon... de toute évidence les dossiers du Secrétariat avaient été plus importants que son sommeil.
Peut-être que... elle aurait mieux fait de prendre un ton moins... dur ? monotone ? blasé ? Peut-être qu'elle n'aurait pas du l'appeler par son prénom non plus. Mais tant pis. La Retrac n'était pas douée pour avoir des conversations de toute façon.

(Anglais) Hier... si on m'a convoqué au Secrétariat c'était... parce que... ils... ont... retrouvé Draka.

Les deux derniers mots avaient été dit avec tellement de rapidité qu'il fallait espérer que Derek ait compris. Mais ce n'était pas un abruti. Et il la connaissait depuis le temps. Il savait que les discussions ce n'était pas son fort. Pour preuve, le dernier sujet sérieux elle avait fuit comme toujours. Pour une fois qu'elle affrontait la situation correctement... .
Elle ouvrit la bouche, prête à déblatérer de nombreuses choses, d'expliquer ce qu'elle avait fait, ce qu'il lui était arrivé mais... impossible. Il fallait lui laisser le temps d'assimiler l'information. A moins que ce soit plus elle qui ait besoin de quelques minutes pour mettre les mots dans les bons ordre.
Son regard bleu se plongea dans celui de son compagnon tandis que ses mains se glissent encore un peu plus dans les siennes. Un regard rempli d'amour tandis qu'un petit sourire étire son visage. Hors de question qu'elle le laisse tomber son Stark. Si elle aide Draka c'est uniquement pour Cliff. Parce qu'il a besoin de son père, c'est normal.

Derek : (...)

Un rire nerveux s'échappe des lèvres de Tiphaine. Fantastique ? Sérieusement ? Il devait certainement se douter qu'elle avait encore des sentiments pour lui. Que c'était compliqué de voir Draka revenir comme ça alors qu'elle avait enfin réussi à faire son deuil. Et lui... il lui disait que c'était fantastique ? Elle rigola quelques secondes avant que des larmes de tristesse ne commencent à couler sur son visage. Victoria ne savait pas trop dans quelle émotion elle se sentait à l'heure actuelle. D'un côté elle était ravie de voir que Derek prenait bien la chose. D'un autre elle se demandait ce qu'il pouvait ressentir. Et d'un autre elle aurait peut-être aimé le voir piquer une crise de jalousie. En fait, en réalité, elle ne savait pas à quelle réaction elle s'était attendue de la part du Stark. Mais... pas à celle-ci, ça elle en était certaine.
Ces larmes... en réalité elle en avait compris le sens depuis ce matin. Depuis qu'elle avait parlé avec Thomas. Depuis qu'elle avait compris que le retour de Draka n'était... que manipulation pour qu'elle se taise enfin et accepte de voir le Bulgare s'installer totalement à Poudlard. De voir ses étudiants être rayés de la liste de son école pour qu'ils aillent étudier à Durmstrang. De voir les autres se faire enrôler de force chez les Pozhiratelis à peine leur diplôme en poche. Prenant une grande inspiration elle essuie ses quelques larmes et pousse un long soupir.

(Anglais) Il... il était amnésique. En réalité, il était en Australie. Je ne sais pas si mon... euh... Malo était au courant du fait qu'il n'était pas mort et j'ignore comment ces abrutis ont réussi à le retrouver mais... ils l'ont ramené. Et je sais ce que ça veut dire.

Elle fait une petite pause. L'Australie. Dire qu'elle avait passé une année là-bas et qu'elle n'avait même pas croisé le Karmon une seule fois ! Tout aurait été différent si elle avait fait sa rencontre, surement. Mais le destin en avait décidé autrement. Elle ne l'avait pas croisé et de toute façon il ne l'aurait pas reconnu. Ses rares sorties se faisaient sous polynectar de toute façon.
Mais voilà. Les Pozhiratelis étaient donc ceux qui allaient décider de ses choix à l'avenir. Plus le droit à sa liberté, même au sein de Poudlard. Cependant elle l'acceptait. Elle trouverait bien un moyen un jour ou un autre pour renverser la situation et reprendre le contrôle au beau milieu de son école. Il fallait être patient, le temps de placer les pièces sur l'échiquier avant de pouvoir faire tomber le Roi adverse qui se cache dans l'ombre de ses pions.

(Anglais) Je ne vais plus avoir le droit de dire quoi que ce soit au beau milieu de mon école. Mais... au moins Cliff retrouve son père. En espérant que ça le calme un peu cette pile électrique.

Elle rigola doucement. Si le retour de Draka pouvait au moins profiter à quelqu'un, il fallait espérer que ça soit bénéfique pour Cliff. La Retrac n'arrivait plus à gérer depuis bien longtemps son fils, il était temps que quelqu'un y arrive et... vu que sa relation avec Derek n'était pas la meilleure du monde, le retour de son père pourrait peut-être changer les choses.