(lovely et margot) - amitié plus Margot égale Love 

Un samedi à Durmnaer. À deux semaines des examens. Cette après-midi de calme tombait à pic. Margot ne s’inquiétait pas trop de devoir quitter ses révisions. Son travail régulier lui permettait de ne pas être dépassée en cette période de l’année. Pour elle tout était question d’organisation. Il suffisait d’accorder chaque jour du temps aux devoirs et à l’étude pour s’en sortir sans une montagne de notion à intégrer en un temps réduit. En s’organisant ainsi elle pouvait se réserver des moments de répit. La vie à Durmstrang n’était finalement pas si différente qu’à Poudlard. Elle assistait au cours, elle travaillait, prenait des pauses dans la salle commune ou le village avoisinant, elle assistait aux matchs de Quidditch. La différence résidait dans le fait qu’elle n’avait jamais souhaité venir ici. Puis certaines matières au programme lui restaient encore en travers de la gorge.

Enfin il n’était pas question de s’assombrir l’esprit avec ce genre de réflexion. L’après-midi en question était placée sous le signe de l’amitié. Si Margot avait rencontré Lovely au milieu de devoirs, leur relation avait grandement évolué, particulière tout au long de cette année. La jeune anglaise avait su s’ouvrir à quelques camarades mais avec Love c’était différent. Elle pouvait se confier et être réellement comprise, elle pouvait parler pendant des heures dans sa langue maternelle. Même une présence silencieuse lui faisait déjà beaucoup de bien, le calme de Love avait quelque chose d’apaisant. Dans une certaine mesure Margot était contente de savoir qu’elle la retrouverait l’an prochain, dommage que cette école s’imposait comme lieu de retrouvailles. En définitive l’après-midi s’annonçait comme un grand bol d’air frais. Rien de mieux avant de voir arriver les examens.

Avant de retrouver son amie, Margot fit un saut à la librairie. Elle devait récupérer des livres qu’elle avait commandés. La semaine passée elle n’avait pas pris le temps de venir en raison la finale. Quelle déception que sa maison ait perdue. Elle devrait peut-être tenter les sélections l’an prochain. Juste pour essayer. Elle avait les capacités et était un peu mieux intégrée au sein de sa maison. Ceci dit Margot était heureuse pour Radost qui avait fait un très bon match. Enfin, les livres en main elle se dirigea vers la place Igor Karkaroff. Elle s’assit sur le bord de la fontaine. Elles n’avaient rien planifié de particulier, elles s’étaient seulement données rendez-vous ici.

Margot apprécie le village de Durmnaer. Lors de ses premiers mois dans l’école austère, elle pouvait au moins se réfugier quelques heures ici. L’ambiance n’était pas si éloignée qu’à Pré-Au-Lard. À défaut de vraiment comprendre la langue, elle pouvait au moins faire du lèche vitrine. La librairie avait rapidement été sa cible. La lecture avait eu l’avantage de l’inciter à s’améliorer plus vite en Bulgare. Puisqu’elle n’avait pas le choix, autant que ce soit en présence des livres que d’étudiants méfiant ou maladivement curieux. Bien sûr passés le premier trimestre Margot avait accepté que tous les élèves de cette école ne représentaient pas le cliché que l’on attendait d’eux. Les idiots en recherche d’attention et à la virilité déplacées ne représentaient que la moitié. L’autre part, bien que plus discrète, méritait certainement que l’on s’intéresse à elle. Sa première vraie relation avait fini par naitre avec la fille qui partageait son bureau en classe. Radost. En creusant, elles avaient le point commun d’aimer jouer au Quidditch. Puis Margot avait fait l’effort avec les autres étudiants de son année, particulièrement ceux qui partageaient sa maison. À défaut de représenter de grandes amitiés, elle établissait au moins un réseau de connaissances.

Avec Lovely c’était différent. Elle était une amie au-delà d’être une camarade d’école. La jeune femme s’avançait d’ailleurs. Margot lui sourit. Non elle n’avait pas trop attendu ou alors ses pensées l’avaient bien occupée. Elle se leva du bord de la fontaine et regarda le sac à côté d’elle. En effet, c’était pour cela qu’elle était partie plus tôt de l’école. Il lui tardait de récupérer les livres qu’elle avait commandés ce qui était en soit absurde car il n’était pas question qu’elle les feuillette maintenant que son amie était là. Dans un sens elles auraient pu faire le chemin ensemble, l’aigle n’avait pas pensé sur le coup à cette possibilité. Enfin, elles auraient bien suffisamment de temps devant elles pour profiter l’une de l’autre en dehors de l’institut.


Avec Lovely, Margot n’hésitait pas trop à s’étaler sur des détails certainement peu intéressants. Dans ses rapports elle allait généralement à l’essentiel pour parler le moins possible. Avec ses proches elle était en revanche plus enclin à raconter des banalités. Lovely était en quelque sorte l’extension de sa famille ici. Les autres étudiants de Poudlard avaient peu l’envie de parler anglais entre eux, c’était trop mal vu et personne ne voulait revivre les premiers mois d’isolement. Love était dans une situation différente sans pour autant qu’elle soit préférable.


Après deux ans elle maîtrisait cette langue même si elle faisait en sorte d’user le plus possible de l’anglais avec son amie. Ceci dit, ici elles étaient trop entourées pour se le permettre. De toute manière ce n’était plus autant une contrainte à présent, seulement moins naturel.

Accompagner Lovely dans ses achats n’était pas un problème pour Margot, même s’il s’agissait de retourner à la librairie. Les boutiques n’étaient certainement pas son activité de prédilection mais elle appréciait davantage passer du temps avec son amie si bien que finalement elle s’en moquait. Enfin Love ne semblait pas avoir besoin de faire des courses si bien que la question fut vite réglée.


Je lui souris. Sur ce point elles étaient logées à la même enseigne. Bien que n’étant pas de la même promotion l’ensemble de l’école passé les examens durant les semaines à venir. Cette année ni l’une ni l’autre n’avait la corvée des DURMS. Pour Margot ce n’était pourtant pas une raison de délaisser son sérieux, surtout qu’elle n’étudiait pas pour la note mais pour s’améliorer. Ceci dit, la période avait moins d’enjeux et donc moins de stress. Certainement ne se serait-elle pas permis une promenade dans le coin l’an passé, d’autant que sa maitrise de la langue n’était pas encore optimale. Qu’elle apprécie au non cette école les DURMS I lui permettaient au même titre que les BUSE de suivre les cours les plus en liens avec son projet d’avenir.

Le sujet des examens étaient donc lancé. Se mettant en marche elle haussa les épaules pour répondre à la question de son amie. Ceci dit, elle avait bien conscience que ce n’était pas une réponse suffisante. Surtout c’était sujet à interprétation. Il n’était pas question que Lovely soit contrainte de lui tirer les vers du nez. Comment répondre. Margot n’était pas stressée cette année. Son amie la connaissait suffisamment pour que cette affirmation ne passe pas pour de la vantardise. Pour le coup ce n’était vraiment pas le style de l’aigle. En même temps, elle n’allait pas prétendre être angoissée à l’idée des examens pour se faire voir différemment.


Elle lui sourit. Maintenant qu’elle n’avait plus ces horribles cours sur les êtres inférieurs elle ne délaissait plus de matière. Pour une fois obtenir une note médiocre avait été une vraie libération. Enfin elle ne s’en venterait pas, elle n’était pas certaine que ce soit bien vue. Ce n’est pas qu’elle redoutait l’avis de Lovely mais plutôt une malheureuse oreille indiscrète. Il n’était pas vraiment permis que les anciens de Poudlard ou de Beauxbâtons se plaignent.

Lovely semblait dans le même état vis-à-vis de la période d’examen à venir. Les jeunes femmes avaient suffisamment travaillé pour ne pas être accablées par le stress. Margot ne disait pas qu’elle ne ressentirait pas une pointe d’appréhension quelques heures avant le début des épreuves, ceci dit elle avait conscience d’être prête quelques jours avant le grand saut. Lovely résumait finalement bien la situation, si elles étaient là à se promener c’est qu’elles avaient suffisamment anticipé la période à venir. Un travail régulier et sérieux valaient mieux que des révisions dans la précipitation. Prendre l’air avant de plonger dans les examens était bien plus bénéfique que ressasser des notions qu’elles connaissaient déjà.


Après quelques secondes de silence, Lovely aborde un tout au sujet. Babylon. Voilà un nom qu’elle connaissait. C’était celui du garçon qu’elle avait rencontré sur la plage une semaine après son arrivée à Durmstrang. C’était la première fois qu’elle lui adressait la parole alors que le français avait effectué une année d’étude à Poudlard. Lors de leur rencontre, le garçon était sérieusement amoché, résultat de la hargne de quelques étudiants bulgares manquant totalement de discernement. Margot avait peu croisé Babylon par la suite au sein de l’institut. Ils n’étaient pas dans la même maison, ni même dans la même promotion. Elle l’avait également vu plusieurs fois avec une jeune fille plus âgée et le semestre dernier avec un français venu en échange. Néanmoins, ils continuaient de se saluer lorsque l’occasion se présentait.


Margot lui sourit à l’aise d’employer l’ironie avec son amie. Lovely savait que les premiers mois à Durmstrang avaient été un véritable enfer pour l’anglaise. Elle avait été arrachée du Poudlard Express, elle ne maîtrisait pas la langue, elle détestait certaines matières. En plus de cela son côté timide ne l’aidait pas à nouer des liens et trouver auprès des autres un certain soutien. Lorsqu’elle avait rencontré le garçon sur la plage elle envisageait sérieusement de fuir ce quotidien déplaisant. Ceci dit, aujourd’hui il était plus facile pour Margot d’en sourire. Elle s’était adaptée à ce nouvel environnement et elle avait rencontré des personnes de confiance. Durmstrang n’était pas son école mais elle ne pouvait pas non plus prétendre vivre un enfer ici.


Cette fois-ci elle fixa plus sérieusement Lovely. À présent elle était bien curieuse de connaître les raisons qui avaient poussé son amie à lui parler de Babylon.

Margot sourit à Lovely. Avec le recul elle était contente de ne pas avoir risqué la noyade. Elle n’aurait pas eu la chance de rencontrer son amie, surtout qu’elle ne doutait pas une seconde que le lien perdurerait dans le temps. Même dans les moins bonnes expériences il y avait du positif à retirer. Lovely en était la preuve vivante. La jeune femme le savait certainement, mais c’était toujours important de le rappeler et de lui confirmer que c’était réciproque.


Après cela, vient la question clé. Celle de Babylon couvert de sang. L’idée ne l’enchantait pas du tout. Cela signifierait que le garçon avait encore des difficultés avec une poignée d’hybrides sans cerveau. Les étudiants de Durmstrang avaient fini par accepter ceux des autres écoles puisqu’au fond ils correspondaient à l’idéal promu par certains. Ils s’étaient, pour la majorité, forcés à s’intégrer en prenant au sérieux les cours ou en rejoignant des clubs. Après tout Margot elle-même imaginait rejoindre l’équipe de Quidditch l’an passé. Elle ne soupirait même plus d’être dans cette école puisqu’elle avait à présent ses habitudes et ses amis. La chose qui la dérangeait était surtout qu’elle n’avait pas le choix. Si aujourd’hui on lui imposait une école, qu’est-ce que ce serait demain ? Certainement un mari, les lois allaient dans ce sens. Enfin, elle ne voulait pas penser à cela. Les étudiants étrangers s’étaient acclimatés et s’étaient faits accepter. Mais Babylon n’était pas n’importe quel élève. Il n’avait pas le sang tristement convoité. Surtout il avait des liens avec une grande figure de la rébellion. Cela ne passait pas à son arrivée et ce ne serait pas surprenant que certains s’attardent encore sur ces idioties.

Vraisemblablement Lovely ne l’avait pas croisé dans pareille posture. Elle semblait même inquiétée par cette idée. Elle lui confirma cela en précisant qu’elle l’avait rencontré alors qu’il était en partie endormi. Margot ne voulait pas être mauvaise langue, mais cela la surprenait peu. Le personnage avait l’air quelque peu étourdi, voire maladroit. Que son amie l’ait croisé dans une telle situation était presque attendue. C’était en tout cas moins inquiétant que le spectacle d’un nez cassé qu’elle avait de prime abord imaginé.


Margot était surprise. Sa curiosité était certes piquée, surtout elle ne comprenait pas qu’il ait pu se mettre dans une telle posture. S’il était tombé sur une personne malveillante à la place de Lovely ? Ce Babylon était décidément imprudent. Elle espérait d’ailleurs ne pas en avoir trop dit à son sujet. Elle avait relaté de manière vague le lien qu’il entretenait avec la directrice. Même si c’était le garçon qui lui avait confié cela très rapidement, il ne tenait peut-être pas à ce que tout l’institut le sache.

C’était-elle montrée trop indiscrète ? Margot avait toujours quelques difficultés à parler des autres lorsqu’ils étaient absents. Elle craignait de dévoiler des choses qu’ils tenaient à ce qu’elles restent secrètes, de se montrer trop curieuse. En l’occurrence elle se rendait bien compte que cette discussion entamée avec Lovely n’était pas malveillante. Si son amie l’avait informé qu’elle avait rencontré ce garçon curieux, dans une situation qui paraissait incongrue, ce n’était pas pour se moquer. Si Margot avait expliqué qu’elle l’avait elle-même croisé alors qu’il se trouvait dans une position délicate en raison de la bêtise de certains de leurs camarades, ce n’était pas pour alimenter une quelconque rumeur. Pourtant, l’aigle se sentait légèrement indiscrète. Peut-être n’aurait-elle pas dû révéler que la présence de Babylon à Durmstrang était due à ses liens avec la directrice de l’école de magie britannique. Ses parents lui conseillaient pourtant d’en dire le moins possible lorsqu’il s’agissait d’aborder le cas d’autres personnes. Si sa langue était trop déliée, l’orphelinat serait bien embêté.

Lovely ne sembla pas lui reprocher son indiscrétion. Margot était certainement soucieuse pour pas grand-chose. Elle lui expliqua les circonstances de sa rencontre avec Babylon. Alors comme ça il marchait en étant à moitié assoupi. C’était à se demander ce qui l’épuisait à ce point. Margot espérait que les imbéciles de sa maison ne s’amusaient pas à nuire à son sommeil. Ceci dit, elle ne croyait pas vraiment à cette version. Elle avait croisé le garçon plusieurs fois en deux ans et jamais il n’avait semblé souffrir d’un manque de sommeil. Il devait davantage s’agir d’un souci ponctuel et il avait eu, dans son malheur, la chance de tomber sur une personne qui n’en avait pas profité. L’aigle était surprise d’entendre qu’ils étaient tous les deux perdus. Après tout, ils occupaient les murs de l’institut depuis presque deux ans. La jeune fille ne s’arguait pas de connaître tous les secrets de Durmstrang, mais elle s’était perdue que durant les premiers mois.

La Graves s’enflamma ensuite. Margot fut un instant surprise, bien qu’elle comprenait ce discours et qu’elle le validait. Après tout, elle-même avait qualifié ces idiots de centaures sous testostérones, voyant là leur manière d’agir démesurée et parfaitement irréfléchie. Cela avait fait rire Babylon qui semblait à ce moment-là se faire à l’idée que le monde était, de toute manière, rempli d’imbéciles.


Margot se garderait bien de les prendre de haut. Ceci dit, elle n’en restait pas moins curieuse. Bien entendu, elle avait conscience qu’une personne tombant de fatigue puisse se perdre dans les couloirs. Lovely quant à elle était peut-être préoccupée à ce moment-là. Puis, commencer par cette simple question permettait également de redescendre la pression. Elle comprenait la colère de Lovely tout en sachant qu’il n’était pas bon que celle-ci soit entendue. Malheureusement lutter contre l’injustice n’était pas une vertu acceptée dans la société des Pozhiratelis.


La jeune fille chuchota presque cette dernière phrase. Non seulement c’était des propos hérétiques, mais en plus elle n’acceptait pas cette idée. Il y avait déjà eu des mariages arrangés l’été dernier, ce serait une bêtise de croire que cette folie n’allait pas se poursuivre. S’imaginer avec un de ces centaures était tout bonnement terrifiant. S’imaginer tout court avec un mari imposé était angoissant.

Margot hocha la tête. Les cuisines. Elle n'avait pas risqué cette destination, elle aurait pu également se perdre. Ceci dit, elle n'aurait certainement pas tenté l'expérience seule et n'avait pas de raison pour se rendre là-bas. La cuisine ne la passionnait pas plus que cela, puis elle n’avait pas beaucoup d’appétit en règle générale. Lovely, à côté, avait un coup de fourchette d’ogre. La galloise préférait largement se contenter d’évoluer dans les lieux qu'elle connaissait et qui la réconfortaient à l’instar de la salle commune ou de la bibliothèque.

La conversation finit par tourner autour de sujets plus dramatiques. Margot craignait d'embêter son amie avec cette histoire de mariage, néanmoins ce qui lui pendait au nez l'angoissait bien plus que les examens à venir. Parties sur le sujet des Pozhiratelis, elle ne pouvait pas taire ce sujet plus longtemps. Le risque de tomber sur un imbécile était bien trop grand et elle craignait que cela arrive bien trop vite. Le pire des scénarii étant que le garçon en question soit favorable aux Pozhiratelis, comme si elle avait besoin de rajouter un fardeau à celui de se voir imposer un mari.

L'aigle hocha de nouveau la tête. Les corbeaux étaient de sombres ignares. Ils imposaient un mode de vie digne des précédents siècles et qui ne correspondait absolument pas aux idées de la jeune femme. Elle se moquait bien de ces histoires de sang et regrettait que cela revienne continuellement dans les discours de ces simples d'esprit. Margot apprécia grandement la tentative de Lovely de remettre du positif dans leur discussion. Elle ne l'incitait pas à se morfondre après s'être insurgée des méthodes moyenâgeuses. Cela ne signifiait pas qu’elle manquait de compassion, bien au contraire, son amie lui faisait simplement imaginer un avenir bien plus positif. Celui de l'évasion permise par la chute du dôme, certainement concomitante à celle des Pozhiratelis. Margot en rêvait vraiment.


Elle lui sourit avant de l'entourer affectueusement de son bras et de coller sa tête contre son bras, sa taille ne lui permettant pas d’atteindre son épaule. Margot se remit tout de même rapidement droite car elle n'était pas spécialiste dans le domaine du débordement de sentiment. Ce n'était pas faute d'apprécier la compagnie et l'amitié de Lovely.


Ce prochain sujet semblait nettement plus positif.

Parler voyage c’était aussi s’imaginer capable de se déplacer en dehors de ce dôme. Certes les sorciers européens pouvaient encore voyager sur l’ensemble du continent et ne se voyaient pas enfermés dans leur propre pays ou leur école. Il y avait suffisamment de culture, de paysage, de climat en Europe pour combler de nombreuses envies d’évasion. Pourtant, la Terre dans sa globalité offrait une multitude d’autres options. Le soleil ne brillait pas de la même manière sur le sable méditerranéen et en plein cœur des caraïbes. Le froid sibérien avait certainement une autre saveur de l’autre côté de l’atlantique. Aimer découvrir des contrées proches était une chose, avoir la possibilité de les choisir sans regret était une autre. Margot n’avait pas beaucoup voyagé, mais si elle le faisait elle ne voudrait pas se voir restreindre ses destinations.

Lovely avait traversé l’atlantique pour étudier à Durmstrang. Elle connaissait déjà deux endroits, tout comme Margot qui avait quitté l’ile britannique pour profiter de l’atmosphère bulgare. Les Etats-Unis étaient beaucoup trop vastes pour n’être réduit qu’à une spécificité. Ainsi Lovely avait pu profiter des diverses expériences que lui offrait son pays. Margot aimerait vraiment voyager en Amérique sur les pas de son amie. D’est en ouest et du nord au sud, pour pouvoir en repartir avec une richesse d’expériences. Selon la galloise, rencontrer des personnes différentes permettaient justement de grandir. C’était pour cela que c’était une aberration de ne croire qu’à la valeur du sang et de craindre les personnes présentant des différences.

L’Europe était donc une première pour Lovely. Il était clair que l’expérience était de loin chaotique. Il y avait de bonnes choses sur ce continent mais qui ne pouvait être appréciable qu’en temps de paix et une pleine liberté de mouvement. À son échelle, l’expérience de Margot avec la Bulgarie et particulièrement Durmstrang était entachée par l’obligation qu’elle avait de rester ici. Peut-être aurait-elle était davantage encline à apprécier ces lieux si elle avait eu le choix. Et encore son sentiment était nuancé maintenant qu’elle avait auprès d’elle des personnes de confiance. Puis, la jeune femme pouvait rentrer chez elle durant les vacances, ce qui n’était pas le cas de Lovely qui se trouvait bloquée ici contre son gré.


Margot lui sourit à son tour. À vrai dire l’été précédent la famille Williamson n’avait pas voyagé puisqu’il y avait l’Orphelinat et que c’était désormais une priorité. L’été prochain le schéma se répéterait forcément. Tant qu’il faudrait protéger les enfants rescapés des vagues et que les autres orphelins avaient besoin d’une attention complète, les deux familles n’abandonneraient pas. Après ils souffleraient, chacun leur tour, mais ce n’était pas encore le moment.


Parce que Lovely pourrait voyager et retrouver sa famille. Margot le pensait mais n’osait pas trop l’exprimer de peur d’enfoncer le couteau dans la plaie. Puis cela signifierait aussi de perdre de vue son amie.

Les jeunes femmes avaient comme à leur habitude abordé une variété de sujet. Certains beaucoup moins plaisant que d’autres. Les examens n’étaient pas ce qui les préoccupait le plus. Elles l’avaient clairement dit, elles étaient prêtes depuis un moment. Hormis la volonté de bien réussir, il n’y avait pas de grande difficulté à ce niveau. La discussion autour d’une connaissance commune, était quant à elle initialement sans réflexion. Elles avaient pourtant trouvé matière à s’offusquer du comportement de certains de leurs camarades, en particulier ceux qui étaient affiliés au mouvement Pozhiratelis. Les Zemlya n’avaient donc pu échapper au sujet cuisant des mariages et du dôme. Chacune, à leur échelle, était touchée par la politique en vigueur. Margot craignait de se voir mariée à un jeune homme qu’elle ne connaissait pas et surtout ne convoitait pas. Lovely ne pouvait pas savoir si cette loi s’appliquerait à l’avenir. La galloise ne lui souhaitait pas ce fardeau, sa situation était déjà suffisamment difficile. C’était une des dernières libertés dont elle n’était pas dépossédée et l’une des plus intimes. Enfin, elles s’étaient davantage projetées dans un avenir plus désirable. Imaginer la disparition du dôme et la possibilité de voyager lui avait mis du baume au cœur. Il y avait toujours un espoir, il ne fallait pas l’oublier.

À présent il était certainement temps de rentrer. Cette aparté dans l’ambiance des examens était passée à une vitesse folle. Peu importe les sujets de discussion, c’était toujours intéressant de parler avec son amie. Voir son opinion sur la situation confortée, se sentir soutenue, s’exprimer sur d’autres choses. La magie de ce lien d’amitié était une richesse sur laquelle Margot ne rechignait pas. Ce sentiment étant partagé, il n’en fallait pas plus pour la faire sourire. Sur le chemin de l’institut, elle réfléchit à la question de Lovely. Elle n’avait pas prévu grand-chose à vrai dire. Elle ne s’était pas vraiment posée la question. Peut-être serait-elle tentée de lire quelques notes, ou bien elle allait se plonger dans ses acquisitions livresques du jour. Elle serait certainement tentée de se lover au coin du feu, la vie dans la salle commune lui rappelant à certain égard l’ambiance de la tour de Serdaigle.


Un autre sourire et un autre regard pour son amie. Elles se rapprochaient encore de leur destination finale. Lovely se concentrerait peut-être elle aussi sur une activité plus solitaire après ce moment passé ensemble. Margot ne serait pas surprise de la voir s’installer à côté d’elle avec un livre présentant des recettes toutes plus alléchantes les unes que les autres.

Cet intermède dans les révisions avait été plaisant malgré les sujets abordés. Bien que solitaire, Margot se plaisait à passer du temps en compagnie de son amie. Flâner et discuter avec Lovely permettaient d’apporter un souffle d’air autre qu’une évasion par la lecture. La jeune femme ne marquerait pas de préférence entre les deux, chacun apportant des bénéfices bien différents. Avec sa camarade elle se sentait moins seule et pouvait partager une part de son intimité. Avec les livres elle pouvait se dissocier de son corps et rêver d’autres vies. Dans tous les cas elle apprenait des choses, sur elle-même, sur les autres ou sur le monde. Il y avait un temps pour tout et même si Margot avait une certaine hâte de rejoindre Durmstrang pour explorer les ouvrages qu’elle venait de récupérer, la présence de Lovely ne l’avait lassée à aucun moment.

La Zemlya hocha la tête. Elle avait visé plutôt juste en pensant à une activité autour de la cuisine. Elle était d’ailleurs très impressionnée par la passion et l’imagination de son amie. Margot n’avait jamais vraiment cuisiné à la maison ou alors elle s’était contentée de suivre scrupuleusement une recette. Lovely était innovante. Elle n’avait pas peur d’essayer, de se tromper et d’imaginer à la place d’autres mélanges. La galloise n’avait qu’une hâte, l’observer un jour au fourneau et goûter l’une de ses recettes. Elle n’oserait pas lui demander dans l’immédiat. Margot ne craignait pas un refus, elle souhaitait simplement ne pas s’imposer dans la bulle de son amie.

Elles arrivèrent finalement aux portes de l’institut puis à celles de leur salle commune. Margot salua son amie avec un large sourire, se doutant pourtant qu’elles avaient encore toute la soirée pour se croiser et partager d’autres mots. En attendant le dîner elle se réfugia dans son dortoir pour ranger ses acquisitions et finaliser quelques révisions.