(derek et timaël) - commission numéro 666 

.Timaël mentirait s'il affirmait farouchement qu'il n'était nullement stressé. Cette commission, il l'attendait depuis le début de l'année. Il était hors de question qu'il se plante, ce qui expliquait la pression qu’il se mettait. Dans un sens il aurait tort de prendre cette entrevue comme une formalité. Certes son stage c'était bien déroulé. Il avait respecté les règles, il avait mené ses missions à bien, il avait rédigé un tas de rapports convainquant pour les brigadiers titularisés. En pratique la commission était censée se passer convenablement. Or il supposait que Stark et les deux autres membres de la commission allaient le repousser dans ses derniers retranchements. Le bulgare n'était pas timide, il ne craignait pas de se vendre. En revanche il avait conscience que certains éléments pouvaient lui porter défaut. L'obtention d'un bureau alors qu'il était stagiaire par la demande de la secrétaire adjointe. Le corbeau qui se posait sur sa clavicule. Et encore pour cet aspect-là, l'évocation ne serait certainement pas directe car la société devait respecter les lois définies par son groupe.

Oui son stage c'était bien passé mais la dernière partie n'était pas la plus évidente. À ce stade il était presque préférable de retourner en mission suicide avec Darko. Rien n'était gagné. Il préférait se concentrer sur cela plutôt que de tomber de haut. S'il se loupait il aurait déjà suffisamment honte, il était inutile d’ajouter un excès de vantardise prématuré. La question ne se posait même pas. Son frère s'en délecterait ceci dit, autant dire que Tim avait évité sans hésiter le repas du dimanche au manoir. À coup sûr la discussion aurait tourné autour du petit dernier qui rentrerait certainement dans la vie active. Puis, en cas d’échec, cela impliquerait deux années de plus dans le rôle de stagiaire. Le cauchemar. Comme s'il pouvait se donner encore plus. Enfin, le stress pouvait préserver de la fanfaronnade, il ne devait pas, en revanche, le bloquer.

Lundi matin. Son week-end il l'avait passé seul pour se préparer. Il avait passé l'initiation ça ne pouvait pas être pire. Ce n'était pas comme si en face ils allaient utiliser d'autres procédés que la parole. Quand on survivrait à une journée de torture en retenant sa langue on pouvait gérer une entrevue menée dans les règles de l’art. Il suffisait juste d'anticiper les questions gênantes. Puis de se montrer présentable. Grâce au mariage il avait un costume parfait, d'autant qu'il était sobre et pouvait parfaitement passer pour ce type de rendez-vous. Une fois prêt, Timaël quitta son appartement de Pleven avec une heure d'avance. Non seulement il était hors de question de ne pas se présenter devant la porte de la commission avec dix minutes d'avance, surtout, il voulait voir Niky. Elle saurait l'apaiser avant qu'il ne parte à l'abattoir. Comme prévu il la trouva dans son bureau. Il était en partie sous sa direction alors il n'y avait rien de surprenant, professionnellement parlant, qu'ils se retrouvent avant cet entretien capital. Dans leur cas c'était surtout pour se glisser quelques mots doux et s’étreindre.

Juste avant qu'on l'invite à rentrer Timaël respira un bon coup, histoire d'évacuer le mauvais stress. Réfléchir avant de parler. Prendre avec recul les remarques. Ranger sa fierté. Ne pas chercher à prendre le dessus sans non plus se faire écraser. Au milieu de tout cela rester naturel pour que ses paroles ne sonnent pas faux.

Pando

Arriver en avance était une nécessité, pourtant attendre devant la porte avait de quoi raviver le stress. De toute manière qu’il soit là ou chez lui c’était la même chose. Il aurait bien demandé à Nikita de lui tenir compagnie jusqu’à la sentence mais cela aurait pu éveiller quelques soupçons. Il avait même pensé à Elena, mais cette dernière aurait été capable, dans un excès, d’entrer avec lui dans la salle et de défendre son cas. Rien que cette projection avait banni cette idée. Quitte à être seul, autant se concentrer sur sa respiration et sur ce qui pouvait le mettre en avant. Il était hors de question que sa main ou sa voix tremble. Il n’était pas non plus permis de se tenir n’importe comment et de gigoter. Les Marloes avaient vu juste avec les leçons de maintien, barbantes pour leurs enfants mais au combien utiles à terme.

La secrétaire de Stark arriva et lui indiqua de la suivre. Timaël défroissa son costume. Au moins il ne suait pas, c’était un bon début. Elle l’introduisit dans la pièce et bientôt il se retrouva seul en compagnie des trois membres de sa commission. Stark prit l’ascendance en lui demandant de s’assoir. Le bulgare s’exécuta sans montrer sa déception. Il était certain qu’il aurait été plus à l’aise debout, position qui lui permettrait une plus grande liberté de mouvement. S’ensuivit une présentation des deux autres membres. Ceci avait l’avantage de dévier son attention sur autre chose que le stress. Il ne connaissait pas le chef brigadier et préférait déterminer sa situation comme neutre. En revanche madame l’adjointe ne lui était pas inconnue. Son fils ainé avait été un camarade à Durmstrang sans être une personne qu’il fréquentait régulièrement. Enfin il n’était pas certain que cela pèse beaucoup dans la balance. Cette femme devait être suffisamment professionnelle et ne pas s’attarder sur ce genre de futilité. En revanche, Tim parierait que sa présence était une voix assurée pour sa cause, le Secrétaire Juridique Vochine soutenant les Pozhiratelis. La brigade avec Stark ne laissait pas les corbeaux s’infiltrer aisément, hors son clan avait tout intérêt à placer des billes ici. Ceci dit, cette commission était extrêmement sélective, autrement dit on ne pouvait pas reprocher au grand patron de faire de l’excès de zèle avec les sorciers tatoués. Si Timaël en venait à la conclusion d’une voix assurée pour lui, Stark devait en avoir conscience depuis bien longtemps. Son petit doigt supposait qu’il fulminait de se voir présenter cette si grande perche. Pas de doute il serait d’autant plus intransigeant avec lui. Le Secrétaire Juridique n’avait clairement pas appliqué sa meilleure solution, le message n’était absolument pas subtile.

Comme s’il espérait de le voir brigadier. Timaël décida de ne pas se fier à son ton. Assurance démesurée ou non, il fallait toujours se méfier. Son parcours n’étant pas irréprochable il ne devait pas s’attendre à un entretien doucereux. Certes le beau portrait que Volchine était en train de rapporter avait de quoi flatter son égo et le rassurer quant au déroulement à venir, il y avait toujours un mais. Selon lui il viendrait après les éloges, comme pour casser brutalement la bonne impression. Ainsi hors de question de bomber le torse ou de laisser transparaitre un sourire niais à l’évocation de son parcours. Tim resta droit sur sa chaise, le visage neutre. Cette attitude, il devrait au maximum la conserver. Rien n’était gagné, rien n’était perdu. La première question de Stark lui fait lever un sourcil. Elle était tout bonnement curieuse. Il s’attendait à devoir justifier la raison pour laquelle cette carrière était faite pour lui, mais pas à expliquer son choix au regard des métiers de ses proches. Clairement il ne le prenait pas comme un individu à dissocier de sa famille alors certainement encore moins à écarter des Pozhiratelis.


Timaël marqua une pause. Cela disait pourquoi il n’avait pas choisi la voie qu’on attendait de lui, bien que cette injonction n’ai jamais été présente au sein de sa famille. À vrai dire la spécialité familiale était plutôt le sport, ou du moins l’activité. Darko avait dans un second temps choisit de suivre les pas du paternel. Si ce n’est qu’il n’était pas attiré par les êtres inférieurs, ou créatures magiques comme ils disaient sur le sol britannique, il n’avait pas d’autres justifications. Les membres de cette commission devraient donc s’en accommoder. En revanche sa première question lui semblait plus intéressante c’est pourquoi il l’avait gardé pour la fin.


Là encore il pouvait se permettre d’être totalement transparent. Ceci dit si on lui demandait de développer sa pensée il avait encore quelques billes en poche. En tout cas il était satisfait de son intervention. Selon lui il était très important d’inclure les autres membres de la commission. Pour intéresser un auditoire il fallait que chacun se sente prit en compte. Parler sans fixer personne revenait à parler dans le vide. Puis cela montrait au moins une certaine aisance dans le fait de prendre la parole en public.

Pando

Encore des louanges, cette fois venant de Lahbid. Si Timaël s’appelait Darko il pourrait déjà voir sa tête enfler, mais le garçon se contenta d’un hochement de tête. Oui il savait faire preuve de sang-froid et ce n’était pas le seul exemple. Après tout il portait le corbeau et pour passer l’initiation il fallait avoir le cœur bien accroché. Ceci dit, il n’était pas certain que Stark appréciait qu’on le brosse dans le sens du poil de cette manière. Tout ceci pouvait tout aussi bien lui retombait dessus par la lassitude du chef. À force de louange, il pouvait tout aussi bien le descendre en vitesse. Timaël ne s’imaginait pas vraiment convaincre Stark, en revanche il avait besoin de temps pour justifier chaque point négatif qui serait présenté. La seule façon de passer était de ressortir d’ici avec un casier blanc comme neige. S’il n’y avait plus rien contre lui, il ne pourrait pas lui refuser la titularisation.

Le chef repris la parole. Il présentait des caractéristiques non négligeables comme il disait. Mais il y avait un mais, forcément. Ce ne serait pas intelligent de sa part d’attaquer et de nier les aptitudes, en revanche il ne pouvait pas lui susurrer des mots doux. Tim ne se faisait pas avoir, à la place de Stark il agirait exactement de la même manière. Rien ne prouvait qu’il avait une dent contre lui, mais il ne fallait pas se leurrer. Aucun stagiaire portant le corbeau n’avait été accepté, il y avait comme un dénominateur commun qui n’était pas en la faveur du Marloes. Le mais donc. Sa disparition suite aux jeux du pouvoir. Timaël s’attendait à autre chose, il ne marqua tout de même pas sa surprise. Il n’était pas question de lui faire plaisir.

Le Marloes réfléchit sérieusement à la question avant de répondre. Est-ce que cet événement lui avait donné envie de devenir brigadier. Franchement, il ne pensait pas. Longtemps il n’avait pas vraiment su vers quoi se diriger. En revanche il avait pris conscience à ce moment qu’il ne pourrait pas toujours compter sur une aide extérieure pour être en sécurité. S’il voulait l’être, il était nécessaire qu’il sache mettre tout en application pour se protéger. Il s’agissait pour cela d’être plus attentif en cours pour maitriser les sortilèges et maléfices. Il s’agissait également de s’intéresser à ce qui se passait dans le monde pour ne pas se retrouver démuni. Dès son retour à Durmstrang, il avait repris en main ses études, pour être meilleur il devrait être plus sérieux et ne rien négliger.


Timaël marqua une pause. Pour les détails sur ce que pouvait provoquer l’enlèvement dans un lieu retiré il n’en dirait pas plus. Il ne fallait de toute manière pas être un génie pour imaginer l’effet provoqué chez un adolescent de treize ans. Il s’agissait de sa commission, pas d’une séance de soutien. Puis de toute manière c’était de l’histoire passée à présent. Il était revenu vivant et en bonne santé, c’était ce qui comptait.


Ceci est le soutien des parents. Il fallait des Pozhiratelis de ce côté de l’échiquier. C’était un projet qu’ils validaient totalement et ce dès la première évocation par le benjamin.

Pando

La réponse du stagiaire laisse un instant de silence. Il ne cherchera pas à leur plaire de manière intime. L’opinion négative de Stark ne changera certainement pas, l’adjointe du secrétaire juridique restera de son côté, Lahbib cherchera avant tout en lui les qualités idéales pour être un brigadier. Timaël a bien conscience de ne pas être à un rendez-vous galant. Son seul objectif est de ne laisser transparaitre aucune émotion, ce qu’il réussit à faire pour le moment. Il souhaite également pointer du doigt ses qualités et son envie de rejoindre les rangs de la Police Magique. Enfin, il tente de faire oublier son tatouage, ou plutôt de ne pas faire de ce dernier le cœur du débat. À part une mission ratée dont le déroulement peut paraitre trouble, il n’a rien à se reprocher. Cette affaire sera forcément évoquée alors en attendant, le jeune homme tâche de faire bonne figure.

C’est finalement madame Volchine qui brise le silence. À force de l’entendre, Timaël se dit définitivement que les Pozhiratelis n’ont pas tiré la carte la plus fine pour l’aider à obtenir son poste. La femme corbeau insiste beaucoup trop sur ses qualités ce qui risque à terme d’agacer Stark et d’élever les exigences de Lahbib. S’il le pouvait Tim l’interromprait, par exemple pour la remercier et la stopper dans son élan. Hors, les règles de ce type d’entretien sont strictes, on ne coupe pas la parole au jury et l’on se contente de répondre aux questions. Forte heureusement elle évoque le sujet houleux qui allait forcément surgir au cours de l’entretien. Le corbeau se doute que cela ne dissuadera pas Stark ne nuancer en spécifiant que la mission en question était davantage un fiasco. Néanmoins, il ne pourra pas finir cette commission sur ce point négatif. Son seul échec intervient au milieu de cet entretien et il ne pourra se conclure que sur un élément positif. Puis les éléments positifs pointés par la femme sont dits. Le sang-froid malgré la situation de danger, l’acceptation de ses propres limites en appelant les renforts, l’absence de blessé grave et enfin la rédaction d’un rapport clair. Lorsque les brigadiers iront taper dans les coins, les points positifs planeront toujours et n’auront pas été lâchés comme pour faire diversion.

Timaël remercie intérieurement la sorcière et se retient de sourire lorsque Stark lui coupe la parole. Son air ne leurre pas le Marloes, le chef n’est pas satisfait d’évoquer si vite cette mission. Le retour de bâton risque d’être moins plaisant, mais il est suffisamment malin pour s’être préparé à cela depuis deux mois. Ainsi il veut revenir sur les détails. Timaël a relu le rapport plusieurs fois, a retenu l’ensemble des éléments qu’il avait pu dire de manière plus informelles sur la question. Son frère a également pris la précaution de lui relater la moindre parole prononcée à ce sujet. Le faux déroulé des événements est aussi clair dans son esprit que si cela s’était véritablement déroulé. Ajouté à cela que Tim est un fin menteur et l’affaire ne serait pas bien difficile à étouffer. De toute manière, ils n’avaient laissé aucune preuve compromettante. Si c’était le cas, ils auraient eu des ennuis bien plus tôt, pas forcément au cœur du secrétariat gouverné par les Pozhiratelis, mais auprès de leurs frères corbeaux leur reprochant de ne pas avoir été suffisamment discrets.


Timaël sourit poliment avant de se rappeler qu’il n’était pas là pour faire preuve d’arrogance. Être un bon brigadier c’est également suivre les ordres sans rechigner et respecter ses supérieurs hiérarchiques. Mais spécifier qu’il avait très bien compris que le compliment n’en était pas un était beaucoup trop tentant. Stark voulait du sang-froid il allait en avoir. Il voulait une analyse précise du fiasco, Tim n’allait moucher.


Justifier l’intervalle de temps entre l’arrivée des Marloes et l’appel de l’équipe de renfort, le tout en pointant du doigt la facilité du pistage et les mesures indispensables prises. Quitte à mentir, autant laisser penser à un professionnalisme hors pair. Si seulement ils avaient véritablement passé ce temps à surveiller le périmètre plutôt qu’à torturer le vampire.


Timaël laisse volontairement des éléments flous pour ne pas donner l’impression qu’il connait le rapport par cœur. Il laisse également un blanc avant de reprendre l’analyse qui lui a été initialement demandée.


Pourquoi lancer des maléfices mortelles sur un être privé de sa mortalité. Pourquoi désarmer une personne qui n’attaquait pas avec une baguette. Finalement le sortilège employé dans un autre contexte avait un usage qui pouvait totalement s’expliquer. Puis, autant ne pas tourner longtemps autour du sujet du tatouage gravé sur sa clavicule. L’évoquer sans rougir c’était mimer que le souci ne venait pas de là.

Pando

Mentir était si facile. Il n’y avait qu’à constater la logorrhée du Marloes qui n’avait marqué des silences que pour reprendre sa respiration ou faire imprimer les derniers mots d’une phrase aux membres de la commission. Sans avoir préparé de discours, le jeune homme savait exactement quoi dire et connaissait dans le moindre détail le mensonge qu’ils avaient inventé. Mentir s’était se protéger. Lorsque les Pozhiratelis agissaient dans l’ombre, le jeune Timaël ne devait pas ébruiter à Durmstrang la venue dans sa demeure d’une bande de corbeaux. En entrant en septième année, il n’avait pu confier à ses camarades qu’il avait débuté l’initiation durant l’été. Même Elena n’avait pas été tenue au courant. La préparation du coup d’état avait également été tu. S’il n’avait pas dissimulé la vérité toutes ses années, ses parents auraient pu avoir de graves problèmes avec les autorités. Aujourd’hui il s’agissait de sauver sa place, le mensonge n’en était que plus facile.

Stark rompit finalement le silence. Cela ne surprit pas vraiment Tim. Volchine était de son côté, Lahbib se contentait de faire son travail, mais Stark lui cherchait surtout à ne pas laisser les corbeaux infiltrer son département. Dans un sens le bulgare le comprenait. Il serait presque tenté de le rassurer en lui affirmant que son objectif n’était pas de mettre la zizanie au sein de la Brigade. Il cherchait avant tout à être accepté sur un poste qui lui plaisait. Cela dit, il n’était pas question de se prosterner devant le chef. Le Marloes avait fait correctement son travail durant le stage, cela devait suffire. Puis de toute manière, il ne pouvait pas promettre que son statut de corbeau n’interférait jamais avec les missions. Le sujet qu’ils étaient en train d’aborder en était la preuve. Même si cela n’avait pas été sa volonté, il avait tout de même couvert l’affaire dans l’intérêt de sa famille.

Ses compliments sur ce qu’il avait réussi durant la mission ne touchèrent par Timaël. Il attendait déjà le retour de bâton. Il fallait être stupide pour penser avoir Stark dans sa poche. Quoi qu’il en soit, s’il continuait de répondre de la sorte, il n’y avait pas de raison pour que sa titularisation soit refusée. Tout brigadier aguerri pouvait subir un échec en mission, le tout était de savoir analyser par la suite ce qui n’avait pas fonctionné. S’agissant de sa première mission sans chaperon, qui plus est d’une certaine complexité, ils pouvaient aisément se montrer compréhensifs. Le Marloes devait simplement rester vigilant pour ne tomber dans aucun piège et ne pas laisser penser que certaines causes passeraient avant le travail. Le point noir fit évidement suites aux louanges. Le jeune homme se mordit l’intérieur de la joue. Il n’aurait certainement pas dû employer le mot remarquable, ou bien il aurait dû anticiper la question et se montrer plus clair dans ses propos. C’était gênant qu’il s’attarde autant sur le sortilège d’amnésie qui n’était certainement pas le premier sort auquel il fallait penser pour immobiliser une cible.


Jamais il n’avait été aussi élogieux envers son frère. C’était un comble sachant que c’était justement à cause de cet imbécile qu’il en était arrivé là. A priori il n’avait pas en face de lui de docteur en psychologie des vampires, son explication ne pouvait être acceptée. D’ailleurs la logique n’était pas si bête. C’était après tout une méthode de replie qui avait fait ses preuves et l’équipe de renfort n’avait pas été blessée.

Pando

Que sa réponse soit convaincante ou non, Timaël doutait qu’il y ait dans cette pièce un expert en matière de vampire. La personne la plus qualifiée était celle dont le rapport était remis en doute et au sort employé questionné. Par ailleurs, il ne s’agissait pas aujourd’hui de déterminer si Darko méritait ou non sa titularisation. La commission traitée le cas du benjamin, si bien que même Stark ne pourrait pas rester éternellement sur ce point qui semblait le crisper. Passé ce moment désagréable, Tim ne voyait pas ce qui pourrait de nouveau le mettre en difficulté. C’était le seul point noir au cours de sa période de stage, puis ces activités annexes ne pouvaient lui être reprochées ici. Ni ailleurs de toute manière, les Pozhiratelis étaient officiellement au pouvoir. Aux yeux de la justice il n’avait de compte à rendre à personne et la brigade n’avait pas souffert de sa présence. S’il continuait de répondre convenablement aux questions, Lahbib n’aurait pas d’autre option que de lui accorder son approbation. Après cela, Stark devrait se contenter de rester digne.

Après quelques mots du chef, Lahbib posa une nouvelle interrogation. Le sujet sur la mission désastreuse était définitivement clos. La question n’était pas si difficile lorsqu’on avait vu le processus à l’œuvre sur le terrain. Ce n’était pas à l’école ou dans un livre que l’on pouvait apprendre à mettre fin à telle entreprise. Or Timaël avait reçu une éducation d’élite pour qu’il puisse rejoindre dès sa majorité les Pozhiratelis. Il avait également assisté aux réunions Pozhiratelis qui préparaient le coup d’état. Avec Lynn, ils avaient livré des informations clés sur Beauxbâtons alors qu’ils étudiaient sur place à l’occasion du tournoi des trois sorciers. Premières étapes, analyser l’organisation et s’introduire sous couverture. Après cela ils avaient patienté jusqu’à ce que les corbeaux réussissent leur coup. Etapes suivantes, ne pas se faire prendre, ne pas agir de manière isolée, faire confiance au groupe, passer à l’action le plus vivement possible pour colmater les fuites. De ce qu’il avait pu voir durant son stage, le principe était le même pour les missions de la brigade.


Il y avait aussi l’option d’intégrer le réseau, mais ce n’était pas la plus sécurisée. En tout cas ce n’était pas celle que Tim emploierait si on lui demandait de monter une telle opération. Les faux délinquants étaient vite repérés, puis c’était les cerveaux qu’il fallait atteindre, pas ceux qui se faisaient avoir en travaillant pour eux.


Sans être dans le feu de l’action Timaël ne voyait pas d’autre élément indispensable. Il y en avait certainement car ce type de mission reposait sur l’existence de groupes qui avaient réussi à se former et à fonctionner sous les yeux des autorités.

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Timaël n’estimait pas vraiment la durée de cette commission. Il savait qu’une entrevue trop courte était mauvais signe. Cela reflétait des réponses trop succinctes de la part du stagiaire et un intérêt décroissant des examinateurs. De la même manière une confrontation trop longue n’était pas forcément de bon augure. Cela signifiait souvent que Stark et ses acolytes souhaitaient revenir sur de trop nombreux points n’ayant pas fonctionnés. La commission du Marloes avait déjà classé ce fameux point, néanmoins cela avait pris plusieurs minutes. N’était-ce pas déjà trop ? Puis le jeune homme parlait beaucoup. Hors de Durmstrang et de son cercle familial cela pouvait être vu comme de la prétention. Volchine ne serait pas déconcertée, mais Lahbib pourrait l’être. Pourtant, ses réponses étaient riches. Il fallait seulement espérait qu’ils s’attardent davantage sur ce point.

Lahbib revint à la charge avec une autre question. Dans sa réponse sur la manière de procéder au démantèlement d’un trafic, il avait en effet éludé l’aspect infiltration. L’omission était volontaire. Il avait évité le mot tabou puisqu’au moins une des personnes ici présente estimait que sa titularisation représenterait l’infiltration des Pozhiratelis au sein de la Brigade. Il n’était pas utile de retourner le couteau dans la plaie, surtout lorsque son avenir professionnel était en jeu. Par ailleurs, Tim avait une raison tactique de préférer sa stratégie à la seconde option. Rien que dans l’énoncé de la question un simple d’esprit pouvait comprendre quelle était l’option à favoriser. Une infiltration autrement dit de l’action, contre de l’observation de l’analyse et enfin un passage à l’acte.


Timaël n’estimait pas être un agent infiltré pour le compte des Pozhiratelis car il n’allait pas prendre place dans un milieu hostile. La Brigade restait sous la gouvernance du Secrétariat lui-même sous l’influence des corbeaux. Le jeune homme ne courait aucun danger et même les opposants au régime ne se risqueraient pas à l’attaquer. Même lorsqu’il avait étudié à Beauxbâtons il n’avait pas été en danger. C’était un étudiant étranger parmi tant d’autres. Rien de tatoué sur lui n’indiquait qu’il travaillait pour les forces obscures. Le jeune homme s’était retrouvé que très rarement dans des situations susceptibles d’atteindre à sa vie alors les stratégies risquées n’étaient pas sa priorité.


Cette dernière phrase n’était même pas mélodramatique parce que Tim y croyait vraiment. À quoi bon risquer la vie d’une personne alors que le même résultat était obtenu en interrogeant les bonnes personnes et en faisant preuve d’analyse. Les Pozhiratelis n’avaient pas pris le pouvoir en fonçant dans le tas. Ils s’étaient installés puis avaient foncé dans le tas pour tuer la rébellion. Observation, analyse puis action.

Pando

Timaël gardait le silence, il ne voyait pas quoi rajouter à une réponse qu’il jugeait déjà suffisamment complète. Il s’attendait à d’autres questions tout en espérant que la commission prenne rapidement fin. Même s’il ne laissait rien transparaitre, il ne s’agissait pas d’un exercice facile. La moindre erreur ou même approximation pouvait lui être fatale. Il tenait trop à sa titularisation pour ne pas prendre la situation au sérieux. S'il échouait les deux dernières années auraient été inutiles. Puis sa famille serait déçue. Il n’était pas question de renforcer les opinions farfelues de Darko à son sujet. Il avait été sérieux durant le stage, efficace même. Il avait, selon lui, répondu convenablement aux interrogations de ses interlocuteurs. Même si Stark ne voulait pas de lui, il ne pouvait pas non plus l’évincer sans raison.

Lahbib brisa le silence. Il n’avait plus de question. Tim n’exprima pas son soulagement. Il pouvait espérer que la femme ne cherche pas à poursuivre l’entretien au risque qu’il commette une erreur. En revanche, Stark pouvait décider que ce n’était pas suffisant et mettre tout en œuvre pour le piéger. Ce ne serait pas très subtile, mais la situation était grave. Un Pozhiratelis, le premier, pouvait entrer dès ce soir dans ses rangs. Ainsi le silence se poursuivit dans l’attente de la décision du chef.

Stark prononça la fin de la commission. Timaël hocha la tête lorsqu’il l’invita à sortir de la pièce le temps qu’ils délibèrent. Avant de tourner les talons il remercia l’audience pour leur attention. Dans le couloir il fut tenté de rejoindre Nikita. Il avait besoin de faire redescendre la pression. Seul il ne pouvait que ressasser le déroulement et pointer les moments qui pouvaient aller en sa défaveur. Néanmoins, il ne savait pas le temps que prendrait ces délibérations. S'il n’était pas revenu au moment où l’on viendrait le chercher ce serait gâcher tous ses efforts. La patience n’était pas son fort mais il n’avait pas d’autre choix que d’attendre sagement. Surtout, il se retint de faire les sens pas. Pas question de montrer sa nervosité.

À la suite d’une attente qui lui parût interminable, les deux brigadiers sortirent de la salle de commission. Seul Stark resta et l’invita dans son bureau. Timaël le suivit sans l’interroger, il n’y avait rien de pire que de donner l’impression d’être un elfe avide d’ordres. Cette convocation pouvait tout aussi bien être un bon signe qu’un mauvais. Lahbib lui avait souri, ce n’était pas pour autant une preuve quant à sa réussite. Stark pouvait encore tout gâcher. Ils entrèrent dans le bureau et Tim s’installa sur l’un des sièges que lui indiqua l’homme. S'il était accepté il espérait un jour prendre possession du fauteuil d’en face. Il se retint de prononcer un “alors”. Patience. L’homme avait le pouvoir, il le savait, il n’était pas utile de lui rappeler. Le Marloes se contenta de le fixer tout en priant pour que la réponse de la commission soit celle qu’il méritait.

Pando

Le silence était assourdissant. Oui ou non. Qu’avait décidé la commission ? Allait-il pouvoir rejoindre Nikita dans son bureau pour lui annoncer la bonne nouvelle ? Aurait-il la chance d’envoyer, dès sa sortie de la brigade, un hibou à ses parents pour les prévenir de sa promotion ? Ou bien allait-il devoir rentrer bredouille à Pleven et fulminer dans son coin. Il est clair que si refus il y avait il n’allait pas le prendre avec calme et dignité. Il commencerait bien sûr par demander à Stark des explications. Il ne doutait pas de l’absurdité des excuses qu’il entendrait dans ce cas. Et après ? Il n’y avait même pas pensé tant il était évident pour lui qu’il méritait sa place. Que pourrait-il faire de sa vie ? Un travail dans un bureau ne l’intéressait nullement et il répugnait encore plus de se retrouver dans les plis de robe de ses parents.

Stark brisa finalement le silence. Victoire. Tim exultait mais ne laissa apparaître qu’un sourire. Les cris de joies seraient pour plus tard, sa bonne éducation ne le quitterait pas maintenant. Il remercia intérieurement l’homme de ne pas s’être appesanti en discours inutile et d’être allé droit au but. La commission et l’attente avaient été suffisamment longues pour un esprit impatient. Timaël ne le coupa pas pour le remercier et le laissa poursuivre. Il le regarda sortir un badge. Son badge. Il avait hâte de le mettre sous les yeux de Nikita. Ils allaient pouvoir poursuivre leur travail dans les mêmes locaux, c’était une véritable chance. Peut-être même dans le même service, le courrier qu’il recevrait prochainement l’en informerait. Enfin, avait-il des questions. Non. Il connaissait son travail, il ne craignait pas d’être dépassé par ses fonctions. Puis il savait que les différents accès lui seraient peu à peu dévoilés. Stark avait été suffisamment clair sur les prochaines étapes, il n’était pas utile de chercher à savoir dès maintenant quelle serait son affectation.


Il attrapa alors son badge sur son bureau et attendit que son chef l’autorise à décamper. Il fallait bien dès à présent suivre les ordres. Pour cela Timaël était franchement doué.

Pando