Timaël reprenait le travail après des mois d’absence. Il devait admettre qu’il était quelque peu stressé par son retour à la Brigade. La nuit avait même été bien longue. Pourtant, lorsqu’il avait reçu en début de semaine le hibou lui indiquant qu’il était attendu dans le bureau de Stark à vingt heure ce vendredi, il avait plutôt ressenti du soulagement. Enfin il allait avoir une occupation. Après des semaines emprisonné à Azkaban puis confiné chez lui, il n’en pouvait plus de ce manque d’activité. Puis, se balader dans les rues ne s’était pas révélé une bonne idée, ses côtes s’en souvenaient bien qu’il n’ait plus un seul hématome. Cela dit, il savait que le poste qu’il allait occuper n’allait pas le satisfaire. Le courrier qu’il avait reçu lui avait bien indiqué de rapporter son insigne. Et dire qu’il se baladait encore dans la nature avec. Les brigadiers qui étaient venus l’arrêter étaient de véritables trolls, Stark n’avait vraiment pas de chance.

Comme à son habitude pour le travail, il sortit un pantalon et une belle chemise. Ce vêtement avait pour autre avantage de cacher son tatouage. Ses collègues étaient bien entendu au courant de sa condition. Ne pas voir le corbeau ne les empêcherait pas de lui lancer des regards noirs. En revanche, pour les autres sorciers auxquels il aurait affaire, s’il ne se retrouvait pas dans un placard à balai à ranger des dossiers, il passerait inaperçu. Une fois prêt, Tim prit de la poudre de cheminette et se retrouva bientôt dans l’âtre de la cheminée du bâtiment principal de la Brigade. Il avait une heure d’avance par rapport à son rendez-vous et les couloirs se vidaient petit à petit. Ses collègues rentraient après une bonne semaine de travail et préparaient déjà leur week-end, si bien qu’ils semblaient l’ignorer. Ce n’était pas plus mal, bien que le Marloes devait s’habituer à affronter ses condisciples, il n’était pas mécontent que cela se fasse progressivement.

Instinctivement il se dirigea vers son ancien bureau qui était de nouveau occupé. Préférant éviter qu’on le surprenne dans le coin, il fit quelques pas de plus pour entrer dans le bureau de Nikita. Il savait que la jeune femme ne serait pas là aujourd’hui si bien qu’il profita de cette absence pour s’installer derrière son bureau. Il laissa néanmoins la porte ouverte au cas où on le surprenne et le suspecte de fouiller dans les affaires de l’anglaise. Pour passer le temps, il prit une plume et lui écrivit un message qu’elle découvrirait à son retour de week-end. Timaël fut ainsi surpris lorsqu’il entendit une voix inconnue s’élever à l’entrée du bureau. Il releva la tête pour fixer l’homme qui venait de parler.

Park ce nom de famille lui disait quelque chose, surtout qu’il s’agissait également d’un sorcier de sang-pur. Enfin il y avait probablement d’autres familles avec ce patronyme. Quant à ses histoires d’idol et de kpop il n’avait aucune idée de ce dont il pouvait s’agir. Certainement une activité moldue. Ayant grandi dans une famille très conservatrice ce monde-là lui était parfaitement inconnu. Enfin, il supposait que cela devait avoir un rapport avec l’art ou un sport si cela faisait de lui un homme célèbre. ICela dit, il était trop heureux d’avoir une occasion en or de se mêler d’une dernière affaire qu’il ne prit même pas la peine de relever. Une plainte, ça ne devrait pas lui prendre plus d’une heure et il serait à temps chez son patron.


Timaël lui indiqua la chaise en face de lui et lâcha un instant sa plume pour sortir son insigne. Tant pis si cela causerait des ennuis aux collègues chargés de son arrestation. Ce n’était pas comme si ils avaient été remplis de bonnes intentions.


Il avait tout un tas d’autres questions mais il valait mieux aller par étapes. Et surtout ne pas penser à Nikita et à Stark qui allaient l’assassiner.

Pando

Timaël écouta l’homme tout en prenant des notes. Il n’avait pas peur de manquer un élément pour le dépôt de la plainte, sa mémoire n’était pas si ridiculement petite. En revanche, il se doutait qu’il ne pourrait pas suivre cette affaire sur le long terme et il devait bien transmettre à ses collègues tous les éléments qu’ils avaient actuellement à leur disposition. Il croisait les doigts pour avoir le temps de prévenir Nikita, qu’elle accepte de prendre la suite et de le couvrir. Cela l’ennuyait mais il n’avait pas d’autre possibilité. Enfin si, celle de dire à l’homme qu’il ne pouvait rien pour lui et de le guider vers un autre bureau, sauf qu’il n’acceptait pas cette issue-là. Il n’avait pas été sur le terrain depuis un moment, il ne le serait pas avant longtemps, peut-être même jamais plus, alors il avait bien le droit de profiter de cette opportunité inespérée. Action égoïste ? Bien entendu, Tim ne se cachait pas de l’être.

Park avait donc trouvé la lettre aujourd’hui dans un quartier où les hiboux ne circulaient pas habituellement. Ce qui surprit en revanche Timaël fut que le sorcier attestait qu’il n’avait pas l’habitude de recevoir du courrier par cette voie. Lui-même vivait dans un immeuble dont les habitants étaient moldus et pourtant sa boite aux lettres n’étaient là que pour la décoration. Était-il à ce point coupé du monde magique ? Cette question était trop personnelle pour être posée directement ici. Enfin, pour la suite Park affirmait qu’il avait déjà reçu des menaces lorsqu’il était en Corée mais, de la part d’individus sans pouvoir. Cela expliquait qu’il n’avait jamais entendu parler de ktok et d’idole, ni même de la célébrité de l’homme. C’était un art ou un loisir moldu qui ne touchait habituellement pas les sorciers.

Quittant ses notes, Tim observa la lettre que Park avait sortie de sa poche. Il fronça les sourcils lorsque l’homme lui confirma que l’encre cramoisie était bien du sang. Qui était assez répugnant pour faire cela ? Il tendit tout de même la main pour attraper le courrier et lire le message qu’il contenait. Des menaces parce qu’on le soupçonnait d’être un Pozhiratelis. Le Marloes ne connaissait pas personnellement tous les corbeaux mais Park ne donnait absolument pas l’impression d’en être un. Puis être de sang pur ne signifiait pas être un membre actif du mouvement, ni même y adhérer. Par ailleurs, certains Pozhiratelis étaient de sang-mêlé, si bien que le raccourci abusif pureté du sang et praticien de magie noire était totalement obsolète. La personne qui avait écrit cette lettre était d’une inculture folle. Le bulgare se retint de lever les yeux au ciel. Sans défendre le mouvement avec lequel il avait grandi, il était toujours éberlué face à ce genre de propos. Un vrai monde manichéen.


S'il avait le tatouage sur la clavicule il ne pouvait pas le faire disparaitre. Cela dit, Tim était là pour prendre sa plainte, pas lui demander de se dévêtir pour lui prouver qu’il ne portait pas de corbeau. S'il arborait véritablement la marque ce n’était pas son problème. Surtout qu’il pouvait très bien la porter par obligation ou avoir déjà été jugé et libéré pour cela. Quant à ce que pouvait raconter Park en interview, Timaël ne pouvait pas le deviner. Quoi qu’il en soit la personne qui avait envoyé ce courrier avait découvert un sorcier évoluant dans le monde moldu et avait creusé pour connaitre la nature de son sang. Pozhiratelis ou non, ils étaient face à un individu qui s’immisçait un peu trop facilement dans l’intimité des autres.

Pando

Timaël écouta l’homme avec attention et il y avait matière à réagir puisque l’idole des moldus était bavarde. Pour commencer il affirmait être contre le mouvement. Le Marloes voulait bien le croire, cela dit pour ce genre de choses il fallait plus que des paroles pour prouver son éloignement de ce type d’organisation. Enfin, encore une fois il n’était pas juge et ce n’était pas à lui de statuer sur ce cas. Puis, Pozhiratelis ou non il s’en moquait comme de son premier sortilège. Ensuite, il ne voyait pas ce qui avait pu éclairer la lanterne d’un fan quant à son origine sorcière. Le récit qu’il faisait de sa chanson ne permettait pas, selon Timaël, de faire un lien avec le monde magique. Il s’agissait de paroles extrêmement banales. Enfin, le brigadier devrait peut-être écouter la musique pour s’en assurer. Après tout, jusqu’à quelques secondes, il ne savait même pas que la ktok était un style musical, alors la chanson dont il parlait était elle aussi inconnue.

Park craignait que son secret fuite. Le Marloes ne pouvait qu’approuver. La ktok visant avant tout les moldus, il n’était pas acceptable que ces derniers découvrent l’existence des sorciers. La révélation pourrait attirer des fans avides de profiter de la magie. Cela pourrait également nuire à l’image de l’homme avec certains qui le prendraient pour un fou et d’autres pour un arnaqueur. Sa carrière semblait être sa priorité. Il suffisait de l’écouter geindre qu’il n’était rien sans elle. Timaël manquait certainement d’empathie sur ce point, non il ne comprenait pas l’importance que cela avait pour l’homme. Puis, il expérimentait quotidiennement que l’on pouvait vivre avec une réputation bafouée. Il ne pourrissait plus dans une cellule et s’il ne faisait pas de vague il n’avait plus de raison de craindre la justice. Que demander de plus ? Park devrait plutôt s’inquiéter des répercussions judiciaires si sa petite activité de star nuisait à la conservation du secret magique. Enfin, le Marloes préféra éviter la question pour ne pas rompre la confiance de l’homme et entrer dans un débat fatiguant. Il était là pour enregistrer sa plainte et l’aider à trouver une solution à un problème qui le dépassait.


Tim marqua une pause et jeta de nouveau un œil sur le courrier. Il fixa par la suite son regard sur l’homme en désignant l’adresse.


Après tout lorsque Park lui avait tendu le courrier, il lui avait conseillé de s’intéresser à l’adresse. Timaël ne comprenait pas pour quelle raison le maitre corbeau aurait donné un tel indice sur sa personne, enfin le monde n’était pas constitué que de génie.

Pando

Les précédentes lettres de menaces n’évoquaient pas sa condition magique. C'était une plutôt bonne nouvelle puisque cela réduirait les recherches à l’Europe. De plus, le Secrétariat pourrait plus facilement intervenir en cas de fuite du secret magique. Quoi que pas forcément, les moldus n’étaient pas arrêtés par le dôme et avaient des moyens de communication performants. Et dire qu’ils avaient mauvaise réputation dans sa famille et leurs cercles d’amis proches. Peut-être qu’au fond c’était de la crainte qu’ils ressentaient. Enfin, ses réflexions pouvaient attendre car elles ne feraient pas avancer l’enquête. L'adresse était celle de son interlocuteur. Dommage. Ça n’aurait pas été le premier individu malveillant à laisser des indices sur sa personne. Est-ce que cela signifiait que l’adresse du chanteur était facilement trouvable ? Tim ne devait pas oublier de poser cette question. S'il avait des fans et qu’il avait l’habitude de recevoir du courrier de leur part, il devait être plus prudent de posséder une boite postale autre que celle de son domicile. Il dut pourtant retenir son interrogation car l’homme poursuivait.

Un t-shirt avec un oiseau noir durant un concert. Si une personne dans le public était familière au monde magique et avait vu là un signe de ralliement ça se tenait. Cela ne permettait pas de désigner le maitre corbeau mais donnait une idée de ce qui avait pu le pousser à écrire cette lettre. Restait aussi à savoir s’il s’agissait seulement de paroles ou si la personne comptait passer à l’action. En revanche la suite surprit le Marloes. Il se mordit la lèvre pour ne pas sourire. Il comprenait très bien ce qu’il était supposé ne pas observer sur les bras dénudés de l’homme mais c’était regarder au mauvais endroit. Comme technique pour s’innocenter c’était trop original pour croire que la personne était en réalité de mauvaise foi. Il ne fallait pas oublier que l’homme ne venait pas du continent et était certainement peu familier des mouvements de magie noire du coin. Il n’était pas là depuis longtemps, il n’avait pas dû voir les corbeaux sévir.


Il lui sourit timidement et se retint de lui faire la démonstration en dévoilant sa clavicule. Il n’avait certainement jamais vu le tatouage en question mais il comprendrait très bien la signification et donc à qui il s’adressait depuis plusieurs minutes. Autant éviter un mouvement de panique surtout qu’ils devaient rester discret. Timaël n’avait rien à faire dans ce bureau et avait encore moins le droit de prendre la déposition de l’homme.


Tim poursuivait plus sérieusement. Il ne cherchait pas à pointer directement du doigt un de ses proches en revanche, ils avaient pu laisser fuiter l’information involontairement. Le bagou ou une baguette pouvait faire dire pleins de choses. S'il s’agissait de son adresse personnelle il faudrait aussi questionner les proches. Peut-être avaient-ils fait une rencontre impromptue.

Pando

Tim fut peu surpris d’entendre la réplique de l’homme. Le sorcier était décidément un sacré personnage. Cela dit, il suffisait de penser au milieu dans lequel il évoluait pour ne pas être complètement déconcerté. Il avait des fans, certains devaient même éprouver des sentiments amoureux. À côté des lettres de menaces il recevait certainement de drôles de courriers avec des déclarations enflammées. Peut-être que le maitre chanteur était une de ces personnes éconduites, enfin rien ne justifier de proférer des menaces. Le corbeau écouta la suite avec attention. Tim n’était pas une personne pudique, il lui en faudrait beaucoup plus pour être choqué. Il garda donc son sérieux tout en analysant ce que l’artiste venait de dire. Ces fans pouvaient le voir régulièrement dénudé. Comment ce faisait-il qu’une personne l’accuse d’être un Pozhiratelis alors qu’il dévoilait régulièrement sa clavicule immaculée ? La personne qui proférait ces menaces ne connaissaient peut-être pas grand-chose au mode de fonctionnement du mouvement. Déjà le parallèle sang-pur corbeau en disait beaucoup sur ses connaissances. Le tatouage ne pouvait pas être dissimulé, Park n’était pas en Europe depuis suffisamment de temps pour passer les épreuves d’initiation. Rien ne coller avec ces allégations et cela ne rendait pas l’auteur du courrier moins menaçant. Au contraire, l’ignorance rendait les gens dangereux.

Le Marloes poursuivit donc avec ses questions. Il avait besoin de savoir combien de personnes connaissaient l’adresse inscrite sur l’enveloppe. Avant d’éliminer les individus de la liste de suspect il avait besoin de se renseigner sur l’ensemble des proches de l’artiste. Avaient-ils eu des rencontres étranges dernièrement, leurs souvenirs étaient-ils complets, connaissaient-ils la condition de Park ? Plus l’homme lui fournirait de noms, plus la quête de renseignement serait longue. Malheureusement, Timaël ne pourrait pas aller plus loin que ce dépôt de plainte. En revanche, il espérait que peu de monde serait concerné par cette enquête sinon Stark serait bien vite au courant. Puis l’homme en face de lui pouvait tout aussi bien révéler par inadvertance son identité aux collègues qui prendraient le relais. Après tout il avait donné son nom. Il fallait espérer qu’un seul brigadier suffirait, il aurait seulement besoin de supplier Nikita de le couvrir et de prendre sa suite.

La réponse de l’homme ne se fit pas attendre. Timaël fut tout d’abord rassuré en entendant “pas grand monde”, il déchanta vite en écoutant la suite. Une dizaine c’était beaucoup de personnes à interroger. Surtout qu’il s’agissait des personnes officielles et qu’il affirmait que d’autres pouvaient connaitre l’adresse si l’information avait fuité. Pour une personne mondialement connue son service de sécurité était une vraie passoire. Comment cela était-il possible qu’on puisse le suivre sans que quiconque ne s’en rende compte ? Il était peut-être temps d’ajouter des sorciers plus observateurs à son service d’ordre.


C'était peut-être internet le mot exact mais l’homme comprendrait. En tout cas la brigade aurait du mal à faire la veille de ce côté-là et répartir de la sorte le travail permettrait à ses collègues de moins crouler sous les données.


Ce serait dommage de bafouer le secret magique en voulant le protéger.


Cela ne serait peut-être pas plus mal vu la qualité de son service d’ordre actuel.

Pando

En écoutant l’homme, Timaël ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui pouvait l’intéresser dans ce mode de vie. Devoir tout le temps veiller aux mots prononcés et aux tenus portées. Être suivi sans son consentement et parfois même sans le savoir. Savoir que ses fans, ces personnes qui étaient supposées l’adorer, se moquaient éperdument de son intimité. Voir sa vie privée balancée sur la place publique sans aucun moyen pour stopper l’hémorragie. Accepter que les personnes censées le protéger de cela n’avaient en réalité que des moyens limités pour le faire. Cette vie avait un doux goût d’enfer. Le bulgare préférait largement sa condition, surtout maintenant qu’il dissimulait très bien son tatouage ce qui lui permettait de se balader dans le monde magique à sa guise. Au travail il ne pourrait pas se couvrir de la sorte mais, il n’avait pas encore officiellement repris et il trouverait bien un moyen d’avoir la paix.


Tim s’était montré moins conciliant mais l’homme avait répondu à côté. S'il voulait défendre son agence c’était son souci, en attendant le brigadier avait des attentes plus élevées. Il n’était pas acceptable qu’ils se contentent d’essayer d’arrêter les fuites, ils devaient se bouger pour savoir si la brèche existait déjà. Comment ces collègues pourraient avancer dans l’enquête sinon ? Il écouta ensuite avec attention la liste des noms. Ces personnes connaissaient de manière officielle l’adresse inscrite sur le courrier et la fuite pouvait venir d’eux. Le Marloes inscrivit les noms en précisant leur fonction, il laisserait par la suite Park vérifier l’orthographe. Le seul nom qu’il connaissait était celui de son frère ce qui n’était pas surprenant puisqu’il s’agissait du seul sorcier. Les brigadiers allaient donc devoir être particulièrement vigilant lors de leur enquête et malheureusement pour Tim, Nikita ne serait certainement pas seule sur cette tâche.


Il lui tendit la feuille et profita de cette vérification pour poser sa dernière question. Park accepta l’idée d’avoir des agents de la Brigade à ses côtés. Il s’agissait d’une bonne nouvelle, il y aurait au moins une personne compétente dans sa sécurité à présent. Cela dit, Tim éprouvait un peu de compassion pour l’agent de sécurité magique qui devrait suivre l’artiste. Le monde dans lequel évoluait l’homme avait l’air fou et complètement éloigné de ce que les sorciers connaissaient. Ils n’avaient pas ce rapport fan-star, il suffisait de prendre l’exemple des joueurs de Quidditch qui vivaient paisiblement malgré leur popularité. Ou alors le Marloes avait une vision biaisée de la chose.


En vérité il le noterait en tête de son rapport et demanderait à Nikita d’en faire la demande au plus vite. S'il informait directement ses supérieurs il aurait des ennuis avant d’avoir repris le travail, il ne pouvait pas se le permettre.


Il lui désigna la liste qui lui avait tendu quelques minutes plus tôt.

Pando

Timaël hocha la tête quand l’homme le remercia. Il ne faisait que son travail. Enfin non, il n’aurait jamais dû accepter de prendre ce déport de plainte. Plus il réfléchissait à la situation, plus il se doutait que cela allait lui retomber sur le bout de la baguette. Stark allait forcément le savoir. Même si Nikita le couvrait, le chef avait les yeux et les oreilles partout. Il pouvait très bien être déjà au courant de l’imposture. Est-ce que cela valait le coup de vivre un semblant de normalité pour ensuite subir le mécontentement et le blâme qui irait avec ? Quitte à choisir une dernière mission il aurait été préférable de se retrouver au cœur de l’action. Enfin, cela ne servait à rien de revenir sur ce qui était fait. Dans ce cas-là, il faudrait remonter bien plus loin que la dernière heure. Puis au moins il y avait un heureux dans l’histoire. L'homme n’avait pas attendu des heures qu’un brigadier pressé d’être en week-end l’écoute. Timaël avait tout son temps et toute son attention pour tenter de comprendre la situation sans émettre de jugement. Quoi qu’en parlant de temps, un furtif coup d’œil sur sa montre lui indiquait qu’il devrait bientôt se trouver dans le bureau de son supérieur.

Park lui confirma qu’il n’y avait pas d’erreur dans la liste. Entre la Bulgarie et la Pologne il y avait un monde si bien que Tim n’était jusqu’à maintenant pas certain d’avoir orthographié correctement les noms cités. Il rajouta ainsi le papier au reste de ces notes. Il prendrait le temps d’ordonner tout ça avant de confier son travail à Nikita. La partie la plus difficile serait de lui demander d’affirmer que ce travail était le sien. Encore un regret, ce n’était pas correct de lui imposer un autre secret. En même temps avait-il le choix ? S'il y avait la moindre de chance que la supercherie ne soit pas découverte il devait tenter le coup.


Finalement déposer une plainte n’était pas la partie la plus longue, sauf quand l’interlocuteur avait une logorrhée importante. Comme le Marloes s’en doutait, cette dernière mission lui permettait d’occuper son attente sans le mettre en retard pour son entrevue.


Timaël fixait l’homme qu’il n’allait certainement jamais recroiser. Il restait attentif à ses questions ou aux dernières remarques qui lui viendraient.

Pando

L’homme n’avait pas d’autres questions, parfait, ils pouvaient clore cette entrevue ici. À défaut d’être resté sur le droit chemin, Timaël ne serait pas en retard à son rendez-vous avec Stark. Le jeune homme n’avait pas hâte de se retrouver coincé avec lui, surtout qu’il se doutait des nouvelles peu réjouissantes qu’il apporterait. Quel travail allait-il lui confier maintenant qu’il était sous la trace et qu’il ne pouvait ni transplaner ni utiliser des sortilèges complexes. Le terrain paraissait peu probable. Il allait certainement finir dans les archives à trier des vieux dossiers. Cette perspective n’était pas vraiment réjouissante. De plus, la dernière fois qu’il s’était retrouvé en tête à tête avec son chef, c’était dans une cellule d’Azkaban. Ce n’était clairement pas un souvenir qu’il aimait voir remonter. Enfin, Timaël reporta son attention sur Park. Il hocha de nouveau la tête en entendant les derniers remerciements.


Quant au fait de se revoir, cela était peu probable. Tim ne pourrait pas enquêter sur cette affaire et il valait mieux pour lui qu’il ne paraisse pas s’y intéresser de trop près. Il regarda l’homme tourner les talons et se dirigea quelques secondes plus tard vers la porte pour voir s’il y avait du monde dans les parages. Personne dans le couloir, finalement il allait peut-être s’en sortir. Il retourna devant le bureau pour le laisser tel qu’il l’avait trouvé et plia les feuilles qu’il avait rempli pour les déposer dans sa poche. Il remettrait tout au propre chez lui, il valait mieux ne pas trop trainer dans le bureau et éveiller les soupçons si quelqu’un passé par là. Puis, l’heure de se rendre chez Stark avait sonné. Timaël croisa les doigts, pas les archives, il allait mourir d’ennui là-bas. Son supérieur ne pouvait pas le détester à ce point et occulter de cette manière son talent pour l’action. Il était même prêt à faire la sécurité devant la Brigade. Le Marloes lissa un pli sur son pantalon et prit la direction du bureau. Affaire à suivre.

Pando