[Timaël & Darko] Une mission entre frangins 

Un mission vampire en Lettonie et seul. Timaël n’était pas bête. Il savait ce que cela signifié pour lui, une titularisation. Ce n’était pas trop tôt. En même temps on ne confiait pas un poste de brigadier aussi facilement. Mine de rien ils détenaient un rôle important dans le respect des lois Pozhiratelis. Ce n’était donc pas une formation que le premier venu pouvait valider. Puis le métier demandait un minimum d’expérience. Un peu comme les Magicomage finalement. Quand la vie ou la sécurité des autres sorciers en dépendaient, on restait un moment derrière l’épaule du novice. Tim pouvait être inquiet. Ce n’était pas sa première mission seul, mais les autres étaient nettement moins importantes et dangereuses. Il ne fallait pas se leurrer, avec un vampire il était nécessaire de redoubler de vigilance et d’inventivité, puisque eux avaient la vitesse et la férocité. De plus la réussite de l’interpellation lui permettrait d’obtenir son propre insigne. Oui, il avait bien de quoi être nerveux. Enfin le jeune Marloes n’était pas du genre à se dégonfler. Puis il avait une expérience annexe en tant que corbeau qui pouvait l’aider dans les situations difficiles.

Timaël quitta son bureau exigu pour transplaner directement en Lettonie dans la ville de Riga. Il devait rejoindre un autre sorcier, un employé du service des Êtres. Vu la nature de l’être en question il était probable qu’il s’agisse d’un Pozhiratelis. Combien de fois il avait entendu son propre père venter les avantages d’un tel être dans leurs rangs. Ce n’était d’ailleurs pas le service le plus dépourvu de corbeaux. Lorsqu’il avait appris que son frère avait obtenu un poste là-bas il s’était même fait la réflexion qu’il y trouverait des alliés rapidement. En parlant de ce lourdaud de Darko il devrait enfin daigner se pencher sur sa tenue de mariage. Olga lui avait explicitement conseillé de s’accorder avec Demetria. Parmi les meilleurs conseils de cette conversation il avait retenu la merveilleuse idée de valoriser la jeune fille dans les multiples discussions qu’il aurait à tenir. Après tout il ne faudrait pas qu’elle se sente mal à l’aise. Était-il obligé de rappeler son âge et qu’elle avait toutes les raisons de l’être. Et bien sûr elle lui avait rappelé de faire un effort pour sourire sur les photos de famille. Elle n’était pas dupe, elle savait que ses deux fils avaient quelques différends, façon de parler pour garder la face. Ceci dit Timaël comptait faire l’effort pour sa famille et malheureusement Darko faisait partie du lot.

Après une analyse rapide des environs, pas un moldu dans la rue, ni même la trace d’un vampire, Tim se dirigea vers la mairie. Il faisait sombre mais il n’avait pas de mal à reconnaitre son équipier du jour. Quand on pense au loup-garou on en voit le bout de la queue encore plus vite que si c’était la pleine lune. Timaël râla dans sa barbe mais s’avança tout de même. Ce n’était pas cet idiot qui allait le faire reculer et encore moins lui faire rater sa mission.


Il regarde son frère en levant les sourcils. La communication joviale entre eux ce n’était pas la priorité.

Pando

En entendant la réflexion de son frère Tim ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. C’était lui le crétin oui. Darko était loin d’être moche et plutôt doué avec sa baguette. Tim admettait même avec difficulté qu'il était meilleur que lui sur un balai volant. Mais qu'est-ce qu'il était fade. Son manque de répartie était risible tellement il était flagrant. Peut-être devrait-il retirer l' É clair de feu qu'il avait dans le cul, ça en devenait gênant. Timaël avait presque honte d'être en rivalité avec une personne aussi insipide. La pauvre Pandora allait vite s'ennuyer avec un centaure de ce genre. Pas étonnant que ce soit lui le bon chien de garde d’Ivan Marloes.


Son ton était moqueur. En tout cas il n'était certainement pas Dieu, juste un petit con condescendant qui faisait tout comme leur père ou leur aîné. À ce degré de force d'esprit et d’originalité, Tim préférait les soucis que son manque de respect des bienséances familiales induisait dans sa vie. Enfin, ce n'était ni le lieu ni le moment de s'embrumer l'esprit avec des histoires de cœur. Encore moins devant Darko. Il avait une mission et plus vite elle serait réussie plus vite il pourrait se débarrasser de son frère et de son statut de stagiaire. Après ça, il pourrait se permettre d'avoir une coéquipière dont la compagnie était plus agréable. Enfin, fallait-il encore compter sur l’efficacité de leur duo. Ce serait sans doute plus compliqué de se mettre d’accord que d’attraper le vampire.


Oh que c'était réjouissant de reporter la faute du côté du Secrétariat des Êtres et indirectement vers Darko. Sur ce point il pouvait difficilement retourner la faute vers le benjamin. Ce n’était pas à la Police de surveiller les êtres cohabitants avec les sorciers. Quoique Darko était maître dans l'art de rejeter la faute sur les autres, surtout si l'autre était son frère. Un jaloux et un envieux.


C’était presque une nécessité de montrer le moins de bonne volonté face aux remarques de son frère. Ceci dit Tim n'avait pas le goût du sang. S'il pouvait faire comme Drako le recommandait et ne pas tuer le vampire, il s'en porterait aussi bien. En même temps s’il était en danger ses priorités ne seraient pas de faire plaisir au frangin.


Au tour d’écouter l’autre troll.

Pando

Darko ne manque pas de jeter son regard noir sur Timaël. L'ex Voda s'en moque bien, il a l'habitude. Au moins le cadet s'abstient de le couper, sans doute pour éviter une joute verbale interminable. Ils sont certainement d'accord sur un point, plus vite ils trouveront le vampire, plus vite ils seront débarrassés l'un de l'autre. Tim devrait bien réussir à le supporter quelques heures malgré l’aura fétide du frangin. Après tout il l’avait bien fait durant presque vingt ans. Puis, c'était une manière de se préparer à le supporter pour le mariage.

Ah les menaces de Darko. Ne fais pas ci sinon je le dis aux parents. Ne tue pas le vampire sinon je te pourris la vie. Ce qui faisait rire Timaël était que son frère puisse penser qu'il pourrait jouer sur sa titularisation. S'il y avait bien une chose dont Stark se foutrait royalement serait l'avis d'un Pozhiratelis à peine pubère. Enfin, il ne répliqua pas et se contenta de lever les yeux au ciel. Le pauvre Darko n'avait que les menaces pour lui, il n'allait pas le dépouiller. Puis, s'il se pensait plus malin, Tim allait le suivre jusqu'au moment où sa stratégie serait vaine et qu'il n'aurait pas d'autre choix que d'écouter le benjamin. Avec ce genre de spécimen il fallait se montrer patient. Large défit pour un Voda qui aimait suivre sa voie et qui ne faisait pas toujours preuve d'une grande patience.


Il y avait de quoi s’écorcher la bouche avec de telles paroles. Enfin, Tim le suivit en se retenant de traîner des pieds. Ils marchèrent en silence vers le lieu où avait été retrouvé le dernier mort. Qu’est-ce qu’ils pourraient se raconter de toute manière. Leur petite vie ? Certainement pas. Darko prenait déjà une trop grande place en tant que membre de la famille. Il n’eut pas plus le loisir de profiter du silence car l’ex Pozhar s'arrêta soudain et pointa sa baguette vers la rue adjacente pour l'illuminer. Tim distingua rapidement le cadavre. Comment le cadet avait-il fait pour deviner ? Il voyait dans l'obscurité ou il avait un odorat surdéveloppé. À ce niveau c’était presque flippant. Enfin, ce serait une question pour plus tard. Tim s'approcha du corps. Une femme d'une quarantaine d'année à la gorge rouge de sang. Il se pencha pour toucher la plaie. Ce n’était pas une arme blanche qui était passée par là mais bien des canines. Le sang était sec, elle devait être là depuis le matin à peine.


Tim en doutait. Après tout Darko avait passé l'initiation. Ceci dit il ne voyait peut-être pas autant de cadavres que son frère. Lui était maintenant habitué. Il en avait même vu dans un pire état.


Il s'était retourné vers son frère en se redressant. Et oui tout était prétexte à l’énerver. Même au pied d'un mort.

Pando

Timaël se redressa. Il n’allait pas rester accroupi à côté d’un cadavre toute la soirée. Puis, il n’y avait pas grand-chose à faire à part appeler l’équipe chargée de faire le ménage. Vu la plaie il s’agissait d’une victime du vampire, à deux ils avaient une expertise suffisante pour en être certain. Le corps était là depuis plusieurs heures, mais le vampire trainait sans doute dans le coin. Bref, il n’y avait pas de raison pour qu’il ne revienne pas à la même hauteur que Darko, il était maintenant plus pertinent de chercher dans les parages. Huitième mort donc. Ils allaient devoir le débusquer avant de trouver une neuvième victime. Autant ne pas perdre de temps avec les remarques puériles de Darko. Puis, le hochement de tête du benjamin et le passage de sa main devant ses yeux étaient assez équivoques. Darko le désespérait. Après cette mission Tim mériterait définitivement une médaille du mérite.

Le plus jeune des Marloes emboita le pas de son frère. Quand il essayait de reproduire la prestance de leur père il ne fallait pas trop le retenir. Il valait même mieux lui faire plaisir en s’écrasant que de tenter de lui faire comprendre qu’il faisait de la peine. Tim ne se sentait vraiment pas capable de supporter un caprice. Darko lui sortait définitivement par les trous de nez. Ça faisait quoi, même pas une heure qu’il le supportait. Comment avait-il fait pour tenir autant d’années sans se taper la tête contre le manche de son balai. Maintenant qu’il n’était plus habitué il se sentait irrité à la moindre parole ou au moindre mouvement émanant du cadet. Sa future épouse devrait avoir bien du courage.

Perdu sans ses pensées, Tim manqua de rentrer dans son frère lorsqu’il s’arrêta soudainement pour lui faire face. Son château de cube ? Il voulait sérieusement aborder ce sujet effacé depuis longtemps du cerveau du benjamin. Il se souvenait à peine qu’il avait subi l’explosion des pouvoirs de son frère, pourtant il aurait pu finir étouffé dans cette affaire. Vraiment flippant ce Darko.


Tim avait répliqué sur le champ, tellement surpris par ce changement de sujet qu’il s’entendis même prononcer le surnom du frère. Une première certainement. Darko non plus ne le nommait jamais Tim. Qu’est-ce qui pouvait bien clocher chez lui. Ceci dit, Tim était fin observateur et il vit l’instant d’après que le regard de son frère ne se fixait pas vraiment sur lui. Il ne se retourna pas, il fallait donner l’impression qu’il n’en savait rien. Son cœur ne s’emballa pas non plus, ses émotions il savait les gérer à la perfection. Il fit un mouvement de yeux, ceux-ci se mouvant à l’horizontale au maximum vers la gauche afin de questionner son frère. Il comprendrait. Après tous, ils communiquaient majoritairement par regards noir interposés. S’il y avait bien une chose qui fonctionnait entre eux c’était se faire passer des messages par un simple regard.


Continuer de meubler le silence pour ne rien laisser paraître. Les vampires étaient des hommes dotés d’un cerveau similaire aux autres. Celui-ci avait toutes les capacités pour comprendre si quelque chose clochait et il aurait la vitesse pour lui. Certes, il ne pourrait pas atteindre les deux en même temps, mais serait capable d’en atteindre un avant que l’autre réagisse. Vu le positionnement des garçons Timaël était l’appât. Dommage pour lui, espérons que Darko soit de cet avis.


Tim pointa sa baguette sur Darko en espérant que ce troll comprendrait. Il refusait d’attendre sagement que le vampire fasse le premier pas. S’il pensait que les deux garçons allaient véritablement se battre en duel peut-être attendrait-il tapi quelques instants de plus pour sauter sur le premier à terre. En tout cas il ne penserait pas en premier lieu au fait qu’il était repéré. Tim resserra sa prise sur sa baguette prêt à dégainer au moindre mouvement. Pas contre Darko bien sûr, pas encore.

Pando

Aussi étrange que cela puisse paraître, Tim n’avait jamais eu à pointer sa baguette contre Darko. S’il l’avait fait au manoir, la réprimande aurait été proportionnelle à la faute. On ne touche pas les membres de la famille Marloes. Ni l’un ni l’autre ne s’y étaient essayés. Du côté de Timaël ce n’était pas faute de vouloir mettre une belle raclée à son frère. Ceci devait être certainement réciproque vu le sentiment de jalousie que Darko éprouvait depuis toujours. Comme s’il y avait de quoi. Son rôle de petit dernier ne lui avait apporté aucun avantage. Il avait été éduqué de la même manière, voire même plus fermement en raison de ses goûts douteux. Enfin, les faits étaient difficilement acceptés par le cerveau malade de l’employé du Secrétariat.

Tim attendait d’un œil distrait de voir la baguette de Darko se lever. Il était plus attentif aux bruits derrière lui. Il perçut un mouvement derrière sans savoir si le vampire s’était mieux positionné, s’il s’était avancé ou s’il avait reculé. Sans même savoir si la source du son était la créature. Ses yeux lui indiquaient en tout cas que Darko n’avait toujours pas levé sa baguette. Est-ce que son cerveau avait du mal à intégrer la nouvelle ? Craignait-il de ne pas résister à l’envie de lancer véritablement un sort à son frère. Avec Darko il fallait s’attendre à tout. Même au fait qu’il n’avait rien compris et qu’il résistait seulement à l’envie d’écraser Tim face à cet affront. Après tout Darko respectait les règles. Et s’il était trop bien éduqué pour pointer sa baguette sur le brigadier. Enfin, il ne vit pas de baguette sortir mais un visage devenir rouge Beuglante. C’était parti pour un autre caprice, heureusement qu’il n’y avait pas de cube en bois pour l’étouffer. Il se contenta aujourd’hui de lui bousculer le bras et de crier. Il n’avait vraisemblablement rien compris. Pas étonnant. Avec un boulard comme il avait, il ne pouvait pas concevoir un plan bien rodé autre que le sien. C’est sûr que s’énerver si le vampire était tout proche était intelligent. Il oubliait peut-être que la créature avait une meilleure ouïe. En tout cas Tim ne suivait pas un plan où il était l’appât désigné sans concertation. Il ne ferait pas ce plaisir à Darko.

Le cadet passa devant lui et le bouscula. Tim sortit par reflexe sa baguette. Il ne pouvait pointer que son dos et pourtant il était tenté de lancer un sort impardonnable. N’importe lequel pourvu que l’autre se taise et cesse de se comporter comme un centaure. Le chaudron était plein. Avec cette disposition ce serait tout bonnement simple et efficace. Mais Timaël n’en fit rien. Non seulement il ne pouvait atteindre un membre de sa famille de cette manière, puis il se doutait que Nikita n’en serait pas très fière. Ce genre de solution, qui plus est dans le dos, ce n’était pas l’action d’une bonne personne. La sorcière méritait un sorcier avec plus de jugeote. Il laissa donc son frère disparaître, tachant de faire redescendre la pression. S’il voulait se débrouiller seul c’était son problème. Si au passage le vampire pouvait lâcher un croc dans sa gorge ce serait parfait. Mort il aurait bien du mal à l’interroger. Franchement à choisir, Tim préférait l’enterrement au mariage. Dans la première option il y en aurait un qui paraderait moins. Puis comme ça il n’aurait pas besoin de trouver ce foutu costume. Comme s’il avait le temps et qu’il voulait le dédier pour le mariage de son frère. Enfin, sur le terrain on n’abandonne pas un équipier, aussi débile soit-il. Le benjamin lui emboita ainsi le pas. Il avança rapidement et en silence dans les ruelles se fiant aux ombres devant lui. Il finit par rattraper le troll de la famille à l’angle d’une rue. Il se plaça sur le côté afin d’être dans son champ de vision. Il ne faudrait pas qu’il soit pris pour le vampire. Puis, il attrapa fermement le bras de son frère pour l’arrêter.


Il lâcha son bras aussi rapidement qu’il l’avait attrapé. Il avait parlé vite pour ne pas être interrompu et bien sûr il avait chuchoté pour ne pas recevoir des réflexions sur la forme au lieu du contenu. Maintenant il espérait que l’autre hybride lui donne un plan, si cela pouvait lui faire plaisir, ou qu’il se taise à jamais.

Pando

Tim aurait peut-être dû rajouter dans ses paroles que Darko non plus ne se mette pas en danger. Par exemple, en arrêtant d’agir seul et de se balader dans les ruelles sombres à la merci d’un vampire. Il ne dit rien ne voulant pas en rajouter une couche et ne voulant pas laisser entendre qu’en réalité il serait bien ennuyé si son frère mourrait lors d’une mission commune. Maintenant que la pression était redescendue c’est un événement dont il se passerait bien. D’une part cela risquerait de faire sauter sa titularisation. D’autre part un mariage était quand même beaucoup plus passionnant qu’un enterrement. Puis, Tim savait que leur mère se faisait une joie de cette cérémonie. Aussi abruti soit-il, il contribuait au bonheur des autres membres de la famille. Ce qui soulevait un dernier point, on ne perd pas aussi bêtement un Marloes. Bien que c’était l’autre centaure qui faisait cavalier seul, Tim serait bien gêné d’expliquer les événements à sa famille en cas de malheur. Pour se prendre des regards pleins de sous-entendus non merci.

Enfin, mis à part un regard noir et encore entre eux c’était avant tout pour la forme, Darko ne se débâtit pas. Il réfléchissait sans doute aux paroles du benjamin. Il ne trouverait sans doute pas grand-chose à redire car elles allaient dans son sens. Après tout, Timaël avait parfaitement conscience que des deux, c’était Darko qui maîtrisait mieux la dimension vampire. Ce binôme existait pour élargir le champ des compétences. Leurs supérieurs ne s’étaient pas seulement amusés en les faisant partir ensemble. Ils ne pouvaient pas savoir leur mésentente et ils attendaient à ce qu’ils mettent à profil leurs compétences respectives. Passé les plans où il serait l’appât, Tim était prêt à suivre les règles de son frère. Autant être rapides et efficaces maintenant qu’ils s’étaient fatigués à se chamailler. Puis, en revenant de leur mission réussie, ce serait Olga qui serait fière. Ça valait le coup de se plier aux règles du cadet, du moment qu’il ne s’y habitue pas trop.

Que serait Darko sans un long soupire exaspéré. Enfin, s’il ne s’énervait pas c’était qu’il avait intégré chacune des paroles de son frangin et qu’il ne les trouvait pas si aberrantes. C’est qu’ils commençaient à savoir communiquer. Bien sûr, Tim en prenait encore pour son grade. Le stagiaire. Darko aimait les coups bas. Comme si cela signifiait qu’il était incompétent. Mais Novak ne perdrait pas son temps à lui expliquer qu’une longue formation était gage de qualité et qu’il devrait plutôt être rassuré que la Brigade n’engage pas n’importe qui. Ce n’était pas le débat du jour. S’il tenait à suivre ses règles cela serait notifié dans leur rapport et Tim n’aurait aucun souci. S’il tenait tant à voir planter des canines dans son cou c’était son problème, pas celui du benjamin. Surtout qu’apparemment son vampire était une pauvre petite chose craintive. On aura tout entendu. C’était peut-être un homme, mais en attendant il aimait bien faire des gouters surprises en mode aléatoire. Bref, Timaël n’était pas convaincu par la comparaison avec les assiettes. À croire que Darko se jetait sur la moindre nourriture sans se soucier de la provenance. Il ne faudrait pas que sa future épouse décide d’empoisonner leurs petits plats.


Tim resterait sur la position de la méfiance. Un autre avantage de ce binôme. Darko l’idéaliste et Timaël le pessimiste. Qui l’aurait cru.


Le benjamin sourit. Il allait peut-être trop loin mais en attendant il comptait suivre le plan de son frère. Darko ne pouvait pas tout obtenir de lui.

Pando

Les chamailleries entre les deux frères étaient monnaie courante. Au fil des années Timaël savait dans quel domaine il pouvait le plus embêter son frère sans que ses paroles se retournent contre lui. Il suffisait de le précéder dans ce champ-là. Tim comprenait la métaphore, bien qu’il ne soit pas totalement d’accord avec elle. Dans un sens le vampire n’avait pas l’air de retenir sa folie meurtrière. Ce n’était pas juste un pauvre homme ou une pauvre femme qui tombait malencontreusement sur ses victimes. Il y avait à redire sur cette image d’assiette. Si Tim acceptait de suivre le plan de Darko, avant même qu’on lui demande, il n’allait pas se gêner pour rebondir sur les mots du cadet. Puis, il savait que cela exaspérait Darko. Voir ses paroles moquées par son petit frère était certainement beaucoup plus énervant que des insultes et remarques insipides.

Mission réussit. Darko soupira de nouveau. Tim cacha son sourire amusé. D’un c’était puéril, de deux il avait une autre mission que d’énerver son frère. À part la découverte d’un cadavre ils n’avaient guère avancé. L’avantage avec Darko est qu’il savait que lui non plus ne lâcherait pas l’affaire. Ils avaient tous deux trop de fierté pour s’avouer vaincus, du moins en sachant qu’ils pouvaient maitriser la situation. Le stagiaire jouait en partie sa titularisation sur ce coup. Certes jusqu’à lors ses supérieurs n’avaient rien eu à lui reprocher, mis à part son tatouage mais c’était une autre histoire. En termes de travail il avait été un bon élément. Ce n’était pas le moment de revenir à la Brigade la queue entre les jambes pour admettre qu’il avait trouvé là une limite. Encore moins en compagnie de Darko. Ils se mirent ainsi en marche. Tim resta à la hauteur de l’ancien Pozhar, même si c’était lui qui guidait le chemin. Il voulait bien suivre son plan mais il refusait de le suivre comme un elfe de maison.

Timaël s’arrêta quand Darko se retrouva statique. Un bâtiment les dominait. Il semblait totalement à l’abandon malgré quelques lumières qui perçaient à travers les vitres. À part des rats et des cadavres il ne voyait pas ce qu’ils pourraient trouver d’autres ici. Un endroit reculé parfait pour un vampire. Darko semblait en tout cas avoir cette idée. Pour Tim il fallait une preuve supplémentaire qu’il finit par voir sur la poignée. Le jeune homme réfléchit à la question posée. Si le pressentiment de Darko était juste et qu’il y avait bien plusieurs vampires, il serait plus judicieux d’appeler du renfort. Un vampire à deux est une bonne mission, plusieurs c’est du suicide. Pourtant si Darko se trompait, ils auraient l’air bêtes. Avant de désigner le cadet comme appât ou d’appeler les renforts, ils devraient s’assurer du nombre d’individus dans ce bâtiment.


C’est qu’ils allaient finir par se faire un câlin et se dire qu’en réalité ils s’aimaient plus que tout. Quoi que c’était certainement très exagéré. En tout cas après lui avoir dit qu’il acceptait de rentrer là-dedans avec lui et qu’ils deviendraient tous deux des cibles potentielles, il fallait qu’il réponde à la pique lancée. Comme s’il était un froussard. Il avait des défauts mais celui-ci n’en faisait pas partie. Il avait en revanche conscience qu’il était peu utile de se lancer tête baissée quand un plan plus sécurisé existait. Ceci dit ce qu’ils allaient faire n’avait rien de sécurisé.


Qu’il se retienne de lui rappeler le coup de la baguette s’il ne voulait pas se recevoir un coup dans le nez. La configuration était tout autre. Il était l’appât désigné alors qu’ils n’avaient même pas de plan d’attaque. La situation actuelle était différente. Sa prise de risque était réfléchie


Timaël avait sorti sa baguette prêt à entrer dans le bâtiment. Avant que son frère ne lui fasse une réflexion il avait anticipé la réponse. De toute manière il ne bougerait pas tant que Darko ne ferait pas le premier pas. Il avait accepté de suivre la hiérarchie et il comptait respecter cette promesse. De la même manière il ne ferait pas preuve de zèle. Après tout, il n’aimait pas tuer, même s’il avait été formé pour.

Pando

Son air de vipère condescendante. Chaque fois que Timaël voyait son frère prendre cette attitude, c’est-à-dire les trois quarts du temps, il n’avait qu’une envie, lui mettre son point dans la figure. Simple et efficace. Comme quoi il pouvait critiquer les moldus mais leurs techniques de combat étaient vachement efficaces. C’était quoi cette tête qu’il lui offrait. Celle de la vexation de se voir proposer une ébauche de plan ? Si le benjamin ne prétendait pas être infaillible et admettait que sur ce plan son frère avait une meilleure expérience, Darko virait violet à la moindre tentative d’ascendance sur lui. Si bien qu’il n’écoutait pas et qu’il ne comprenait pas. Ou plutôt ne voulait même pas chercher à comprendre pourquoi son frère sortait sa baguette et quelle idée il cachait derrière le mot espionnage. Sombre troll.

Tim leva les yeux au ciel. Dans les propositions faites par Darko il y avait celle d’entrée et maintenant cette action serait de les vouer à leur perte. À ce degré d’esprit de contradiction il fallait consulter. Oh non le stagiaire n’oubliait pas les capacités des vampires. Il l’avait prouvé jusqu’à lors. Il s’en méfiait sans s’en cacher. Ceci dit, il ne maitrisait pas avec exactitude les détails. Par exemple pour ce qui était de la portée de l’ouïe, ce vampire pouvait-il les entendre d’ici ou devait-il se concentrer un minimum pour cela. Il comptait poser la question à leur père le week-end suivant. Après tout, il n’était ni une créature ni spécialiste des êtres, il traitait majoritairement des infractions et crimes entre sorciers. Enfin, s’il les entendait déjà Darko avait déballé leurs possibilités sans se couvrir. Bien joué le prétentieux. Timaël ne voyait donc pas de raison de faire profil bas. Il acceptait de suivre son frère pas de se faire marcher dessus.


Timaël se sentait à la fois bête de lui répondre et en même temps il jubilait de lui retourner la politesse. Surtout cette dernière phrase avec laquelle il n’avait pas manqué d’imiter la voix de son frère. Pour leur laisser le temps de transplaner il fallait aussi repousser l’ennemi. Tim voudrait bien voir un vampire s’accrocher à la jambe du cadet avant qu’il puisse fuir. Ou alors carrément lui arracher. Manchot juste avant son mariage, quel dommage. Enfin Darkidiot était déjà en train de faire son petit plan de son côté sans expliquer les tenants et aboutissants. Le benjamin hésitait fortement à transplaner seul si la situation dégénérée. Ne m’oublies pas qu’il avait dit. Comme si on pouvait ne pas le remarquer avec ses airs de monsieur je sais tout. Ceci dit pour calmer le jeu il rangea sa baguette non sans la garder à portée de main. Le cadet avait à présent la main en sang et le vorace ne se fit pas prier pour sortir voir ce qui se passait sur le pas de sa porte. Un vampire. Pâle bien sûr, ce qui contrasté avec ses cheveux brun corbeau. Ceci dit, il n’était ni géant ni imposant.

Donc il fallait se présenter pour entrer. Il aurait pu dire que parmi les nombreuses aptitudes on pouvait trouver la susceptibilité et les bonnes manières. S’ils pouvaient entrer Timaël fit un pas alors que son frère posa un mouchoir sur sa plaie. Visiblement ni l’un ni l’autre ne maitrisaient suffisamment les sortilèges de soin. Ceci dit ce n’était pas le problème de Tim, l’autre se débrouillerait bien tout seul.


Le sarcasme quand il vous prend il ne vous lâche plus. Si Darko voulait absolument être le chef il n’avait qu’à être précis dans ses consignes. Sinon cela faisait de lui le pire dirigeant du monde.

Pando

Timaël sourit à la réponse de Darko face à son sarcasme. Du tac au tac. Mauvais goût. Ceci semblait amuser Darko en tout cas. Timaël leva les yeux au ciel pour la forme. Il lui en fallait plus pour être vexé. Pour son frère si peu de méchanceté était limite une véritable déclaration d’amour fraternelle. L’amour vache. Si tant est qu’ils s’aiment. Enfin ils étaient frères, ils n’avaient pas le choix sur ce point. En revanche ils avaient tout le loisir de se détester farouchement depuis leur plus tendre enfance.


Il ne savait pas réellement si Darko l’avait mordu mais c’était fortement probable. Disons qu’il avait toujours eu le sentiment que son petit frère était encombrant et qu’il fallait qu’il paye pour sa présence dans son territoire. C’était en partie pour cela qu’il était plus proche de sa mère. Au moins il ne risquait pas de croiser Darko dans ses basques. Puis cela laissait au cadet tout le loisir de s’accaparer le père. Quant à Petar ils étaient malheureusement contraints de se le partager. Pas facile avec le professionnel de l’individualisme. Enfin, même si le benjamin avait fait en sorte de se trouver d’autres occupations que celles de coller son frère, type approcher des moldus, cela n’avait pas empêché le cadet de le balancer sans vergogne.

Pour en revenir à la mission du jour, qui n’était pas la gestion de leur relation conflictuelle, Darko le dépassa pour entrer en premier. Quel gosse. Toujours à être sur les devants de la scène même lorsqu’il s’agissait de fleurter avec une mort imminente. Ils entrèrent à la suite du vampire dans une grande pièce, mais rapidement l’être leur faussa compagnie. Fermeture des rideaux, plus de lumière. Timaël pouvait affirmer qu’il était toujours bien vivant et qu’un vampire ne l’avait pas attaqué par derrière. En effet, il sentait la prise ferme de son frère qui le plaqua contre le mur le plus proche. Il avait toujours été plus fort et plus grand, la surprise l’aidait également dans l’action. Tim ne bougea pas et ne dégagea pas la main de son frère de son torse. Ce n’était pas le moment d’entrer en contradiction avec son lui. Ce petit côté paternaliste était même presque touchant. Darko mis fin à la pénombre. Le benjamin tâchait de s’habituer à la faible luminosité et à faire plus confiance à son ouïe. Il n’était pas vampire mais il pouvait confirmer que la pièce était vide.


Le stagiaire n’avait pas réfléchi. Autant laisser parler son instinct avant tout. Ceci pouvait tout simplement être un piège. Une tentative pour les faire craquer et attaquer. Si le vampire les avait suivi, il savait qui ils étaient. Même s’il tuait des innocents, il n’avait certainement pas envie d’entrer en guerre directe avec le Secrétariat. Puis comme l’avait expliqué Darko il était avant tout un humain. Les Marloes avaient signalé la position du dernier cadavre, s’ils ne revenaient pas vivants des effectifs plus importants seraient mis en place pour stopper cette tuerie. Il ne serait plus alors question de discussion. Si le vampire tenait à la liberté il devait certainement penser à cet aspect-là. Bref il ne fallait donner aucune raison d’éveiller son agressivité.


D’ailleurs s’il avait eu envie de les tuer ce serait déjà fait non. Ils étaient à découvert, privés de leur sens principal. Des proies extrêmement faciles. De toute manière maintenant qu’ils étaient rentrés ils ne pouvaient pas faire marche arrière au risque que la piste qu’il avait remontée ne serve plus à rien. Autant qu’ils mettent à profil leur entrainement. On leur demandait d’être rapides et efficaces. Surtout il ne fallait pas être faillibles. Epreuve numéro quatre.


Sur ses mots il ne se dégagea toujours pas mais sortit sa baguette pour éclairer à son tour la pièce. Un canapé enfoncé, une table, des chaises renversées, mais pas d’âme qui vive. La porte par laquelle le vampire s’était éclipsé était au fond et menée sur ce qui semblait être une cuisine.


Timaël désigna la porte. Encore une fois il préférait respecter le plan du cadet. C’était lui le spécialiste vampire. Il y avait peut-être une règle qui disait qu’entrer dans leur cuisine était un crime. On ne sait jamais.

Pando

Le dos collait au mur. La main de Darko qui ne s’était pas détachée de son torse. Timaël n’entreprenait aucun mouvement. Comme un parfait petit soldat il attendait l’ordre du plus gradé avant d’agir. Après ça, Darko n’avait pas intérêt de lui reprochait qu’il était incapable de rester dans les clous. Mis à part le coup de la baguette dans la ruelle il n’avait pas fait de vague. Et encore à ce moment la situation était différente. Ils ne s’étaient pas mis d’accord sur un plan, plus préoccupés à se tailler pour ne pas perdre l’habitude. Après tout, ce serait dommage que le travail d’une vingtaine d’années à s’écraser les pieds se perde par manque de pratique. Oui, mis à part le refus de tendre le cou sans plan Tim avait été conciliant. Une belle histoire à raconter pour le repas du dimanche au manoir. Les parents seraient fiers, réussite ou non. Si compté qu’ils s’en sortent. Ils pouvaient tout aussi bien se trouver dans un piège mortel.

La baguette du benjamin illuminait toujours la porte d’en face. Darko était-il en train d’intégrer les paroles de son frère et de réfléchir lui-même à la question qu’il avait posée. Ou bien prenait-il conscience qu’il était plus grand et plus fort que Tim. Non pas que ce dernier soit maigrichon. Il était filiforme tout en étant athlétique. Un gabarit d’endurance plus que de combat rapproché. La première épreuve de son initiation avait d’ailleurs était compliquée. Heureusement qu’il avait pu compter sur son adresse et sur sa réflexion pour prendre le dessus. Bref Darko pouvait tout aussi bien se rendre contre qu’il laminerait son frère en deux deux, surtout dans cette configuration. Se débarrasser du benjamin pour faire affaire avec le vampire. Enfin, il n’avait aucune raison d’agir ainsi. Rien n’indiquait que le vampire était vraiment prêt à leur parlé et dans le doute être deux était une sécurité.

Finalement Darko ne dit rien mais le libère. Il réactive l’étincelle au bout de sa baguette pour la pointer à son tour vers la cuisine. Une fois n’est pas coutume il s’avance. Au moins la réponse est claire, ils vont tenter de rejoindre le vampire. Timaël suppose que le plan de transplaner en cas de danger imminant et toujours d’actualité. C’est ce qu’il compte faire en tout cas. S’il y a plusieurs vampires ils ne feront pas le poids. Leur mission est avant tout de comprendre ce qui se trame. Il est ainsi préférable qu’ils rentrent vivants faire un rapport plutôt que de s’obstiner et de mourir sur place. Leur retour bredouille ne serait pas une réussite complète mais ils reviendraient avec des informations concrètes et sans doute utiles. C’était aussi le travail de brigadier de savoir évaluer le danger et de ne pas aggraver la situation.

L’ex Voda suit son frère de près. Dans la cuisine il distingue le vampire qui semble les attendre tout en restant en partie dissimulé. Qu’est-ce qu’il peut bien trafiquer. Cette affaire contient beaucoup trop de part d’ombre. Darko s’adresse une nouvelle fois à lui. Pour la diplomatie il est préférable de laisser travailler le spécialiste des êtres. Quoiqu’il en soit, ils seraient bien ennuyés s’il ne parlait pas un mot des deux langues proposées. Après un silence de mort le vampire ouvre la bouche. Timaël serait bien en peine de répéter les paroles prononçaient. Ce n’est ni de l’anglais, ni du bulgare. S’il s’agissait du serbe il aurait également compris. Au phrasé il ne s’agissait pas d’une langue slave méridionale. Vu où ils étaient, certainement du letton ou une autre langue balte. Les voilà bien avancés. Non seulement ils ne pouvaient le comprendre mais en plus ils ne pouvaient pas savoir si l’autre ne les comprenait vraiment pas ou ne souhaitait faire aucun effort. De plus il pouvait très bien avoir enjoint ses camarades de le rejoindre pour le dessert.


Timaël s’était exprimé en anglais car c’était la langue la plus influente du dernier siècle. En attendant il n’esquive aucun mouvement, ni de tête, ni des yeux, encore moins de la main gauche qui tient sa baguette. Son frère et à côté de lui, au moindre danger il se chargera de les faire transplaner. Après tout Darko lui a bien spécifié de ne pas l’oublier sur place. En attendant il se concentre sur ses sens. Ouïe et vision en alerte.

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Timaël ne savait pas trop quoi penser de cette mission. Elle n’avait rien à voir avec ce qu’il avait fait jusqu’à présent. Déjà il n’avait jamais eu à travailler avec le département de son frère car il traitait en majorité de méfaits provoqués par des humains. Pour un stage il n’avait eu que très peu affaire à des crimes. En tout cas jamais seul. Autant dire que se retrouver seul brigadier au milieu de cadavres laissés par un vampire était une sacrée mise à l’épreuve. À see demander si ses supérieurs n’attendaient pas justement un échec cuisant pour anéantir sa commission. Enfin obtenir une réponse à cette interrogation ne changerait en rien la situation. Encore moins maintenant qu’il se trouvait dans cette cuisine après avoir décidé de suivre son instinct. À présent il fallait être clair sur les priorités. Transplaner au moindre danger. Eviter le maximum de blessure. Soutirer le plus de renseignement possible pour le rapport. Interpeler le vampire. Que Darko soit en accord ou non avec cette suite, il n’aurait pas le choix. Le benjamin avait pour rôle de les faire transplaner, il ne ferait quand il le jugerait nécessaire.

Il ne parlait pas suffisamment anglais et bulgare. Ça Timaël ne manqua pas de le remarquer. Encore qu’il ne maitrise pas encore le bulgare pouvait se comprendre. La langue était imposée depuis peu, la Bulgarie était éloignée géographiquement parlant. Pour peu qu’il soit peu concerné par les intrigues sorcières. L’ex Voda n’était pas de ceux qui s’offusquait face à cette situation. Si on lui avait demandé, du jour au lendemain, de s’exprimer en français, il aurait certainement eu de nombreuses difficultés. En revanche qu’en 2134 il ne maitrise que très peu l’anglais était surprenant. Enfin, son opinion sur la pratique des langues était un peu biaisée par le fait que ses parents avaient toujours fait en sorte qu’ils soient capables de s’exprimer en plusieurs dialectes. Au moins il pouvait le comprendre lorsqu’il montra les chaises. L’invitation était claire et Darko ne se fit pas prier. Timaël était lui plus sceptique. Il n’aimait pas se retrouver assis, surtout lorsqu’il devait se préparer à agir rapidement. Enfin, il était suffisamment bien éduqué pour ne pas refuser une invitation. Il suivit ainsi son frère pour s’assoir à ses côtés.

La question le surpris. Timaël portait un pull et Darko un costume alors il ne pouvait pas voir leur tatouage. Ils n’avaient pas cessé de jacasser en bulgare mais cela ne signifiait pas grand-chose. Puis Timaël s’était adressé à lui en anglais ce qui n’était pas forcément le style Pozhiratelis. Son frère le regarda mais il ne laisse rien transparaitre. De toute manière il ne cherche certainement pas son appréciation. En revanche sa réponse le laisse sceptique. Pourquoi s’amuserait-il à fournir son opinion politique. Si on offrait ce genre de réponse à Timaël, il opterait immédiatement pour de la défensive. À la place du vampire il déduirait que les frères étaient bien Pozhiratelis. S’il en venait à la même conclusion, il fallait espérer qu’il n’ait rien contre les corbeaux. Ce jeu du sourd semblait en tout cas amuser le vampire qui rit de nouveau. Au moins il n’était pas vexé de ne pas avoir eu de réponse à sa question.


Clairement sa condition de vampire lui accorde un avantage et il en profite. Les frères ont l’avantage numérique, ce qui reste encore à prouver, lui a le reste. Qu’il soit pour ou contre il n’en fera pas part aussi facilement.


Timaël sortit son badge de la Brigade. Il avait conscience qu’employé du secrétariat ne signifie absolument pas une position neutre. Ils étaient la preuve avec leur double étiquette. Puis la gouvernance européenne était sous l’influence des corbeaux. Ainsi autant être clair sur les raisons de leur présence ici, à savoir les morts qu’il laissait trainer. De toute manière ce n’était pas parce que Darko s’était donné une double mission de ramener un vampire dans les rangs, que Tim devait oublier leur tâche première. Puis ils n’étaient pas agressifs, ils étaient même attablés avec lui. Jusqu’à preuve du contraire le gouvernement régulait les vampires, il ne les opprimait pas.


Timaël voulait bien le croire. Les corbeaux n’étaient pas une organisation illégale, s’il travaillait pour eux, il n’avait pas à s’en cacher. En revanche il replongeait sur le sujet des informations. Darko avait peut-être vu juste, il y avait des informations. À savoir si leur clavicule tatouée était un soucis ou non.

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C’était mort pour la commission. Stark allait l’anéantir. Les deux autres membres, même si ralliés à sa cause, ne pourraient rien pour lui. Cette mission était un fiasco complet et se retrouver dans cette pièce ne laissait rien présager de bon. Darko était en train de tout gâcher. À quel moment avaient-ils viré dans le non-sens ? Certainement lorsque le vampire était revenu sur le sujet des informations. Pour Timaël s’était suspect. Il avait expliqué clairement la raison de leur présence, mais la créature était revenue sur le premier sujet abordé par Darko. Soupçon fondait ou non, il y avait de quoi fouiller. Surtout si le vampire n’était pas seul. Tout un groupe contre les Pozhiratelis représentait un groupuscule contre le gouvernement en place. Pozhiratelis ou non ils travaillaient pour le Secrétariat et le vampire ne souhaitait certainement pas que deux employés fouillent trop de ce côté. Darko devait en être venu à la même conclusion. Ses premières paroles étaient équivoques. Si Tim avait grossi les rangs par devoir, son frère était lui fervent adepte de l’idéologie. L’ex Voda voulait en savoir plus sur les plans du vampire par devoir envers le gouvernement, l’ex Pozhar pouvait lui voir un affront contre son groupe. Que Darko conspire contre le mouvement ne laissait planer aucun doute sur ses intentions réelles. Pour son frère en tout cas. D’un point de vue extérieur il était convaincant et n’y allait pas avec de si gros sabots.

Lorsque Darko s’était levé pour lui tendre la main, Tim savait qu’il n’allait pas les conduire au paradis des vampires. Il n’avait pourtant rien dit. À l’image de son frère il avait enfilé le masque corbeau. Pour survivre en mission il fallait faire preuve de sang-froid et être en mesure de mentir. Il ne laissa pas son cœur vriller et il ne dit rien. Pour leur sécurité il ne fallait pas alerter le vampire. Pour rattraper la situation il devrait attendre d’être plus en sécurité au Secrétariat. Il attendit que le vampire attrape la main gauche de son frère pour s’accrocher à celle de droite.

Le repère. Le lieu est dans le noir, mais Timaël reconnaît l’odeur particulière des pièces dédiées aux interrogatoires. Un mélange de transpiration, de fer et de désinfectant. Le vampire lui n’a pas le temps de se situer que Darko s’affaire déjà à le neutraliser. Le benjamin se contente d’attendre dans un coin pour ne pas recevoir un maléfice ou un coup de canine par inadvertance. Il en profite pour réfléchir à un moyen pour arrêter cette mascarade. Ils dépassaient clairement les limites de la mission. Si compté qu’un interrogatoire musclé eut été nécessaire, il aurait dû se dérouler au sein du Secrétariat. Lorsque la pièce s’illumina, les suppositions de Tim s’avérèrent fondées. Sur la seule chaise de la pièce le vampire n’avait plus aussi fière allure. Cordes, verveine, le cadet n’avait rien laissé au hasard. Enfin la créature était encore sous le coup du stupefix ce qui laissait le loisir à Jovan d’éclaircir la situation. Timaël se doutait qu’un vampire se remettait plus rapidement d’un tel sort qu’un humain. Il lui restait donc peu de temps pour tenter d’arranger la situation.


Timaël continuait de garder le même sang-froid que lorsqu’ils avaient transplané. Il détestait ces pièces mais ne laissait rien paraître. Il ne faudrait pas que l’autre troll s’en amuse. De toute manière là n’était pas la question. Ils n’allaient pas s’amuser à torturer quelqu’un alors qu’ils n’avaient aucune preuve. Ce genre de procédé répugnait l’un des Marloes, mais visiblement l’autre ne se posait pas autant de questions.


C’est avec un regard noir de défis qu’il fixa Darko. Hors de question que cette goule lui gâche sa titularisation. Il était également inconcevable qu’il se défile, il ne lui ferait pas se plaisir. En transplanant avec lui, Tim connaissait les risques, seulement il pensait se retrouver au Secrétariat.


Il détestait la torture mais il n’en restait pas moins égoïste. Si leur soupçon était fondé le vampire passerait forcément par cette étape. Tim ne pouvait pas changer les choses mais il ne voulait pas être mêlé à cela, encore moins lorsque cela n’entrait pas dans les consignes de sa tâche.

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