just a little chat ☾☆☽ Paul 

Une fin d’année n’était jamais de tout repos. Il fallait concilier entre les examens et le stress que cela suscitait chez les élèves. Il était également nécessaire de faire le point avec l’équipe pédagogique. Surtout, nous devions enfin nous pencher sur les entretiens pour le renouvellement de l’équipe. Le juste milieu n’était pas évident à trouver. Les derniers mois de l’année les élèves étaient davantage sollicitant ce qui nous empêchait de nous attarder sur l’embauche à venir. Bien sûr nous lisions les courriers envoyés à cet effet, mais il était plus aisé d’inviter les profils alléchants à la fin du mois de juin. Dans le même temps nous n’attendions pas juillet afin que les nouveaux enseignants aient l’été pour s’organiser. Travailler à l’académie impliquait généralement d’en faire sa résidence principale durant l’année. Pour certain il était donc nécessaire de revoir la dynamique familiale. Lucas par exemple n’avait pas eu d’autre choix que de prendre un congé d’une année pour pouvoir élever son fils.

Ce jour nous avions un entretien avec un de mes anciens camarades. Le poste de professeur de défense était à pourvoir et je savais qu’il avait été formé dans cette optique. Je savais que, comme Lucas, il avait dû se consacrer à sa famille mais maintenant que ses enfants étaient plus grands il avait certainement la volonté de se lancer dans cette aventure. Si nous lui avions donné rendez-vous pour un entretien c’était que nous jugions son profil en adéquation avec nos valeurs d’enseignement. Puis il était toujours agréable de retrouver des anciens élèves de notre belle école. Le rendez-vous était convenu à midi trente afin que je puisse terminer les examens pratiques des septième année en toute sérénité et surtout que je puisse délivrer à chacun mes meilleurs sentiments pour leur avenir. C’était la première promo que je suivais du début à la fin de leur cursus scolaire si bien que j’étais assez ému. Ceci dit je rejoignis le bureau de Maddison avec encore un peu d’avance et nous discutâmes de la fin des examens.

Sangmin arriva et l’entretien se déroula très bien, mais je restais crispé sur ma chaise. Mon ouïe était mon garde-fou. Plus j’étais en alerte, plus je me sentais en mesure de me contrôler. Hors depuis que Sangmin était entré dans cette pièce je ne percevais pas grand-chose. J’entendais distinctement le rythme cardiaque de Maddison, ceux plus éloignés des élèves, mais en me concentrant sur cette pièce Sangmin paraissait être sous silencieux. Il était également plus pâle et je ne voyais pas sa peau se mouvoir au niveau de sa jugulaire. Lorsqu’il nous expliqua sa situation, j’avais déjà compris, nous avions devant nous un vampire. Décidément Beauxbâtons était devenu le refuge des buveurs de sang. Je le remerciais en lui assurant de le contacter sous peu ce qui n’était pas un mensonge. Son profil était très intéressant et jusqu’à preuve du contraire il n’avait pas semé dix cadavres avant d’atteindre ce bureau. Ceci dit la situation n’était pas à prendre à la légère, même s’il semblait maitre de ses moyens, je savais que la tentation ici était immense. Puis je le soupçonnais d’être un tout jeune spécimen. Après tout, il n’avait pas essayé de me prendre à parti si bien que je me demandais s’il avait perçu ma particularité au milieu de ce brouhaha.

Lorsqu’il franchit la porte j’indiquais à Maddison que j’allais le raccompagner. Nous avions réalisé suffisamment d’entretien et jamais je ne faisais cette proposition, si bien que sans mot elle comprendrait immédiatement que mon idée était de surveiller Sangmin. Nous ne prendrions pas le risque de l’engager s’il représentait un danger pour les autres. Je le retrouvais facilement, certainement parce que lui aussi me cherchais. Le couloir du quatrième étage était désert jusqu’au moment où une élève renarde surgit en vitesse pour rejoindre les étages inférieurs et certainement la salle d’examen. Je remarquais que mon camarade loup semblait en mesure de se contrôler, c’était une bonne nouvelle qui me décrispa.


Je ris de bon cœur au souvenir de cet épisode. À force de travailler ici j’oubliais presque que j’avais passé sept années fantastiques entre ces murs. C’était une période qui me paraissait déjà si loin.


Je ne savais pas comment aborder à mon tour ma particularité. Dans une certaine mesure je me sentais un peu gêné de ne pas me montrer aussi honnête que lui. En même temps je laissais des indices. Je n’hésitais pas à me trouver seul en sa présence malgré ses révélations. Je lui faisais comprendre que les jardins étaient plus calmes et que je connaissais un moyen d’éviter le soleil. Puis s’il se concentrait un peu il percevrait que j’étais aussi silencieux que lui. Je n’aimais pas parler de ma transformation, je n’étais pas à l’aise avec cela alors je préférais qu’il le comprenne avec mes quelques indices.

( Pando )