(charlie et emily) – la chasse aux devoirs 

Si j’avais bien conscience d’une chose, c’était que les examens approchaient à grand pas et que je n’étais pas totalement prêt. Pourtant j’avais redoublé de sérieux durant mon trimestre à Dusmtrang. Enfin, disons pendant la seconde moitié. Après l’épisode du saccage, il fallait tout de même que je remonte un peu le niveau. Si ici, à Beauxbâtons, on apprenait que je m’étais comporté comme une goule et que j’avais fait honte à mon école, je pouvais dire adieu à ma super couverture d’élève sérieux. Puis, il fallait montrer le bon exemple à Babylon pour qu’il ne décroche pas et qu’il s’occupe l’esprit autrement que par ses soucis de paternité. Oui, il m’arrivait d’être un ami prévenant. Bref, pour la première fois de ma vie j’avais fait en sorte de faire mes devoirs. Sauf qu’à mon retour en France j’étais fatigué par ce travail acharné et en termes de délégation je m’étais fait plaisir, quitte a accentuer un peu la cadence. Puis, il fallait bien que je me mette à niveau vis-à-vis des notions vues en mon absence et non proposées à Durmstrang. Autant j’étais en branleur en théorie autant je ne laissais rien au hasard sur la pratique. À votre avis, comment je maintenais ma réputation de bon élève depuis six ans en ayant copié la moitié des devoirs sur les autres. J’étais tout simplement doué de mes dix doigts.

Samedi d’avant match. Jour de la récolte des derniers devoirs. J’avais compris depuis longtemps que les Félins rendaient généralement des devoirs bien meilleurs que ceux de mes camarades. Sauf que ces derniers étaient généralement solitaires et n’avaient aucune raison de m’aider. J’avais bien séduit quelques filles, mais quand les choses devenaient plus sérieuses je n’avais pas vraiment envie de parler bouquin. Si vous voyez ce que je veux dire. Durant ma troisième année, j’avais eu la plus brillante des idées. Déléguer aux plus faibles cette récolte des travaux. Généralement je choisissais mes larbins lors des premières semaines de l’année. Quand les premières années ne se méfiaient pas des grands méchants loups. C’était comme ça que j’avais rencontré Babylon, même s’il n’était pas devenu mon émissaire. Mes critères étaient qu’ils soient innocents et impressionnables. Il y en avait peu qui se méfiait de moi en réalité. Je pratiquais uniquement la manipulation de leurs petits esprits. J’étais sympa, je leur filais rapidement des petites astuces en pratique et en échange ils fouillaient leur salle commune pour retranscrire les informations glanées ici et là. Après cela, j’avais seulement besoin de mélanger l’ensemble, comme ça difficile de comprendre qu’il s’agissait de plagiat et le tour était joué. Quand je vous disais que c’était une idée de génie.

Bref samedi d’avant match. J’avais dit à Léo, Félin de première année, de me retrouver dans les jardins, plus précisément devant la passerelle romantique. La moitié des élèves seraient encore au lit ou en train d’émerger dans la salle à manger. J’étais presque certain que les professeurs dormiraient aussi. Puis demain aurait lieu la finale. Ils étaient beaucoup trop accaparés par cela pour se concentrer sur notre transaction. Cette finale tombait vraiment à pique. Il n’y aurait pas grand monde pour m’emmerder quand je recopierais les informations obtenues puisque mes camarades seraient nombreux à se rendre dans l’Amphithéâtre. Un peu de tranquillité dans cette salle commune malgré que notre équipe de nullos ne dispute pas le match. Enfin ce n’était pas plus mal, il n’y avait aucune gloire à gagner un jeu si débile. La rosée perlée encore, le ciel était couvert et Léo m’attendait avec sa baguette. Le sort d’Herbivicus donc. Qu’est-ce qu’il comptait faire avec cela. Enfin, si c’était son souhait du jour je lui donnai quelques astuces. Pour commencer mieux tenir sa satanée baguette. Une fois mon cours express donnait et le gamin content de voir l’herbe pousser sous ses pieds, il me donna mon dû. Il partit ensuite sans oublier son éternel « merci monsieur Victor ». Trop mignon. Oui je ne donnais pas mon nom, mesure de prévention. C’était ma quatrième année d’exploitation et personne ne s’était rendu compte de mon manège. Du grand art. Enfin, je n’allais pas rester trop longtemps, c’est qu’il faisait un peu frais. Puis c’était un peu désolant de se retrouver là sans partenaire à bécoter.

La passerelle romantique. Je ne comptais plus le nombre de jeunes filles que j’avais bécotées ici. La première peu de temps après mon arrivée ici. Une renarde que je fréquentais de temps à autre quand l’envie nous reprenait à tous les deux. Pas de panique je n’allais pas les remémorer une part une, cela me prendrait trop de temps et je ne voulais pas trainer ici. La seule que je n’avais pas entraînée ici était la fameuse féline qui me rendait fou depuis le début de l’année. Je ne la croisais qu’à la bibliothèque. Nos conversations étaient d’un ennui mortel car centré sur les cours et pourtant je rêvais encore de la guider sur la passerelle. Peut-être qu’une fois ses examens de dernière année terminés, elle accepterait une balade et un baiser. En attendant d’atteindre le boss, il y avait d’autres jeunes filles en fleurs qui appréciaient ma compagnie.

Bref je n’avais vraiment pas que ça à faire. J’allais me retourner pour partir lorsque j’entendis quelqu’un souffler dans mon oreille. Merde. Je restais stoïque. Dans le guide du manipulateur il ne fallait pas se laisser emporter par le stress. Notre pire délateur était nous-même. Bien que la voix ait articulé ses mots dans un murmure je la reconnus sans difficulté. Cette fichue infirmière. Depuis le début de l’année elle m’avait dans son viseur. Tout ça parce que j’avais été légèrement impatient pour qu’elle me soigne. J’avais peut-être été un peu désagréable, mais que voulez-vous, elle s’obstinait à m’interroger alors que je me courbais de douleur. Elle n’avait qu’à être réactive si la moindre remarque la vexait au point de me pister. Son harcèlement ne m’avait pas manqué lorsque j’étais à Dursmtrang. Au moins là-bas ils n’employaient pas de pie pour soigner les étudiants. Or à mon retour elle m’était de nouveau tombée dessus. Je repensais à ce forum des métiers où elle avait été tout bonnement insupportable ce qui m’avait contraint à lui répondre. Cette infirmière était la pire teigne de l’école. Un pou dont on ne pouvait plus se débarrasser.


Je me retourne un sourire aux lèvres. Si elle croyait que j’allais me démonter elle s’attaquait à la mauvaise personne. Même quand j’ai tort j’ai raison. Elle avait capté l’embrouille c’était évident. Elle n’avait pas pu inventer le Victor. Ceci dit, je ne savais pas à quel moment elle était arrivée. Si ça se trouve elle avait seulement vu le gamin partir sans voir l’échange avant. Puis voir une discussion de loin n’était même pas une preuve en soi. Elle ne pourrait jamais prouver quoi que ce soit. Ce qui m’arrangeait car je ne comptais pas être courtois avec elle pour me sortir d’affaire par ce moyen. À force elle me tapait sur le système. C’était marrant au début, mais là ça devenait de l’acharnement sur ma pauvre personne. De l’abus de pouvoir. Si je n’étais pas généralement en tort lors de nos accros, je n’aurais pas manqué de la balancer à la direction. Mister lampion aurait été obligé de prendre des mesures contre sa chieuse ambulante.


Désolé la vieille, je ne fais pas dans le dix ans au-dessus de mon âge.

Ça la faisait rire la cruche. Bah pas moi, j’en avais un peu marre d’elle. C’est qu’elle me pompait toute ma vitalité. La journée commençait super bien. J’avais récupéré mes ébauches de devoir, la passerelle romantique m’avait donné l’idée de passer l’après-midi en charmante compagnie. Vraiment une belle journée en perspective. Elle devait avoir un radar qui captait ma joie et elle s’évertuait à me la gâcher. Je ne voyais pas d’autres solutions à ce stade. Jamais là quand il faut, si comptait qu’il y avait des moments où sa présence pouvait être bénéfique. Quoique dans son infirmerie ça passait encore, après tout elle m’avait finalement soigné et j’étais ressorti frais comme un gardon et avec un plan pour détruire Beaumont.

Prendre mes rêves pour la réalité. Avec elle ? Plutôt crever. Elle se pensait vraiment parfaite. En réalité elle était belle mais sans plus. Franchement à se demander comment l’adjoint avait pu se retourner sur elle en particulier alors qu’il devait avoir un tas de prétendantes plus canons sous la main. Je levais donc les yeux au ciel. Mi-exaspéré mi-dégouté par l’idée d’embrasser un crapaud de ce genre. Elle ne pouvait pas se transformer en madame Jones, là ça vaudrait carrément le coup.


Franchement j’étais pas trop vindicatif. Limite sympa. À croire que Durmstrang m’avait assagi. Ou alors c’était Babylon. Ce dernier qui avait eu l’immense joie de voir sortir son rejeton par là où il avait rentré sa baguette neuf mois plus tôt. Non d’une gargouille pourquoi je m’imposais encore cette vision de l’horreur. La scène pourrait être risible car la Allison devait être encore plus laide qu’à son habitude, mais même pas. C’était juste cauchemardesque. Et surtout totalement hors propos. Le pire c’est que l’autre elfe en face de moi posa son attention sur les feuilles que j’avais à la main. Si j’avais été un peu plus concentré j’aurais au moins pu rendre leur présence un peu plus naturelle. Là j’étais limite pris la main dans le sac. Limite car elle ne pouvait pas avoir entendu la conversation à moins d’être entre Léo et moi. Il y avait un tas d’excuses à ma portée que je ne savais pas encore laquelle choisir. Enfin elle ne craignait visiblement pas de lâcher des suppositions hâtives.


Je lui souris. Ne pas se démonter et répondre vite sans réfléchir. Enfin plutôt répondre sans montrer que notre cerveau carbure pour délivrer une excuse potable en agissant le plus naturellement possible. Elle déduisait immédiatement que je trichais mais elle n’avait aucune preuve. En tout cas cela laissait supposer le niveau d’intelligence qu’elle m’accordait. Bête au point de tricher, ce qu’elle faisait même remarquer. Totalement déplacé sachant qu’elle n’était pas une lumière. Et la pique sur mes parents. Comment lui dire, mes parents se moquaient totalement de ma réussite à Beauxbâtons. Au contraire presque. Si je pouvais enfin avoir une scolarité normée, pour avoir un emploi normé. Ces histoires de magie ne leur importaient peu. Révoltant oui. Sans le vouloir elle avait touché la corde sensible. Pétase.


Je fis la moue. Pas mal crédible en plus. Enfin je n’avais même pas envie de me réjouir. La pique sur les parents me restait en travers de la gorge. Au moins ceci me permettait d’afficher un visage vexé non feint. Enfin, si j’avais pu m’en passer, après tout je suis bon acteur.

L’excuse du petit frère de l’ex trop énervée pour me faire face. Rétrospectivement c’était franchement pas mal comme idée. Bon cela n’expliquait pas pourquoi le gosse m’avait appelé Victor. J’espérais que ce détail ne fasse pas immédiatement tilte dans son cerveau, histoire que je trouve une raison plausible. Là dans l’immédiat je n’en avais pas, ou alors c’était complètement tirer par les cheveux. De toute manière avant d’en dire trop il fallait que je sache à quel moment elle nous avait surpris. Juste sur le départ du félin ou un peu avant alors que je m’emmerdais à lui prodiguer quelques conseils pour qu’il tienne mieux sa baguette lors de son sort. Dans le doute je devais inclure le maximum d’éléments réels. Il m’avait rendu les notes, soi-disant de sa sœur, je lui avais prodigué des astuces en maniement. Pourquoi ? Et puis merde mère indiscrétion n’était pas obligée d’avoir des réponses à tous les détails.

Bref. Ce n’était pas la préoccupation prioritaire car elle n’enchaina pas sur ça. Merci Merlin l’enchanteur. Elle semblait plus intéressée à me reprocher mon côté coureur de jupons. Comme si son opinion allait changer quelque chose à ma vie. Comme si ses conseils allaient trouver une oreille attentive. Une nouvelle fois j’étais atterré qu’elle rentre dans des suppositions fondées sur ses a priori. J’aimais être au cœur de l’attention mais les filles qui goutaient au plaisir de ma chaire savaient en quoi s’en tenir. Je ne leur promettais rien de plus que des moments agréables. Si elles cherchaient une histoire j’étais clair, très peu pour moi. Dans ce cas-là j’étais moi-même un jouet pour elles. Celui des convoitises. Franchement on pouvait très bien profiter de la vie tout en respectant les autres. Je n’étais pas du genre attentionné mais pour ce sujet je tâchais d’être respectueux.

En tout cas elle me faisait bien rire avec ses idées saugrenues. Elle prenait ses rêves pour la réalité. Visiblement elle serait ravie que je subisse du harcèlement. Elle avait définitivement une éthique douteuse. Enfin, ce n’était pas une nouvelle, c’est ce que j’avais cru comprendre dès mon premier passage à l’infirmerie. Passage dont elle faisait allusion en plus. C’est pas vrai qu’elle cherchait encore à démêler le vrai du faux. Que j’occupe autant de place dans son petit cerveau était assez inquiétant. Qu’elle se trouve une autre victime ma parole. Bref, je levai les yeux au ciel et la laissai continuer sur sa lancée. Quelle indiscrétion. Elle avait vraiment l’œil pour repérer les détails qui ne la regardait pas. Puis où trouvait-elle cette idée débile de message caché. C’était des notes de devoirs de potions point. Pas les miennes, même si je prétendais le contraire, mais ça, ce n’était pas son problème.


Reste calme Charlie, reste calme. Plus vite elle aura ses réponses, plus vite elle te lâchera la grappe.


Allier politesse et tacle. C’était la marque Guérin. Le luxe de la repartie. Moi qui ne savais pas quoi faire à ma sortie de l’école je pouvais réfléchir au lancement de mon entreprise.


J’étais clairement en train de dépasser les bornes. Même moi je m’en rendais compte. Est-ce que j’allais m’arrêter en si bon termes pour autant. Certainement pas. Puis c’était la vérité, elle sentait le vomi.

J’avais un principal défaut, j’avais du mal à fixer la limite du politiquement correct. D’autant plus si la personne en face de moi m’agaçait. J’aimais avoir le dessus sur les gens, qu’ils comprennent que je ne lâcherais rien avant d’avoir le dernier mot. Si je prenais en grippe quelqu’un je ne lésinais pas sur les moyens. Avec cet état d’esprit on pouvait penser que je n’avais que des ennemis. Bien sûr que non. Ma conception des choses était plus redoutable. Mes ennemis récoltaient mes foudres, mes amis se partageaient ma sympathie et les autres n’étaient que des pions. Ce gamin, Léo, je n’avais rien contre lui. Je me servais juste de lui en simulant un côté mentor. Dans la manipulation il fallait d’abord montrer un visage amical. L’humain cherchait bien souvent l’approbation qu’il en oubliait de se méfier. C’était d’une facilité déconcertante, comment s’abstenir d’en abuser. Cette infirmière je la classais dans la catégorie antipathique. Comme elle faisait partie du personnel je ne tentais rien contre elle. Je n’étais pas aussi bête. En revanche, si elle m’approchait je mordais. Visiblement elle partait sur le même principe. Sacré cercle vicieux.

L’odeur de vomi donc. Elle avait fini par attirer mon attention et j’avais vite compris qu’elle émanait de l’infirmière. Les stressés devaient certainement lui gerber dessus. Ecœurant. Rien que cette pensée pouvait noyer des vocations selon moi. Enfin ce type de travail n’avait jamais été mon délire. Se mettre au service des autres ? Et puis quoi encore. C’était déjà pas mal de donner un minimum de sa personne pour ses amis. Surtout quand les dits amis étaient des vampires comme Babylon et demandaient beaucoup trop de bienveillance. En tout cas j’étais persuadé qu’elle éprouverait un malin plaisir à me pousser dans les escaliers. Il n’y avait qu’à voir son visage qui s’illuminait à cette vision. Heureusement qu’elle tenait à son poste, ou plutôt à mister lampion. Note à moi-même, éviter dans les prochains jours toute personne ayant une dent contre moi. Je ne supporterais pas de finir à l’infirmerie au milieu des effluves de vomi. Autant mourir. Puis mon cerveau devait se concentrer sur les examens. Pour eux impossible de tricher. Autant la pratique c’était les doigts dans le nez, autant je devais un minimum avoir mes pleines capacités pour intégrer les notions théoriques et ne pas montrer un trop grand écart entre le devoir sur table et les devoirs de l’année.


Je comptais également pour une aversion réciproque pour qu’elle ne s’amuse pas à s’en prendre à moi. Nous savions tous les deux qu’en cas d’accident c’était case infirmerie, donc un nombre trop grand d’heures à devoir se supporter. En tout cas qu’elle m’interroge sur le programme me surprenait. Enfin c’était certainement pour vérifier si je faisais vraiment mes devoirs. Dans mes souvenirs nous avions travaillé des potions liées aux soins les autres années, mais pas celle-ci. De toute manière je n’aimais pas beaucoup cette matière.


Honnêteté et pas de tacle. Après ça elle ne pourrait pas dire que j’étais imbuvable. Surtout que je faisais en sorte d’être fidèle à ses paroles. En tout cas je suivais un minimum pour savoir les sujets des devoirs.


Franchement ma personne suffisait à séduire ces jeunes créatures. Ce n’était pas de ma faute si mon charisme et mon physique avaient tendance à les attirer. Encore une fois je ne les forçais à rien et j’étais toujours honnête sur mes intentions. Les seules qui restaient indifférentes étaient Lynn et cette fichue Féline qui m’attirait vachement. Pour ainsi dire une super amie et une fille presque inaccessible et pourtant emplie de douceur.


Je lui souris de toutes mes dents. Vraiment un sale gosse.

Définitivement un sale gosse. Faire dévier la conversation sur les devoirs vers le vomi, il fallait le faire. Bien sûr le contexte m’aidait grandement dans cette entreprise de noyer le poisson. Plus je l’embobinerais avec mes conneries, plus elle se concentrerait sur autre chose et oublierait ce qu’elle pensait avoir vu, un échange de notes. Franchement je préférais largement me vanter de séduire l’ensemble de la gent féminine du palais et de lui rappeler régulièrement qu’elle sentait mauvais. Cela me mettait à mon avantage, bien plus que l’idiot que je semblerais être si elle fouillait sur la provenance des notes transmises. Surtout que je n’étais pas idiot comme un manche, j’étais juste la flemme incarnée. Sérieusement pourquoi se faire chier avec de la théorie inutile lorsqu’on maitrisait déjà le sort. Les parties indication et contre-sort étaient utiles, je ne me permettrais pas de le nier. Un bon sorcier ne devait pas non plus employer les sorts n’importe comment. Mais sérieusement, l’histoire de la magie ou les propriétés de chaque ingrédient c’était barbant.

Elle n’avait pas besoin d’aide donc. Ça tombe bien princesse c’était une proposition rhétorique. Il faudrait me payer très cher pour un jour avoir l’idée de collaborer avec elle. Et encore les séquelles pour avoir supporté sa présence seraient telles que même face à un coffre-fort de Gallions j’hésiterais. Bref qu’elle émette l’idée qu’elle avait besoin de quelqu’un pour nettoyer me faisait doucement rire. Je ne supportais pas son odeur alors autant dire que je ne ferais que rajouter du travail si j’entrais dans son infirmerie. Puis elle pensait quoi, que j’allais m’abaisser à tel labeur. Je ne suis pas infirmier, encore moins au service de cette harpie et de mes camarades insignifiants. Qu’ils ramassent leur vomi et qu’ils retiennent par la même occasion la leçon de cesser d’être aussi stressé pour un simple examen. S’ils commençaient comme ça, ils n’iraient pas bien loin professionnellement parlant. Enfin, j’étais en train de divaguer lorsqu’elle s’approcha à une vitesse folle pour m’attraper le menton. Par Merlin, elle avait la folie romantique en elle. Elle allait faire quoi, m’embrasser et m’inviter dans son lit.

Non, m’inviter dans son infirmerie pour nettoyer. Pourquoi pas. De façon surprenante, l’idée me semble évidente. En tout cas elle s’impose dans mon esprit si bien que je ne pense qu’à ça. Puis ce n’est pas si mal de donner un coup de main. Mes devoirs passeront au second plan. Je plie en quatre mon papier pour le placer dans la poche de mon pantalon. Maintenant que j’ai les mains libres je ne peux qu’accepter.


Qu’on soit bien d’accord sur la proposition qu’elle venait de me faire. Je lui souris tout de même, attends sa réponse et commence à marcher. Il va faire bon aujourd’hui. Dommage que certains de mes camarades soient trop idiots pour rester à l’infirmerie. Surtout dommage qu’ils soient trop idiots à stresser ainsi et souiller le repère de l’infirmière. Après tout il risque de faire super bon aujourd’hui. Franchement pas un temps à rester enfermé. Attendez qu’est-ce que je suis en train de faire là. Pourquoi je marche à ses côtés bien décidé à l’idée de lui rendre service. Le périmètre de la passerelle est ensorceleur ma parole. Je n’ai absolument pas envie de la suivre. Alors que nous marchons je tourne la tête vers elle en levant un sourcil interrogateur. C’est quoi ce délire !

Incroyable. Rétrospectivement je me souvenais de lui avoir dit oui. Il ne fallait pas se voiler la face, elle savait autant que moi que je n’aurais jamais accepté sans un coup de pouce. Nettoyer le vomi, très peu pour moi. Être serviable auprès de cette harpie, plutôt mourir. Clairement la combinaison des deux donnait une réponse négative dans la seconde. Pourtant j’avais dit oui. C’était à rien y comprendre. Il devait y avoir un truc avec la passerelle romantique, soyons rationnels. Elle m’avait même répondu avec des mots terriblement provocateurs à base de finir dans son lit en sang. Quand je vous disais que c’était salace. Soit elle avait des délires étranges, soit elle avait été aussi envoûtée que moi. Franchement je ne voyais pas d’autres explications. Nous étions dans une école de magie, il y avait même d’autres lieux aux propriétés incroyables. Si cette passerelle était tant appréciée des amoureux c’est qu’elle devait avoir un côté enchanteur. Elle m’avait attrapé le menton, m’avait parlé avec une voix extrêmement séduisante. Il ne m’en fallait pas plus. Est-ce que je dois rappeler que j’ai dix-sept ans et que je pense aussi bien avec mon cerveau qu’avec mon entre-jambe. Elle avait beau être insupportable je ne pouvais pas cracher dans la soupe et dire qu’elle était dégueulasse. Elle était aussi canon que les directeurs, ça devait être un critère d’embauche de Beauxbâtons, je ne sais pas moi, pour promouvoir le charme à la française. Bref, tout ça pour dire que le côté envoutant du lieu avait pu me faire oublier que je la détestais. Elle s’était montrée avenante, j’avais cédé et maintenant que nous étions éloignés de la passerelle je me rendais compte de la situation qui s’opérait contre ma volonté.

Malgré mon regard qu’elle a forcément perçu, elle continue d’avancer. En plus de ça elle croise les bras sur sa poitrine. Tout le monde comprend le message, elle est fermée à la discussion. Je suis sûr qu’elle était au courant pour la passerelle et qu’elle a profité de la situation. C’est terriblement anti-professionnel. Sérieusement je pourrais me plaindre car je suis nettement la victime dans cette affaire. Surtout qu’elle rajoute maintenant de la menace. J’aurai tout entendu avec elle. Et en plus ça l’amuse. Que je hais voir apparaitre un sourire sur son visage de fouine. Je m’arrête pour croiser les bras à mon tour sur ma poitrine. Elle veut jouer au plus con, parce que je sais faire et je ne cèderai pas. Jamais. Mon papier contient des notes, que je sois honnête sur la provenance ou non, il contient toujours la même chose. Sa réponse elle l’a déjà eu donc elle peut arrêter de me prendre la tête.


Je marque un temps d’arrêt, pas encore certain d’assumer la suite. Et puis merde.


Ligne rouge franchie. Et alors. Malgré mon irrespect je m’étais montré poli jusqu’à maintenant. Visiblement trop car elle continuait de me harceler. Elle avait aussi franchi la limite. De toute manière qu’est-ce qu’elle peut me faire à part me donner une retenue, l’envoutement de la passerelle ne pouvait pas faire effet d’ici. En encore il faudra qu’elle trouve le motif et je ne me gênerais pas pour expliquer la raison de mon insulte. En attendant je la fixe de mon regard le plus noir. J’hésite à me barrer, mais je ne veux pas qu’elle pense que j’ai peur de voir sa réaction. Au contraire j’ai envie d’en être le spectateur. Alors l’autruche, comment comptes-tu me tirer les vers du nez ? En me vomissant dessus, en appelant en renfort lampion ?

Je la fixe toujours en attendant sa réaction. Bon, je veux bien admettre que je suis allé un peu trop loin. Pourtant, elle ne mérite pas moins. J’espère que le message est passé en tout cas, même si je me doute qu’avec elle ce n’est que le début d’une longue bataille. Vivement les vacances pour que je ne vois plus sa sale tête de fouine. D’ailleurs si elle pouvait se faire virer à la rentrée je ne serais pas contre. Je suis certain qu’ils pourraient trouver plus efficace et professionnel. En même temps, même moi je peux être meilleur infirmier, c’est dire la nullité de cette personne. Le directeur ne veut pas lui faire un gosse qu’elle s’occupe ailleurs ? Non vraiment elle me sort par les yeux.

Pour être honnête je n’ai pas besoin de la fixer bien longtemps, une fraction de seconde peut-être. En mode bulldozer elle me saute dessus. Littéralement, je ne mens pas. Complètement dingo ma parole. Sérieusement quand on bosse avec des adolescents faut savoir se maitriser. Si les professeurs agissaient comme elle il faudrait fermer Beauxbâtons pour coup et blessure. Elle m’attrape le visage au niveau du menton avec tellement de force qu’elle me brise presque le cou. C’est quoi ce délire sérieusement. Je cherche bien un instant à me dégager mais quand je parle d’une main de fer ce n’est pas qu’une image. Si je pensais que ça ne pouvait pas être pire je faisais une grave erreur. Son visage proche comme jamais du mien se transforme. Genre elle a la même tête, mais son regard rouge lui donne un air de psychopathe. Puis le clou du spectacle, les canines de dix mètres. Là on peut le dire, pompon sur la Garonne. Franchement je n’ai plus l’envie de fanfaronner. J’aurais presque envie de vomir même. Seulement mauvaise idée car sa pression sur mes joues et telle que je ne pourrais même pas ouvrir la bouche. On apprécie tous l’image.


Le mot sort difficilement mais au moins je sais que je peux encore parler. Enfin je ne suis pas certain que ce soit le moment de répliquer. La menace verbale et physique est suffisamment clair. Elle a un grain sérieusement et elle n’est pas humaine. Pas besoin de gravir les échelons du Secrétariat pour comprendre cela. Je ne connais pas grand-chose aux plantes, animaux et créatures magiques mais j’ai un minimum de culture. La nana a des canines, des yeux rouges et une force surhumaine, pas besoin de chercher midi à quatorze heures. Puis le détail de la passerelle me revienne en tête. Elle a forcément entendu ce que le gamin me disait ce qui était impossible à moins d’être à côté de nous ou d’avoir une ouïe prodigieuse.


Clairement pas ma voix la plus assurée. Comment dire je tenais tout de même à la vie. Elle avait déjà une dent contre moi autant ne pas en rajouter. Surtout vu la taille de sa propre canine si proche de mon cou. Sérieusement comment un mec aussi génial que moi peut mourir d’une manière si merdique. En attendant je ne cherche même pas à bouger, ce n’est pas vraiment le moment de se faire briser les cervicales et de finir en fauteuil. Puis mon regard mi-dégouté, mi-surpris, mi-apeuré, suffit à exprimer mon rejet.

Un vampire. L’infirmière débile est un putain de vampire. Elle peut se donner la peine de ne pas me répondre, j’ai la solution en tête. Ce qui fait de moi la cible favorite d’un monstre sanguinaire. Charlie les bons plans j’ai envie de dire. Je me demande bien comment je vais pouvoir m’en sortir cette fois, de préférence pas avec dix vertèbres de cassées ou pire vidé de mon sang. Est-ce que les directeurs sont au courant. Je veux dire l’adjoint qui partage son lit doit bien connaître la nature exacte de celle qu’il fréquente. Dans ce cas là il est d’une débilité profonde de laisser trainer ça au milieu de gamins. Sérieusement elle est à deux doigts de me faire la peau sans raison. Je veux dire j’ai juste été désagréable, ça ne change pas de d’habitude.

Ça l’amuse l’hybride. Elle prend ma remarque à la rigolade. Elle croit quoi, que je ne vais pas me plaindre. Je vous garantis qu’en moins de deux heures la directrice sera au courant du comportement de l’infirmière et que d’ici la fin de la journée l’école en entier sera avertie. Si elle pense me faire peur c’est réussi certes mais ça ne va pas m’empêcher de jouer au plus con. En plus elle me raconte sa vie. Mais qu’est-ce que ça peut bien me faire qu’elle soit plus vieille que mes grands-parents. Si elle pense que je vais lui souhaiter ses cent ans elle peut se mettre un pieu dans le cœur.

Lorsqu’elle repend une apparence plus humaine et qu’elle continue de me faire la morale j’ai envie de l’insulter. Bien sûr je tiens à la vie et clairement je ne suis pas assez débile pour provoquer un vampire en étant aussi isolé. Bordel un vampire. Vraiment je m’en remets à peine. Sans le savoir je risque ma vie depuis le début de l’année. Avec toutes les conneries que j’ai dit en sa présence je suis persuadé qu’elle s’est déjà imaginée en train de me tordre le cou. Super rassurant. C’est le moment de se taire et de se barrer vite. La riposte attendra que je sois bien en sécurité dans le palais.


Il faut que je trouve une autre stratégie. Surtout je dois m’écraser face à elle alors que je n’en ai absolument pas envie. Je ne suis pas du genre à reconnaitre mes torts, encore moins sous la contrainte. Puis, clairement elle a entendu ma combine. Ça craint. Elle était vraiment bien. Je ne suis pas certain d’en trouver une aussi brillante pour ma septième année. La pire reloue jusqu’au bout celle-ci.


Je ne lâcherais pas. La clé du mensonge c’est de garder toujours la même version et de ne pas en démordre.


Je la balancerais. C’est sûr et certain. Il fallait seulement que je me retienne de fanfaronner quand à mon ambition de la détruire.

Tellement flippante. Je dois bien admettre que mon visage se crispe à l’évocation de mes os brisés. Je ne sais même pas si elle en serait capable. À vrai dire, c’est ce que j’aurais fait depuis longtemps à sa place. Belle gueule ou non j’avais toujours été désagréable avec elle. Encore le jour de l’infirmerie on aurait pu mettre ça sur le dos de la douleur et de la frustration. Sauf que j’avais poursuivis ma quête pour l’emmerder. Vraiment en tant que vampire capable d’être débarrassé du poids en un coup de canine je n’aurais pas hésité une seconde. Enfin, peut-être qu’elle tenait à son travail auprès de son compagnon. Je ne voyais pas d’autres explications, mais ça voulait dire que j’étais encore un minimum couvert.

Elle désigna de la tête le palais. Donc elle me laissait repartir en détenant son secret. Il y a gnome sous terre. Qu’est-ce qu’elle a à gagner en faisait ça, surtout que je suis quasiment certain qu’elle peut me faire oublier une partie de l’histoire. À moins qu’elle veuille que je me souvienne qu’à l’avenir je n’ai plus intérêt à la faire chier. Dans un sens ce n’est pas bête, mais comment peut-elle être sûre que je ne vais pas la balancer. Ceci dit ce serait bête de ma part que je dévoile le secret maintenant. Après tout je suis indemne et je veux qu’elle se demande pendant un moment si j’ai parlé ou non. Histoire de la faire mijoter. Puis il faudrait que mette en scène les révélations. Il faut que cette école se souvienne de moi.

Bref, je reçois cinq sur cinq le message et je tourne les talons, mais j’ai à peine fait deux pas qu’elle parle dans mon dos. Quelle teigne ma parole. Et encore les menaces. Ça devient lassant ce manque d’originalité. Quoi que être menacé par une folle doublée d’un vampire ce n’est pas rien. Enfin je ne me retourne pas. Je ne lui ferai pas ce plaisir et que répondre à ça. Néanmoins, plus je m’éloigne plus l’envie de me retourner augmente. Et si cette salle hybride me suivait en silence pour me sauter dessus. Plusieurs fois je me retiens, mais avant de bifurquer l’envie est trop pressante. Je tourne donc la tête et la vois encore au même endroit. Je suis presque sûr qu’elle me suit des yeux et je suis presque sûr qu’elle se délecte que je me sois retourné pour protéger mes arrières. Par Merlin elle a gagné un point. Elle sait maintenant autant que moi que je ne suis pas tout à fait prêt pour la balancer. Avant cette révélation, il faut que s’assure mes arrières. Foutue infirmière. En plus elle m’a gâché mon plan devoir. Ludmila va en avoir marre de moi.