[Niamh & Tiphaine] Une question potion ? 

HRP:

La fin de ma cinquième année avance à grands pas. Il faut bien avouer que jusqu’ici, j’avais du mal à m’en rendre compte. Depuis la rentrée on nous parle des BUSEs, de l’importance du bon travail le long de l’année, de l’importance de nos résultats pour la continuité l’année suivante. Oh oui, les adultes n’avaient que ces mots à la bouche, les BUSEs, les examens, les notes, la fin d’année. Mais paraissait si loin cette fin d’année ! Bien sûr j’ai travaillé toute l’année, je voulais les meilleures notes possibles pour que papa soit fier de moi. Peut-être même que j’ai travaillé un peu plus que d’habitude, car réviser sans Furcy c’est pas pareil. Je préfère être avec lui, il me manque vraiment, et puis c’est plus agréable de réviser avec quelqu’un ! Enfin, je n’ai pas trop eu le choix car il était obligé d’aller dans cette école. Bref. Au fur et à mesure, on s’en est approché de cette fin d’année et paf ! Nous voilà une semaine avant le début des examens. Et cette semaine est faite pour s’asseoir à une table, les manuels ouverts, le cerveau concentré. C’est fou ce que le temps est passé vite ! Un peu trop d’ailleurs, car cette semaine de travail acharné ne s’est pas annoncée avant d’apparaître. Il aurait fallu que je suive un peu les dates aussi, j’aurais été préparée.

Mais voilà, je n’y ai pas fait attention et c’est seulement lorsque les professeurs nous on dit d’être très sérieux la semaine prochaine que j’ai réalisé que c’était vraiment très bientôt. Il ne faut pas paniquer, juste bien réviser, être sérieuse, se dire que tout l’année j’ai eu des bonnes notes. Sauf que là, ce sont les notes finales qui vont compter pour savoir quelles matières on peut continuer l’année prochaine. Et je veux absolument tout continuer… Plus on connaît de choses, mieux c’est : c’est ce que je me dis toujours ! Le savoir ne peut pas faire de mal. Alors oui voilà, il faut bien l’avouer, je suis un peu inquiète. Entre la maladresse et la tête en l’air, ça va vite de rater une potion, de faire un mauvais sortilège. Sauf que je me suis promis que rien de tout cela n’arrivera, après tout il faudra juste être très très concentrée le temps de chaque épreuve… Ce qui, en soit, est déjà une épreuve. On ne va pas se le cacher, j’ai beau adorer les potions il n’est pas rare qu’il y ait un peu trop de si ou un peu trop de ça pour que le résultat soit réellement parfait. Je me demande si les professeurs attendent quelque chose d’absolument parfait ? Une erreur arrive si vite, même chez les adultes, c’est sûr !

En tout cas, il faut tout faire pour éviter le maximum de maladresses. À mon avis, si je fais de mon mieux, encore plus que d’habitude, ça ira. Et puis, ça ne sert à rien de trop y penser, surtout que la semaine de révisions ne commencera que demain. D’accord, j’en ai vu certains déjà occupés à travailler et il faut bien dire que je fais de même, assise dans un fauteuil, un livre de potion ouvert sur les genoux. J’ai juste un peu de mal à me concentrer, et à chaque mouvement autour de moi je lève la tête. Je n’ai peut-être pas la force de travailler ce soir, ça arrive des fois. Et quand je vois la directrice entrer dans la Salle Commune pour se diriger vers le dortoir des garçons, je ne peux m’empêcher de sourire. C’est la maman de Cliff, certainement le cherche-t-elle. Tiens, je ne sais pas où il est en ce moment. Mais encore plus important, outre le fait qu’elle soit directrice de cette école : elle est professeure de potion. Seulement à partir de la sixième année par contre… Oh ! Attendez. Cette année je suis en cinquième, j’ai les BUSEs – vous l’avez compris. Alors l’année prochaine je serais en sixième année. Et si je réussis parfaitement mon examen… Je saute littéralement du fauteuil en me rendant compte soudainement d’une chose. Elle sera ma professeure de potion l’année prochaine !

Ravie, je ferme le livre pour le garder entre mes bras tout en trottant joyeusement jusqu’à l’adulte qui vient de faire demi-tour. J’aurais pu y penser avant, à cette histoire de changement de professeure enseignant les potions l’année prochaine, mais mieux vaut tard que jamais n’est-ce pas ? «Bonsoir madame ! Comment allez-vous ?» J’aime bien être polie, surtout avec les adultes, tout le monde apprécie les gens polis. Même si la directrice ne parle pas beaucoup. En même temps, très peu d’élèves lui parlent. Je me demande bien pourquoi car une professeure de potion qui passe comme ça dans la Salle Commune, ce n’est pas courant et je trouve que c’est une chance exceptionnelle ! Je suis sûre que Furcy serait d’accord avec moi. Bref. Vous croyez que j’ai le droit de poser des questions ? J’aime bien discuter, et puis je suis curieuse de plein de choses ce soir. «Est-ce que vous vous occuperez toujours des cours des sixièmes années la prochaine ? Ce serait super ! L’année prochaine, je continuerais les Potions. Enfin, si j’ai une bonne note aux BUSEs. Mais j’aurais une bonne note parce que je connais déjà tout et que j’ai travaillé toute l’année ! Il faut juste que je ne sois pas maladroite». Je fronce un peu les sourcils à cette dernière phrase, car c’est là le problème. «Est-ce que c’est grave si ce n’est pas parfait ?» Je dois me forcer pour rester calme, ne pas sautiller, ne pas trop parler. Mais on va pas se le cacher, c’est bien plus compliqué qu’il n’y paraît ! Je suis bien lancée maintenant.

Parfois je me dis que je devrais attendre avant de continuer de parler, attendre la réponse de l’autre, au moins un simple oui ça va, de quoi vérifier que la personne va bien. C’est vrai qu’après, si l’autre dit qu’il ne va pas bien, je poserais des questions. Pourquoi ça va pas ? Est-ce que je peux t’aider ? Mais c’est pas facile d’aider un professeur, d’ailleurs c’est impossible. Sauf que je ne peux pas non plus continuer de parler comme si de rien n’était si on me dit que ça ne va pas… Peut-être qu’au fond, c’est pas plus mal que la Directrice Potionniste n’ait pas le temps de me répondre. De toute façon, il y a pas de chance pour qu’elle dise la vérité. Quel adulte se confierait à un élève ? En vérité, la réponse me semble évidente : personne. Pourtant, j’aime poser la question. Cette question de politesse qui convient certainement mieux lorsque je parle à quelqu’un d’environ mon âge… N’est-ce donc pas mieux que je me laisse bavarder sans tellement réfléchir ? Je crois que si.

L’important, c’est qu’elle réponde à au moins une de mes questions. Sinon j’aurais l’air un peu bête. Mais que pourrait-elle faire d’autre ? M’ignorer, évidemment. Je trouve tout de même que ce ne serait pas très sérieux, même si je n’ai certainement pas mon mot à dire. Après tout, c’est son choix ! Et elle semble choisir de me répondre, j’en suis bien contente. Surtout quand elle dit que oui, elle s’occupera toujours des sixièmes années à la prochaine rentrée. Chouette ! Je souris, ravie. Furcy ne l’a jamais eu en cours, le pauvre s’est retrouvé en sixième année à Durmstrang au lieu d’aller à Poudlard comme au début, alors je ne sais pas comment ça se passe avec elle. Mais j’ai hâte ! J’adore les potions, les cours ne devraient donc que bien ce passer : cela me semble plus qu’évident.

Quoique… Pour cela, il faut avoir un Optimal aux BUSEs. Je fronce le nez en écoutant l’adulte. Optimal, c’est la meilleure note possible ! Quand on arrive à avoir ce résultat, on peut être très très fier – et papa nous félicite bien ! Sauf que je n’en ai pas tout le temps non plus, lorsque je n’arrive pas à enfermer ma maladresse j’obtiens plutôt un E.E. et même une fois un A., mais là c’était vraiment assez catastrophique. Enfin non, pas réellement catastrophique sinon j’aurais eu P. mais ce n’était quand même pas génial : je n’aime pas avoir A. C’est une note basse, trop basse lorsqu’on aime la matière comme moi. Mais là, Optimal… La réponse est oui, c’est grave si ce n’est pas parfait. Néanmoins, madame Retrac assure que l’examen de pratique sera comme les devoirs en cours, c’est rassurant.

Car ce que je suis capable de faire en cours, je saurais le reproduire à l’examen n’est-ce pas ? Il y a de fortes chances. Ça dépend des recettes malheureusement, certaines sont plus complexes que d’autres niveau précisions. Et l’adulte devant moi le dit : il ne faut pas se planter pendant la pratique. Elle a l’air de trouver ça simple, elle. Pas moi ! Je veux dire, je connais bien mes cours, mais je ne maîtrise pas tout quand il est question de mouvements et de grande concentration. Souvent je me demande comment font les gens pour être capable d’être super précis et de ne faire aucun geste maladroit. C’est sûr que ce sont des êtres magiques différents de la simple Sorcière que je suis ! Sauf que la professeure ressemble largement à une humaine. Peut-être que c’est moi qui suis juste pas douée.

«Oh…» Je reste là un instant, à ne pas savoir quoi dire. L’idée qu’elle soit dotée d’un don magique me semble bizarre, mais là n’est pas la question. En fait, c’est surtout ce qu’elle vient de dire qui me dérange un peu. Pensive, je remarque pour moi-même que «C’est beaucoup, Optimal ! Ça veut dire qu’il faut faire les dosages parfaits, bien remuer, bien compter…» avant de récupérer mon sourire. De toute façon, il n’y a pas le choix. «Il va falloir que je m’entraîne à ne pas être maladroite alors ! Parce que j’ai vraiment envie de continuer, c’est super intéressant les potions !» L’idée me fait rire, bien que cela pourrait être sérieux. C’est surtout que je ne vois pas comment travailler à être plus adroite… «En tout cas, je suis contente que vous continuez les potions l’année prochaine ! En plus, Furcy ne vous a pas eu alors je vais pouvoir tout découvrir avec vous !»

Oui parce qu’avoir un grand frère c’est bien, mais ma grande curiosité m’avait poussé à réclamer tous les détails… Et j’adore les histoires ! Ça, vous le savez bien. Alors même si j’ai beaucoup appris, je connaissais déjà un peu le professeur et les potions grâce aux récits de Furcy. Il faut tout de même admettre que c’était bien utile et rassurant. Non pas que j’avais peur, mais j’aime savoir ce qu’on va faire. D’ailleurs à cette pensée, des questions me viennent, mélangées à des mots de cette année. «Est-ce qu’on utilisera d’autres ingrédients qu’on n’a jamais vu ? On a déjà utilisé le sirop d'ellébore, la Mandragore, le sang de Salamandre… On a étudié plein de potions ! C’est un domaine fascinant je trouve, il y a beaucoup de choses à apprendre !» Je m’arrête là en levant vers elle un regard curieux, excité aussi. Je m’avance peut-être un peu – c’est pas dit que j’aurais Optimal. Mais je compte bien faire de mon mieux !

J’imagine que je dois voir ses paroles comme… encourageantes ? J’essaie d’être optimiste, de m’imaginer que ne pas être maladroite est possible. Avec un peu d’entraînement… Je peux espérer ? Les sourcils froncés de la professeure ne sont pas forcément rassurant. Peut-être que j’aurais dû garder ce détail pour moi ? Ce n’est pas tellement un détail, la maladresse fait partie de mon quotidien ! Et j’ai beau essayer de faire attention, ça ne marche pas. À croire que tout est fait pour que sur mon chemin, je me prenne les pieds contre une marche ou un pied de chaise ! Enfin dans les potions, ce n’est pas ça. Dans les potions, c’est plutôt un bras trop impatient qui s’agite plus tôt ou plus vite que prévu, empêchant ainsi le dosage d’être parfait.

Je me demande comment je pourrais faire pour m’entraîner sérieusement à ne plus être maladroite. Est-ce seulement possible ? Je dirais que non, sinon tatie me l’aurait appris depuis longtemps. C’est vrai qu’elle me disait de faire plus doucement, d’être moins rapide, moins pressée, à chaque pas ou mouvement que je faisais. Sauf que c’est super difficile ! Comment ne pas avoir hâte d’avancer ? De s’amuser, de rejoindre une salle de cours, une salle de travail ? C’est certainement ça le problème : je suis trop pressée. Mais je ne peux pas m’en empêcher, c’est trop tentant ! Puis je n’y réfléchis pas tellement, c’est un réflexe ancré dans mon cerveau maintenant. Peut-on changer une telle habitude ? En plus parfois, ce n’est vraiment pas de ma faute. Qu’est-ce que j’y peux si, sur mon chemin, se trouve une branche d’arbre ? Qui ne tomberait pas en s’y prenant les pieds ?

Bref. Je vais essayer. Je vais envoyer une lettre à Furcy : il aura une solution pour m’aider. Mon grand frère a toujours des solutions – sauf quand il n’en a pas, et là je suis bien embêtée. Pas question que je le dise à l’adulte devant moi, je passe à autre chose. Je ne sais pas si c’est une bonne chose ou non qu’elle ne réagisse pas sur le fait que je sois maladroite et que je m’entraînerais, mais je crois que c’est mieux ainsi. Je sautille, enthousiaste, en l’entendant parler. On va voir d’autres ingrédients, d’autres potions encore ! J’ai hâte d’être l’année prochaine. Même si d’abord il faut passer les BUSEs. Je reprends tout de même vite mon sérieux lorsqu’elle dit qu’il faut être attentif. Oui c’est vrai, un mauvais dosage est dangereux, monsieur Lancaster nous l’a souvent répété. Et j’ai déjà vu à l’oeuvre ce genre de catastrophes…

«Être curieux et excité, c’est bien quand même ?» Je la regarde, un instant perplexe, en décodant ses paroles. Il ne faut pas seulement, ça veut dire qu’il faut l’être. Réfléchis avant de parler, Niamh ! «Je ferais attention. Très attention.» J’ai bien envie de dire promis, mais c’est compliqué de tenir une telle promesse. Enfin je veux dire, je ferais attention c’est sûr, mais parfois ce n’est pas suffisant. «Est-ce que vous apprenez à vos élèves des potions…» Je fronce le nez, sans savoir comment expliquer. Je me souviens cet hiver de cet élève de Durmstrang qui aide Furcy dans cette étrange école. Je me souviens de ses paroles inquiétantes, étrangement bizarres. «… De Magie Noire ? Des potions qui font du mal aux autres ?» Je n’aime pas trop dire ça, c’est comme si prononcer ces paroles était interdit, voir dangereux. Je n’aime pas l’idée de faire du mal aux gens. Je préfère aider, soigner, créer.

Oh ! La directrice sourit ! Je suis contente parce que c’est sûr qu’elle ne sourit pas souvent. J’imagine que j’ai de la chance ce soir ? Bon d’accord, j’avoue que je ne comprends pas trop pourquoi elle sourit alors que je viens de poser une question qui ne me semble pas forcément très drôle mais soit, chacun son humour et vu qu’il n’y a pas de réponse je préfère prendre ça pour un oui. Oui, c’est bien d’être curieux et excité. Il faut juste savoir se retenir… Et je sais le faire ! Enfin, ça dépend des fois. C’est comme pour tout, il y a des fois où je sais ne pas être maladroite et d’autres où je ne fais que ça – être maladroite. C’est comme ça, on n’y peut rien.

Mais pour les BUSEs, pour avoir un optimal en potion, je le ferais promis juré. C’est plus simple à dire qu’à faire il faut bien l’avouer… Sauf que je n’ai pas le choix. Enfin si, je pourrais arrêter les potions mais je n’en ai pas envie ! Donc j’aurais Optimal, sinon c’est fin de la matière assurée. Il y a des élèves qui seraient bien contents de ne plus étudier ces mélanges bien étranges, mais pas moi. J’aime beaucoup apprendre, et je trouve les potions très amusantes. Pas toutes bien sûr, certaines sont super bizarre et je sais que je ne les utiliserais jamais même si je les apprends : ce qu’il faut savoir à Poudlard, je le saurais ! Après tout, c’est à nous de choisir si on veut les utiliser ou pas.

N’empêche que si ces potions pas très gentilles, voir dangereuses, n’étaient pas étudiées, personne ne les utiliseraient et elles cesseraient d’exister. Il n’y aurait donc plus de soucis de potion et contraire de potion afin d’empêcher des catastrophes énormes, de la souffrance ou autre… Mais voilà, on les étudiera quand même, c’est madame Retrac qui le dit. Je n’ai jamais compris pourquoi, même si les explications de l’adulte sont intéressantes. Faut-il tout savoir utiliser pour s’en servir plus tard ? Les ingrédients, c’est souvent intéressant, et j’imagine que pour bien les comprendre il faut les observer en action. Il a bien fallu faire des découvertes un jour, c’est vrai. Les Sorciers n’aurait-ils pas tout de même pu trouver des mélanges utiles et moins dangereux ? Je ne sais pas, après tout je ne suis pas potionniste professionnelle.

D’ailleurs, je suis très très loin de l’être. Enfin, je ne le serais sûrement jamais. En fait, je sais pas. Je n’ai absolument aucune idée de ce que je ferais plus tard, et c’est certainement pour cela que je veux continuer toutes les matières proposées à Poudlard ! Si je réussis toutes mes BUSEs. En tout cas, autant que possible. Bref, on n’est pas là pour ça. Là, on parle de potions ! Même si je pose surtout des questions auxquelles l’adulte répond. Bah, c’est un peu son travail, non ? Quoique, on n’est pas en cours et elle a peut-être d’autres choses à faire. C’est vrai ça, elle était en train de partir maintenant que j’y pense. L’idée s’éloigne tout de même rapidement, intriguée par autre chose une fois que mon cerveau a intégré toutes les paroles de la directrice.

«Oui c’est vrai, je comprends. Désolée.» Je hausse les épaules, un peu gênée – elle semble trouver ma question bête. Ou alors c’est parce que j’ai parlé de potions de Magie Noire qui n’existent pas tellement ? Je sais qu’on ne les appelle pas ainsi, mais c’est ce à quoi elle me font penser : à de la Magie Noire. C’est sûrement un peu idiot… Surtout devant une professeure de potion, et qui plus est devant une directrice. «Bon alors je vais aller réviser un peu plus pour être sûre de tout réussir ! Merci beaucoup… J’espère que je ne vous ai pas trop dérangé ?» Ben tient, il était temps de poser la question ! Heureusement que la réponse est certainement un Non, sinon elle serait parie bien avant.