[Niamh & Hawke] Faudrait t'acheter une montre 

Ce soir, c’est le dernier moment pour réviser. Même si réviser au dernier moment, c’est pas une bonne idée, d’ailleurs ça sert à rien parce que si on se couche trop tard bah… On sera fatigué le lendemain. Et être fatigué pour des examens n’est pas une bonne idée ! Quand on n’a pas assez dormi, on a du mal à se concentrer, alors déjà pour un cours c’est compliqué donc pour un examen, je vous laisse imaginer la cata. Je sais de quoi je parle, pour les cours en tout cas. Ça m’est déjà arrivé de me coucher tard à cause d’un devoir d’Astronomie un peu compliqué qui demande l’observation des étoiles, je suis concentrée, j’entends pas l’horloge et paf je loupe l’heure du couvre-feu. Papa ne serait pas ravi s’il l’apprenait, mais bon je ne le fais pas exprès, c’est pour travailler.

D’ailleurs en parler de travailler, j’ai passé une partie de mon après-midi à apprendre l’emploi du temps des épreuves par cœur. Quelle matière quel jour quelle heure. J’ai tout en tête ! Et demain matin, j’ai rien. J’ai vérifié trois fois vous savez, alors c’est sûr que je ne me trompe pas car c’est également sûr qu’il n’y aura pas de changement de dernière minute. Ce serait terriblement pas gentil ! Je suis tête en l’air, mais si personne ne fait d’effort, je n’y peux rien. Enfin, pas la peine d’imaginer le pire car tout cela n’arrivera pas. Je serais à l’heure, voir même en avance, à chacun de mes épreuves et je ferais de mon mieux pour obtenir la meilleure note possible. Une note parfaite, ou presque, évidemment ! Je veux continuer toutes mes matières l’année prochaine. Surtout Potion, et Runes, et… Non, tout en fait.

Parce que tout est intéressant, donc je veux tout apprendre. Et papa sera si fier de voir que j’ai tout continué ! Comme Furcy je crois. En fait je sais pas, parce qu’entre la cinquième et la sixième année il a changé d’école. Mais peu importe. Non, ce qui importe là maintenant tout de suite c’est que je veux revoir les étoiles une dernière fois avant de commencer les examens. La pratique de cette matière est dans longtemps, mardi encore d’après, mais je me suis promis de me coucher très tôt chaque soir d’examens. Et je sais que j’ai du mal avec l’Astronomie quand il s’agit d’étudier le ciel. Non mais vous vous rendez compte de sa taille ? Il est gigantesque ! Trouver une constellation dans tout ce noir et ces points blancs n’est pas ce qu’il y a de plus facile à faire comme exercice.

Autant la théorie ça va, mais la pratique c’est pas trop ça. Et je dois réussir les deux épreuves, alors tant pis, je monte à la Tour d’Astronomie après le dîner, promis je ferais attention. Une horloge ça s’entend, non ? Bon d’accord, je l’ai déjà raté en pensant ça. Mais je ferais encore plus attention que d’habitude ! Et puis, je dois être en forme pour la Botanique demain après-midi. Je l’aime bien cette matière-là aussi. Bref. Quelques élèves retournent à leur Salle Commune, d’autres à la bibliothèque. Je suis contente : je serais toute seule tout là-haut face au ciel ! Parce que je me connais, s’il y a quelqu’un je risque de commencer à bavarder parce que c’est le soir et le niveau de concentration n’est pas le plus élevé à ce moment-là. Ce n’est pas le cas pour aujourd’hui, je vais pouvoir travailler parfaitement.

Installée tout en haut, je sors un livre pour m’aider à réviser. Au final, la théorie non plus n’est pas facile. Le ciel change constamment, ça on l’a vite remarqué. C’est un peu embêtant, mais il faut avouer que ça rend la matière encore plus intéressante. Sinon au bout de cinq ans, on se serait lassé… Et finalement, je me concentre assez rapidement. La plume griffonne joyeusement, l’encre s’étale sur le parchemin, les yeux trottent sur les mots posés dans le livre. Et à force de lire et relire, de lever la tête vers le ciel pour voir si les étoiles sont arrivées, pour comprendre lesquelles sont arrivées, je laisse l’heure avancer sans rien surveiller ni écouter. Il y a ces moments où une bulle se crée et efface tout… Jusqu’à laisser intervenir une voix de garçon dans une question courte mais efficace.

Je lève la tête, curieuse, regardant le Serpentard au rôle important de préfet en chef. Et croyez-moi, un préfet qui dit cette phrase à cette heure-ci c’est… Ah tiens, quelle heure est-il ? Je souris sagement, polie malgré tout. «Bonjour Hawke !» Il ne faut pas avoir un cerveau extraordinaire pour comprendre que l’heure est passée. Sinon, que ferait-il là ? Oui, il aurait pu venir réviser l’Astronomie. Suit-il encore cette matière ? J’en sais rien, je connais son prénom parce que ce n’est pas la première fois qu’il vient me trouver ici mais quand même, je ne sais pas toujours tout. En tout cas, à chaque fois qu’il m’a trouvé là c’était pendant son tour de préfet qui vérifie les couloirs après le couvre-feu… C’est vraiment pas une bonne nouvelle. J’aurais dû penser à surveiller l’heure, à garder les oreilles concentrées sur l’horloge…

Mais je travaillais, je peux pas tout faire. Heureusement que je travaille bien aussi en cours pour rattraper les points perdus, sinon ce serait vraiment très méchant de ma part pour les autres Poufsouffles. Je ferme mon livre en expliquant «Je révisais l’Astronomie ! Le ciel est si grand que j’ai du mal à me repérer dedans. Mais tu vois, je veux continuer toutes les matières l’année prochaine donc il faut que j’ai une bonne note partout, même là où j’ai un peu de mal.» Oui, juste un peu, je ne suis pas nulle non plus. Papa ne serait pas très content sinon, et il aurait pu demander à tata de me faire réviser tous les soirs pendant les vacances. Et les soirs de vacances sont réservés aux histoires ! Donc je veille à garder un bon niveau partout. Bref, ce n’est pas le sujet, le sujet est autre chose, une petite chose qui m’embête un peu rien que d’y penser même si je ne l’ai pas fait exprès. «Est-ce que… J’ai raté l’heure ?» Peut-être qu’il fait une blague. C’est beau l’espoir, vous ne trouvez pas ?

Hawke fait une tête bizarre qui n’a rien de rassurant. Il n’a pas l’air très content, et en réalité il y a de quoi. Papa non plus ne serait pas content, d’ailleurs c’est presque sûr que lui aussi aurait soupiré. Et si l’espoir qu’il soit là avant l’heure du couvre-feu survit le temps de la question, tout laisse supposer que non, ce n’est pas le cas. J’ai raté l’horloge, le son de la cloche qui nous dit de rentrer, pourtant je m’étais promis de faire attention ! Mais tout ne dépend pas que de moi. Enfin si, un peu quand même. C’est juste que je me suis concentrée sur l’Astronomie plutôt que sur l’heure. Chacun ses priorités… Sauf que ça ne lui donne pas le droit de dire que ma question est débile. C’est pas un très joli mot – j’aurais plutôt dit bête de mon côté. Peu importe, la conclusion est qu’il semble simplement évident que j’ai raté l’heure. Comment aurais-je pu le deviner ? En fait si, j’y avais pensé. Alors je secoue légèrement la tête sans rien dire : il fait un peu peur là, le grand, à m’appeler par mon nom de famille. Je préfère Niamh, il est bien mon prénom. Et de toute façon, je crois qu’il est préférable de ne rien répondre à cela.

Mon livre contre moi, je me lève en l’écoutant sérieusement. Que peut-il bien avoir à dire ? J’ai fait une bêtise, je l’ai compris. Je ne peux tout de même pas m’empêcher de soupirer lorsqu’il dit devoir retirer des points à ma maison. Je suis vraiment désolée pour les élèves de ma maison… Je ne le fais pas exprès. Et je me rattrape en cours avec les devoirs. Même si parfois, j’ai peur que ce ne soit pas suffisant au niveau des points, mais bon je ne suis certainement pas la seule à faire perdre des points. En plus, certains élèves font des bêtises exprès ! Pas moi, non, c’est mal de faire des bêtises. Est-ce qu’on va voir la directrice même quand on ne le fait pas exprès ? Je me sens mal à cette idée. Non pas qu’elle fasse particulièrement peur, mais c’est la directrice quand même. Et professeure de potion. Et maman de Cliff. Sauf que j’ai pas trop envie d’avoir une montre greffée au poignet, ça doit faire super mal ! Est-ce réellement autorisé ? Qui sait. Il fait doublement peur, le Serpentard, à dire une chose pareille. J’ouvre la bouche pour protester, pas contre le fait qu’il aille le dire à la directrice – c’est comme ça, c’est obligé – mais plutôt contre l’idée d’avoir une montre greffée à mon poignet.

Sauf que je n’ai pas le temps car il continue de parler et que c’est malpoli de couper la parole. J’aurais pu trouver son discours super bien organisé s’il n’avait pas été en train de me gronder comme ça. Et puis… Est-ce qu’il est vraiment en train de me dire que je ne devrais pas réviser ? Que ça sert à rien de tout continuer ? J’ai du mal à y croire. Moi qui croyait que les préfets en chef étaient des élèves super sérieux… Comment peut-il dire ça ? Stupéfaite, je le regarde avec des yeux ronds tandis qu’il conclu qu’il faut avoir un grain. «Quoi ?» Je n’ai pas trop compris sa dernière phrase – un grain de quoi ? – mais il raconte n’importe quoi c’est sûr. «Mais c’est super important de tout continuer ! Plus on connaît de choses plus on peut faire de trucs après Poudlard, on peut tout étudier, c’est super important pour être adulte!» N’y a-t-il pas pensé ? Pourtant c’est évident. Apparemment, il n’a pas envie que ses parents soient fiers de lui. C’est pas vraiment mon problème, mais il n’est pas question que moi j’arrête une matière. «Par contre je ne voulais pas passer le couvre-feu, c’est vrai. C’est juste que je n’ai pas fait attention à l’heure…» Comme souvent j’ai envie de dire, mais je crois qu’il vaut mieux pas. Je crois qu’à la place, je devrais m’excuser. Ou pas ? «Je suis désolée. Par contre, j’ai pas trop envie d’avoir une montre greffée à mon poignet. Mais c’est pas une mauvaise idée. Enfin je veux dire, la montre. Je pourrais en avoir une. Même s’il faut penser à regarder l’heure…» Ce qui revient au même, non ? Je peux malgré tout garder l’idée en tête.

Je ne comprends pas comment on peut penser qu’échouer dans une matière n’est pas très grave. Papa n’aimerait pas qu’on pense comme lui, c’est sûr et certain ! Mais bon, il n’aimerait pas non plus me savoir en-dehors de la Salle Commune après le couvre-feu. Que préférerait-il ? Je révise tard ou que je ne révise pas ? La question est intéressante… Sauf que je n’aurais jamais ma réponse, sinon il faudrait que j’avoue avoir fait une bêtise à l’école et je n’ai pas envie de le décevoir pour si peu, j’ai envie qu’il soit fier de moi ! Par contre, je suis sûre qu’il aimera l’idée d’une montre, on ne peut qu’approuver ce genre d’idées. Si je n’oublie pas, je lui en parlerais pendant les vacances. Même si c’est la fin de l’année et que l’année prochaine, Hawke ne sera plus là et ne verra jamais que j’ai suivit son conseil. Bah, c’est pas très grave ! Si ça peut m’éviter d’autres bêtises, autant garder l’idée en tête.

Au final, le Serpentard ne parlait pas si sérieusement que ça en disant que réviser ne sert à rien, sinon il ne serait pas en train de rire un peu. Enfin, je vois pas trop ce qui est drôle dans ce que je viens de dire, mais je trouve ça un peu rassurant : il n’est pas trop en colère non plus. On pourrait se demander ce que ça fait que les autres soient en colère, après tout ce n’est pas forcément important si on ne leur parle pas régulièrement, sauf que je n’aime pas quand on est colère contre moi, je trouve ça triste et embêtant. Je ne peux tout de même pas m’empêcher de froncer les sourcils en le voyant s’asseoir sur une table. Ne lui a-t-on jamais dit que c’était interdit ? Les chaises n’existent pas pour rien ! Lui aussi fait des bêtises, même si j’imagine que c’est moins grave que de rater le couvre-feu – même sans le vouloir. Alors je ne dis rien, ce serait dommage qu’il se mette à nouveau en colère à cause d’une simple remarque.

Je me demande pourquoi il dit que réviser tue la santé. Je ne fais pas ça tous les soirs ! Juste aujourd’hui. Bon, et d’autres fois aussi mais qu’est-ce que vous croyez, je sais m’amuser moi aussi ! C’est juste que voilà, je voulais revoir le ciel pour l’Astronomie. Il n’empêche que Hawke soulève un point intéressant. Bien sûr que si, le fait d’avoir travaillé tout l’année va m’aider. Mais réviser aussi juste avant l’examen, c’est toujours utile non ? Le préfet-en-chef ne semble pas le penser. Comment peut-il savoir que je sais tout ce dont j’ai besoin pour les BUSEs ? À croire qu’il étudie la divination – peut-être que c’est le cas en fait – et qu’il est fort, surtout. Remarquez, il n’a peut-être pas tort. Mais ça, je ne pourrais pas le savoir avant d’avoir terminé les épreuves… «Je trouve que c’est… Rassurant ? De relire le cours, pour être sûr que ce soit bien dans la tête, et de revoir un peu la pratique. Enfin, tu dois avoir raison parce que j’ai travaillé toute l’année. Je sais pas, c’est la première fois que je fais les BUSEs… Bon, c’est normal, mais je trouve ça stressant.» Je hausse les épaules : on a tous des faiblesses à un moment, il faut bien l’admettre.

Re… Redoubler ? Pourquoi Hawke parle-t-il de redoubler ? Non non non, pas question ! Je ne redoublerais pas. Je ne passerais mes BUSEs qu’une seule fois, en fait le préfet a raison : seuls ceux qui refont leur cinquième année peuvent refaire ces examens importants. Je me demande comment c’est, de tout revoir… ça doit faire bizarre. Il n’y a plus les mêmes personnes dans la classe et on fait des choses déjà vues… Mais non voyons, il ne faut pas parler d’une chose pareille ! C’est impossible, impensable, que je puisse redoubler. J’ai des bonnes notes partout. Je crois ? Bien sûr que oui. Je veux que papa soit fier de moi ! Alors j’aurais tous mes examens avec les meilleures notes dont je suis capable. Je ne suis pas une mauvaise élève même si je rate quelques couvre-feux et que j’aime m’amuser un peu !

Alors je hoche la tête tout en me demandant si les ASPICs, l’examen des très grands, se passent de la même manière que mes BUSEs. Un examen théorique et un examen pratique ? Des résultats envoyés par hibou ? Certainement. Mais Hawke dit que c’est encore plus compliqué, ce qui n’est absolument pas rassurant. Enfin, c’est pas qu’il a besoin d’être rassurant mais… Quand même, c’est possible de faire un examen encore plus compliqué que le premier ? Apparemment. J’imagine qu’il sait ce qu’il dit puisqu’il a déjà passé ses BUSEs. Je soupire un peu alors qu’il dit que je vais finir avec un camisole – c’est n’importe quoi ! En plus ça le fait rire. Pas moi, non non, c’est pas drôle. Puis je suis pas en panique totale. Si ? Je stress juste un peu… ça a bien dû lui arriver, à lui aussi !

Peut-être pas. En tout cas, je suis sûre qu’une fois les BUSEs passées ça ira mieux. C’est comme lorsque les professeurs évaluent un devoir : on s’inquiète de ne pas réussir et après ça va mieux, parce qu’au final tout s’est – parfois presque – bien passé. Donc le préfet dit n’importe quoi. Il en profite pour prendre mon livre et aller s’installer par terre. Je le regarde faire sans comprendre : qu’est-ce qu’il fait ? Il a prévu de travailler ? Le voilà qui me demande ce qui me pose problème, et ma bouche s’ouvre, ronde, étonnée : oui, il a prévu de travailler. Il ne me ramène pas à mon dortoir, il ne me prend pas mon livre pour me punir, il semble vouloir m’aider. Oh bah ça, je m’y attendais pas ! Il me gronde parce que je suis là après l’heure mais on reste quand même ici ?

Bon, on ne va quand même pas rester là à la regarder sans rien dire. Après tout, pourquoi ne pas travailler ? Je trouve que ce n’est pas une mauvaise idée car si j’arrive à mieux connaître le ciel pour l’examen, ce sera une bonne chose. Alors je vais m’asseoir à côté de lui en expliquant «J’arrive pas à comprendre comment est-ce qu’on est censé réussir à trouver les formes dans les étoiles. Y en a toujours plein partout des étoiles ! Et parfois, je relie les mauvaise entre elles. Pourtant j’arrive à faire les bonnes formes, mais le professeur dit que ce ne sont pas les bonnes étoiles. Mais bon, elle ne font pas d’effort aussi, il y en a vraiment beaucoup…» C’est vrai ça ! Vous vous rendez compte, on doit pouvoir trouver une casserole entre certaines étoiles mais pas entre d’autres. Franchement, il y a de quoi se perdre dans le ciel. «En plus, leur position change tous les jours !» Pour apprendre, ça n’aide pas.

Je ne suis pas sûre d’expliquer correctement ce qui me pose problème, pourtant cela ne me semble pas bien compliqué à comprendre sauf que Hawke sourit et moi, je ne vois absolument pas ce qui pourrait le faire sourire. On sourit quand on est heureux, joyeux, mais ce n’est pas très joyeux de ne pas être capable de relier les bonnes étoiles entre elles… Enfin, moi ça ne me fait pas trop rire. On parle d’un truc que je dois savoir faire pour les BUSEs ! Parfois j’y arrive, parfois non. Certes, je ne peux pas avoir des supers notes partout mais il n’est pas question que j’échoue aux examens. Que dira papa ? Il ne sera pas très content, évidemment. Mais le préfet en rit maintenant, il rit pour de vrai en plus, et je n’arrive pas à comprendre pourquoi.


Oui d’accord, c’est bien d’être heureux n’importe quand – je le dis souvent. N’empêche que ne pas réussir ce que d’autres semblent réussir si facilement, ça m’embête un peu. Enfin non, c’est surtout l’idée de rater la BUSE d’Astronomie qui me dérange réellement. Peut-être qu’il faut accepter de ne pas savoir tout faire ? Évidemment. Mais je veux que papa soit fier de moi, et pour cela il faut absolument que j’ai de bons résultats. Alors je regarde Hawke qui rit sans s’arrêter, aussi perdue que perplexe. Moi qui croyais qu’il était en colère… Finalement, il ne l’est vraiment pas. Je soupire un peu : le Serpentard est vraiment bizarre. Peut-être est-ce le fait qu’il soit tard qui le rend comme ça, il est fatigué, voilà l’explication : parfois quand on est fatigué, on ne réfléchit pas trop et on fait des trucs bizarres. Sauf que s’il n’est pas en forme, il ne va pas pouvoir m’expliquer les étoiles.


Il finit tout de même par cesser de rire pour ouvrir mon livre d’Astronomie, apparemment prêt à m’expliquer. Je ne sais pas trop quoi en penser, ce n’est pas cohérent s’il est fatigué. Mais bon, il se met à parler alors autant l’écouter ! Le regard sur l’étoile pointée, la voilà désignée comme étoile polaire : c’est donc celle-ci ! D’après le Serpentard – et le professeur – c’est celle qui brille le plus… Mélangée à toutes les autres étoiles dans le ciel, je trouve qu’elle est identique. Enfin, c’est vrai qu’en y regardant bien elle semble être plus lumineuse. Est-ce là la solution à nos recherches astronomiques ? Non, Hawke rajoute qu’il faut trouver l’orientation. Et oui, vers où regarde cette petite Ouse à l’étrange forme ? Le préfet semble trouver ça simple. Moi, je trouve que c’est plus facile à dire qu’à faire.


Je me penche un peu pour bien regarder les étoiles sur le livre, tendant à mon tour la main pour tracer du bout du doigt la queue de l’Ourse puis son corps tout petit en essayant de retrouver les bonnes étoiles. Y a pas à dire, les proportions réelles ne sont pas du tout respectées là-haut ! J’imagine que ce n’est pas l’important, évidemment, mais quand même ça fait bizarre. «Ah oui, et après il faut mesurer dans la tête…» C’est compliqué ça aussi, même si parfois avec un peu de chance j’arrive à les trouver, sûrement un pur hasard d’ailleurs. Mais ne dit-on pas que le hasard fait bien les choses ? Après tout, l’important est de trouver ce qu’on nous demande, qu’importe la méthode. Je soupire un peu : il n’y a plus qu’à espérer que l’étoile polaire brille bien lors des BUSEs ! Ou en espérant que les autres brillent moins ? Comment on fait s’il y a des nuages ? Les professeurs y ont certainement pensé, il ne faut pas s’inquiéter.


Bon maintenant, il faut la retrouver directement dans le ciel non ? Je ne sais pas comment ça se passera pendant l’examen, peut-être que le professeur en avait parlé ? Je n’ai pas fait attention dans ce cas… Oups ? Oh, ce n’est pas bien grave : chercher dans le ciel n’est pas absurde non plus. N’est-ce pas le principe de l’Astronomie que de savoir se repérer dans le ciel, et non uniquement sur une carte ? Ce n’est pas la même chose, ce qui est au-dessus de notre tête est bien plus grand que ce qui est dans notre livre, logique. Alors je m’agite un peu, levant la tête vers le ciel pour trouver cette fameuse étoile brillante. Il y a beaucoup, vraiment beaucoup, d’étoiles. Combien sont-elles ? Une infinité. Ça me fait grimacer, mais je finis par lever un doigt pour proposer «Celle-là !». Je cherche aussi les autres étoiles qui font la constellation de la petite Ourse sans réussir à retenir une petite remarque : «Je préfère les légendes des constellations, j’en connais plein ! C’est plus facile à retenir que les positions des étoiles qui bougent tout le temps.» Bah oui, au moins les légendes ne changent pas.

Trouver une étoile éclatante parmi des milliers d’étoiles plus ou moins brillantes, c’est comme chercher à rattraper un Billywig précis perdu dans le château ! Autrement dit : c’est presque impossible. Car cet insecte est si petit et si rapide qu’il est bien compliqué de réussir à le retrouver malgré sa couleur bleue saphir, qu’importe l’endroit. Et les étoiles, bah c’est comme ce Billywig : elles ne font que se déplacer et comme elles se ressemblent beaucoup trop pour moi, c’est difficile de les différencier comme ça. Même s’il me semble que l’Étoile Polaire ne bouge pas, elle reste perdue au milieu d’autres étoiles qui se déplacent, elles ! Alors trouver l’orientation d’une constellation, c’est le deuxième défi qui arrivera une fois que j’aurais trouvé cette étoile du Nord.


D’après Hawke, on nous demanderas peut-être une légende aux BUSEs. Vraiment ? Je ne suis pas sûre, il dit d’en douter, donc… Il y a très peu de chances qu’on doive donner une belle histoire sur les constellations. Dommage ! Ç’aurait été bien plus simple. Sauf qu’on ne va pas à l’école pour faire des trucs simples, on y va pour apprendre. Et même si je ne sais pas tellement ce que je ferais avec des noms d’étoiles et de constellations dans la tête, c’est ce qu’on me demande donc j’apprends. Le problème, c’est que ce n’est pas suffisant car l’Étoile Polaire que j’ai désigné au-dessus de nos têtes ne semble pas convenir au préfet-en-chef, ou alors c’est qu’il veut juste se lever pour remuer les jambes – ce n’est pas impossible en soi.


Enfin, quoi qu’il ait décidé, il veut que je le suive alors je le fais sans poser de questions : déjà que je n’avais pas le droit d’être là, il ne faudrait pas risquer de trop l’énerver. N’ai-je pas fait assez de bêtises pour cette soirée ? Bien sûr que si. Alors j’observe tout simplement l’immense télescope désigné par le plus grand, grimaçant lorsqu’il me dit de regarder dedans. Un télescope, savez-vous ce que c’est ? C’est un objet fragile. Très fragile et très cher ! Il faut le manipuler avec précaution, faire attention à tout. Néanmoins, je hoche la tête devant les paroles du garçon : oui évidemment, c’est un objet utile en Astronomie. Mais y a-t-on le droit aux BUSEs ? J’image que cela dépendra du devoir demandé…


Résumons donc : pour trouver l’Étoile Polaire, on a besoin d’un télescope et de bons yeux. Le professeur l’avait sûrement dit en classe… Peut-être aurais-je dû plus écouter, même si l’Astronomie et toutes les légendes des constellations ont de quoi laisser l’esprit s’éparpiller partout. C’est finalement un «D’accord.» qui se laisse entendre avant que je ne m’installe devant le télescope, une main sur un œil pour poser celui ouvert sur l’oculaire – j’ai bien réussi à retenir les différentes parties de cet objet ! Enfin bon, ce n’est rien d’exceptionnel alors concentrons-nous. C’est vrai qu’il y a là une étoile plus brillante que les autres ! Je m’éloigne un peu pour regarder le ciel sans l’instrument avant d’y retourner avec, hochant finalement la tête «Oui oui, on voit bien la différence !»


Un sourire content vient étirer mes lèvres tandis que j’en profite pour chercher le reste de la constellation : si je connais à peu près la théorie, la pratique est loin d’être maîtrisée. Ce qu’il faut, c’est avoir de la chance le jour de l’épreuve… Et j’en aurais sûrement – c’est la narratrice qui le dit car elle aime me voir galérer. Voyons… Cette Polaris est le bout de la queue de la Petite Ourse, il faut donc trouver les étoiles qui servent à faire le manche de la casserole, puis les trois qui permettent de compléter le récipient, ou le corps de l’Ourse comme vous préférez. La forme de la constellation en tête, je suis des yeux les différentes possibilités avant d’en trouver qui semble tout à fait convenir à l’image que j’ai en tête.


Et je finis par m’exclamer un joyeux «J’ai trouvé !» devant le télescope. Bien, c’est un bon début non ? J’espère qu’on a droit à plus que cinq ou dix minutes pour chercher dans le ciel la constellation demandée… Après tout, il nous faut bien du temps pour vérifier l’exactitude de nos réponses ! L’Astronomie n’est pas une matière facile. Quoique, il y a des élèves vraiment fort ! Je ne sais pas comment ils font, mais chacun ses facilités… Ils deviendront chercheur en Astronomie, si un tel métier existe, pendant que je ferais… Tiens, qu’est-ce que je ferais ? Je n’en sais rien. Je secoue la tête en soupirant, fatiguée : peu importe pour ce soir car là n’est pas la question. J’ai encore deux ans pour choisir… Et au pire, j’improviserais : j’aime bien improviser, je sais le faire ça !


Tournant la tête vers le Serpentard, je déclare «Avec le télescope, c’est plus simple ! On voit une petite partie du ciel seulement, même s’il y a beaucoup d’étoiles quand même. Tu crois qu’il y a des métiers à faire avec l’Astronomie ? Il paraît que certains Moldus vivent avec l’Astronomie… Tu vas faire quoi toi plus tard ?» Tiens, c’est une bonne questions ça aussi ! D’où ça me vient ? Oh vous savez, ça vient de partout et nulle part à la fois comme toujours. En plus, son plus tard à lui viendra plus tôt que mon plus tard à moi. Phrase compliquée ? Oui, totalement. C’est pas grave : c’est le soir, et c’est bientôt l’heure de rejoindre le dortoir. Enfin, bientôt… C’est l’heure depuis un moment en fait. Mais ça… Le cerveau n’y pense déjà plus.

Trouver une constellation, c’est un peu long. A-t-on un temps précis pour les BUSEs ? Ou peut-on prendre le temps qu’on veut ? Pas trois heures j’imagine bien… Mais bon, ça ne fait pas trois heures que je cherche cette Ourse ! Ou peut-être que si ? Hawke semble avoir trouvé le temps long, et en vrai je peux le comprendre : il est là en tant que préfet parce que l’heure du couvre-feu est passée, et pas pour aider en Astronomie ! Pourtant, il l’a quand même fait. Et je ne l’y ai pas obligé, on est d’accord ! Moi, je n’oblige personne à rien, ce ne serait pas très gentil. Donc s’il l’a fait… C’est parce qu’il le voulait. Ou juste parce qu’il est gentil, lui. Oui, c’est peut-être ça. Comment savoir ? Je ne peux pas poser la question.

De toute façon, ce n’est pas forcément utile de savoir pourquoi il m’a aidé : il l’a fait, un point c’est tout. Alors je pars sur autre chose, je blablate parce que j’en ai envie – enfin, je n’ai pas tellement réfléchi à savoir si je voulais ou non, les paroles ont tendances à sortir toutes seules. Chacun est comme il est, non ? Tant pis si ça dérange le Serpentard. Mais ça n’a pas vraiment l’air de l’embêter puisqu’il sourit. Je ne sais pas trop ce qui est drôle… C’est pas grave, car il y a soudainement plus intéressant : ses paroles. L’Astronomie et l’Astrologie, ce sont deux matières liées, bien que pas totalement. Ici, on fait l’Astronomie ! Mais ce que dit Hawke me laisse bouche bée : «Y a des Moldus qui vivent avec ça ?» Voilà qui est étonnant.

C’est un peu comme la divination en fait, même si c’est une magie qui me laisse perplexe. L’avenir, c’est flou, trop flou pour moi qui ne sait même pas quoi faire plus tard. Et l’idée qu’on puisse connaître notre avenir avec des étoiles plus ou moins alignées est particulièrement bizarre. Mais qui suis-je pour juger ? En vrai, ce serait pas mal de savoir ce qu’il va arriver plus tard. Ou peut-être pas tant que ça… Je sais pas trop, en tout cas je trouve ça trop étrange. Pour avoir un avenir, autant étudier : c’est plus sûr ! Je récupère mes affaires avant de suivre le préfet en sautillant joyeusement – j’ai beau avoir fait une bêtise, j’ai appris/révisé des trucs bien importants ce soir ! Alors il est l’heure de retourner au dortoir. Bon, l’heure est passée en vrai mais laissons cela de côté voulez-vous ?

Je tourne un regard curieux vers Hawke alors qu’il se remet à parler, j’en avais presque oublié ma dernière question de tout à l’heure ! Mais je suis contente qu’il y réponde. Joueur de Quidditch professionnel, ça doit pas être facile… Déjà, il faut savoir voler sur un balais. Et ensuite, il faut savoir jouer au Quidditch. J’imagine que le Serpentard sait faire les deux ! Sinon, il n’arrivera à rien. Peut-être que c’est pour cela qu’il trouve que garder toutes les matières est idiot ? C’est vrai que pour un tel métier, y a pas forcément besoin de connaître tout ce qu’on apprend en classe. Quoi qu’il en soit, il ajoute un truc bizarre qui me fait froncer les sourcils, étonnée. «Tu es déjà fiancé ?» Les yeux ronds, cette histoire de mariage arrangé me revient en tête. C’est vrai qu’il est grand, plus âgé que moi.

Il a soupiré, il semble presque découragé sur le moment. L’ombre de sa fiancée, elle est joueuse de Quidditch professionnel alors ? Peut-être que ça va le déranger pour son futur. Mais bon, il faut bien qu’elle ait un métier elle aussi… Je hausse pensivement les épaules avant de reporter mon attention sur le garçon qui me retourne la question de ce que je veux faire plus tard. Très bonne question ! À laquelle je n’ai pas vraiment de réponse. Je ris lorsqu’il ajoute que suivre toutes les matières serait idiot – en soi, il n’a pas tort. Les élèves qui savent quoi faire plus tard peuvent suivre seulement ce qui leur servira ! Mais en même temps, tout étudier permet d’avoir un métier même si on échoue ce qui était visé. «Non, je ne sais pas du tout ! C’est pour ça que je veux tout continuer, pour pouvoir tout faire ! Y a trop de choses que j’aime… Au pire, je ferais comme papa : Magizoologiste !» Oui, c’est un bon métier ça aussi. Mais il y en a tant d’autres ! Impossible de choisir.

Quand est-ce qu’il faut commencer à réfléchir sur notre futur, sur l’après Poudlard ? Maintenant, ou j’ai encore le temps ? Je ne vais partir de l’école que dans deux ans, c’est si long et si court à la fois ! Il se passe beaucoup de choses en deux ans, on apprend plein de trucs, on s’amuse beaucoup aussi. Peut-être qu’il faudrait que j’y réfléchisse, plus sérieusement que par des "je sais pas" ou des "peut-être" par-ci par-là. Oui, j’essaierai d’y penser un de ces jours, quand les BUSEs seront passées et que je serais en vacances à la maison, j’aurais suffisamment de temps libre pour tout faire ! C’est ce que je pense pour l’instant en tout cas.

Sauf que ce n’est pas encore l’heure des vacances, d’abord il faut réussir les examens et donc pour cela aller dormir pour avoir le cerveau en plein forme et m’assurer une bonne réussite sur le plus possible de matières. Hasarder sur la Magizoologie semble être une bonne solution pour éviter de simplement dire que je ne sais pas quoi faire après l’école. Hawke semble trouver que c’est un beau métier, ce à quoi je ne peux que répondre d’un hochement de tête joyeux : évidemment, puisque mon papa le fait ! Et même si le préfet ne s’en sent pas capable, il y a des gens qui peuvent faire ça. Moi en réalité, je sais pas trop…

Après tout, certaines créatures magiques sont dangereuses. Et puis il faut faire attention à ne pas leur faire mal tandis que moi, je suis un peu maladroite. Quoique, pas tout le temps ! Ça dépend quand, et pour quoi, et avec qui. Au moins, papa pourra m’aider, ce sera un bon début. Enfin, on verra ! Ce qui est sûr, c’est que le Serpentard est vraiment gentil à me souhaiter courage ainsi. Pourquoi il le dit en rigolant je ne sais pas, mais je lui souris tout de même : «Merci ! À toi aussi d’ailleurs !» Après tout, c’est pas facile joueur de Quidditch professionnel, et apparemment encore moins avec cette histoire de femme qui fait de l’ombre.

On arrive finalement au sous-sol, devant la salle commune au mot de passe dorénavant bien connu. Il m’a fallu un certain temps pour que ça entre dans la tête, mais ce n’est plus le cas maintenant ! Ce n’était pas très pratique d’attendre un Poufsouffle pour entrer dans la salle, même si après le repas c’était déjà plus simple puisqu’il suffisait de suivre un groupe d’élèves de ma maison. La tête se hoche à l’intention du préfet qui me dit d’y aller avant de voir les points du sabliers s’envoler une nouvelle fois par ma faute, je murmure un petit «Oui, merci Hawke» avant de faire le mot de passe et d’entrer en silence dans la salle.

Et avant que la porte se ferme, le Serpentard ajoute un dernier conseil qui me fait grimacer sans oser me retourner pour répondre quoi que soit. C’est plus simple à dire qu’à faire de respecter les horaires ! L’esprit ne peut pas être partout à la fois. Mais bien évidemment, je vais faire très attention, au moins pour cette fin d’année : être transformé en horloge ne me donne pas envie du tout. Pas sûr que la vie d’un tel objet soit très palpitante ! Faire tic tac en tournant les aiguilles régulièrement n’a rien d’agréable. Franchement, je préfère être à l’école… D’ailleurs, c’est possible de transformer quelqu’un en horloge ? Je ne me souviens pas d’un tel sortilège.

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