Une vieille amitié [PV Sydney Alexander] 

« Tu devrais leur trouver des petits sorciers avec qui jouer. »

Voilà ce que me dit mon maître alors que je me rhabille en prévision du fait qu'il va bientôt être l'heure de réveiller les enfants. Cette semaine, ma maîtresse est en visite dans sa famille et mon maître a décidé que je devrais rester avec lui chaque soir en attendant son retour. C’est bien normal, après tout, puisque je suis là pour le distraire. De toute façon, ce n'est même pas lui qui me l'a ordonné, c'est ma maîtresse elle-même, en argumentant que j'avais plutôt intérêt à ce que mon maître soit de bonne humeur si elle n'était pas là pour tempérer.

Je sais bien qu'elle n'a pas tort. Mon maître a du caractère et si tout ne se passe pas exactement comme il le veut, il a besoin de décharger la pression. Il s'est montré particulièrement intense hier au soir, même si ses autres sollicitations dans la nuit se sont révélées plus douces. Ce matin, encore, il m'a demandé de satisfaire son appétit. Lorsqu’il doit se déplacer jusqu'à ma chambre pour avoir ce qu'il veut, il me le demande moins souvent. Mais je crois qu'il en profite en ce moment, parce qu'il peut m'avoir sous la main. Grand bien lui en fasse, je n'estime de toute façon pas avoir le choix. Et puis, ce n’est pas comme si je n’aimais pas ça.

Ce matin, il est prévu que j emmène les enfants au parc pour qu'ils puissent s'amuser un peu. Mais bien-sûr, il n'est pas question qu'ils s'amusent avec des petits moldus. Et c'est vrai que si Rose ne s'en plaint pas, son fils n'est pas aussi compréhensif, se disant qu’il y avait beaucoup de petits garçons et petites filles qui pourraient devenir ses jouets quand nous sommes là-bas. Et puis, je ne crois pas que ça lui plaise de devoir se montrer gentil avec Rose, sachant qu'il sait bien qu’elle, je ne l'empêcherai pas d'aller jouer avec qui elle veut. Il a donc plutôt intérêt à l'avoir dans la poche et il n'aime pas ça.

Il est évidemment allé s'en plaindre à son père qui ne peut pas y faire grand-chose. Il n'y a pas de parc pour sorcier. Mais il me fait forcément une réflexion sur le fait que je n'ai pas trouvé d’amis corrects à proposer à mon jeune maître au parc moldu le plus proche. Il est bien conscient que je n'y peux rien mais si je ne trouve pas une solution, je risque de m'en mordre les doigts. Pour le moment, le mieux que j'ai à faire, c'est encore de lui dire oui et de voir ce qui va se passer. La chance sera peut-être de mon côté. Il m'attire à lui une dernière fois avant que je m'esquive et me murmure à l'oreille de venir le rejoindre dès que les enfants seront couchés, en m’embrassant le cou. Je hoche la tête.

Alors que je m'occupe de préparer les enfants pour le parc, je me fais la réflexion que mon maître n'attend généralement pas de réponse de ma part mais seulement une obéissance complète. Je ne peux m'empêcher de me demander si toutes les personnes qui sont passées entre les mailles du filet ont le même genre de situation que moi, mais j'estime ne pas avoir à me plaindre. Après tout, je suis sous la protection de personnes puissantes et je les ai toujours aimées et admirées. Je n'ai donc pas de raison de me plaindre de la façon dont je suis traitée.

En arrivant au parc, je constaté que j'ai de la chance. Il y a une de mes amies qui est là et je peux assurer que c'est une sorcière. Son enfant en est donc un aussi. Voilà qui devrait permettre au petit prince de changer un peu d'ordinaire. Cela dit, je n'hésiterai pas à lui faire la leçon s'il ne se comporte pas bien avec lui. Il n'est pas question que mon amie ait des problèmes parce que je m'occupe d'un petit garçon trop capricieux. Je m'avance vers elle, le sourire aux lèvres. Je suis vraiment contente de la retrouver.

« Sydney ! Je suis contente de te voir ! Comment vas-tu ? Vous pouvez aller jouer, les enfants, mais soyez sages avec votre nouvel ami. »

Je peux parfaitement comprendre que Sydney se méfie des enfants que j'ai amenés avec moi. Je ne suis pas inquiète à propos de Rose. Ma fille est toujours un amour quand il s'agit de jouer avec d'autres enfants. Mets le petit héritier est un enfant gâté qui est l'habitude qu'on souffre ses moindres caprices. Je suis contenté d'avoir l'autorisation de me montrer sévère s’il n'obéit pas à certaines exigences., il est peut-être le roi à la maison, mais même son père est d'accord pour dire qu'il y a des règles à respecter quand on est dans un lieu public et de plus, il y a des choses qu'il me demande de surveiller comme les fréquentations qu'il peut avoir.

En même temps que nous surveillons les enfants, Sidney me demande des nouvelles. Je ne sais plus quand nous nous sommes vues pour la dernière fois mais cela remonte à bien longtemps et je ne crois même pas qu'elle connaisse Rose. Je n'ai jamais eu l'occasion de lui dire ce que je faisais depuis que nous avons quitté l'école, mais je pense qu'elle est une des rares personnes qui devrait comprendre rapidement ce qui se passe entre mon maître et moi. Après tout, elle n'a jamais ignoré que nous avions une relation physique à l'époque. Elle va sûrement en être préoccupée.

« Je vis avec mon petit-ami de l'époque Poudlard, mais on ne s'est pas mariés. Il est avec une sang-pure maintenant. Ces deux-là sont leurs enfants et Rose est ma fille. Ils ont accepté de m'employer comme nourrice. Je dois reconnaître que je suis heureuse de ne pas avoir été obligée de le quitter. Ça te surprendra peut-être, mais j'ai toujours des sentiments pour lui. »

C’est bien pour ça qu'il peut me demander ce qu'il veut et je le fais tout de suite. Il ne s'agit pas seulement de loyauté, mais de sentiments profonds qui m’animent et je pense qu'il le sait bien. Ça l'arrange d'avoir sous la main une femme qui lui obéisse au doigt et à l'œil, simplement parce qu'elle est attirée par lui. Si je considère la façon dont Sydney le détestait quand nous étions encore à l'école, je pense que la situation ne va pas trop lui plaire, mais je ne pourrais pas lui mentir même si la vérité n’est pas forcément ce qu'elle voudrait entendre.

« Et toi ? Tu dis que tu es en congé ? Ça veut dire que tu travailles ? Tu fais quoi ? »

Je vois bien qu'elle me regarde avec désapprobation. Je sais aussi que ce n'est pas tant contre moi mais contre ceux chez qui je vis. Elle fait partie de ceux qui m'ont mis en garde quand j'étais à Poudlard contre mes maîtres. Elle ne doit sûrement pas être ravie de savoir que je vis toujours avec eux. Je ne pense pas qu'elle puisse se douter de la véritable relation qui nous lie tous les trois. Mais si tel était le cas, elle serait sans doute encore plus réprobatrice et peut-être même envers moi en me disant que je me gâche la vie. Je sais bien que c'est probablement ce que la plupart de mes amis penseraient.

Mais comme elle a toujours été très polie, et qu'elle a toujours respecté ce que je lui demandais, elle le fait toujours aujourd'hui et elle me parle donc plutôt de sa vie à elle que de la mienne. Elle enseigne à Poudlard. J’ai toujours pensé qu’elle serait idéale pour prendre soin des autres, elle a toujours été tellement gentille avec moi. Finalement, peut-être qu'elle a trouvé bien plus que moi sa raison de vivre. J’espère, en tout cas, qu'elle est heureuse dans cette vie parce qu'elle le mérite. Je me demande ce que les élèves pensent d'elle et comment ses cours se passent, mais je suis persuadée qu'elle ne rencontre aucune difficulté pour se faire obéir malgré sa gentillesse.

« Je suis sûre que tu es parfaite dans ton rôle de directrice adjointe et de prof. A mon avis, tu étais faite pour ce travail. mais c'est sûr que ton fils doit te manquer un peu au quotidien. Et Lucas ? Dans quel métier va-t-il se lancer ? »

La question qui suit et plutôt délicate. Comment expliquer que je sois restée auprès de mes maîtres avant même que leur premier enfant ne vienne au monde. Il est difficile d'expliquer la raison pour laquelle je suis restée près d'eux son dévoiler le contrat qui nous lie. C’est un contrat tacite et non pas signé sur feuille blanche, mais il n'en est pas moins valide à nos yeux à tous les trois et c'est davantage cet accord que celui de mon emploi qui garantit que je ne les quitte pas et que je ne les trahisse pas. Je me suis liée à eux il y a longtemps et même si je ne sais pas si mon choix était le meilleur et que je peux entendre que d'autres pensent que ce n'est pas le cas, il n'empêche que cela m'a donné une sécurité que je n'aurais pas été sûre d'avoir autrement.

« Je suis restée avec eux depuis la fin de notre scolarité. Avant d'être nourrice, j'ai un peu de compagnie pour elle. C’est une drôle de façon de le dire, mais disons que j'étais là pour faire certaines choses pour lesquelles ils avaient besoin de moi. Je n'étais pas cantonnée à une tâche particulière. »

Je ne crois pas que j’arriverais à vivre loin de Rose, comme elle le fait avec son fils, mais quelque part, je l’admire d’y arriver. Elle est impressionnante. Il faut avoir de l’ambition pour faire quelque chose comme ça, mais je conçois qu’une personne puisse en avoir envie. Moi, ce n’est clairement pas mon cas. Je ne suis pas ambitieuse. Je suis simplement heureuse de ne pas être à la rue avec un enfant à charge, c’est déjà beaucoup. Pour le reste, je fais ce que l’on attend de moi et je me sens déjà fière d’en être à ce point.

Elle se tire avec brio de la situation, mais je sais que le père de son fils y est pour beaucoup. En s’occupant de lui, il lui a permis de prendre son envol. Tous les hommes ne le font pas et je pense qu’elle en a donc trouvé un au dessus de la moyenne à ce compte-là. J’espère qu’elle aura encore l’occasion de se retrouver en famille une fois que son fils ira à l’école. Ce n’est jamais facile pour quelqu’un de fort impliqué sur le plan professionnel de juguler. L’important, c’est qu’elle y trouve son équilibre en tous les cas.

« C’est bien si tu es contente de ce que tu as. Je pense que ça va faire du bien à Lucas de reprendre, cela dit. Il doit en avoir assez d’être toujours à la maison, non ? »

Elle me demande si je n’aurais pas envie de vivre pour moi. Je ne sais pas ce que ça veut dire. J’ai parfois l’impression que je suis née pour prendre soin de mes maîtres et de leur famille. Je suis attachée à eux d’une manière unique, qui m’empêche d’être déloyal à l’un ou à l’autre. Je ne sais même pas comment il se fait que je me retrouve au milieu des deux, mais il est certain que dans l’affaire, je ne suis pas celle qui décide selon ses propres besoins. Mais je l’ai accepté. De toute façon, une fille comme moi n’aura pas mieux dans notre monde.

« Je les aime. Je les aime trop pour penser à partir. Depuis que je le connais, j’ai toujours voulu vivre auprès de lui et il n’y a que de cette façon que je le peux. C’est ainsi, je dois faire avec. »

La plupart des gens n’aiment pas rester dans l’inactivité, ou en tout cas, dans une activité qui ne leur conviendrait pas. Moi, c’est mon travail de m’occuper des enfants et je le fais de mon mieux, mais pour quelqu’un qui a un travail et qui se retrouve à élever son enfant à la place, cela peut lui manquer. Je pense qu’il sera content de reprendre son travail. Sydney m’approuve. De son côté, elle a pu laisser libre cours à ses ambitions. J’ai l’impression qu’ils sont heureux et cela fait du bien à voir. J’espère que tous mes amis sont heureux, je dois le reconnaître.

« En même temps, il s’agit de son fils. Qui pourrait se lasser de prendre soin de son propre enfant ? Mais je me dis que s’il aime son travail, cela doit lui manquer. Lucas est impatient d’aller à l’école ? »

La conversation tourne un peu trop autour de moi et de ma façon de vivre et je ne sais pas si je vais pouvoir dissimuler longtemps la vérité. Je ne suis pas douée pour ces choses-là. Mais les choses sont claires. Je dois absolument éviter que la véritable nature de la place que j’occupe dans cette famille soit dévoilée. Ce ne serait pas bon pour leur réputation. Et pour la mienne non plus. En bref, c’est mieux pour tout le monde que rien ne se sache. Mais ce n’est pas facile pour moi de cacher ça à mes amis, c’est probablement pour ça que je n’ai pas gardé beaucoup de contacts avec mes amis de Poudlard.

Mais Sydney est intelligente. Elle ne tarde pas à me poser cette question à laquelle je ne peux répondre. Je ne sais pas mentir, mais je ne peux pas dire la vérité. Je ne sais pas quoi faire. Je ne vais pas confirmer que c’est le père de Rose, mais je ne me suis jamais intéressée à un autre homme. Cela, Syd doit le savoir. Mais en même temps, je ne me vois pas l’affirmer haut et fort, j’ai tellement appris à me cacher depuis l’adolescence. Ce qui se passe entre lui et moi a toujours été un mystère. A une époque, j’ai cru qu’un jour, cela sera révélé et que nous allions nous marier, mais maintenant, je sais que je ne serai jamais qu’une fille de l’ombre.

« Je ne peux pas en parler. »

C’est une réponse en soi, et je pense qu’elle le comprendra. Mais le fait est qu’il est seulement son père biologique. Cela ne changera rien à la suite de sa vie. Elle ne saura jamais la vérité et il ne jouera pas son rôle de père. J’ai de la chance, il pourvoira à ses besoins et assurera son avenir, c’est déjà beaucoup. Mais il ne sera jamais plus qu’un protecteur, un mécène pour elle.

Je suis vraiment contente de me rendre compte à quel point mon amie va bien. Sa petite famille semble rouler et même si la situation est en train d'évoluer dans sa vie, ça ne change pas le fait que c'est pour le mieux puisque son enfant grandit et son époux va pouvoir retrouver une vie de travail qui doit lui manquer malgré toute l'affection qu'il a pour son enfant. C’est le genre de contexte dans lequel je ne peux plus me projeter, à-présent. Mais c'est un choix que j'ai fait. Et même si ce n'est probablement pas le meilleur pour moi-même, je pense que la naissance de Rose l’a définitivement entérinée, même si aux yeux du monde elle n'est qu’à moi.

C’est important de se sentir bien dans sa vie, et je crois que de ce côté-là, ni Sydney ni moi n'avons de souci à nous faire. Je ne dirais pas que ma vie me satisfait constamment, mais j'aime beaucoup les enfants de mes maîtres et ma petite Rose évidemment aussi. Quant à eux, je les aime et les respecte tous les deux et je suis même un peu triste parce qu'ils n'ont pas toujours la possibilité de me consacrer du temps. Cela dit, je ne sais pas non plus à quel point ils en ont l'envie quand ils ne le font pas et je n'ai pas à le savoir. Ma place est auprès deux, quels que soient leur choix pour moi et pour ma fille.

« Je suis contente que tu puisses profiter de cette vie et que ta famille soit au beau fixe. Je ne pourrais rien souhaiter de mieux pour toi. »

Elle accepte mon silence un peu trop facilement et je sais bien qu'elle se rend compte qu'il y a des choses derrière qui sont plus graves que ce que je peux lui partager. Et même si tel est le cas, j'ai promis le silence et il n'est pas question que je trahisse ceux qui m'ont donné leur confiance et qui m'ont permis avoir un toit. Au fil du temps, je dois admettre que j'ai de plus en plus la sensation d'être une sorte de jouet et que tout dans cette situation ne me plaît pas forcément. Mais avec mon statut, les risques sont réels.

« Ce n'est pas que je n'aie pas confiance en toi tu sais, mais c'est un lieu public et j'ai promis certaines choses », j’avoue avant de sauter sur l'occasion de changer de sujet de conversation. « Nous venons régulièrement ici parce que ce n'est pas loin et dans les quelques parcs qu'il y a autour. C’est un peu compliqué parce qu'il n'existe pas de parcs de sorciers et que mon maître ne veut pas que ses enfants jouent avec les moldus. C’est assez frustrant pour les enfants, mais je n'ai pas vraiment d'autre choix que de respecter ses désirs. Cela dit, je ne suis pas convaincue que ce serait une bonne idée de laisser le fils de mon maître jouer avec des enfants qui n'ont aucun pouvoir. On ne peut pas vraiment dire qu'il comprenne la notion de camarade. »

Pour ce petit enfant-roi, le monde lui appartient et ceux qui en en fond partie aussi. Cela ne facilite pas les choses en ce qui concerne les échanges et les contacts mais j'essaie de faire attention à ce que ça n'affecte pas trop gravement qui que ce soit. Je ne voudrais pas que mes maîtres aient des ennuis par la suite, parce que je n'aurais pas été capable de gérer une situation.

Ce n'est jamais facile de discipliner un enfant lorsque cette discipline ne peut pas se faire aussi facilement parce qu'elle n'est pas en harmonie avec la vision des parents. Mais c'est bien ce qui me préoccupe avec le fils de mon maître. Si je suis autorisée à lui faire remarquer qu’il pourrait se montrer plus gentil avec ses camarades de jeu, je n'ai pas le droit de le lui imposer et de le punir s'il ne respecte pas ma consigne. Il est un peu plus facile de le faire quand il s'agit de Rose. Elle peut jouer avec n'importe qui et si l'embête de trop, elle ira voir ailleurs. Du coup, il a plutôt tendance à faire attention pour ne pas se priver de sa seule et unique camarade de jeu.

Mais s’il se montre méchant avec d'autres enfants et que j'interviens trop brusquement, son père me le reprochera en affirmant que son fils set plus important que tout et qu'il est simplement conscient de sa supériorité. Il n'existe pas un monde où je pourrais avoir vraiment de l'ascendant sur lui. La seule situation où son père pourrait véritablement lui faire des reproches, c'est si je lui interdis de jouer avec les moldus et qu'il refuse de m'écouter. C’est mon seul recours si jamais il les embête. Il le sait et préfère donc les ignorer.

Dans un certain sens, même si c'est une bonne nouvelle d'avoir des amis sorciers que je pourrais revoir régulièrement, je ne suis pas sûre que leur habitude d'amener leur enfant dans ce parc soit une si bonne nouvelle que ça. Bien-sûr, cela veut dire qu'il y aura un petit garçon sorcier avec qui le fils de mon maître pourra jouer. L’inconvénient, c'est que je ne suis pas certaine qu’il sera le meilleur camarade de jeu pour le fils de Sydney. C'est un enfant capricieux et égoïste et il pourrait se montrer désagréable si Elliot ne fait pas exactement ce qu'il veut.

« J'avoue que ce serait vraiment agréable de vous revoir régulièrement tous les deux. Et si tu as envie, on pourrait se retrouver toutes les deux à un moment où je n'ai pas les enfants. Ça pourrait être sympa de se retrouver entre filles. »

Je ne sais pas si j'irai jusqu'à tout lui dire, mais on verra bien le moment venu. Dans tous les cas, j'ai vraiment envie de passer un moment avec elle. Elle a toujours été une bonne amie et elle pourra peut-être me donner des conseils. Et puis, cela fait bien longtemps que je n'ai plus personne à qui je peux parler en toute sincérité et je dois admettre que cela me manque. Quand elle me demande s'il suit les traces de son père, je fais la moue. J’aime mon maître de tout mon cœur, mais je dois reconnaître qu'il est très orgueilleux et que son fils lui ressemble énormément là-dessus.

« Son père lui a appris il faisait partie de l'élite et qu’il était au-dessus de la moyenne des gens. Et forcément, il pense donc que le commun des sorciers doit servir ses moindres désirs et il est encore un peu jeune pour faire la distinction entre ce qu'il peut demander ou pas. J'essaie quand même de lui faire comprendre, mais je ne peux pas faire ce que je veux avec son éducation. Ce n'est pas comme Rose. »

Je suis vraiment contente d’avoir retrouvée mon amie. Je pense que ce n’est pas pour rien. Quelque chose voulait qu’on renoue le contact. En tout cas, je n’ai pas envie de la perdre une nouvelle fois. Je note soigneusement son adresse. Je n’ai pas beaucoup de moments à moi, mais quand j’en aurai, je pourrai lui écrire pour qu’on passe du temps ensemble. Ca me ferait tellement plaisir de boire un verre avec elle à l’occasion. Et puis, elle a raison. Quand je verrai son fils, je reconnaîtrai Lucas et je pourrai voir avec lui aussi. C’est chouette qu’ils passent du temps ensemble.

« Faisons comme ça. En revanche, je te déconseille de tenter de passer me voir. Je ne suis pas sûre que tu serais très bien reçue. »

Je ne pense pas que mon maître soit ravi d’avoir la visite de mes amis. Il ne m’a jamais interdit de voir qui je voulais sur mon temps libre, mais il ne faudrait pas qu’on voit quelqu’un de moindre condition être introduit chez lui. Il a une image à préserver. Je le comprends. C’est un privilège que de vivre auprès de l’élite, il faut sans montrer digne. Et évidemment, cela vient avec des obligations. Je suis bien obligée de le comprendre, si je ne veux pas que ma situation devienne critique. Quand tout cela a commencé, je suis partie du principe que tout était normal.

Sydney s’intéresse à la relation que Rose a avec mon jeune Maître. Il est vrai qu’il n’est pas vraiment très respectueux des autres enfants et qu’il estime que Rose est à son service aussi bien que la plupart des enfants qu’il fréquente. Mais ma fille est futée. Elle a des points d’appui pour le faire courir et elle s’en sert. C’est comme ça qu’elle gère. Je ne peux pas dire que je suis contente qu’elle ait un rien de côté manipulateur, mais c’est grâce à cela qu’elle évite les problèmes avec lui et à cela, je ne peux que l’encourager. Tant qu’elle reste polie et respectueuse, je ne lui fais pas de reproche là-dessus.

« Rose est intelligente. Elle sait que je ne vais pas l’empêcher de jouer avec les petits moldus, mais les enfants de mon maître n’en ont pas le droit. Il sait que s’il l’embête trop, Rose se trouvera d’autres enfants avec qui jouer et il se retrouvera seul. Du coup, il fait un effort avec elle. »

Ma vieille amie est intelligente et compréhensive. Elle sait très bien que ce n’est pas que je ne veuille pas lui montrer où je vis, mais elle n’est pas vraiment quelqu’un que mes maîtres portent en haute estime et ils ne seraient sûrement pas aimables avec elle, même si je ne doute pas qu’ils me feraient prévenir, quand-même. Mais j’en entendrais parler et puis, je ne sais pas vraiment de quelle manière ils se vengeraient. Je préfère tout simplement éviter la situation, surtout que c’est possible de se voir ailleurs. Au moins, de cette façon, tout se passera bien et personne ne sera embêté.

« Merci. »

Si Rose est en mesure d’aller jouer avec d’autres camarades quand elle le veut, elle ne le fait pas pour autant. Elle a cette tendance de friponne à donner une leçon à celui qui est en fait son frère quand il va trop loin, mais autrement, elle se montre gentille et s’occupe de lui et de sa petite sœur. Ma fille a pu exiger suffisamment d’un comportement de bonne camaraderie pour que les choses se passent harmonieusement au quotidien et elle ne veut pas s’attirer les foudres du garçonnet sans aucune raison valable. Il est capable de faire la différence quand il a exagéré ou pas et Rose n’en abuse pas.

« Très peu. Quand il exagère, oui, pour lui faire comprendre les choses, mais sinon, elle les aime bien, au fond. Ils ont grandi ensemble. »

Je suis contente qu’ils puissent jouer avec Eliott. Ce n’est pas que je craigne mon maître. Il sait que dans le cas présent, je fais de mon mieux, mais le fait est que je suis parvenue à lui obéir, sans le faire exprès. Il m’a expressément demandé ce matin de trouver un camarade sorcier à ses enfants et voilà qu’ils viennent d’en croiser un. Ma Rose semble faire le tampon pour que Eliott ne serve pas de punching-ball et tout semble bien se passer. C’est donc une expérience que nous pourrons reproduire et il est évident que le petit se plaindra moins avec un nouveau camarade.

« J’espère que Eliott et Rose pourront se revoir souvent. Ca me plairait bien que nos enfants soient bons amis. »

Je ne sais pas trop de quoi l'avenir sera fait, mais ce qui est sûr, c'est qu'avoir une amie dans le monde sorcier avec un enfant de l'âge de ma fille et invariablement une bonne chose pour pouvoir obéir aux consignes de mon maître de trouver des petits sorciers avec qui les enfants pourront jouer. j'espère simplement que tout se passera bien parce que je ne voudrais pas que Sydney pâtisse du fait que mon maître gâte outrageusement ses enfants. Je ne dis pas qu'il n'existe pas un certain respect et une certaine attitude dus à leur rang, mais il faut bien reconnaître qu'il limite ses consignes aux personnes qui le méritent de son point de vue. Et cela exclut sûrement des gens comme Elliott.

J'ai toujours été surprise de voir à quel point les enfants me manifestaient, à moi, un minimum de respect. Je suis censée leur être inférieur mais ils n'ont pas pour moi le dédain qu'ils ont pour la plupart des sorciers dits ordinaires. J'en déduis donc que leur père doit me manifester une certaine déférence en leur présence ou leur avoir dit que je ne faisais pas partie des personnes qu’il leur était permis de mépriser. Dans tous les cas, je suis simplement contente de ne pas avoir à me disputer à chaque fois que je veux essayer de leur faire faire quelque chose. Rien que pour ça, je suis reconnaissante à mon maître du statut qu'il me donne.

« Ca sera génial pour les enfants s'ils peuvent devenir amis. Je ne pense pas que Rose embêtera Elliott de quelque façon que ce soit mais je n'en suis pas aussi sûre en ce qui concerne son autre camarade de jeu. »

Il faut bien que Sydney rentre chez elle pour pouvoir ensuite retourner à Poudlard et ne pas être en retard. Je ne vais pas la retenir plus que nécessaire. Je suis tellement contente de l'avoir revue et de savoir qu'elle a envie que l'on se programme de se revoir encore que je ne voie pas de raison d'être triste, même si nous devons nous séparer pour le moment. J'espère juste que mon jeune maître ne me fera pas une crise au moment où son nouvel ami va s'en aller. Mais de toute façon, je n'y peux rien car je n'ai pas le pouvoir de faire en sorte que ta mère reste. Et il sait bien que s'il essaie de se plaindre à son père, c'est ce qu’il lui dira.

« Entendu. A une prochaine fois, alors, Sydney. »