(glorya et charlie) – derrière les piles de livres 

La bibliothèque me donnait vraiment le cafard. Tous ces livres et ces gens qui travaillaient en silence. Il y avait de quoi se jeter de son balai. Je trainais dans le coin uniquement depuis le début de l’année mais j’avais une bonne raison. La préparation de mon baccalauréat Commandeur ? Il ne fallait pas trop charrier. Mis à part mes cours d’Histoire du monde magique, je ne voyais pas dans quelles autres matières principales j’avais réellement besoin de travailler. Puis jusqu’à maintenant mon talent naturel suffisait à me faire passer les années. Oh mon attrait soudain pour la bibliothèque était tout autre. Cette année je devais enfin agir. L’année prochaine elle ne serait plus là. Par elle j’entendais la féline non seulement trop canon mais aussi super intelligente, d’après les gens de sa promotion, que je reluquais en cachette depuis l’année dernière. Elle était déjà en septième année alors il n’était plus question que je perde mon temps avec des renardes et des louves inintéressantes.

Il y avait un truc que je ne saisissais pas chez cette fille, elle était beaucoup trop gentille. La première fois que je m’étais débrouillé pour m’installer à côté d’elle à la bibliothèque j’avais été bien surpris. Elle devait avoir un truc qui clochait ma parole. Bien sûr je m’étais ramené sans affaires sauf qu’une fois installé j’avais compris la connerie monumentale. Bien Charlie, très digne de toi. Mine de rien j’avais réussi à lui grappiller plume, encre et papier. Non seulement elle ne m’avait pas renvoyé bouler, mais elle m’avait offert un large sourire en option. Punaise sa patience ne devait pas connaitre de limites. La fois suivante, disons deux semaines plus tard, je m’étais débrouillé pour lui faire un retour de feuilles. Rien de plus normal selon certain. Chez moi cela n’avait rien de banal, ma gentillesse est toujours calculée. La troisième fois il y avait eu l’échange de nom et d’année. Enfin.

Pour cette fois j’avais trouvé la combine du tonnerre. Comment allier l’utile à l’agréable ? Avec un devoir hyper long de Potions devant être bouclé le soir même. Pourrait-elle me refuser son aide ? Tout était possible selon moi. Elle pouvait donner ce genre de coup de main qu’à ses amis ou membres de sa maison. Elle pouvait ne pas avoir le temps. Puis sa gentillesse pouvait aussi être un leurre. Ces possibilités n’allaient pas m’empêcher de tenter ma chance. Il en fallait bien plus pour me faire douter et reculer.

Premier lundi du mois j’avais passé ma matinée et mon début d’après-midi en classe. Une source fiable m’avait confié qu’elle n’avait pas classe en fin de journée. De mon coté je prenais la liberté de louper ma dernière heure. À coup d’excuse en rapport avec mon départ prochain pour Durmstrang, je n’avais pas trop de soucis à me faire. Cette fois-ci il n’y avait pas grand monde dans ce lieu maudit. Glorya était facilement repérable. Le moment était venu de revêtir complètement mon costume de gentil garçon. Quelle plaie.


Je pointe la chaise juste en face de la sienne. Ne pas oublier le sourire et la voix douce.

Un sourire en retour c’est déjà un bon début. Surtout lorsqu’il est suivi d’une voix douce qui m’autorise à m’assoir. Cette fille est vraiment charmante. Sachant que la bibliothèque était à peine remplie elle aurait pu tout aussi bien me demander de choisir une autre table. C’est exactement ce que j’aurais fait à sa place. Surtout que la sienne était en effet en proie à une pile de livres impressionnante. Comment pouvait-on pousser à ce point ses devoirs. Pour ma part je me contentais du minimum demandé et c’était largement suffisant pour conserver une moyenne correcte. Si j’étais professeur je serai exaspéré par un surplus d’information. Enfin je n’avais aucune aspiration pour ce type de métier. Devoir jouer les nounous et ne recevoir aucune reconnaissance c’était bien triste comme perspective d’avenir. Enfin si ces livres ne lui permettaient pas de finaliser un devoir, mais faisaient plutôt office de passe-temps c’était assez inquiétant.


Je lui fis un large sourire avant de m’assoir avec précaution. Il serait dommage que les livres lui tombent sur la tête. En effet, je remarquais que les plus hauts dépassés sa tête. Quoiqu’un accident me donnerait l’occasion de jouer le chevalier servant en la conduisant à l’infirmerie. Ceci dit je n’avais absolument pas envie de recroiser de sitôt cette infirmière énervante. Du peu que je la connaissais elle en aurait trop dit et je n’avais pas envie que Glorya apprenne qu’à peine un mois plus tôt je m’étais pris un sale Stupeflix en pleine poire et au sein même du palais.

Je sortis mes affaires en silence, à savoir de quoi écrire, mes notes de cours et mon livre de Potions. J’étais venu là avant tout pour sa compagnie mais je n’oubliais pas la deuxième mission que je m’étais fixée, finir ce devoir avant l’heure du repas. Je jetai un coup d’œil aux consignes du devoir avant de croiser son regard. Je lui souris en retour. D’accord cette fille avait dû avaler une potion plus jeune pour sembler aussi agréable. Je ne faisais ce genre d’effort que lorsque j’attendais quelque chose en retour alors que chez elle cela semblait totalement naturel. Il n’y avait qu’à la voir replonger comme si de rien n’était dans sa lecture. Je n’étais pas contre l’idée qu’elle me donne sa recette miracle. Ce n’est pas que j’avais envie d’être plus agréable avec les gens, c’est surtout que j’en avais marre qu’ils m’exaspèrent autant à la moindre respiration.


Je désigne la pile de livres. Si je dérange sa lecture ? Peu importe, elle devra s’habituer si je veux qu’elle m’aide à finaliser mon devoir. Puis d’après le livre qu’elle tient je ne lui fais pas changer de thème. Je ne connais d’ailleurs pas l’auteure. Vu le titre incompréhensible ce n’est certainement pas un livre de cours de toute manière.

Pour sa culture personnelle. Un livre avait dû lui tomber sur la tête lorsqu’elle était gamine pour avoir ce genre d’idée. Comment pouvait-elle accepter de prendre du temps personnel pour se plonger dans une telle pile de bouquins. Bon sur le principe, chercher à en savoir plus sur un sujet n’était pas un projet si naze. Je veux dire pour être un excellent sorcier les cours dispensés à l’école ne suffisaient pas. Raison de plus pour cet échange à Durmstrang qui m’ouvrirait certainement d’autres perspectives. Enfin je voulais bien être assidu en cours et maitriser ce qui m’était demandé, mais il y avait des limites dans la recherche. Lire autant pour un semblant de connaissance en plus était impertinent. Il valait mieux expérimenter par la pratique. Face à ce spectacle je me demandais plutôt si ce n’était pas plus malin de rester ignorant. D’autant plus qu’elle avait l’air de prendre plaisir à rester enfermée avec un bouquin dans la main. D’après moi elle venait d’une autre planète.


Par activité j’entendais squatter la salle commune et réfléchir à des moyens pour asservir des jeunes élèves et rendre fous les plus vieux. C’est idiotie de course, Quidditch ou autres clubs loufoques très peu pour moi. Enfin ça ne coutait rien de se donner un semblant de vie sociale. Il ne fallait pas non plus qu’elle pense que j’étais un rat de bibliothèque.


Autant trouver une justification à ma présence dans la bibliothèque autre que ses beaux yeux. Après tout en cinq ans elle n’avait pas eu l’occasion d’admirer mon beau portrait entre deux rangers de livres. Ma fréquentation du lieu était beaucoup trop récente. J’espérais juste ne pas trop m’accoutumer à ce nouveau rythme pour ne pas passer mon temps ici l’année prochaine. Bon il y avait peu de risques que cela arrive, à part si je me dégotais une nouvelle cible.


Je ponctue ma phrase d’un sourire avant de lui tendre le papier avec les consignes. Il s’agissait de reprendre chaque ingrédient de la potion Felexi Felicis, de les décrire en détail mais surtout de déterminer pour chacun leur utilité dans le mélange. Autant dire qu’il fallait aimer les potions pour avoir envie de se plonger là-dedans. J’espérais que sa fameuse culture personnelle pouvait attendre un peu pour laisser la place à un pauvre garçon et son devoir.