(babylon et margot) - à l'abordage 

Margot avait pensé toucher le fond lorsqu’elle avait été enlevée du Poudlard Express, contrainte de faire le voyage à bord du voilier pour finir trempée lors de l’épreuve de la répartition. Durant les premières minutes à l’intérieur de l’institut, elle s’était dit que c’était une question d’habitude. Oui les règles semblaient plus strictes, l’ambiance plus froide. Les regards en biais des élèves ne lui avaient pas échappée et avaient le don de la mettre extrêmement mal à l’aise. Si elle ne savait pas ce qu’elle faisait ici, eux n’étaient pas plus avancés sur la question. La direction avait à peine évoqué leur présence, comme si tout cela était parfaitement normal. Pourtant au cours du repas elle avait vu plusieurs têtes ayant subies le même sort qu’elle. Margot avait rapidement fait le calcul. Des sang-purs. En réalité elle l’avait compris dans le bateau tout en tachant de se convaincre qu’il y avait erreur sur sa personne. Une part d’elle refusait de s’accoutumer à cette ambiance, mais une autre savait qu’elle devrait faire un effort. Dans cette situation la patience risquait d’être un élément indispensable pour ne pas se morfondre. C’était avec cette optique peu réjouissante qu’elle avait suivi la masse dans le parc et retrouver sa nouvelle salle commune. Zemlya. Ce nom n’évoquait rien chez elle. Margot s’était couchée sans sympathiser. Ce dont elle avait besoin était de l’espace pour réfléchir. De toute manière son niveau de bulgare ne lui permettait pas de grande discussion, ce n’était pas faute d’avoir subi ce camps cet été. Visiblement ses camarades de table et de chambre ne s’étaient pas donnés la peine de l’intégrer. Ils avaient leur relation, que faire d’une anglaise qui n’avait rien à faire là. Pour peu elle pouvait surtout leur apporter des ennuis. Jamais la jeune aigle n’avait été aussi heureuse d’être entourée de ce type de personne. Leur bêtise lui offrait la paix.

Les choses se compliquèrent dès le lendemain avec le début des cours. Ou du moins dès le réveil en pompe pour faire du sport. Heureusement qu’elle était de constitution sportive. Néanmoins elle ne s’attendait pas à un réveil si brutal. Lors du petit déjeuner elle trouva enfin son emploi du temps. Les mardi et vendredi elle devrait donc s’attendre à pareil réveil. Les prochaines fois elle serait au moins préparée. Ce jour là elle n’avala rien, à la fois stressée et remuée par les évènements auxquels s’ajoutait ce réveil infernal. Elle en profita pour analyser le parchemin qu’elle tenait. D’après ce qu’elle comprenait des intitulés inscrits, les cours étaient assez similaires à ceux qu’elle pouvait trouver à Poudlard. Les arts occultes portaient sur les notions auxquelles elle était initiée depuis sa troisième année. Le reste était commun. Seul le titre être inférieurs lui faisait craindre le pire. Ainsi, outre le fait qu’elle ne comprit rien à son premier cours, elle fut rassurée qu’il ne s’agisse pas de tuer des moldus avec les potions concoctées. Le début de la fin commença avec le dernier cours de la journée, lorsqu’elle comprit que non seulement elle allée devoir frôler avec la magie noire mais qu’en plus elle devrait rattraper les notions vues les deux années précédentes. Autant sur le tronc commun elle ne craignait pas de retard autant sur cette matière il était clair que Poudlard ne lui avait donné aucune base. C’était même impensable de s’adonner à ce genre de magie dans une école. Ceci suffit en tout cas à assombrir le reste de sa semaine qui se termina par ce merveilleux cours sur les créatures magiques, vues comme des sous-êtres. En résumé quatre heures à gerber dans son emploi du temps, et des notions qu’elle ne souhaitait pas détenir à rattraper. Là il était clair que le fond était atteint.

Ce premier samedi elle ne s’arrêta même pas au réfectoire. La présence des anglais, des français et autres étudiants de l’ouest suscitaient encore une attention. Il y avait ceux qui rejetaient complétement leur présence sur leur territoire, puis d’autres plus malins qui avaient fait des liens et avaient ainsi compris leur ascendance. Généralement ces derniers se montraient plus accueillants. Selon Margot cette attitude était pire que le mépris des autres. Se voir accorder du crédit en raison de son sang, et puis quoi encore. Au bout d’une semaine elle pouvait le dire, elle haïssait cette école. Le côté stricte la laissait indifférente. Un règlement était un règlement et les professeurs n’abusaient pas encore de leur zèle. Mais le programme scolaire restait à corriger et les adolescents n’étaient que des rustres. L’aigle traversa ainsi le parc d’un pas décidé. Elle prit la direction que les étudiants de la maison Voda empruntaient. Par là elle retrouverait la mer et certainement l’endroit où le bateau avait accosté. En réalité elle ne se faisait pas beaucoup d’illusion. Elle ne pourrait pas quitter cet enfer, mais elle pouvait au moins s’en donner l’impression. Au bord de la mer Noire, elle se posa sur le sable. Au moins ici le paysage était magnifique et elle ne souffrirait pas de la présence de ses camarades.

Poudlard. Une école qu'il ne connait pas alors qu'il y est depuis l'année dernière. Comment est-ce possible ? Simple : avec le tournoi, il est retourné à Beauxbatons, école où il a fait sa première année, et c'est ainsi qu'il n'a pas connu le Château. Alors... est-ce qu'il est heureux d'y aller cette fois ? Il ne sait pas trop. Oui et non. Oui parce qu'il a envie de connaître l'école Anglaise, envie d'en apprendre plus sur son passé auprès de Tiphaine. Mais non parce que cela implique de quitter Charlie et l'école Française qu'il affectionnait plutôt bien.
L'été a été dur. Lui, le sang mêlé avec son passé inconnu et son retard magique... avait été l'un des souffres douleurs des sang purs. Condamnés à subir les Doloris de ces derniers. Pourquoi ? Il n'a jamais demandé à naître sang mêlé. Il n'a jamais voulu être un sorcier. Encore moins être jugés comme un moins que rien alors que ces ancêtres ont introduit du sang moldu dans son arbre généalogique... Mais le Stein n'avait rien dit. Il avait encaissé les coups et avait fermé sa gueule, comme toujours.

Assit sur la banquette du Poudlard Express, il observe les derniers étudiants qui embrassent une dernière fois leurs parents. Les siens ? Il ne leur avait pas demandé de venir. Le rouquin était un grand garçon, il s'avait se débrouiller seul. Il était capable d'affronter le départ de ce train sans verser une larme ! Enfin si seulement tout s'était passé comme prévu...
Le train démarre mais ne tarde pas à s'arrêter de nouveau. Des cris commencent à se faire entendre et bientôt la porte de la cabine dans laquelle il se trouve s'ouvre à la volée. On le pointe du doigt et deux hommes s'approchent de lui pour l'enlever. Il tente de se dégager de leur emprise mais avec son corps frêle il ne fait pas grand chose... Bientôt il est isolé, un sac sur la tête, et on l'emmène. Il ne sait pas où. Mais il a peur. Très peur...

Quand enfin la lumière se dessine sous ses yeux, il se retrouve avec d'autres étudiants. Il en reconnait quelques uns, français. Puis bientôt son regard se pose sur Philipp von Roppelt. Son sang se glace et il comprend alors rapidement où il se trouve : à Durmstrang.
Filant à toute allure il ne sait pas s'il doit fuir ou remplir correctement cette initiation... Mais il n'est pas capable de fuir. Babylon est un lâche, un peureux, et sans expérience magique. Il ne serait pas capable de se cacher dans une bête partie de cache cache. Alors échapper à des meurtriers d'enfant, même pas en rêve... Il accepte donc son destin et cours au travers des marécages...

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Une semaine. Cela fait une semaine qu'il est désormais dans l'école Bulgare, le rouge collé à son uniforme. Pozhar. La maison du feu. Pourquoi ce choix ? Il ne sait pas. Mais il s'en fiche. C'est comme Serpentard à Poudlard, il n'avait jamais réellement compris pourquoi cette maison l'avait accueillie. Par contre, les Loups, il s'y sentait bien. Beauxbatons lui manquait terriblement...
Poussant un soupir, le regard rivé vers le sol en essayant de se faire le plus discret possible pour éviter la foule et de se prendre une réflexion, le Stein se dirige vers l'extérieur du domaine. Il a besoin d'un petit temps calme, seul, loin de ces murs. Mais la solitude n'était pas pour lui. Pas pour tout de suite.
Alors qu'il se dirigeait vers un endroit pour se mettre au calme, un groupe de Voda lui tomba dessus. S'il les comprenait ? Bien sûr. Babylon avait la triple nationalité (Française - Bulgare - Anglaise) et avait eu la chance d'être bercé dans ces trois langues dès sa plus tendre enfance. Alors il avait appris vite. Certes il avait un léger accent français qui prenait le dessus, mais son élocution et sa compréhension restaient parfaits. La raison du poing qu'il se prit ? Son lien avec la Directrice de Poudlard. Responsable de la mort du père de ce Voda. Pourquoi ? Il n'en savait rien et il s'en fichait comme de sa première couche. Mais il fallait croire que son ignorance ne lui sauverait pas la peau. Car bientôt il se retrouva sur le sol.

Quand la troupe se décida enfin à partir, le Stein se redressa doucement. Il essuya un léger filet de sang qui s'était échappé de ses lèvres, une larme de douleur et passa une main dans ses cheveux. Rangeant ses affaires tombées de son sac dans ce dernier, il se remit à marcher en direction de la mer. Un excellent endroit pour se noyer et mourir tranquillement non ?
Se tenant le ventre, il remarqua alors une silhouette quand il approcha des berges de l'endroit. Il s'arrêta et... même s'il s'agissait d'une fille, il n'était pas décidé à aller lui parler. Il n'était déjà pas capable de se défendre face à un moustique alors devant une fille, encore moins. Il s'avança pourtant et alla s'asseoir un peu plus loin. Prenant un mouchoir dans son sac il le trempa dans l'eau puis le déposa ensuite sur sa joue rougie. Son regard se riva au loin puis se tourna vers la demoiselle avant de regarder de nouveau l'eau, regarder la jeune fille et reprendre contact avec la surface bleue devant lui. Il avait l'impression de l'avoir déjà croisée...

Cette plage risquait d'être son nouvel havre de paix. Le bruit de la mer, la légère brise. Le cadre était véritablement idéal. Margot avait toujours eu l'idée que la Bulgarie était un pays froid, certainement en raison des images d'uniforme de Durmstrang qu'elle avait vues dans des livres. Maintenant qu'elle réfléchissait à la localisation géographique du pays, elle n'était plus étonnée de profiter encore de la fin de l'été. D'ailleurs durant la semaine elle n'avait eu nullement besoin de la fourrure qui pouvait orner son nouvel uniforme. Cet instant était définitivement agréable. À la différence de Poudlard elle s'imaginait plus facilement profiter de l'extérieur sans craindre la venue de la pluie. De toute manière si la bibliothèque s'avérait aussi austère que le réfectoire ou les salles de classe, elle risquait de ne pas s'y plaire. Pour le moment sa salle commune semblait être le lieu intérieur le plus paisible si bien qu’elle aurait au moins un endroit pour travailler à l’arrivée du froid.

Pour l'heure Margot se sentait mieux. La solitude était pour le moment sa priorité. Elle n'avait pas vraiment envie d'échanger avec les autres élèves et la réciproque était partagée. Oui elle suivrait les cours avec assiduité parce qu'elle restait une élève sérieuse et qu'elle devait devenir une sorcière aguerrie. Puis elle pensait à ses BUSES si compté qu'elles soient maintenues. Sur ce détail la direction n'avait pas communiqué. Elle n'avait de toute manière communiqué sur rien du tout, comme s’il était évident que leur place était ici désormais. Autant dire que le stress commençait tout doucement à monter.

Au bout d'un long moment elle entendit des bruissements sur son côté droit. Un bipède vu le son. Margot ne se donna pas la peine de se retourner, elle ne voulait pas donner l'impression de s'intéresser à la personne et que celle-ci se sente invitée à la rejoindre. Ceci dit, ce leitmotiv s'avéra compliqué tant l'humain manquait de discrétion. La curiosité surpassant le reste elle tourna la tête. Le garçon venait de s'asseoir. Margot fut surprise de le voir se tenir le ventre pour ensuite, une fois installait, tremper un mouchoir dans l'eau. L'aigle fit les grands yeux. Était-il blessé ? Le garçon croisa alors son regard mais Margot avait déjà pris la décision de ne pas l'ignorer. S'il était blessé, elle devait au moins s'inquiéter de son état. L’aigle aimait la solitude mais elle refusait de tourner le dos aux personnes qui avaient certainement besoin d'un coup de main. Elle se leva ainsi pour le rejoindre.


Margot était encore loin. Elle n'avait pas ses lunettes avec elle alors elle ne pouvait pas encore distinguer son visage. De loin elle n'avait vu qu'une silhouette blonde et haute. Merci la myopie. Plus près le spectacle n'était pas brillant. Il avait la lèvre fendue, mais Margot était presque sûre que son nez n'était plus tout à fait droit. Puis elle comprenait mieux le coup du mouchoir qui avait pris par endroit une couleur rouge.


La bouche en o et les mains sur les hanches elle le surplombait maintenant. Le garçon, elle l'avait croisé à Poudlard. Enfin elle ne pouvait pas mettre une année ou un nom sur son visage mais cela ne faisait aucun doute. Une autre victime de cet enlèvement. Si elle voyait juste elle aurait au moins gagné la possibilité de s’exprimer en anglais. En toute objectivité ses paroles en bulgare pouvaient être comprises bien que grammaticalement catastrophiques.

Margot : (...)

Et merde. On lui parle. Et Babylon n'aime pas ça. Il a envie d'être seul. Si ça se trouve, elle lui demande s'il va bien pour venir l'achever. Profiter du fait qu'il soit à moitié amoché pour terminer le travail de ses petits camarades. Mais... attendez quelques secondes... Son bulgare est clairement pourri contrairement à celui des abrutis qu'il avait croisé quelques secondes plus tôt. Sa curiosité lui fait alors tourner la tête tandis qu'il fait glisser le mouchoir sur sa lèvre inférieure qui saigne doucement.

Margot : (...)

Un petit sourire apparaît sur son visage en la voyant dans la posture qu'elle prend. Mais il le perd bien rapidement parce que sourire lui fait mal. Clairement. De sa main libre il lui fait alors signe de s'asseoir à ses côtés. C'est que ça fait mal au cou de lever la tête pour observer ce qu'il se passe là-haut. Une fois qu'elle est enfin à sa hauteur, il retire le mouchoir de sa bouche et tourne la tête pour l'observer. Son regard se pose alors dans les alentours. S'il se décide à parler Anglais il faut que personne ne soit dans les parages. Il ne veut pas se faire casser la gueule encore une fois.

(Anglais avec un léger accent Français)
Babylon. J'étais à Poudlard. Et toi aussi non ? Pas à Serpentard en tout cas, je ne me souviens pas t'avoir croisé.

Il allait dire "dans la salle commune" mais en réalité ça n'était pas possible ça. Après tout, il n'avait pas été dans la salle commune des vers et argents l'année précédente mais avait retrouvé ses camarades dans le dortoir des Loups. Quelle chance d'ailleurs d'avoir eu ce petit privilège ! C'est ça quand on est un ancien étudiant de l'école Française et qu'on y retourne l'année d'après en appartenant à une autre.

S’il s’était battu parce qu’il venait de Poudlard, Margot craignait pour l’ambiance des prochains jours. En voyant sa tête, son ou ses opposants pouvaient se vanter et lancer une mode. Elle se demandait bien ce qu’il pouvait alors lui arriver à son tour dans les couloirs de l’institut. Un maléfice cuisant dans le dos, un croche-pied au sommet des escaliers. Le garçon semblait avoir fait les frais de pieds et de poids plus que de tours de baguette. Visiblement tous les coups étaient permis. Ils pensaient quoi ces trolls, que ça les amusait de changer d’école. Qu’ils étaient ici dans le simple but de s’accaparer leur territoire. Comme s’ils avaient envie d’être ici. Ils ne pouvaient pas se mettre deux secondes à leur place. Certainement qu’ils n’avaient pas idée de la manière brutale dont les britanniques avaient été extraits du Poudlard Express.

Le garçon sourit en la voyant au-dessus de sa tête. Soit en raison de sa grammaire, soit par sa posture de maman. Margot commença par la chose qu’elle pouvait corriger et retira les mains de ses hanches, laissant ses bras ballants. Avec ce qu’elle avait dit et sa posture elle semblait avant tout l’accuser. Il pouvait très bien avoir initié la bagarre, en attendant ce n’était pas une raison pour jouer à la personne responsable de l’ordre. Lorsqu’il lui fit signe de s’asseoir elle hésita un moment. Et si quelqu’un les voyait ensemble, s’il s’était attiré des ennuis autre que ceux qu’elle s’imaginait. Elle aurait à coup sûr des ennuis à son tour. Elle comptait passer sous les radars alors être au cœur des problèmes très peu pour elle. Margot avait déjà eu sa dose en se retrouvant sur le voilier. C’était certainement ce genre de réflexion qui lui avait valu sa place autre part que chez les Poufsouffles. Quoi qu’en étant rationnelle, elle n’avait pas beaucoup moins de Poufsouffle que son père ou sa sœur, à la différence qu’elle était autant prédisposée à rejoindre les aigles. De toute manière, là n’était pas la question, il aurait peut-être besoin d’aide pour rejoindre l’institut et elle ne pouvait pas se permettre de le planter là. Puis elle ne pouvait pas savoir ce qui lui était arrivé dans lui poser la question. C’était un risque à prendre. Sa curiosité l’avait déjà poussée jusqu’à lui, elle pouvait bien poursuivre dans cette voie.

L’aigle s’assit et tourna sa tête vers le garçon d’un mouvement réciproque. Après un temps, il lui répondit en anglais. Elle avait vu juste, forcément. Elle avait bien dû le croiser à Poudlard ou sur la plage juste avant l’initiation. Un Serpentard donc. Il ne semble pas correspondre au cliché de la maison, ce qui était totalement bête de penser ainsi car il s’agissait de faire une généralité à son tour. Comme si on pouvait définir une personne par un seul coup d’œil en l’associant avec une maison. Généralement Margot ne s’arrêtait pas à ce genre de raccourcit.


Margot ne parle jamais autant d’un coup, encore moins à un inconnu. Elle est d’autant surprise que ses paroles sont si personnelles. La jeune fille rougit un instant. Elle n’est pas à l’aise avec les inconnus alors forcément elle se demande si elle n’avait pas mieux fait de se taire. Certainement qu’entendre quelqu’un parler anglais avait réveillé en elle une certaine forme de sécurité. Certainement que ses paroles étaient surtout destinées à un proche et que se trouvant dans l’incapacité de les prononcer elle s’était rabattue sur la première personne. Gênée elle jette un coup d’œil aux alentours. Il ne faudrait pas qu’ils se fassent prendre à parler une autre langue que le bulgare. Elle aurait même dû s’en inquiéter avant. Le serpent est déjà suffisamment amoché. Ceci lui permet de s’éclaircir les idées, centrer la conversation sur le garçon pour ne pas divaguer une fois de plus.


Cette fois ces mots lui ressemblent plus. Sa voix est moins assurée, elle emploie l’interrogatif, elle ne parle pas d’elle, elle va à l’essentiel.

Margot : (...)

Une aigle... Serdaigle donc ? Oui, si ses souvenirs étaient bon, l'aigle était l'emblème de la maison des Serdaigles, les bleus. Il ne connaissait personne de là-bas. En réalité, Babylon ne connaissait pas grand monde de Poudlard. A part Cliff, forcément. Il faut dire que retrouver son meilleur ami était plus intéressant que de faire connaissance avec des Anglais. Parler Français, c'était la langue qu'il préférait. S'il maîtrisait le Bulgare et l'Anglais c'était simplement pour converser sans soucis avec ses grands parents paternels et maternels. Mais il n'aimait pas ces langues. Le français était plus joli. Bien que compliqué il fallait l'avouer. Mais ça lui convenait.
Recollant le mouchoir sur sa lèvre pour vérifier qu'elle ne saigne plus, le Stein le pli et le glisse dans sa poche avant de reposer son regard sur l'anglaise. Il ne dit rien quant au rouge qui lui apparaît sur les jeux. Clairement, le rouquin est capable de se mettre dans le même état en parlant à une fille. Enfin d'habitude. Pour le coup, il est encore tellement sonné que sa timidité n'est pas présente. Et puis... Margot n'est pas son type de fille d'ailleurs. Il faut dire que son type est... un peu plus... moldu ?

Margot : (...)

(Anglais avec un léger accent Français)
Si j'ai bien compris ce que ces abrutis m'ont dit avant de me taper, Tiphaine Retrac aurait fait tuer leurs parents, Pozhiratelis. Alors... vu que... j'ai un lien étroit avec elle, ça me retombe dessus. Si je suis ici c'est à cause de ça d'ailleurs. Je suis fils unique et de sang-mêlé. Durmstrang n'a pas besoin de moi. A part pour faire pression.

Il pousse un soupir. Si seulement la Retrac avait été là, il aurait peut-être espéré ne pas se faire enlever. Tout comme la jeune fille qui se tient devant lui. Elle n'aurait pas attérit ici si cette femme n'avait pas fuit de l'autre côté de la planète. Mais bon... il lui faisait confiance. Si elle allait revenir, c'était pour les sauver non ? Ses parents lui faisaient confiance, il se devait de lui faire confiance aveuglément aussi. Tant que ses parents restaient en vie... c'était tout ce qui lui importait.

(Anglais avec un léger accent Français)
Je suppose que tu es de sang pur et la deuxième de ta fratrie ?

Posant son regard sur la demoiselle, il attend patiemment sa réponse. Sa joue le brûle encore mais il ignore la douleur. Tout comme il fait abstraction du goût de sang qui se répand encore un peu dans sa bouche, s'échappant de cette blessure à la lèvre qui semble s'être rouverte en parlant. Il se mord d'ailleurs la lèvre pour tenter d'arrêter le saignement. La salive plus efficace qu'un mouchoir ? A voir. De toute façon il ne parle pas pour le moment donc il peut toujours tenter.

Ce qui lui était arrivé. Margot se le demandait bien. Elle aimerait également en connaitre les raisons. Ceci dit elle n’était pas certaine d’oser le demander s’il ne lui fournissait pas naturellement l’explication. Sa timidité la laissait dans la retenue, elle se voyait mal l’accabler de questions. Si les rôles étaient inversés, elle ne voudrait certainement pas subir un interrogatoire. Pourtant elle n’en restait pas moins curieuse. S’il avait reçu des coups parce qu’il venait de Poudlard, pourquoi elle-même n’en recevrait pas pour le même motif. Il en était de même pour ses camarades. Leur situation était déjà suffisamment délicate pour qu’ils ne puissent la laisser s’aggraver. Margot se sentait même prête à en faire part à la direction, même si l’idée ne l’enchantait que très peu.

Tiphaine Retrac. Margot mit un instant à faire le lien. Il est vrai que l’an passé elle avait entendu des bruits de couloirs comme quoi un de ses petits protégés avait rejoint l’école. L’aigle n’était pas du genre à vérifier si ces propos étaient véridiques ou non. De toute manière le tournoi avait mis la pagaille dans l’organisation de l’école. Certainement que le garçon avait du faire partie de ceux qui étaient allés à Beauxbâtons. D’ailleurs elle avait bien relevé un accent français. A priori elle et les autres étudiants de Poudlard n’avaient pas à subir les effets de cette relation, madame Retrac n’étant que leur directrice. Le garçon risquait en revanche d’avoir perpétuellement un tas d’ennuis. Margot avait entendu ses parents converser avant qu’elle ne rejoigne l’école. La prise de pouvoir et le camp d’été n’étaient pas bien perçus au sein de la communauté magique britannique. Les Williamson anticipaient une révolte à venir et dans ce cas les Pozhiratelis seraient à leur tour attaqué, dès lors elle ne serait pas surprise que les étudiants britanniques en subissent les conséquences ici.

La question du garçon surprend l’aigle. Visiblement il a fait un calcul rapide des personnes qui étaient concernées par l’enlèvement du Poudlard Express. Margot avait rapidement déterminé qu’ils étaient tous de sang-pur. Sauf lui apparemment, mais d’après ses dires il était une exception qui pouvait s’expliquer. De la même manière elle avait constaté que tous les enfants purs n’avaient pas été traités de la même manière, par exemple, elle était la seule de sa famille. En revanche, elle n’avait pas prêté attention à la position dans la fratrie. Elle était cadette en effet. En visualisant quelques visages il lui semblait que les autres étaient également le deuxième enfant.


À ce stade elle n’était même plus surprise. Au sein du camp elle avait bien compris qu’ils cherchaient à grossir les rangs des corbeaux. Sa sœur avait été même beaucoup plus approchée qu’elle. Peut-être que les Pozhiratelis commençaient à suivre une logique particulière. Ils promulguaient de nouvelles lois en masse, certainement que cette histoire du deuxième enfant était sortie le jour de la rentrée, de façon à ce que les parents laissent partir leurs enfants sans savoir ce qu’il se tramait.


Qu’est-ce qu’elle pouvait dire de plus. Elle n’avait pas envie qu’il la nomme l’aigle sang-pur cadette.


Elle secoua la tête un petit sourire sur les lèvres. Ce n'était pas le moment de faire de l'humour et en même temps elle avait besoin de dédramatiser pour ne pas perdre pied. Margot aimerait d'ailleurs bien que la directrice les sorte de là.

Margot : (...)

Babylon fit un "non" de la tête. Ce n'était pas à Durmstrang qu'il avait entendu cette stupide loi. Des bruits de couloirs entre ses parents et leurs camarades Mangemorts qu'il avait pu croiser, durant le rare temps où il était resté chez lui. Agmurdoad... un enfer. Ajoutés cet enlèvement à la liste, le pauvre Stein était définitivement au bord du gouffre. Il ne manquerait plus que quelque chose de grave n'arrive à ses parents et... qui sait comment il pourrait bien ressortir ? Seul l'avenir sait ce qu'il adviendra de lui.

Margot : (...)

(Anglais avec un léger accent Français)
Babylon.

Lui proposer son surnom ? Non. C'est rare que les gens se permettent de l'appeler Baby de toute façon. C'était surtout pour se moquer de lui que ce diminutif était employé. Et puis... c'était un peu trop... intime ? Combien de couples avait-il vu, durant ses vacances chez ses grands parents, appeler leur moitié "Baby". Enfin, son prénom il l'appréciait. Et c'était peut-être pour ça qu'il ne laissait pas vraiment le loisir aux gens de lui trouver un surnom. On pouvait se moquer de son prénom ressemblant à une ville, au moins il était unique.

Margot : (...)

(Anglais avec un léger accent Français)
J'essaye de me rassurer en me disant que certains sont encore plus dans la merde que moi.

Il ne peut empêcher un petit ricanement s'échapper de ses lèvres. C'est vrai après tout : il y a toujours quelqu'un sur terre qui a une vie plus merdique que vous. Certes il est à Durmstrang alors qu'il n'a rien demandé, il risque de se faire tabasser régulièrement mais au fond certains vivent des choses plus compliqués. Comme n'avoir qu'un parent : Cliff. Surtout à son âge. Merde, voilà qu'il est entrain de plaindre ce petit con.

(Anglais avec un léger accent Français)
En tout cas, il va falloir que tu prenne l'habitude de parler Bulgare, si tu veux pas te faire fracasser la tête contre un mur. Ces petits sang purs sont coincés du cul mais ont une putain de force. Et sont lâches puisqu'ils s'attaquent même pas en un contre un.

Même en un contre un le Stein aurait été mangé tout cru. Mais c'était un point qu'il fallait tout de même soulever. C'était important. Comme pour tenter de montrer qu'il peut être... doué ? Alors qu'il est plus âgé, en 3ème année, est tout fin et a des relations pourries ? C'est beau de rêver. Mais après ce qu'il s'est prit, il en a bien besoin.

Il devait bien y avoir une solution. Ceci était certainement parfaitement illégal. Ils ne pouvaient pas imposer un cursus dans cette école pour les étudiants de sang-purs. Ou alors ils étaient en train de faire passer une loi. C’était forcément ça. Après les camps de cet été ceci représentait une suite malheureusement logique. Margot ne voulait pas rester une semaine de plus dans cette école, mais elle risquait de ne pas avoir le choix. Si seulement elle pouvait avoir son frère ou même un ami. Bien sûr elle ne leur souhaitait pas ceci, mais elle avait plus que besoin d’une épaule sur laquelle se reposer. Elle n’était pas seule dans cette situation, hors elle ne connaissait pas ces étudiants. Son cercle de connaissances était trop restreint et ceci lui faisait défaut aujourd’hui. Dans le même temps, elle ne se voyait pas approcher des quasi-inconnus sous prétexte qu’ils vivaient la même chose qu’elle. Pour Babylon, c’était le nom qu’il venait de lui donner, c’était différent. Elle était venue le voir parce qu’il était bien amoché. S’il s’était installé ici en étant parfaitement bien portant elle ne se serait certainement pas approché. Margot avait besoin d’un allié mais elle n’était pas prête à quitter sa solitude tout autant protectrice pour faire des rencontres. De toute manière les amis qu’elle s’était fait à Poudlard avait fait le premier pas. Pour le moment elle voyait mal que ceci se reproduise ici. Les étudiants étrangers étaient encore craintifs et restaient avec leur connaissance. Les étudiants de Durmstrang étaient dubitatifs quant à leur présence et se contentaient de les ignorer ou même de les mépriser.

Margot hocha la tête. Elle comprenait cette vision des choses car c’est celle qu’elle employait au quotidien. L’apitoiement ne faisait pas avancer les choses et il y avait toujours quelqu’un dans le monde dans une position bien pire. Il suffisait de penser aux personnes dont sa mère s’occuper à l’hôpital. À côté ses tracas étaient bien faibles. Ceci dit, pour le coup Margot devait bien admettre qu’ils avaient de quoi se plaindre. Être enlevés brutalement du Poudlard Express pour se retrouver dans l’école de Satan ce n’était quand même pas rien. Enfin, la jeune aigle quitta ses pensées pour se concentrer sur les nouvelles paroles du garçon. De sa bouche ce n’est pas vraiment un reproche mais il n’avait pas tort. Au camps d’été elle n’avait pas vraiment fait d’effort car elle ne voyait pas l’utilité d’apprendre cette langue. Les corbeaux devraient forcément partir aussi vite qu’ils étaient venus. Ce n’était pas envisageable qu’ils puissent s’installer dans que personne ne réagisse. Après une semaine à Durmstrang elle devait bien admettre qu’elle n’avait plus vraiment le choix. S’ils étaient encore là c’est que la situation était bien plus complexe. En tout cas cette histoire risquait de s’éterniser. Babylon parlait de la punition des élèves chauvins, mais elle ne doutait pas que le personnel inventerait également des mesures punitives très peu reluisantes.


Margot s’arrête ici car sinon elle risque de s’enflammer et de s’empourprer de l’avoir fait devant un inconnu. En tout cas elle n’en pense pas moins. Cette école est un cliché ambulant. En tout cas c’est comme ça qu’elle le voit. Certainement que son opinion est approuvée par un petit groupe mais que dans l’ensemble les étudiants sont les mêmes qu’à Poudlard. Après tout elle a pu voir des profils différents et pas seulement des individus en délire de puissance.


S’il veut parler du Bulgare autant qu’il donne ses astuces parce que Margot part de zéro.

Margot : (...)

Des centaures sous testostérones. L'image est amusante. Et elle fait bien rire Babylon, ça ne fait aucun doute là-dessus. La prochaine fois qu'il croisera un troupeau de ces abrutis, nul doute qu'il pensera à cette image que la jeune anglaise vient de lui mettre en tête. Calmant son rire, il pose son regard sur la demoiselle et passe une main dan ses cheveux.

Margot : (...)

Le rouge lui grimpe lentement au rouge. C'est difficile pour notre pauvre Babylon de parler ainsi de lui. Mais en tout cas elle a raison : ça se remarque son accent quand il s'exprime. Que ce soit en Anglais ou en Bulgare. Son accent Français prend souvent le dessus. Qu'est-ce qu'il doit dire à cette parfaite inconnue ? Bonne question. Mais autant aller rapidement droit au but. Toute son histoire familiale ne la regarde pas.

(Anglais avec un léger accent Français)
Simple. Ma famille du côté de mon père est Bulgare. Celle de ma mère est Anglaise. Alors j'ai toujours parlé les trois langues. Même si mon accent Français, puisque je suis né en France, a toujours prit le dessus. Tu as des origines ?

Il lui offre un petit sourire amical. Il faut bien faire la conversation. Même si parler avec une fille ce n'est pas simple du tout pour notre petit sorcier. En tout cas il n'y a aucun soucis à se faire : si elle demande des cours de Bulgare, le Stein se fera un plaisir de lui en donner et de l'aider. Après tout, entre victimes de la bande de centaures sous testostérones il faut bien s'aider non ? Un petit ricanement s'échappe de la bouche de Babylon en repensant à cette image. Ok, il ne s'en remettra peut-être pas tout de suite... C'est Baby en même temps.

Le discours enflammé de Margot eut au moins l’avantage de faire rire le garçon. La métaphore devait y être pour beaucoup. En tout cas elle n’avait pas l’impression qu’il se moquait d’elle. C’était un bon début, surtout pour une discussion qu’elle avait engagée. Disons que ce n’était pas son genre et que généralement elle laissait venir les gens à elle. Margot préférait éviter au maximum la gêne de devoir entamer une conversation et les rougissements qui accompagnés cela. Pour l’heure, c’était plutôt le visage de Babylon qui tournait au cramoisie. Visiblement la jeune aigle n’était pas la seule à ne pas apprécier s’étendre sur sa personne. Pourtant elle n’avait pas décelé ceci chez le garçon. Après tout il avait naturellement évoqué son lien avec la directrice de Poudlard. Si Margot avait su que son compliment et la question qui l’accompagné le placerait dans l’embarrât elle se serait seulement contentée de l’éloge. Elle connaissait bien trop ce sentiment pour le faire vivre volontairement aux autres.

Le garçon était donc le fruit d’un charmant métissage. Parents anglais et bulgare, lui plus ou moins français. Margot se demandait bien quelle langue tout ce beau monde devait utiliser pour communiquer à la maison. Peut-être un mélange des trois. En tout cas maitriser ces trois langues était certainement un avantage pour lui, au moins il pouvait suivre aisément le programme des trois principales écoles d’Europe. Ce qu’il avait dû faire lui semblait-il. Après tout quand il était arrivé à Poudlard il avait été présenté comme le français en lien avec la directrice Retrac et il était à présent à Durmstrang. Enfin, lorsqu’il lui retourna la question, la jeune galloise ne fut pas surprise. Ceci dit elle s’étonnait de la forme interrogative. Généralement les gens avaient la fâcheuse tendance à employer l’affirmatif puisqu’ils se référaient au métissage visible sur sa peau. Babylon était plus fin et ne tirait pas de conclusion hâtive.


Elle lui sourit se permettant d’être dans l’auto dérision avec ce garçon qui visiblement n’avait pas de mauvaise intention à son encontre. Ou alors il avait d’autres préoccupations, comme la douleur par exemple. Il était d’ailleurs peut-être temps de s’intéresser à cet aspect non négligeable. Après tout elle était venue le voir pour cela initialement.


Margot avait à cet instant l’impression d’avoir pris la posture de madame Williamson.

Margot : (...)

Botswanaise. C'est de quel pays ça ? Et Uagadou... Alors il existe d'autres écoles de magie ? Impressionnant... On ne pouvait pas dire que Babylon avait prêté grande attention à ce qu'on avait pu lui raconter sur l'extérieur de l'Europe. En fait, il ne lui semblait pas avoir eu un cours sur les écoles autres que celles Européennes. Et puisqu'il n'était pas du genre à ouvrir un livre, c'était clair qu'il n'avait pas pu le lire. Uagadou. Nom amusant, il faut l'avouer. Peut-être qu'il se renseignera sur cette école. Ou peut-être pas. La flemme prend souvent plus vite le dessus que sa curiosité.

Margot : (...)

(Anglais avec un léger accent Français)
Non ça va. Ca a arrêté de saigner, c'est bon signe. Et puis au pire ça me donnera une raison de sécher un cours. Mais t'en fais pas, je crois que c'est juste le coup qui m'a fait ressembler à une fontaine.

Il rigole face à sa remarque. Un nez de cassé... franchement ça ne serait rien. Il pourrait très bien se retrouver avec un pied ou un bras dans le plâtre. Quoique... attendez... est-ce que les sorciers ont de quoi soigner rapidement des os brisés ? Il lui semblait avoir entendu de telles choses sur des sorts ou des potions. Il ne savait plus trop. Lui et sa mémoire...

(Anglais avec un léger accent Français)
Uagadou... C'est intéressant comme école ? Il y en a d'autres dans le monde ? Des écoles de magie ?

Bon, sa curiosité avait prit le dessus. Mais sa flemme l'avait fait poser les questions à Margot. Au moins il gagnerait du temps, plutôt que d'aller chercher dans la Bibliothèque de l'école. Qui n'était clairement pas un endroit dans lequel il allait mettre les pieds. L'allergie aux livres et aux intellos...

Babylon disait aller bien. Margot pourrait le quitter après cette discussion improvisée sans trop s’inquiéter. Au moins, elle ne le laisserait pas mourant sur cette plage. Ceci dit, il était sans doute préférable qu’ils fassent le chemin retour ensemble. Si le garçon croisait de nouveau le groupe de centaures, ou un autre s’employant aux mêmes procédés. Il ne serait peut-être pas capable de se défendre convenablement. La compagnie d’une jeune fille pourrait être un moyen de dissuasion, ou alors si Margot était congédiée par ces imbéciles elle pourrait avertir rapidement un membre du personnel. Ce n’était pas les meilleures options de se faire des amis, mais elle n’avait pas besoin des autres pour exister, surtout pas d’une bande de bébés corbeaux. À choisir elle préférait aider Babylon, la question ne se posait même pas.

Margot espérait que ses saignements ne reprendraient pas. Il le prenait à la rigolade mais cela pouvait être grave. Et s’il avait une lésion interne ? Les cours seraient bien le dernier de ses soucis. Enfin, peut-être était-ce sa façon de rendre la situation moins pénible qu’elle ne l’était. Il avait été lui aussi arraché du Poudlard Express et ne voulait peut-être pas faire de chaque instant un drame. La situation était déjà suffisamment compliquée. Une semaine qu’ils étaient dans cette école de malheur. En parlant d’école la question de Babylon l’interpella. Il ne savait rien des écoles magiques, c’était étrange. Même s’il venait d’un milieu moldu, il n’était plus en première année. Enfin, Margot ne lui fit pas les gros yeux. Il ne s’était pas moqué d’elle et ce n’était pas son genre de toute manière. Si elle avait l’impression qu’il s’intéressait tardivement à ce sujet c’est peut-être qu’il s’était contenté de ses connaissances sur les trois écoles européennes. L’aigle, elle, baignait dans l’ouverture aux autres et leur culture, forcément elle s’était vite questionnée sur ce sujet et pouvait se vanter d’en connaitre beaucoup.


Margot espérait n’avoir pas été trop barbante avec son exposé. Lorsqu’elle disait plus de deux mots en présence de quasi-inconnus, elle avait toujours l’impression d’être ennuyeuse. Elle qui avait réussi à nouer des liens à Poudlard, elle devait à présent recommencer ce travail du début. Elle n’avait pas le choix, elle ne pourrait pas manœuvrer seule le bateau ou partir à la nage. Sa quête d’horizon plus agréable qui l’avait conduite ici ne lui avait permis d’éviter que la présence inconfortable des élèves de cette école.


Il commençait à faire frais. Margot était adaptée à l’humidité mais pas à cette ambiance uniquement fraiche.

Margot : (...)

Babylon plissa les yeux. Il tentait tant bien que mal d'enregistrer les informations. Mais... il s'arrêta à l'école Russe. Il ne savait même pas dans quel continent le placer, puisqu'il n'avait plus écouté. C'était vraiment très compliqué tout ça. Est-ce qu'il devait lui dire de lui mettre à l'écrit ? Bof. Le bout de papier risquerait bien vite de se retrouver dans le lac d'ici quelques minutes. Alors bon.

Margot : (...)

Le Stein fit un petit sourire moqueur. Où voulait-elle rentrer à part à l'intérieur de ce maudit château ? A Poudlard ? Parce que là ce n'était pas possible. A la maison ? Encore moins possible.
Il se leva donc et tendit une main ensanglantée à Margot avant de... changer de main pour celle qui n'avait rien. Même si c'était sa main gauche et donc son bras le moins musclé - enfin en avait-il un musclé de base ? - il pourrait l'aider à se mettre debout. A moins qu'elle n'ait pas besoin d'aide.

(Anglais avec un léger accent Français)
Retournons dans ce monde débile de centaures sous testostérones. Et merci pour l'exposer d'ailleurs.

Une fois Margot debout il lui fit un petit sourire et glissa ses mains dans ses poches avant de commencer à marcher en direction de l'Institut.

(Anglais avec un léger accent Français)
Promet moi que si je me transforme en ces crétins tu me cassera le nez à nouveau ?

Ce n’était pas dans les habitudes de Margot de parler autant, encore moins à un inconnu. Enfin, il y avait comme quelque chose de familier avec ce garçon parce qu’il parlait sa langue à des kilomètres de son pays duquel elle avait été arrachée. Il n’était pas son ami mais cela lui faisait du bien de s’exprimer en anglais, mais il ne faudrait pas qu’elle se montre lassante. Au fond cela l’arrangeait que le froid de la soirée s’installe, elle avait une bonne excuse pour retrouver le chemin de l’institut. Elle était mieux ici certes, la compagnie de Babylon était même plutôt agréable, hors elle craignait aussi d’ennuyer le garçon.

Il lui tendit la même en première réponse. D’abord celle encroûtée de sang avant de lui présenter l’autre. Il accepta par la suite verbalement sans manquer de reprendre sa petite phrase. Elle lui sourit, au fond contente que ce qu’elle exprimait pouvait être enregistré et même repris. Puis elle hocha la tête lorsqu’il la remercia. En tant que Serdaigle elle appréciait également partager ses connaissances et était contente d’avoir pu lui apprendre quelque chose. Pour que Babylon ne reste pas la main tendue éternellement elle l’attrapa sans trop hésiter. Margot était légère mais avait également des jambes bien musclées grâce au Quidditch si bien qu’il n’eut pas besoin d’user beaucoup de force pour l’aider à se relever.

Babylon se mit en route et la jeune aigle le suivit. Il avait de longues jambes mais ils réussirent à imprimer un même rythme de marche. Elle tourna la tête vers lui lorsqu’il parla et lui sourit. Elle doutait qu’il devienne un de ces abrutis, après tout il s’était montré agréable tout le long de cette conversation et ne s’était pas moqué d’elle. Ceci dit elle pouvait bien lui promettre d’être un rempart contre un avenir de centaures empli d’hormones.


Elle sourit encore plus largement à cette image. Elle était une bonne Poursuiveuse mais elle serait bien incapable de viser un Cognard et d’avoir la force pour le renvoyer sur un adversaire. Enfin, le principal était l’idée. D’ailleurs ils s’approchaient de l’institut et elle distinguait au loin les anneaux du terrain de Quidditch. Elle n’avait pas tout perdu en venant ici, elle pourrait toujours voler et lancer quelques Souafles. Ceci dit elle n’imaginait pas faire partie d’une équipe ici. Elle n’était pas attachée à cette école ni même à la maison qui lui été attribuée. Il n’était pas question de se projeter ici.

Penser au Quidditch la peinait pourtant. Elle avait réussi l’an passé à surmonter sa timidité pour passer les sélections et rejoindre les aigles. Les matchs devant l’école l’avaient énormément angoissée puisque durant quelques heures une multitude de regards étaient tournés vers elle. Pourtant, quelques étudiants avaient fait le déplacement à Beauxbâtons pour encourager la championne de l’école ce qui réduisait le public pour le Quidditch. C’était seulement durant les deux derniers qu’elle avait véritablement apprécié l’instant. Elle n’avait eu qu’une hâte durant l’été, retrouver le terrain de Poudlard et cette fois prendre du plaisir comme elle le faisait en famille. Il est clair que sa rentrée ne ressemblait absolument pas ses attentes. Aujourd’hui c’était le terrain de Durmstrang qu’elle avait sous les yeux et elle n’avait pas la force, ni même l’envie, de tenter les sélections. Cette situation ne pouvait qu’être provisoire, elle ne voulait pas accepter qu’il en soit autrement.

Babylon pouffa. Était-ce parce qu’il ne croyait pas un mot de ce qu’elle disait ? Il pouvait très bien penser qu’un petit gabarit tel que Margot était tout bonnement incapable d’un exploit de ce type. Ou alors imaginer la situation le faisait rire. La jeune fille n’était pas une spécialiste des relations alors il lui était difficile de comprendre les réactions des autres. Ceci dit, puisqu’elle était consciente de cela, elle ne partait pas dans des interprétations. Elle n’avait absolument pas besoin de se rajouter l’impression d’être moquée à sa difficulté d’établir une conversation. Le jeune homme expliqua par ailleurs rapidement sa réaction et Margot sourit. Elle n’avait donc pas devant elle un adepte des balais. Elle l’imaginait parfaitement maladroit en tout cas.


Puisqu’ils étaient dans le parc et que l’entrée de la salle commune de Margot était précisément à cet endroit, ils allaient pouvoir se quitter là. Il lui semblait d’ailleurs que celle de la nouvelle maison de Babylon se trouvait à l’intérieur de l’institut et que pour les Voda il était nécessaire de se diriger vers le lac. L’organisation ici était définitivement surprenante. Enfin, les quartiers dédiés à sa nouvelle maison étaient suffisamment chaleureux et confortables pour qu’elle ne puisse pas s’en plaindre.


Elle lui sourit. Ici c’était encore moins prudent d’utiliser sa langue maternelle, mais que voulez-vous, elle n’arrivait pas à se faire à ce dialecte qui lui était imposé.