(sydney et sylvie) - l'année folle 

Une année de plus. Ma neuvième à Poudlard, ma seconde en tant qu’adjointe. Ou devrais-je dire m’a première et un demi si je devais prendre en compte mes mois d’emprisonnement de 2133. Cette année s’était finalement bien déroulée si l’on faisait abstraction des corbeaux qui nous étaient imposés en tant que collègues et l’emploi obligatoire du bulgare que nous ne mettions de toute manière pas en application. Bien sûr nos élèves enlevés à Durmstrang n’avaient pas pu revenir et nous souffrions de la perte de bon nombre de jeune ayant subi les vagues. L’année s’était bien passée, certes, mais le climat restait particulier. Vu l’état de la situation nous devrons plutôt nous attendre à vivre une autre année sortie du même moule. Nous n’aurons pas le choix. Quoi qu’il en soit Tiphaine restera certainement dans l’optique de ne pas accepter tous les grands bouleversements qu’ils voudraient nous imposer.

D’un point de vue personnel, je ne pouvais pas me plaindre. Eliott était en sécurité avec Lucas et ils étaient tous les deux proches. Je ne pouvais pas les voir tous les soirs, mais il m’était possible d’accorder quelques heures de ma semaine à ma famille. Il était de toute manière hors de question qu’il en soit autrement. J’avais dû éloigner mon fils pendant une année pour m’investir dans la révolte. J’avais été éloigné de Lucas, de mon frère et de toute vie sociale pendant des mois après m’être fait prendre. L’isolement que j’avais connu l’an passé n’était pas comparable à ce que j’avais vécu depuis septembre. Enfin, je ne pouvais pas encore les rejoindre. Comme chaque année les professeurs devaient rester à Poudlard après la dernière semaine d’examens. C’était l’occasion de parler de ce qui n’avait pas fonctionné durant l’année, des modifications que nous pourrions mettre en place. C’était également le temps qu’il nous était dédié pour corriger les examens et envoyer les bulletins de notes. C’était toujours une semaine particulière car le château qui avait été vivant pendant dix mois semblait beaucoup trop calme.

Je retrouvais ma famille le lendemain. Les journées étaient suffisamment remplies pour que je ne vois pas le temps passer. J’aurais pu faire en sorte de proposer à mon mari de venir, mais cela me semblait peu professionnel. Il ne s’agissait que d’une semaine que je devais cette fois consacrer pleinement aux enseignants. Cette année je ne devais pas seulement justifier le programme mis en place au cours de l’année, je devais rencontrer mes collègues pour qu’ils se coltinent cet exercice. C’était mon rôle en tant qu’adjointe. Il me restait seulement à rencontrer Sylvie et pour une première notre rendez-vous ne se passerait pas dans mon bureau. Etonnamment les Trois-Balais me semblait un lieu plus propice parce que j’avais du mal à l’imaginer dans une entrevue plus formelle. Elle rentait pour moi difficilement dans une case. À tort ou à raison, je ne pousserais pas mes propres croyances au rang de vérité absolue. Puis aussi, parce que je connaissais Sylvie différemment. Nous avions partagé le même dortoir pendant sept ans, ce n’était pas rien. Nous n’avions pas manqué à l’époque de nous mesurer l’une à l’autre. Elle me laminait en Défense Contre les Forces du Mal, je la prenais par surprise avec la Métamorphose, le tout dans une idée de combat à l’amiable. Il est clair que je ne pouvais pas la dissocier complètement de cette relation que nous entretenions étudiante. En même temps elle faisait partie de l’équipe pédagogique que depuis la dernière rentrée scolaire.

Nous avions donc convenu d’une certaine heure après le déjeuner et j’étais arrivée avec une légère avance. Le bar était calme, il est clair que l’ambiance du village subissait également le départ des étudiants. L’avantage était que nous pourrions être au calme. Je commandais une bièraubeurre avant de m’installer sur une table près de la fenêtre. Il ne manquait plus que Sylvie.

Trois-Balais, Pré-Au-Lard, Royaume-Uni

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Avec l’arrivée des vacances et le départ des étudiants, j’avais empaqueté mes tenues de travail pour investir mes vêtements estivaux. Un coup d’œil vers la porte du pub qui venait de s’ouvrir violemment me fit comprendre que je n’étais pas la seule. Sylvie portait elle un short, tandis que j’avais opté pour une robe longue et légère. Ceci dit il semblait que ses vacances avaient débuté plus tôt que les miennes. Enfin, je ne soulèverai pas ce point immédiatement. Pour commencer je pouvais comprendre que certains événements pouvaient complètement nous dépasser. Tout le monde pensait Draka Karmon mort et pourtant il était de retour dans le coin. Ce retour ne datait pas de juin, mais l’esprit mettait parfois du temps à prendre pleine conscience de la réalité. Surtout pour sa sœur. Puis cela n’en restait pas moins récent. Dans un second temps, l’attaque n’était pas ma manière de procéder. Je préférais lui laisser le bénéfice du doute et lui donner l’occasion de m’expliquer ce couac avant de le soulever. Oui bien sûr son départ m’avait ennuyé. Ce n’était pas professionnel. Et encore elle avait attendu la fin des cours pour cela. Ceci dit, il restait encore la correction des examens. Puis cette fameuse semaine dédiée aux réunions.

Sa question me fit comprendre qu’elle était bien loin de toutes ses obligations. Sylvie était une excellente sorcière mais j’avais du mal à l’imaginer dans le rôle de professeur. Je ne lui prêtais pas la rigueur nécessaire. Enfin qui aurait pu me la prêter il y a dix ans alors que ma vie se résumait au mot Quidditch. Ceci dit, aucun élève ne s’était plaint et j’avais l’impression qu’ils avaient appris à se défendre à ses côtés. Il m’était dont impossible de lui reprocher le travail qu’elle avait effectué cette année. Finalement ce qui me posait problème était sa désertion durant cette période non moins importante. Peut-être jugeait-elle que les élèves partis sa tâche était finie, mais en réalité ce n’était pas le cas. Il n’était pas possible de rendre les bulletins en retard. Il n’était pas non plus envisageable de finir l’année avec une équipe pédagogique bancale. Les Pozhiratelis nous donnaient suffisamment de travail.


Je lui souris tentant de détendre l’atmosphère, qu’elle ne soit pas étouffante dès le début. Dans le même temps je lui rappelais le rôle qu’elle aurait dû tenir durant la semaine tout en lui laissant le bénéfice du doute. Elle pouvait toujours me dire que Tiphaine n’avait pas précisé cela durant son entretien d’embouche.


Avant de parler à la professeur je voulais parler à la personne. Professionnellement j’étais quelque peu frustrée, mais d’un point de vue personnel je comprenais au fond. Perdre des membres de sa famille n’est certainement pas une partie de plaisir.

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Je hoche la tête. Oui c’était bien son tour. Ceci dit j’envisageais ce genre de rendez-vous comme un échange plutôt qu’un interrogatoire lors duquel les professeurs devaient justifier la moindre des décisions. Je souhaitais davantage connaitre son ressenti sur son année à Poudlard, si cela était conforme à ce qu’elle attendait, si l’emploi du temps lui semblait correct, si le programme et les délais que la direction imposés étaient compatibles avec sa manière d’enseigner. De mon côté, je me contentais de faire les retours sur son travail s’il y en avait. Pour Sylvie je n’avais reçu aucune plainte, sans ces derniers jours pour le moins chaotiques je n’aurais pas eu grand-chose à lui dire.

Son air léger ne tient pas bien longtemps. Je comprends la tension qu’elle peut ressentir sur ses épaules. Si mes parents étaient revenus du jour au lendemain je ne me tiendrais certainement pas aussi sereinement ici. C’est déjà suffisamment difficile d’accepter un départ et de se reconstruire après, à quoi bon tout ce temps plus bas que terre si c’était pour apprendre que finalement le départ n’était pas définitif. Bonne nouvelle ou non, le retour de son frère n’en restait pas moins troublant. Puis s’il avait pu passer les frontières de l’Europe, c’est que les Pozhiratelis en tenaient la responsabilité. Hors ces gens n’offraient rien sans attendre une contrepartie. Ils m’avaient offert de retrouver ma liberté mais je devais accepter sans broncher ce qu’ils envisageaient pour mon école. Parfois le prix à payer pouvait être plus important. Je me demandais bien ce qu’ils attendaient de Sylvie s’ils l’avaient déjà contactée.

Je n’étais pas certaine que Tiphaine soit très satisfaite d’apprendre que les résultats ne pourraient peut-être pas être envoyés dès ce week-end. Il s’agissait également pour nous de faire des heures supplémentaires. Sans les bulletins les parents allaient certainement envoyer des courriers. Quelques parents imputeraient la responsabilité aux Pozhiratelis, ce qui au fond se rapprochait parfaitement de la réalité. En même temps nous ne pouvions pas enfermer Sylvie dans une salle et la forcer à corriger dans l’instant les copies. Dans un sens il était préférable de ne pas écrire à Tiphaine. Je n’étais pas satisfaite du retard, mais je doutais que la directrice prenne la nouvelle avec autant de patience. En la circonstance je préférais me porter garante de ce délai. Sylvie était suffisamment grande pour faire face à une Retrac en furie mais elle n’avait certainement pas besoin de cela dans sa vie en ce moment.


Je la laisse déballer tout ce qu’elle a à dire. Ma question était des plus banales mais mon ancienne camarade avait visiblement besoin de vider son sac. En effet, cela fait beaucoup de choses à gérer d’un coup. Une nouvelle vie vite ébranler par les pourritures qui polluent notre société. Je me suis battue contre eux, j’ai perdu des ailes dans cette entreprise et je sais qu’il ne suffit pas de le vouloir pour s’en débarrasser. Sylvie a donc bien été approchée. Pour une ancienne Auror j’imagine que cela doit être d’autant plus douloureux d’être contrainte de servir leur cause, peu importe de quelle manière.


Je marque une pause. À sa place je ressentirais certainement un mélange semblable. Secouée dans un quotidien qui n’était pas encore stable. Tannée par les sentiments puis par les décisions qui s’imposent à moi. Horripilée surtout de devoir travailler pour ceux que je hais.


Je n’osais pas en demandait plus, surtout que mes questions allaient déjà certainement trop loin. Je détestais les corbeaux autant qu’ils me terrifiaient, si ce qu’ils prévoyaient touchés Poudlard je devais m’y préparer.

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Qu’est-ce que je ferais à sa place. C’était une question beaucoup trop complexe pour que je sois en mesure de répondre à cela. Ma première réaction serait de dire que je leur obéirais parce que la situation de ma famille me préoccupais plus qu’autre chose. Néanmoins, je n’étais pas non plus certaine d’être capable de mettre en en branle mes convictions les plus profondes. Il n’était pas envisageable d’œuvrer dans leur direction, accepter leurs émissaires à Poudlard et suivre leurs lois étaient déjà suffisamment durs. Si j’aidais à la majoration de leur implantation je ne sais pas si j’arriverais à me le pardonner. La sécurité immédiate d’Eliott était ma priorité mais il était également nécessaire de penser à son avenir. Qu’est-ce que je lui offrirais en aidant les Pozhiratelis. Des lois le stigmatisant car un de ses ancêtres lointain n’était pas sorcier. Ce n’était pas acceptable. Il était encore trop jeune pour ce genre de préoccupations mais, il n’était pas question qu’un jour il se sente inférieur à ses camarades de sang-purs.

Qu’est-ce que je ferais à la place de Sylvie. Je n’étais pas en mesure de le dire alors quelle que soit sa décision je ne pouvais la juger. Il n’était de toute manière pas possible de haïr ceux qui représentaient des alliés naturels. Si nous voulions nous en sortir un jour il faudrait être capable de faire front. Pourtant j’avais besoin de savoir. Est-ce que ce qu’on lui demandait de faire concernait mon école. Si c’était le cas je ne pourrais pas la laisser agir sans réagir. L’intégrité des étudiants étaient ma seconde priorité. Ainsi, elle avait été approchée peu après sa prise de fonction. Mes qualités d’adjointe montraient bien leurs limites puisque je ne m’étais rendue compte de rien. Ce constat était affolant. Je protégeais mes élèves mais je n’avais pas été suffisamment forte pour protéger également les professeurs. Ils voulaient biaiser l’enseignement de Défense tout en majorant la pratique à Durmstrang. C’était certainement pour cela qu’ils désiraient récupérer quelques étudiants de sang-pur, en commençant par les seconds des fratries. Ils désiraient former dès l’école leurs futurs soldats et rendre nos étudiants plus inoffensifs. Nous avions toujours la main mise sur le programme de Poudlard, bien qu’ils avaient à présent leur mot à dire. C’était donc pour cela qu’ils n’avaient jamais imposé chez nous ce qui faisait la marque de fabrique de l’institut bulgare, la magie noire.


Ma voix était calme. Je ne lui en voulais pas. Ma haine était entièrement dirigée vers les Pozhiratelis. Je n’étais pas plus éclairée que ma collègue sur les raisons de cette demande. Je pouvais seulement assurer qu’ils craignaient une rébellion et qu’il faisait en sorte que les élèves qui n’étaient pas sous leur contrôle ne soient pas des dangers immédiats.

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La posture de Sylvie ne disait rien de bon. Si elle soufflait, croisait les bras et levait les yeux au ciel, c’est que l’on touchait un sujet sensible. Je ne voulais pas la brusquer ni la pointer du doigt. J’étais bien trop confortablement installée dans ma position pour me permettre de la juger. Ma matière n’intéressait pas les Pozhiratelis. Si cela avait été le cas ils n’auraient pas pris le risque de me laisser retrouver mon poste. Ou alors, ils auraient utilisé les mêmes pressions à mon égard. La baguette pointait contre Eliott, Lucas et Hayden, j’aurais accepté n’importe quel changement de programme. J’imagine que j’aurais agi de la même manière que Sylvie. Quitte à ne pas transmettre l’étendue de mes connaissances, j’aurais fourni de manière informelle mes sources. Je l’écoutais ainsi attentivement. C’était une catastrophe tout de même maitrisée. Les élèves n’étaient pas sortis de cette année avec toutes les notions de combat nécessaire, en revanche ils avaient encore à leur disposition les armes défensives.

Je hochais la tête lorsqu’elle m’annonça qu’elle allait me passer les notes de cours. Finalement mes vacances ne seraient pas deux mois de repos complet. À un moment, je devrais prendre du temps pour me pencher sur ce problème-là. Une année de lacune pouvait se rattraper, mais pas deux. La situation risquait malheureusement de pérenniser. Je ne pouvais pas demander à Sylvie de ne plus tenir compte de ces menaces alors que je n’étais pas en mesure de créer un rempart autour son frère. En revanche, je pouvais soutenir plus convenablement ma collègue pour la prochaine rentrée. Si cela signifiait grappiller du temps sur mon propre programme je m’arrangerais. Il n’était pas question que les prochaines générations d’élèves britanniques sortent de cette école en ne sachant pas riposter.


Tiphaine n’était pas la personne la plus facile à défendre. J’avais longtemps été en désaccord avec elle. Nous n’avions pas les mêmes opinions ni même les mêmes manières de réagir. En revanche, je ne pouvais pas lui reprocher de ne rien faire pour Poudlard et ces élèves. La directrice était dévouée à cette tâche elle aussi. Peut-être pas avec les mêmes aspirations initiales, mais au final dans le même but, fournir un enseignement de qualité et lutter contre la menace Pozhiratelis. C’était pour cela qu’après plusieurs années à ce tirer dans les pattes pour des broutilles, nous avions finalement su nous écouter, et même de manière plus surprenant nous accorder de la confiance.


Après m’être triturée l’esprit pour mes élèves, je ne devais pas oublier que Sylvie se trouvait dans une position extrêmement délicate. Je n’étais pas certaine d’être en mesure de l’aider, mais la moindre des choses était de la soutenir.

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J’étais dans un sens assez d’accord avec Sylvie. Je détestais le fait de ne pas toujours comprendre ce que Tiphaine attendait ou ce qu’elle faisait dans mon dos en prétextant que c’était nécessaire. Je détestais qu’elle vienne me reprocher des informations manquées sous prétexte qu’elle les attendait, sans bien sûr m’informer au préalable que cela avait pour elle une importance capitale. Elle n’était pas facile à cerner, elle n’était pas foncièrement une bonne personne, mais je pouvais lui faire confiance ce qui était largement suffisant en cette période. Pour ma part, j’avais accepté de supporter ses sauts d’humeur ce qui n’était pas le cas de Sylvie. Tout cela lui était imposé par les liens du sang, entremêlés aux promesses scellées par la magie. Qu’elles aient, par ailleurs, un égo imposant ne facilitait pas les choses. Pour qu’elles s’écoutent il faudrait certainement leur imposer un Serment Inviolable.

Je comprenais pourtant que Sylvie ait d’autres préoccupations. Avant de filer une histoire d’amitié merveilleuse avec Tiphaine elle avait à faire. Protéger sa famille, s’habituer à sa vie d’enseignante, donner des cours tout en étant bridée, gérer le retour de son frère et les difficultés qui allaient avec. Il y avait de quoi devenir folle à mon sens. J’imaginais très bien qu’il lui semblait plus facile de faire partir du corps armé pour mettre ses pensées en pause. Puis s’ajouter à cela la préparation de la riposte. Un jour les Pozhiratelis devraient faire face à l’échec et alors, ceux qu’ils avaient blessés réclameraient vengeance. Je n’étais pas vraiment de ceux-là. Au sein de ma famille ils n’avaient blessé que ma personne. Je ne désirais pas perdre mon esprit dans une vendetta sanglante. Tant que mes étudiants n’en subissaient pas les conséquences, tant que ma famille était en sécurité ce n’était pas mon combat. En revanche, j’étais certainement encore prête à les déloger si cela ne mettait pas en danger mes proches.


Toutes ses choses que l’on pourrait faire avec des si. J’avais bien conscience d’être défaitiste après les paroles de Sylvie. Ceci dit, c’était également un moyen de rappeler la réalité. Sa vengeance n’était pas pour aujourd’hui et ce n’était pas forcément une bonne chose qu’elle s’empoisonne l’esprit avec cette idée. Elle aurait bien le temps, le moment voulu, de préparer quelque chose.


Par cette question j’attendais également de savoir s’il n’était pas trop traumatisé par son retour sous le dôme.

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J’écoutais Sylvie. Elle ne semblait pas avoir trouvé le point faible. Cela était frustrant, il existait forcément. Il y avait à coup sûr un sorcier dans les rangs Pozhiratelis qui n’était plus d’accord avec l’ensemble de leurs faits et gestes. Ils étaient tout autant concernés par les lois archaïques qui étaient imposées au reste de la communauté européenne. Puis le cœur de cette organisme reposé sur des grandes familles de sang pur. Ils y en avait forcément qui suivaient sous le poids des convenances et des obligations familiales sans pour autant croire en cette cause. Avec les ainés de toute l’Europe appartenant à des familles plus ouvertes d’esprit sur ces questions, il y aurait des rébellions. Pour nous il suffisait de trouver les corbeaux qui souhaitaient quitter le nid. Cela ne me plaisait pas car nous devions en attendant rester dans l’ombre. Puis cela demandait de demeurer passif. Mais l’offensive directe n’avait pas fonctionné, j’en avais fait les frais et nous devions maintenant nous montrer plus malins.

Pour ma part je n’étais pas aussi pessimiste que Sylvie quant à l’aide que pouvait nous apporter les autres pays. Comme nous, il n’avait pas vu le coup d’état venir et ils ne s’étaient pas attendus au dôme. J’étais certaine que derrière cette barrière magique des sorciers étaient prêts à nous aider pour ce retour à la liberté. Il était d’ailleurs possible de passer sous leurs radars en utilisant les voies de communication moldue. Pourtant, elles étaient surveillées et il ne s’agissait pas d’en abuser. En revanche, j’étais bien d’accord avec elle, nous étions trop bridés. J’en étais la preuve vivante. En étant en sursis, je ne pouvais pas me permettre de me rebeller si je n’étais pas certaine d’un certain soutient derrière. Nous avions connu trop de pertes la première fois et la sécurité de nos familles était en jeu. Mon sort m’importait peu si je pouvais offrir à mon fils un meilleur avenir, mais je refusais de me lancer dans une lutte si je n’étais pas certaine qu’elle puisse aboutir.


Mais nous abordions déjà la question de son frère. En parlant de traumatisme il y en avait d’autres qui étaient passées par des épreuves dantesques. Si retrouver un environnement familier pouvait l’aider, sa présence à Poudlard ne poserait pas problème. Si Tiphaine avait refait sa vie, ce que je pouvais comprendre puisqu’elle le pensait disparu, elle n’en oubliait tout de même pas les liens qui les avaient unis. Puis, il avait sa sœur et son fils près de lui pour le soutenir. Quoi qu’il en soit je souris au trait d’humour de mon ancienne camarade. Si je devenais cette harpie-là, me souciant du bien-être des autres seulement pour m’ôter des préoccupations professionnelles, ce serait la fin du bon équilibre de la direction de cette école.


Je lui souris, tout en sachant qu’elle en serait capable.

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Je ne pouvais pas la contredire, les Pozhiratelis nous avaient mis un sacré coup dur. Nous ne nous attendions pas à les voir survenir aussi forts et nombreux à la fin du tournoi des trois sorciers. Nous n’avions pas non plus imaginé l’horreur d’une vague, puis de deux, puis d’une troisième. Voir tant de vie décimée et une résistance qui ne tenait pas était difficile à vivre. Cela était d’autant plus vrai que de ma cellule, je n’avais eu le droit qu’aux mauvaises nouvelles. Pour m’enfoncer davantage les corbeaux n’auraient pas pu trouver une meilleure tactique. Enfin si, s’attaquer à ma famille, mais cette crainte-là était présente peu importe la situation. Je hochais ainsi la tête. Nous avions été fortement touchés, mais il était temps d’avancer et pour cela nous devions nous réunir de nouveau. En attendant l’appui international, nous n’avions pas le choix.

Après le sujet délicat de son absence et du souci que cela posait pour la correction des examens, celui du retour de Draka et bien sûr ce point sur la situation politique, cela me faisait du bien de blaguer et de rire un peu. Nous débutions les vacances, c’était le moment idéal pour s’accrocher aux points positifs. Puis, j’étais certaine que les vacances allaient nous faire du bien. Je souris davantage à la répartie de Sylvie. Je pouvais lui accorder que j’avais cité un maléfice bien simple, mais je ne tenais pas non plus à la tenter avec des idées plus cuisantes. Cela dit, son imagination m’amusait bien que j’espérais ne jamais en faire les frais. De plus, rien ne serait tenté contre Tiphaine. C’était une bonne chose puisque je ne tenais pas à désamorcer cette bombe, surtout que le risque avec notre chère directrice était que cela me saute finalement à la figure. Quant à la question de ce qui avait pu unir par le passé son frère et la Retrac, je devais bien admettre que je ne m’étais jamais posée la question. En revanche, je pouvais difficilement l’imaginer comme un chaton. Même lors de nos premières années de scolarité je ne la voyais pas ainsi.


Je souris. Cela dit, Eliott s’était vite attachée à elle alors la même magie avait peut-être opéré avec Draka. Puis, je devais admettre qu’au fur et à mesure de nos discussions j’avais fini par m’acclimater à sa compagnie. Comme quoi tout était possible. Si maintenant je pouvais lui faire un minimum confiance, je le prenais sans rechigner. Enfin, je terminais mon verre, il était peut-être temps de rentrer au château. Après tout nous avions nos bagages à finir.

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La dernière entrevue de l’année était terminée. Je m’étais attendue à devoir plus batailler mais finalement la discussion avait été plutôt constructive. Je devais même dire révélatrice. Les Pozhiratelis n’avaient pas hésité à faire pression sur nos professeurs à notre insu. Maintenant que j’étais au courant, nous pouvions rattraper les conséquences d’une formation en défense moins complète. Il faudrait que je prévienne Tiphaine, mais pour cela je devrais trouver un angle d’approche. Il ne faudrait pas que je déclenche un énième conflit entre les deux femmes, surtout que nous ne pouvions pas accabler Sylvie avec cela. Dans l’affaire, elle avait les pieds et poings liés. Ce n’était pas pire que d’accepter, sur la contrainte, des professeurs avec le corbeau tatoué sur la clavicule. Enfin, chaque chose en son temps. Avant de me triturer l’esprit je pouvais bien profiter de quelques jours de congé en famille bien mérité.

Je hochais la tête avant de finir mon verre à mon tour et de me lever. Au moins Sylvie ne m’en voulait pas. Bien que j’avais certaines obligations avec mon poste, je n’aspirais pas à jouer les mauvais brigadiers. La professeur de défense n’avait pas tout rendu à temps, mais les circonstances pouvaient l’excuser et je ne doutais pas qu’elle ferait en sorte de nous rendre rapidement ses corrections. Avec un peu de chance Tiphaine ne s’en rendrait pas compte. Ces derniers temps elle avait un peu la tête ailleurs de toute manière.


Je lui souris avant de mettre mon sac à bandoulière sur l’épaule. J’allais prendre la direction de Poudlard, mais je ne savais toujours pas si Sylvie allait en faire autant. Il n’y avait pas une infinité de destination mais peut-être souhaitait-elle faire quelques courses avant de partir. Pour ma part je comptais m’atteler aux valises. Il n’y avait qu’à voir l’état de mon bureau pour comprendre que quelques heures de rangement ne seraient pas de trop. L’ordre et ma personnalité n’avaient jamais fait bon ménage. Enfin, cela ne m’empêchait pas de travailler convenablement. Puis, ma salle de classe restait toujours rangée ne pas donner une raison à mes élèves de perdre leur attention sur le cours.

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