Sydney Alexander - regrets are an excuse for people who have falled 

Petite j’aimais suivre mes parents. Leur travail au département magique de la coopération international, plus précisément pour la section commerce magique, leur permettait de voyager à travers le monde. Quelques fois je restais bien à Londres avec grand-mère, mais l’aventure était bien plus attirante. J’aimais écouter les autres sorciers parler dans leurs langues alors qu'elles m’étaient inconnues. En onze années je n’ai appris aucune d’entre elles, mais j’aimais imaginer ce que ces personnes pouvaient raconter. Les tons, les mimiques et les gestes en disaient beaucoup plus pour l’enfant que j’étais. J’avais commencé à initier mon petit frère à mon jeu, mais je n’en ai pas tellement eu l’occasion. Hayden était né sept ans après moi, nous étions depuis quelques mois au Japon. Or nous sommes retournés à Londres l’été de mes onze ans, juste avant son quatrième anniversaire. Peut-être était il encore trop jeune pour apprécier pleinement mon jeu.

Enfant j’avais attendu la lettre avec une grande impatience. Ma crainte était qu’elle ne me trouve pas si j’étais à l’autre bout du monde. Mon père avait beau me rappeler que dans le pire des cas elle m’attendrait dans l’appartement de grand-mère, notre pied à terre, je voulais tout de même être la première personne à la toucher. Nous étions en Allemagne lorsque la lettre avait fini par me retrouver. Je n’avais alors qu’une hâte rentrer à Londres. Comme je l’ai déjà dit ce fameux retour s’est déroulé quelques mois plus tard, sans doute quelques mois de trop pour mes parents qui avaient dû supporter mon impatience. Puis le départ en train est vite arrivé et j’ai laissé mes parents sur le quais pour la première et dernière fois. Grand-mère n’avait pas souhaité m’informer immédiatement de leur départ. Juste avant de repartir au château après les vacances de Noël, elle avait finalement consentie à me remettre la lettre qu’ils avaient laissée et qui donnée un caractère définitif à leur décision. Ils pensaient être contraints de revenir s’installer à Londres et ils n’en avaient pas eu le courage. A ce moment j’avais compris leur choix, pensant qu’ils reviendraient nous voir. Je comprenais la difficulté de laisser les voyages de côté pour se poser. A Poudlard c’était parfois compliqué de ne pas pouvoir faire ce que je voulais, j’étais d’ailleurs assez turbulente lors de ma première année, avant de réussir à me contrôler. Pourtant le voyage de la connaissance était pour moi tout aussi captivant. Mais l’été revenu j’ai compris qu’ils ne reviendraient pas. Grand-mère n’a pas cherché à les retrouver via ses contacts et au fil des années nous n’en avions pas eu envie.

Adolescente j’ai véritablement commencé à admirer grand-mère. Ce n’était pas une si vieille femme et pourtant elle était veuve depuis longtemps. Elle avait travaillé au département de la justice magique en tant que juge. C’était une femme droite et courageuse. Quand je pensais à elle je regrettais parfois de ne pas avoir été envoyée dans la maison Poufsouffle. Pourtant j’aimais mes lions et je faisais tous pour nous faire gagner des points. Puis j’avais une obsession depuis que j’avais découvert les joies du Quidditch un été grâce aux amis de grand-mère, faire partie de l’équipe. J’avais même tenté les essais en troisième année mais j’avais été mis sur la touche face à un idiot qui n’avait pas été capable d’éviter un cognard. Ainsi j’avais pu participer en tant que roue de secours au dernier match et pas la suite j’ai eu l’occasion de tous les jouer. Je n’avais pas forcément un tallent exceptionnel, mais ma petite taille me permettais de me faufiler dans les airs. Ainsi j’ai pu approcher une équipe qui me tenait à cœur ouvrant ainsi la voie sur ma vie d’adulte. Mon diplôme je l’ai eu sans trop m’en préoccuper, une partie Acceptable, une autre Effort Exceptionnel et un seul Optimal en métamorphose qui me ne servirait pas à grand-chose.

Jeune adulte je portais fièrement les couleurs du club de Flaquemare. J’étais triste qu’Hayden ne puisse pas assister à mes premiers matchs, mais c’était maintenant à son tour de s’assoir sur les bancs de Poudlard. Dans les premiers temps réserviste, je suivais pourtant l’équipe à tous les matchs. C’était plaisant de pouvoir voyager de nouveau. J’espérais secrètement croiser mes parents par hasard. Les voir fiers et surtout les entendre s’excuser pour leur erreur de jugement. Bien entendu les rêves sont restés des rêves et ceci m’a donné une certaine hargne dans mon jeu. Les victoires étaient toujours une raison de faire la fête. C’est à l’une d’entre elles que je rencontrai Lucas. Ce jeune homme pas franchement fan du jeu m’avait subtilement dragué tout au long de la soirée sans savoir que je faisais partie de l’équipe. C’est sans doute ce qui m’a attiré chez lui, son regard surpris quand il avait appris la nouvelle, suivi d’une obstination non intéressée. Poli, beau garçon il avait tout pour plaire. Très vite nous sommes devenus amis, puis compagnons de vie. Un an après la rencontre je m’étais finalement installée avec lui en France. Les années Quidditch c’était véritablement les meilleures années de ma vie.

J’ai toujours cru que grand-mère ne nous quitterait jamais. Mais un jour d’hiver j’ai reçu la lettre d’un ami de la famille. Retour à Londres obligatoire, même pas le temps de prévenir Lucas. Hayden m’attendait déjà dans l’appartement, l’école l’avait laissé partir. Vide l’appartement. Vide nos cœurs. Après le décès de grand-mère je n’ai pas eu le courage de reprendre le Quidditch. Si seulement j’avais eu un métier plus posé, si seulement j’étais restée avec elle à Londres. Inconsciemment j’ai tenu Lucas à l’écart. J’ai fait des démarches pour me trouver une formation dans l’enseignement. La rentrée suivante j’aurais un poste de professeur, de préférence à Poudlard, pas le choix. Il fallait que je sois plus responsable pour Hayden, mais à vingt-deux ans ce n’était pas évident. Avec Lucas tous c’est fini tristement. Il ne comprenait pas, et je n’expliquais rien. Métamorphose, mon optimal servait enfin à quelque chose. Mes deux premières années en tant que professeur furent compliquées. Je m’ennuyais mais heureusement Hayden était là pour me tenir compagnie. Puis à force j’ai pris goût au métier. Je me suis attachée aux élèves et j’ai commencé à vouloir les protéger.

Adulte j’avais trouvé une certaine stabilité dans ma vie. Du moins jusqu'au fameux Tournoi des trois sorciers. Dans un premier temps j’ai suivi le conseil de Paul, ne pas m’approcher trop de Lucas, ne pas le faire souffrir de nouveau. Mais cela n’a duré qu’un mois. Nous ne souhaitions pas nous engager de nouveau. C’était juste pas attirance mutuelle. Ce qui devait arriver arriva et un matin mon corps me fit comprendre qu’une troisième personne allait avoir son mot à dire. Pour moi ce fut la panique mais Lucas réussit à me rassurer et bientôt l’engagement se fit. Eliott naquit donc dans un monde de nouveau en guerre. Pour le protéger il fut confié à une personne de confiance, sans doute la moins attendue, Tiphaine. De mon côté je devais veiller sur l’école tout en participant à la rébellion. Je fus arrêtée parmi d’autres au mois de janvier. Suivirent des mois maudits. Seul les pires nouvelles me venaient aux oreilles. Les deux vagues suivantes. Un massacre sans nom. L’arrestation des autres membres de la rébellion. L’assassinat de Paul. Je m’accrochais encore au fait que Lucas et Hayden étaient en sécurité car non impliqués dans la rébellion. Je m’accrochais au fait qu’Eliott ne pouvait pas être plus en sécurité loin de l’Europe. Jusqu’au jour où j’appris l’arrestation de Tiphaine. Plus rien ne comptait, même pas mon procès imminent. Ils avaient forcément mon fils. Au mois d’août je fus l’une des premières à être jugée et à être curieusement relâchée. Je serai sans aucun doute étroitement surveillée mais je pouvais retrouver mon travail. Mais que pouvait-il bien rester de ma famille. Je n’avais pu avoir aucune nouvelle. Isolement complet. C’est Hayden qui s’est jeté en premier dans mes bras si bien que j’avais pu rien voir d’autre. C’est Eliott que j’entendis en premier. C’est le sourire de Lucas, le premier depuis des mois qui me soulagea enfin. Puis nous transplanèrent tous. Bientôt la rentrée nous séparerait tous mais cette fois-ci ce n’était pas définitif.