La promesse d'une belle nuit 

La promesse d’une nuit enchantée. Timaël trépignait littéralement d’impatience. En cinq mois ce n’était pas leur première soirée en tête à tête et pourtant, il était toujours excité par cette idée. Une soirée rien que pour eux. Plus besoin de faire attention, de faire comme s’ils étaient seulement amis. Avoir Niky rien que pour lui. Pouvoir la toucher, l’embrasser. La dévorer des yeux sans être interrompu. Une nouvelle fois, Tim se sentait comme un enfant le soir de Noël et il n’avait qu’une hâte, ouvrir la porte au plus beau cadeau du monde.

Le jeune homme n’avait cessé de croiser Nikita dans la journée. À croire que le destin désirait forcer les choses. Toucher distraitement sa main au coin d’un couloir, lui offrir un regard amoureux. Ne rien laisser paraître au regard des autres et en même temps accorder toute son attention à la présence de l’anglaise. C’est un jeu qu’ils jouaient à la perfection depuis des mois. Impossible à déceler aux yeux des autres alors qu’il remplissait de bonheur les journées de Tim, parce que tout ça était promesse d’instants intimes à venir. La journée avait été vraiment longue ce qui rendait l’attente encore plus savoureuse.

Dix-sept heures. Timaël attendait de voir passer Nikita avant de ranger lui-même ses affaires. Il ne faudrait pas qu’ils se fassent prendre aussi facilement. Qu’ils finissent tous les deux tôt aujourd’hui était déjà une grande coïncidence. Le passage de la jeune femme signa la fin d’une attente interminable. Le jeune homme finit consciencieusement son rapport avant de ranger à son tour ses affaires. Il n’avait pas besoin de se dépêcher et d’attiser la curiosité, l’appartement il l’avait préparé le matin même aux aurores. Vase rempli de fleurs sur la table haute de la cuisine. Plaids déposés sur le canapé. Draps soyeux empruntés au manoir pour offrir un cocon. Il ne restait plus que le repas à concocter et ceci était leur affaire à tous les deux. Ce matin il n’avait rien laissé au hasard. Certes, ils n’avaient rien de particulier à fêter. Ce n’était pas une soirée au programme bien différent de celles qui avaient précédés. Mais l’ordinaire pouvait cacher de l’extraordinaire. Il voulait que chaque moment ensemble soit gravé en eux. Après avoir fait semblant des jours durant d’une amitié platonique, ils méritaient ce bonheur.

En arrivant à Pleven, Timaël ouvrit les différentes fenêtres pour donner un nouvel air. Il passa dans la salle de bain se rafraîchir et se vêtir plus confortablement. Pantalon chino et chemise, il était prêt à accueillir son amante. Prêt pile à temps, il entendit toquer. Vérifiant l’heure à sa montre il ne pouvait s’agir que de Nikita. De toute manière ses parents n’avaient rien à faire chez lui un vendredi. Encore moins à une date si rapprochée du mariage de leur fils. Vraiment aucun souci à se faire de ce côté-là. Elena ne viendrait pas non plus, ils avaient déjà prévu de se retrouver le lendemain. À la rigueur il restait Kiera, mais généralement la cousine prévenait de son passage. Timaël en était certain, il s’agissait de Nikita. Il rejoignit donc la porte à pas rapide mais avec un large sourire sur les lèvres.

Comme un enfant le soir de Noël, il ouvrit la porte les yeux pétillants et comme demandé il trouva Nikita. Ni une ni deux il supprima les derniers centimètres qui les séparaient pour venir effleurer sa nuque et trouver les lèvres de la jeune femme. Tous les regards du monde et les effleurements ne pourraient jamais compenser un seul de ces baisers. Parce qu’ils étaient précieux et qu’ils ne pouvaient être dissimulés.


Peut-être faisait-il tout à l’envers, que le couloir n’était pas suffisamment intime. Or l’ivresse de l’envie faisait prendre des risques. Il s’écarta pour la laisser entrer avant de refermer la porte à clé derrière eux avec la promesse d’une nuit enchantée.

Pando

Timaël n’accueillait que très rarement chez lui. Lui-même ne passait pas beaucoup de temps à se prélasser sur son canapé ou à concocter des mets dans sa cuisine. En bientôt deux ans, il n’avait pas compté ses heures. Dès le début de son stage il avait été clair qu’il devrait se montrer disponible. Il verrait bientôt si cet effort-là serait concluant, même si quel que soit la réponse de la commission il ne regretterait pas. Quitte à faire un travail, autant ne pas le faire à moitié. Il ne serait en revanche pas contre des horaires plus correctes une fois sa période de stage terminée. Ce n’était pas question de faire le minimum mais surtout de s’accorder du temps. Il ne pourrait pas vivre toute une vie avec si peu de repos. Il ne pourrait pas non plus concilier avec une vie de famille selon sa conception du temps que l’on accorde à ses proches. Cette conception qui le poussait la majorité des dimanche à partager un diner de famille au manoir. Il avait vu avant lui ses frères en faire autant, même si maintenant ils se partageaient avec leur propre vie sentimentale. Timaël n’avait pas encore cette excuse, Demetria se trouvant à Durmstrang et Nikita échappant aux multiplettes des Marloes.

Timaël n’avait pas l’habitude d’accueillir et devenir hôte était un casse-tête pour lui. Encore plus si l’invitée était une personne qu’il aimait tant. Il se demandait chaque fois si son appartement plaisait. Pour passer des nuits il avait tout ce qu’il fallait, mais sinon il semblait certainement austère. Et encore il avait l’avantage naturel d’être lumineux. En comparaison il ressemblait plus à un enchainement de pièce de Durmstrang qu’au manoir. Depuis quelques mois il s’inspirait donc des goûts des parents pour remplir les murs vides et l’espace comportant le strict nécessaire. Il avait augmenté sa collection de vaisselle dans la cuisine, acquit un vase à déposer sur la table. Il avait récupéré des photos d’amis et de famille pour donner un peu de vie. Il avait acheté une bibliothèque qu’il remplissait quand l’occasion se présentait. Le plaid sur le canapé était tout récent. Il avait même poussé le vis en achetant un tapis, donnant ainsi une illusion de confort. Tous ces efforts pour rendre agréable les soirées qu’ils passaient ici en compagnie de Nikita. Changement que sa mère associait à un fis qui voulait plaire à sa future épouse. Les apparences étaient bien conservées.

Si Timaël se posait mille questions, Nikita semblait ne pas faire autant de manières. Lorsque ses bras s’enroulèrent autour de son cou, il plaça naturellement son menton sur le haut du crâne de la jeune femme. Les considérations sur le confort pouvaient attendre, ils pouvaient ce soir passer du temps ensemble à la façon de deux personnes qui s’aiment sans éveiller des soupçons. C’était le principal après des jours piquants à faire comme si de rien était. Timaël ne cessait de remarquer les progrès de Nikita en bulgare, même s’il lui était étrange de discuter avec elle dans cette langue. Ils avaient jusqu’à lors toujours communiqué en anglais. Il savait qu’elle était dans l’obligation d’adopter cette langue et pourtant c’était une autre chose à laquelle elle devait se faire sans rechigner. Cela rappelait au Marloes que leurs vies étaient dictés sur d’autres pans et qu’un projet d’avenir entre eux n’était pas accepté par la société et encore moins par ses parents. Là encore il ne préféra pas s’embrumer l’esprit avec ses états d’âme. Elle lui posait une question simple et ne s’inquiétait peut-être pas autant que lui. Puis il se disait que s’il était contraint d’apprendre la langue française, son effort serait valorisé par le rapprochement que cela opèrerait avec les origines de Nikita. Tous les moyens étaient bons pour se rassurer. Peut-être devaient-ils simplement tirer le maximum de positif de cette situation.

Lorsque Nikita s’écarta et lui posa une seconde question, Timaël jugea définitivement qu’il fallait profiter du moment. Ils avaient déjà longuement discuté de la complexité de la situation. Ils n’étaient pas forcés d’en faire l’épicentre de leur relation. Ils avaient tant de sujet à aborder, beaucoup plus simples et pourtant beaucoup plus représentatifs de qui ils étaient. A commencer par ce qu’il avait prévu. Tim n’avait rien préparé mais il comptait bien proposer un repas typiquement bulgare. Il appréciait cuisiner quand il en avait le temps et adorait l’idée de partager la préparation avec elle. Pas besoin de lui expliquer le contenu des plats et les moyens de cuisson, elle le verrait avec lui.


Il savait des choses sur Nikita mais pas sur ses compétences en cuisine. Ce soir il pourrait découvrir une autre facette de la jeune femme qu’il aimait et l’idée était simplement exquise.

Pando

Nikita savait déjà qu’il aimait le Quidditch. Pas seulement en tant que joueur, mais aussi en tant que spectateur. C’était même les circonstances de leur première rencontre et même des suivantes. Avant de partager le même travail, ils avaient partagé des passes dans les airs et des discussions enflammées sur les tournois. En revanche Nikita ignorait certainement qu’il appréciait autant cuisiner. Au contraire du sport, cette passion ne lui était pas venue par sa famille. Ses parents cuisinaient peu, ils étaient trop pris par leur travail et préféraient passer leur temps libre directement avec leurs garçons. Puis de toute manière la gouvernante était justement là pour ça. Darko et Petar avaient très certainement hérité de ce trait. En tout cas, ils avaient tous deux un travail qui leur permettaient de recourir aux services d’un employé de maison. Puis ils n’avaient pas connu la fameuse punition accordait aux idiots qui tentaient de fréquenter les moldus du village voisin. Après tout, Olga et Ivan Marloes n’avaient rien trouvé de plus humiliant que l’épluchage et le découpage de légumes pendant un mois sous l’œil sévère de la gouvernante. Ce que cette femme faisait en un tour de baguette, Timaël prenait chaque jour des heures. Temps qu’il aurait pu passer dans le parc sur un balai. Cuisiner en version moldu avait été la punition pour lui faire comprendre qu’ils n’avaient rien d’intéressant et que leur vie sans magie était morne voire ridicule. Hors très vite, Tim avait trouvé la compagnie des pommes de terre plus agréable que celle de son frère. Puis la gouvernante avait fini par apprécié la présence de la petite tête brune qui au moins avait la décence de s’intéresser à ses recettes.

Maintenant l’opération était moins fastidieuse car il connaissait le béaba des sortilèges domestiques. Ceci dit, le temps passé en cuisine restait agréable. Timaël regarde Nikita jouer la consternation à l’annonce du programme de ce début de soirée. Il sourit en la voyant s’affaler sur le canapé. Il apprécie ceci chez elle. Là où lui-même était encore soucieux, la jeune femme semblait tout à son aise. Comme un poisson dans l’eau.


Il rit contente qu’elle sache si bien le décoincer. Vite elle se leva. Donc elle aussi aimait cuisiner. C’était une super nouvelle, ils partageaient encore autre chose en commun. Puis l’opération serait certainement moins fastidieuse même s’il ne voyait pas d’inconvenant à passer des heures en cuisine en sa compagnie. Ainsi elle partageait ceci avec son père. Tim était dans une certaine mesure envieux. Il est clair que leur famille ne fonctionnaient pas de la même manière. Ceci dit, il ne pouvait pas reprocher à ses parents de ne pas leur avoir accordé du temps et de l’attention. Seulement les activités familiales étaient différentes.


Timaël lui sourit avant de se retourner pour récupérer les fameux tabliers. Nikita n’allait pas être la seule à admirer l’autre. Cette dernière revenait d’ailleurs vers lui après s’être déchaussée. Il fit le dernier pas pour supprimer toute distance entre eux. C’était agréable de ne pas devoir regarder par-dessus son épaule pour s’assurer que leur intimité était bien complète. Personne ne risquait de les surprendre. C’était une chance de pouvoir travailler ensemble, mais parfois la contrainte était nettement perceptible. C’est pour cela que ces soirées étaient précieuses.


Sur ses mots il l’embrassa sur le bout du nez. Il ne devait pas oublier si vite la mission cuisine.

Pando

Timaël se détendait de plus en plus. Nikita n'avait rien à craindre ici, ils étaient à l’abris des regards. Ils allaient simplement passer une douce soirée ensemble. Il n'était pas question de se poser mille et une questions ce soir. Sa mission avec Darko ou le mariage de son frère à venir ne devaient pas venir gâcher cet instant particulier. Pour cette fois ils allaient vraiment profiter de ce temps à deux sans mettre les sujets délicats sur la table. Après tout ils leur accordaient déjà suffisamment de place. À défaut de pouvoir se projeter dans l’avenir, l’instant présent devait toujours être savoureux. La jeune femme lui sourit avant de jouer une nouvelle fois la comédie pour le plus grand plaisir de Tim. Il avait l'impression qu'elle se sentait à l'aise ici et c'était avant tout ce qui lui importait. Après tout, s'il avait tâché ces derniers temps de rendre le lieu moins austère c'était pour elle. Il lui sourit en retour en haussant les épaules.


Il déplia le tablier sous les yeux de Nikita. Il plaça la première lanière autour du cou de la jeune femme. Puis il se déplaça dans son dos. Il commença par libérer ses cheveux en veillant à ne tirer sur aucune mèche. Il s'assura ensuite de la bonne position du tablier avant de nouer délicatement la ficelle dans son dos. Il tâcha de ne pas serrer trop fort pour ne pas la restreindre. Tim entoura ensuite ses épaules puis déposa un baiser dans son cou. Si seulement cet instant pouvait durer éternellement. Il se sentait si bien alors que la situation était des plus classiques. Hors, il n’oubliait pas le repas qu’ils devaient préparer et qu’il devait répondre à la question posée. Ainsi, il approcha ses lèvres de l’oreille de Nikita pour lui susurrer quelques mots.


Il se plaça de nouveau face à elle, un petit sourire accroché aux lèvres. Nikita se débrouillait de mieux en mieux avec la langue maternelle de l’ancien Voda. Tim ne cessait de remarquer ses progrès depuis plusieurs mois. Alors qu'ils avaient toujours parlé ensemble en langue anglaise, ils passaient progressivement au bulgare comme la loi l'attendait. Ceci dit son accent ne trompait pas, le jeune homme le distinguait parfaitement. Ceci dit c'était très séduisant. De toute manière il n'était pas envisageable de se moquer, il comprenait l'effort que cela supposait. Enfin, pour le coup elle avait bien égratigné le nom de son mets favori.


Doucement il glissa derrière le plan de travail pour se retrouver du côté cuisine. Avant toute chose, il voulait lui faire plaisir et ne serait pas gêné de changer ses plans pour que le repas soit apprécié.

Pando

Est-ce que Nikita allait aimer les plats qu’il avait imaginés cuisiner. Il est vrai qu’il n’avait pas pensé à lui demander une liste d’ingrédients qu’elle n’appréciait pas, puis il ne connaissait pas vraiment ses goûts dans ce domaine. Cette soirée cuisine pouvait s’avérer finalement risquée. Enfin le plus important n’était pas tant dans la dégustation mais bien dans la préparation. Timaël souhaitait lui présenter les recettes de son enfance et se révéler encore un peu. Il voulait lui montrer également que la Bulgarie n’était pas que l’épicentre d’un mouvement totalitaire et parfaitement nocif. C’était aussi son pays qui lui avait offert une certaine culture s’étendant jusqu’à l’aspect culinaire. Puis, c’était pour eux l’occasion de faire autre chose ensemble. Certes ils ne s’ennuyaient pas à deux, ces moments d’intimité n’étant pas infinis, mais ils pouvaient tout de même innover. Visiblement il avait su viser juste parce que Nikita aimait également cuisiner et disait ne pas prendre suffisamment de temps pour cela.

La description de la Banitsa ne sembla pas éclairer davantage Niky. Ce n’était qu’un détail certainement pas suffisant pour faire reculer le Marloes. Lorsque la préparation sera lancée, le contenu du dessert sera beaucoup plus clair. S’il la voit grimacer il trouvera autre chose. Son menu lui tenait à cœur puisqu’il aimait ces plats, mais il préférait avant tout lui faire plaisir. Les choses n’étaient pas gravées dans le bois de la baguette, il y avait dans cette cuisine de quoi trouver une alternative. Enfin pour le moment l’anglaise était ouverte à la surprise. Tim garda son sourire également touché par ses mots. Il ferait le même effort pour découvrir ses préférences et il était heureux que cela soit réciproque. Bien sûr, cela le surprenait peu, ce qu’ils partageaient n’avait jamais été à sens unique. Nikita lui offrit un bisou, se lava les mains et il limita. Par quoi allaient-ils commencer ? La Banitsa, encore elle et pas seulement pour éclairer plus rapidement la jeune femme. Le dessert bulgare demandait un certain temps de cuisson et s’ils voulaient également manger il était préférable de débuter ainsi.


Sur ses mots, il pointa sa baguette vers les différents placards pour faire venir les ingrédients nécessaires sur le plan de travail. Le bulgare cuisinait de cette manière, en partie avec la magie essentiellement pour ne pas partir dans tous les sens, l’autre sans parce qu’il avait appris ainsi. Plus ou moins induite par la contrainte, cette manière de faire lui convenait. De toute manière il ne pratiquait pas suffisamment les sortilèges domestiques pour les utiliser ce soir. Tim se demandait quelles étaient les habitudes de Nikita en la matière. Si elle cuisinait au sein du cocon familial peut-être davantage sans. C’était une question qu’il penserait à lui poser. En attendant tous les éléments attendaient d’être cuisinés.


Il déposa sa baguette sur le plan de travail et fixa Nikita le sourire sur les lèvres.

Pando

Nikita semblait n’avoir jamais entendu parler du plat favori du bulgare. Elle inversait même les lettres en le prononçant. Lui faire deviner quelle était la première étape était assez audacieux. D’après les connaissances qu’il avait sur la cuisine anglaise ou même française, ce n’était pas forcément les mêmes ingrédients qui étaient utilisés. Ceci dit Timaël était bien curieux de l’idée qu’elle pouvait finalement se faire du dessert. La jeune femme ne se laissa pas impressionner et lui répondit après avoir observé les ingrédients que le stagiaire avait fait venir jusqu’au plan de travail. Un sourire apparu sur son visage et il hocha la tête. Afin de lui signifier qu’elle avait été particulière clairvoyante, il commença à mélanger les dits ingrédients.


Cette fois-ci son sourire se fit davantage espiègle. Il constatait les progrès nets de son amante, mais trouvait son accent si charmant qu’il ne pouvait s’empêcher de le relever.


Pendant ce temps, Tim s’afféra au mélange. Ce n’était pas l’étape la plus intéressante alors autant s’en charger. Puis les mouvements circulaires et répétitifs pour homogénéiser la préparation avaient une vertu relaxante. Cuisiner était définitivement une activité qu’il appréciait. Après une journée à courir partout pour se faire une place au sein de la brigade il pouvait se vider l’esprit dans sa cuisine. Nikita à côté de lui n’avait pas l’air malheureuse. Elle ne semblait pas non plus mal à l’aise dans l’appartement du bulgare. Timaël se torturait certainement trop l’esprit pour pas grand-chose. En définitif cette activité lui permettait de profiter simplement de la personne qu’il aimait.

Après plusieurs minutes de silence, Nikita lui offrit un baiser. Il étudia ensuite la question posée. Où avait-il trouvé son appartement. C’était une longue histoire. Ses parents n’appréciaient pas la proximité des moldus. Le manoir limitrophe de la ville de Pleven était pourtant particulièrement isolé. Ils comprenaient l’importance pour leurs garçons de voler de leurs propres ailes, néanmoins ils n’admettaient pas que cela les rapproche des impurs. Trouver un appartement dans une ville si peu prisée par les sorciers avait été un véritable défi. Accepter que le benjamin adopte un mode de vie éloigné du leur était une chose, accepter de faire appel à n’importe qui en était une autre. Olga avait finalement dégoté la perle rare après le décès d’une des seules sorcières présentes dans le secteur et Timaël avait aménagé au cours de sa première année de stage. En définitif, il s’agissait d’un coup de chance car la situation et l’exposition était idéale.


Il lui sourit. À vrai dire pendant un an il n’avait pas fait d’effort pour le remeubler. Il ne passait pas suffisamment de temps ici et une cuisine fonctionnelle et un lit lui suffisait amplement. Depuis qu’il fréquentait Nikita il avait fait des efforts pour personnaliser davantage les lieux et les rendre plus chaleureux.


Timaël n’avait connu que les contacts de ses parents pour acquérir ce dont il avait besoin. Il ne connaissait pas grand-chose aux autres moyens de trouver des biens. De manière générale, il ne connaissait pas grand-chose à ce qui approchait le mode de vie moldu. Aux côtés de Nikita, il avait envie de s’ouvrir plus.

Pando

Timaël avait bien conscience qu’il pouvait paraitre inculte avec cette question. Être si peu éduqué à ce sujet pouvait être risible. Ses parents avaient pourtant une toute autre opinion sur la question. Le monde moldu était une perte de temps. Maîtriser trois langues, les convenances et la magie noire était au contraire nécessaire. Il devait savoir communiquer avec les diverses branches de sa famille. Son rang de sang-pur lui imposait de fréquenter des personnes dignes souvent aisées. Puis, il devait se défendre de l’influence des impurs et attaquer ceux qui lui imposaient cette présence. Tim avait appris à être un représentant stéréotypé de son statut. S’il s’était entendu avec son frère. S’il ne s’était pas tant ennuyé dans ce manoir au point de défier l’interdiction de fréquenter des moldus. S’il n’avait pas joué avec ces enfants qu’il n’avait pas trouvés si différents, en tout cas pas mauvais. S’il était resté à sa place, il ne se serait jamais questionné. Il serait devenu ce qu’on attendait de lui sans les remises en question. Mais, il ne s’était pas entendu avec Darko, il avait fait preuve de curiosité. Malgré les réprimandes, l’idée que ces gamins lui ressemblaient au fond l’avait poursuivi. À l’école il n’avait pas constaté ce qu’on lui faisait croire. Il n’était pas meilleur que ses camarades sang-mêlé. S’il l’était c’était parce qu’il était formaté pour cela. Puis, il avait rencontré Maëlle et Nikita, il était devenu ami avec Elena. Tim refusait de considérer ces jeunes femmes, qu’il estimait sincèrement, inférieures à lui. L’idée était tout bonnement fausse.

Pourtant, malgré toutes ses bonnes intentions, il ne s’était pas penché sur leurs connaissances à l’extérieur du monde sorcier. Il ne connaissait rien à la littérature ou aux sports des moldus. Il savait à peine comment fonctionnait leur univers. Avec eux, il ne partageait que la langue et encore, de nombreux termes étaient différents. Timaël n’imaginait pas vraiment comment les agences fonctionnaient, mais cela le rendait curieux. Il avait envie d’apprendre. S’il refusait les idées reçues, il devait également faire l’effort de comprendre. Nikita lui expliqua sans se moquer. Cela suscita d’autres questions. À qui appartenait ces biens alors ? À un inconnu, aux agences, aux nouveaux propriétaires ? Avec quelle monnaie Nikita avait payé cette agence. Enfin, il n’eut pas le temps de la questionner davantage, elle lui indiquait déjà que les amandes étaient prêtes.


Il prit la poêle, ajouta les amandes à la préparation. Il fit quelques tours supplémentaires avant d’étaler la pâte sur le plan de travail.


Il mit en application avec des gestes experts les étapes qu’il venait d’énoncer. Il était clair que l’aspect n’avait pas la finesse de certaines pâtisseries françaises. Timaël espérait que Nikita ne serait pas dégoutée de ce dessert avant même de l’avoir gouté. Ceci dit, il ne doutait pas qu’elle ferait l’effort d’en prendre une bouchée. Après tout, ils avaient mis du cœur à l’ouvrage.


Il sourit à Nikita et l’embrassa tendrement. Puis, il entendit la sonnette suivie de son nom complet prononcé par une voix familière. Sa mère.

Pando

Timaël Novak Pavlovic Marloes. Le dessert venait à peine d’être enfourné. Timaël embrassait Nikita sans avoir conscience que sa mère se trouvait à quelques mètres d’eux. Puis la sonnette sonna. Pendant un maigre instant il croisa les doigts. Il pouvait toujours s’agir d’un voisin ou d’une de ces personnes qui démarchaient jusqu’au domicile. Mais la voix qu’il entendit ne laissa planer aucun doute. C’était sa mère et elle semblait mécontente. Il fallait bien cela pour qu’elle se déplace à l’improviste chez lui. Cet appartement mitoyen à ceux habités par des moldus n’était pas à son goût. La raison de sa présence était certainement le courrier qu’il lui avait envoyé le matin même pour la prévenir qu’il manquerait le repas dominical. Suite à la mission chaotique avec son frère il n’avait pas vraiment envie de le croiser, ni même de l’entendre se vanter du travail qu’ils avaient fait pour les Pozhiratelis. Mais Timaël avait déjà manqué un déjeuner et madame Marloes était certainement furieuse qu’il fasse le mort. Le nom complet et la voix légèrement enflammée qu’il entendait en disait long.

Les chuchotements de Nikita sortirent Tim de ses pensées. Il hocha la tête pour lui confirmer. Ils avaient un gros problème. Olga Marloes ne faisait pas partie des plus extrêmes, elle n’était pas dérangée par la présence, à ses côtés, de sorcier de sang-mêlé. Ce n’était pourtant pas une raison pour établir avec eux des relations étroites. Si elle rencontrait Nikita ce soir, elle comprendrait. Ils auraient beau paraitre innocents et prétendre qu’il s’agissait d’une simple réunion entre collègues, elle ne les croirait pas. Elle verrait immédiatement le dessert dans le four, elle ferait forcément le lien. La brigadière devait se cacher et vite. Elle en venait à la même conclusion en s’écartant. Elle se retrouva au milieu de l’appartement et semblait visiblement ne pas savoir où se dissimuler si bien qu’elle s’approcha de nouveau. Timaël serra à son tour sa main légèrement anxieux. La sonnette raisonna de nouveau. Il devait trouver une idée et vite, il était hors de question que Nikita devienne une cible. Heureusement, il était formé pour agir sous la pression.


Il chuchota à son tour. En gardant sa main contre celle de la jeune femme, il se dirigea vers le placard en question. Il ralentit lorsque Nikita attrapa son sac et sans un bruit il écarta quelques vêtements pour lui laisser de la place. Il détestait cette situation, si seulement ils n’étaient pas contraint de se cacher. Il se haïssait de lui faire subir cela. Elle choisit ce moment pour l’embrasser ce qui le rassura un instant. Si seulement elle pouvait ne pas lui en vouloir. Puis, elle lui fit signe qu’il pouvait fermer la porte. Il n’avait pas le choix, mais avant cela il entoura son visage de ses mains et posa ses lèvres sur son front. L’instant d’après, il ferma le placard en laissant un léger interstice. C’était idiot, mais ainsi Nikita pourrait entrapercevoir les mouvements dans la pièce. Dans le pire des cas elle pouvait se préparer à dégainer sa baguette.

Timaël se tourna ensuite vers l’entrée pour accueillir sa mère. Il avait déjà son excuse pour l’attente, avec un peu de chance il y aurait encore un peu de buée dans la salle de bain. Il y a de ça quelques minutes, il parlait cuisine avec la femme qu’il aimait. Il accueillait sa joue contre son épaule, il l’embrassait tendrement. À présent il avait en face de lui sa mère et il ne pouvait faire autre chose que de s’écarter pour la laisser entrer.


Il lui sourit avant de l’embrasser sur la joue. Rien de plus naturel, malgré tout il l’aimait tendrement. Elle ne se laisserait pas avoir, mais elle apprécierait qu’il ait compris qu’elle n’était pas satisfaite de lui. Puis elle le maudirait certainement de tourner la chose en dérision.

Pando

Son second fiston allait se marier. Dans bientôt une semaine. Et forcément, en tant que sang pur qui se respecte et veut que tout soit parfait, Olga mettait un point d'honneur à ce que la cérémonie soit impeccable. Aucune fausse note ne serait acceptée. D'aileurs, la mère était certainement bien plus inquiète que son fils, ça faisait même aucun doute. Mais que voulez-vous... quand vous aimez que tout soit parfait, il faut savoir gérer. Une chance qu'elle ne soit pas une très grande stressée et soit plutôt bien organisée. Sans quoi... il ne fallait pas compter sur Darko pour que son mariage soit sublime et au timing parfait.

Il y a deux jours, Olga avait envoyé un message à son petit dernier, Timaël. Elle lui demandait de venir manger ce Dimanche, afin de pouvoir répéter une dernière fois le trajet de tout le monde, revoir le plan de table et vérifier le discours du petit dernier. Oh, elle avait confiance en ce que pourrait bien dire son petit Novak. Mais il fallait que ce soit parfait, ne l'oubliez pas, alors elle se devait de tout vérifier.
N'ayant pas eu de réponses, la Marloes avait supposé que le travail de son fils devait être prenant et s'était donc décidée à attendre un peu. Mais pas bien longtemps. Travail terminé elle avait filait directement chez son fils avant de rentrer à la maison. C'est ainsi que son doigt s'écrasa lourdement sur la sonnette de l'appartement du petit dernier.
Les secondes commencent à défiler, mais personne ne répond. Est-il encore au travail ? Olga enfonce de nouveau la sonnette, étant certaine d'avoir entendu des bruits de pas derrière la porte. A moins que ça ne soit les pas du voisin. Mais elle ne perd pas espoir de voir la porte s'ouvrir. Et c'est chose faite.
Levant légèrement les yeux au ciel pour faire comprendre à Timaël qu'elle a attendu bien trop longtemps à son goût dehors, elle ne réplique pourtant pas et ne lui dis rien. Elle sait qu'elle est incapable de lui faire des réflexions. Et puis elle n'a pas attendue si longtemps que ça finalement n'est-ce pas ?

Timaël : (...)

(Serbe) Bien sûr que non mon chéri.

Parler en Serbe. Olga y mettait un point d'honneur quand Ivan n'était pas là. Pour habituer ses fils à ne jamais perdre cette magnifique langue qui était la sienne. Il faut pratiquer pour ne pas oublier. Alors elle l'utiliser souvent quand elle était seule avec l'un de ses garçons.
La femme ne se fit pas prier pour entrer dans l'appartement et enleva son manteau, qu'elle garda entre ses mains. Elle venait simplement lui parler, pas prendre l'apéritif. Hum, d'ailleurs ça sentait drôlement bon ici...

(Serbe) Je viens récupérer la réponse à mon hibou d'il y a deux jours. Il faut vraiment qu'on goute le repas pour le mariage de ton frère et qu'on vérifie ton discours. Il faut que tu sois présent.

Certes, Olga n'était pas dupe sur la relation qu'il y avait entre ses garçons. Mais elle faisait en sorte qu'ils soient là l'un pour l'autre. Et un mariage était quelque chose d'important. Timaël se devait d'accompagner son frère dans cette démarche. Et Darko ferait de même quand l'heure du petit dernier arrivera de s'unir avec la fille Dragsa. Alors, à moins qu'il ait une bonne excuse de ne pas être présent au dernier dîner de préparation ce dimanche, Olga ne partirait pas d'ici sans entendre qu'il serait présent.

Si ce n'était pas un cauchemar c'était ce qui y ressemblait le plus. Sa mère venait de débarquer alors qu'il partageait une agréable soirée avec Nikita. Cela ne pouvait pas tomber plus mal. Le jeune femme était à présent contrainte d'attendre dans le placard de l'entrée et Timaël avait franchement honte de lui imposer cela. Mais il devait se reprendre, ce n’était pas le moment de se faire prendre. Il accueillit ainsi sa mère dignement avec une embrassade sur la joue. Déjà que la cuisine était remplie d'ingrédients et de senteurs signifiant qu'il était un plein atelier cuisine, il ne fallait pas non plus lui donner l'impression qu'elle n'était pas la bienvenue. Cela attiserait bien trop vite les doutes d'Olga. Cela dit les piques et l'air ronchon du Marloes lui ressemblait suffisamment pour ne s'attirer aucun doute.

Il n’y avait pas encore de duel annoncé, quoi que la suite pourrait être source de désaccord. Timaël ne put s'empêcher de lui sourire. À défaut d'être toujours en accord avec sa mère, ils avaient des caractères qui concordaient. Généralement ils ne restaient pas fâcher bien longtemps, tant chacun savait jouer sur les faiblesses et les priorités de l’autre. Il observa sa mère retirer son manteau et par chance elle ne s’approcha pas du placard qui cachait Nikita. C’était un bon signe, madame Marloes ne comptait pas éterniser sa visite. Enfin la suite ne lui plut pas. Elle n'avait pas dû recevoir sa réponse ou alors elle n'avait pas voulu l'accepter. Il lui avait annoncé qu'il ne viendrait pas au prochain déjeuner dominical, mais elle semblait attendre une toute autre réponse. Le mariage, comme s’il pouvait oublier que son stupide grand-frère allait bientôt se marier. Toute la famille était accaparée par cet événement, si bien qu’aucun ne s’était inquiété de la mission ratée qui pouvait coûter la titularisation du benjamin. Cela d’autant plus qu’ils avaient servi la cause dans l’opération. Que Timaël fasse sa tête de mule était bien un mystère.


Cette fois-ci, il lui répondit en serbe se reportant aux habitudes en la présence de sa mère et étant la langue qu'elle avait employée. Ceci dit il regretta cette réponse qu’il avait prononcé dans un ton glaciale. Son intérêt était de se débarrasser le plus vite d'elle, ce qui n'était pas prêt d'être le cas s'il la confrontait ainsi. Il ne tenait pas son esprit de contradiction de nulle part. S'il n'allait pas un minimum dans le sens de sa mère elle ne le lâcherait pas, le risque étant qu'elle pose ses affaires dans le placard où se trouvait Nikita en espérant profiter de leur repas. Là ce serait un tout autre drame.


Un effort parce qu'il s'agissait du mariage. Même s'il n'avait pas envie de se plier aux exigences de sa mère et désirait le spécifier, il le faisait pour Nikita. La priorité était d’éviter qu’elle se retrouve dans cette situation inconfortable encore longtemps.

Pando

Timaël : (...)

Si Olga avait oublié la réponse de son fils ? Bien sûr que non. Elle se souvenait de la lettre. Et il était hors de question qu'elle accepte cette réponse négative. Alors elle se contenta de hausser les épaules, faisant comme ci elle ne se souvenait pas d'avoir reçu ce hibou. Après tout, ça arrive tous les jours que des courriers se perdent en cours de route non ? Peut-être pas chez les Pozhiratelis... c'est vrai que les courriers qui n'arrivent jamais à destination sont ceux de leurs ennemis qui pourraient cacher des messages cachés. Donc, en théorie, un message de son fils serait forcément arrivé chez elle. Mais là n'était pas le sujet. Mme Marloes était venue ici pour obtenir une réponse positive, elle l'obtiendrait. Ou elle viendrait chercher le Benjamin par la peau des fesses ce weekend !
Ne relevant pas le ton froid employé par son fils, Ivanka se doutait qu'il ne lui en voulait pas directement à elle. Il devait certainement avoir eu une rude journée. Après tout, pouvait-il vraiment en vouloir à sa charmante mère ? Il l'aimait trop pour la détester. Et lui dire non les yeux dans les yeux.

Timaël : (...)

(Serbe) La cérémonie doit être parfaite Timaël. Tu sais que je ne supporterais pas de voir un pas de travers, encore plus si tu en es l'auteur. Je sais que votre mission n'a pas été un succès, c'est noté là.

Tout en douceur Mme Marloes approcha sa main du visage de son fils et lui caressa doucement la joue. Le nez de ce pauvre Novak portait encore une belle trace du coup que ce vampire lui avait laissé. Mais par chance il n'avait pas été mordu, c'était le principal. Déjà qu'elle n'aimait pas savoir ses fils exercer ce métier et jouer ainsi avec leur vie, voir son petit bébé devenir un de ces monstres sanguinaires... non merci. Ca serait trop dur à supporter.

(Serbe) Mais ce n'est pas une raison pour jouer les enfants et bouder ce déjeuner. Et puis ce n'est pas une mission échouée qui te volera ta titularisation. Tu crois que les autres Brigadiers n'ont jamais échoués ?

Est-ce que cette mission était vraiment un si gros échec que ça ? Olga n'en savait rien. Elle ne s'était pas intéressée au rapport et de toute façon personne ne lui aurait laissé la chance de le lire. Mission Pozhiratelis ou non. Ce qu'elle savait de la mission c'était ce qu'Ivan lui en avait rapporté, ainsi que ses discussions rapides avec ses fils. C'était tout.
Lâchant le visage de son benjamin elle planta son regard dans celui de son fils.

(Serbe) Seras-tu des nôtres Dimanche ?

Timaël ne voulait pas se coltiner ce déjeuner. Il ne voulait pas voir son frère pavaner, ni entendre son père lui dire qu’ils avaient agi comme il se devait et que sa titularisation demeurée moins importante. Son frère ainé dirait même certainement que les Pozhiratelis étaient suffisamment encrés au sein des institutions qu’il suffirait de dépêcher les bonnes personnes pour le jour de sa commission. Comme si Stark était le dernier des pigeons et qu’il se laisserait avoir par une bande de corbeaux. Quant à sa mère, soit elle minimiserait les conséquences en rappelant que cela resterait son seul faux pas, soit elle glisserait un mot aux autres pour qu’ils ne relancent pas trop le benjamin sur ce sujet. Quoi qu’il en soit son petit malheur serait bien vite essuyé puisque les fiertés individuelles devaient passer après les intérêts familiaux. Cela ne lui plaisait pas, surtout si c’était pour se coltiner une énième répétition de ce foutu mariage. Les Marloes étaient de fiers Pozhiratelis et cette union arrangée semblait convenir aux deux futurs époux. La publicité était parfaite, il était donc hors de question que le moindre accroc survienne. Tenues, plan de table, discours, ouverture du bal. Rien ne devait être laissé au hasard. Finalement, pourquoi pas venir ce week-end pour annoncer qu’il n’avait toujours pas de costume, quitte à être mécontent autant ne pas être le seul.

Néanmoins, l’idée ne l’enchantait pas vraiment. Techniquement Timaël ferait en sorte de trouver le costume en question le lendemain. Comme toujours il laisserait la priorité aux besoins de la famille. Il comptait encore bouder durant la semaine mais pas créer un tollé incroyable pour une telle broutille. Puis il ne voulait pas vexer sa mère. Bien qu’elle ait ignoré son hibou et qu’elle ait débarqué à l’improviste, il n’avait pas envie de lui gâcher son plaisir. Pour une raison incroyable elle aimait tout autant Darko et ferait certainement les mêmes actions pour convaincre le cadet si les rôles étaient inversés. Puis, elle ne semblait pas avoir suivi toute l’affaire autour de cette mission. Bien qu’elle ait elle-même le corbeau tatoué sur la clavicule, elle ne s’intéressait à pas tous les événements. Ses garçons n’étant pas initialement en mission pour leur clan, elle n’avait retenu que les blessures et les bouderies. Timaël savait qu’il cèderait lorsqu’elle lui caressa la joue. Il pouvait bien faire l’effort pour elle. Le laïus véridique sur son comportement enfantin n’était déjà plus utile, tout comme la tentative de renforcer l’ego de son fils.


A bien des égards ce n’était pas totalement faux puisqu’il était entrainé pour répondre aux ordres sans surcilier et qu’il était déjà un habitué du terrain. Puis il avait reçu un enseignement d’élite généralement plus poussé que de simples sortants de Poudlard ou Beauxbâtons. Enfin, cela ne voulait pas dire que tout lui était acquis. Le stage qu’il suivait lui avait permis de grandement progresser et de travailler différemment, il ne pouvait pas le nier.


Manière polie de la congédier. Après tout Tim ne devait pas oublier qu’il dissimulait une charmante jeune femme dans le placard de l’entrée et qu’il comptait partager avec elle le repas qu’ils étaient en train de préparer.

Pando

Timaël : (...)

Un fin sourire étira les lèvres d'Olga. Bien sûr que son fils était le meilleur dans cette petite bande de stagiaires. C'était un Marloes. Son éducation l'avait poussé à toujours donner le meilleur de lui-même. Et de toute façon, en cas d'échec, que ce soit Ivan ou elle-même, aucun des deux n'aurait laissé passé des notes faibles. Que ce soit Darko, Timaël et même Petar - bien qu'il ne soit pas son véritable fils.

Timaël : (...)

Il suffisait d'être patient et de savoir bouger ses fesses. Nouveau sourire sur le visage de Madame Marloes, entre la fierté d'avoir fait changé son fils d'avis et la joie de pouvoir partager un repas en compagnie de toute sa petite famille dans deux jours. Ces moments étaient bien rares depuis que ses deux enfants avaient quittés la maison, alors il fallait pouvoir en profiter à chaque moment.

(Serbe) Excellent mon chéri. Je te dis donc à Dimanche.

S'approchant de Timaël, elle lui déposa une bise sur la joue. A défaut de pouvoir avoir son front maintenant qu'il était aussi grand. Mais que voulez-vous... les enfants grandissent. Ils ne peuvent rester petits indéfiniment.
Tendant son manteau à son fils pour qu'il l'aide à l'enfiler, Madame Marloes remit ses cheveux en place, noua ses boutons et offrit un nouveau sourire à son benjamin.

(Serbe) Profites bien de ce repas qui sent drôlement bon. J'espère que tu n'oublieras pas d'inviter ta charmante mère un de ces jours.

Elle rigola doucement et quitta l'appartement. Il était temps qu'elle rentre, maintenant qu'elle avait eu ce qu'elle voulait.

Il avait cédé, à la fois pour faire plaisir à sa mère mais aussi pour éviter que cette situation s'éternise. Il n'avait pas envie que Nikita termine leur soirée dans le placard et de partager ce repas savamment réfléchi avec sa mère. Malgré tout l'amour qu'il lui portait, il n'avait pas fait cet effort pour elle. Tim croisa les doigts pour qu’elle ne soit pas tentée de rester et se contente de sa promesse. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il respecterait ce qu'il avait dit aujourd'hui. C'était bien une chose qu'on pouvait lui reprocher, malgré une opinion ou une envie divergente, le jeune homme se pliait à terme aux exigences familiales. Tim évita un soupir de soulagement quand il vit sa mère sourire et l'entendit le saluer. Il lui sourit sincèrement bien que cela reflétait aussi son contentement de la voir partir. Elle était vraiment mal tombée et il était temps qu'elle le quitte. Le stagiaire accueillit la bise sans se plaindre et aida sa mère à revêtir son manteau comme à son habitude. Sur certains points, les Marloes avaient des habitudes passées. Il imaginait mal la majorité de ses amis faire cela pour leur mère. Enfin, il n'avait pas subi les leçons assommantes de bonnes manières durant son enfance pour ne pas les appliquer.


Timaël lui ouvrit la porte suite à cette tentative d'avoir le dernier mot. Ils n'étaient pas partis, ce soir, pour se livrer dans une bataille infernale donc sa mère préféra le quitter sans répondre. De toute manière, elle avait gagné. En refermant la porte il souffla un coup et attendit le bruit caractéristique du transplanage. Encore une affaire de bonne manière, les Marloes ne transplanaient pas directement chez autrui. C'était certainement pour cela qu'il avait caché Nikita dans le placard de l'entrée plutôt que de lui proposer de s'enfuir par la voie magique. Ça et le fait qu'il ne voulait pas qu'elle parte en plein milieu de la soirée. Tout de même, ils avaient eu chaud. Olga Marloes aurait pu la débusquer ou même rester dîner. Tim souffla une seconde fois n'osant pas ouvrir la porte du placard. Il savait que son amie était encore là, il n'avait pas entendu de raffuts durant la conversation avec sa mère. Il avait peur de voir le dégoût ou la haine sur son visage. Passé l'appréhension de se faire surprendre, le bulgare avait honte d'avoir agi ainsi. Comment pouvait-il prétendre l'aimer s'il n'était pas capable d'assumer sa présence chez lui. S'il n'avait pas si peur des représailles, il aurait pu l'introduire comme étant une collègue de travail. Enfin, il n’était pas certain que ce soit davantage agréable.

Nikita le devança en ouvrant la porte de sa cachette. Il fut un instant rassuré en la voyant sourire. La voir trébucher le sortit de sa torpeur. Il s’approcha d'un pas rapide pour lui éviter in extremis le contact avec le plancher. Il l'aida sans un mot à se redresser et la guida définitivement en dehors de ce placard en veillant cette fois à ce qu'aucune anse de sac maléfique la retienne. Lorsqu'elle l'embrassa enfin sur la joue, il la serra dans ses bras. Le bulgare avait eu un véritable coup de chaud avec cette aventure, il détestait l'idée que sa famille pouvait représenter un péril pour la vie de celle qu'il aimait.


Il lui sourit timidement n'osant pas avouer qu'il avait cédé aussi facilement à une simple volonté de sa mère. S'il s'agissait un jour d'une requête pour se séparer de Nikita, la batailler serait elle aussi courte ? Tim était heureux de savoir que la jeune fille ne comprenait pas le serbe, elle ne pouvait pas imaginer à quelle vitesse il pouvait plier. Enfin, pour sa défense, ce n'était pas une bataille importante. Sachant que Nikita l'attendait cachée, il n'avait pas pris le risque de faire perdre patience à madame Marloes.


Sait-on jamais, elle pouvait être aussi mécontente qu'il l'était de lui-même.

Pando